L'homme ayant constaté que l'examen du ciel permettait de mesurer le temps, de s'orienter, de suivre les saisons, a étudié les astres à des fins pratiques: il a eu l'espoir d'y lire l'avenir. Contrairement à une opinion courante, l'astrologie n'a pas précédé l'astronomie: elles sont nées simultanément, lentement, à une époque où les peuples primitifs ne distinguaient pas encore les phénomènes météorologiques capricieux des phénomènes célestes réguliers et regardaient les astres comme animés et divins.
L'astronome prédit les mouvements des astres et cherche à comprendre l'évolution de l'Univers: l'espoir de prédire n'est donc pas absurde en soi. L'erreur initiale fut de croire les monarques et les empires assez importants pour que le cours des astres fût lié à leurs destins. (On ne prétendait pas encore l'associer aux gens du peuple.)
L'astrologie est aussi le reflet de cette croyance autrefois générale que la Terre est la copie du Ciel et qu'il y a un lien entre les événements des deux domaines. L'astrologie a pris naissance en Mésopotamie : elle fleurissait déjà vers l'an - 2500 chez les Sumériens, associée aux prédictions par les entrailles d'animaux et par les monstruosités.
En aucun pays (Egypte, Inde ou Chine) nous ne trouvons de prédiction des affaires humaines avant
ses contacts avec la culture mésopotamienne. Les campagnes de Darius et d'Alexandre ont contaminé l'Inde et l'Asie centrale.
Les plus anciennes tablettes chaldéennes connues traitent de présages célestes: il s'agit d'une collection établie sous Sargon l'Ancien (Sargon 1 d'Agadè) dont on a retrouvé une copie établie vers l'an (- 700) dans les ruines de la bibliothèque d'Assurbanipal à Ninive.
Les pronostications chinoises d'avant l'ère chrétienne dont on a pu retrouver trace reproduisent celles de la collection d'Assurbanipal. Elles sont exclusivement politiques et cycliques.
Toutefois, les Chinois ne sont pas, par nature, très déterministes et ils ont toujours pensé qu'on pouvait entrer en rébellion contre une « volonté du ciel» trop continuellement mauvaise. Dans un ancien livre, même, il est dit, par une sorte de réciproque, que les désordres de la Terre peuvent perturber le ciel: nos astrologues occidentaux n'ont jamais osé aller jusque-là.
Claude Ptolémée († 150). - Le dernier astronome grec de grand renom fut aussi le seul, apparemment, à avoir lié son nom à l'astrologie.
En fait, il en fut, et en demeure, le législateur essentiel.
Après des siècles de remarquable essor astronomique, Ptolémée eut le mérite d'en résumer les conquêtes. Son œuvre est plus d'un divulgateur que d'un créateur: mais son Almageste sera pendant mille quatre cents ans le livre standard de l'astronomIe.
De même son Tetrabiblos devint la Bible de l'astrologie pour l'Islam et la Latinité. L'astrologie actuelle remonte à Ptolémée.
L'astrologie à Rome. - La doctrine semble avoir été apportée à Rome par des esclaves venus du bassin oriental de la Méditerranée. Elle finit par envahir toutes les classes de la société et fit fureur sous Auguste, au début de notre ère. Toutefois la conquête de la Latinité n'alla pas sans péripéties. Nous connaissons les attaques de Caton l'Ancien, de Cicéron, contre l'astrologie: beaucoup de leurs arguments, devant ses contradictions, ses erreurs, ses mirages, sont encore valables.
Mais déjà, les grands de la République consultaient les chaldéi : Gracchus, Sylla, Jules César, sollicitèrent leurs conseils. Pourtant, en l'an - 139, un décret de Cornélius Hispalus chasse de Rome et d'Italie « les chaldéi qui exploitent le peuple sous le fallacieux prétexte d'interroger les astres ». Mais ne saluons pas en ce décret une flambée de rationalisme : c'était un épisode de la lutte entre les astrologues et ceux de leurs concurrents en art spéculatoire qui ne s'étaient pas encore mis au courant. Les augures, aruspices, géomanciens, oniromanciens, etc., avaient provisoirement l'oreille du pouvoir. Il semble d'aillcurs que l'exil servit les astrologues : tout Romain distingué voulut sacrifier à cette forme la plus moderne de la superstition. Les astrologues revinrent, on les consulta ouvertement ou en secret. On retrouve des édits contre eux sous Auguste, Domitien, puis Adrien. Mais leur pouvoir demeura grand. Il connut peut-être son apogée sous Auguste. Plus tard, Tibère, Agrippine, Néron eurent pour amis et conseillers les astrologues de la lignée des Thrasyllos.
L'Eglise manifesta son hostilité; saint Augustin, séduit par l'astrologie avant sa conversion, en devint le véhément adversaire (voir l'Appendice). Mis à part un fléchissement vers la fin du Moyen Age, l'Eglise a maintenu une opposition vigoureuse à cette superstition palenne « qui, encourageant le fatalisme, conduit à la négation de la Divine Providence ».
Nous reconnaissons déjà chez les astrologues romains, les méthodes de pronostication et d'interprétation après coup d'un phénomène passé. Ainsi Justinus, contemporain de Jules César, commente ainsi la vie de Mithridate, mort depuis pas mal de temps: « Une comète annonça sa naissance (en -132), une autre son accession à la royauté (en - 120). Elles brillèrent soixante-dix jours, présageant que sa vie durerait soixante-dix ans (il était de notoriété publique que le conquérant mourut à soixante-neuf ans). Elles occupèrent le quart du ciel, car il devait régner sur le quart du Monde, etc. » Or, nous sommes sûrs que la première comète n'existe pas. En -120, il y eut une petite comète, très éphémère (beaucoup moins de soixante-dix jours). Ainsi s'écrit l'Histoire.
En l'an - 44, une comète apparut six mois après le meurtre de César. Quelle signification lui donner? Ce fut l'accueil de l'âme de César parmi les Dieux; une médaille portant la tête de César du côté face et une comète du côté pile commémora plus tard l'événement. Auguste, lui, tint aussi à associer son règne à une comète.
Au Moyen Age. - Après la chute de l'empire romain, l'astrologie connut, en Occident, une éclipse d'environ cinq cents années. Elle réapparut aux XIe et XIIe siècles avec l'introduction du savoir des Arabes.
Les Arabes avaient pris le relais de l'astrologie hellénistique. Aux grandes époques de leur culture propre (entre les années 800 et 1100), leur astrologie s'associe à l'alchimie et surtout à la médecine.
L'astrologie, qui se présentait comme une synthèse de religion et de science, allait exercer une influence énorme et se pousser au premier plan, profitant d'une tolérance temporaire des princes de l'Eglise à son égard. Elle eut des chaires dans plusieurs Universités italiennes. En Germanie, on eût difficilement trouvé un savant qui ne lui fit pas sa place.
Les lettres de Tolède. - En 1179, le Monde civilisé fut jeté dans l'effroi par des lettres d'un mystérieux Jean de Tolède, publiées d'abord dans les pays germaniques. Elles prédisaient un rassemblement de toutes les planètes dans la Balance pour l'année 1186 : de cette conjonction dans un signe venteux, elles déduisaient une catastrophe universelle. 1186 serait une année de malheur et le mois de septembre verrait trembler la Terre, ravagée par de violentes tempêtes.
La conjonction des planètes était correctement prédite (sans doute d'après un bon annuaire d'Ammonios) sept ans à l'avance.
La prédiction fit tache d'huile: en Allemagne, on creusa des cavernes; l'archevêque de Canterbury ordonna des jeûnes; à Byzance, on fit murer les fenêtres du palais impérial; en Perse, en Mésopotamie, on aménagea des caves.
Le mois de septembre 1186 passa sans cataclysme; il n'y eut même de vent nulle part (sauf dans le nord de la France, et sans conséquences). Le prestige de l'astrologie parut dangereusement compromis. Ses fidèles, beaucoup plus tard, associèrent la conjonction de planètes au règne funeste de Gengis Khan (monté sur le trône en 1175). Piètre justification, a posteriori, d'une panique bien précise.
Mais les astrologues, c'est bien connu, ne sauraient convenir d'un échec public: il faut sauver la face, coûte que coûte, en ergotant et en offrant après coup des interprétations compensatoires...
Le besoin de confirmer à tout prix leurs doctrines rendait les astrologues peu scrupuleux sur les dates. Ne les vit-on pas décaler la naissance de Luther, la repousser du 10 novembre 1483 au 22 octobre 1484, pour justifier a posteriori par un concours de planètes l'apparition d'un si grand réformateur ?
Voulurent-ils chercher une revanche? Toujours est-il qu'à dix reprises, entre 1186 et 1487, ils annoncèrent des conjonctions analogues, qui, fondées sur de faux calculs, n'eurent pas lieu (non plus que leurs effets annoncés, naturellement).
Dès 1230, une prédiction concernant l'an 1236, engendra de nouvelles terreurs.
Panique de 1524. - Un auteur d'almanachs répandus, Johannès Stoffler, annonça, dans l'édition de 1499, que février 1524 connaitrait des inondations terribles, un nouveau Déluge, parce que de nombreuses planètes seraient en conjonction dans un signe humide. Les calculs étaient passables, pour l'époque. Malgré la résistance des astronomes, les gens s'inquiétèrent partout: on envoyait des courriers à Charles V pour qu'il désignât des lieux de refuge; des gens vendirent leur maison et leurs meubles pour se réfugier sur des navires; d'autres devinrent fous, d'angoisse. En Brandebourg, le margrave et sa cour se réunirent sur le Kreuzberg, près de Berlin, pour y attendre les jours néfastes.
Février 1524 fut d'une sécheresse inaccoutumée. Mais l'astrologie ne tarda pas à surmonter encore cette retentissante défaite.
Quelques décades plus tard, Mélanchton ne donnait-il pas cette prédiction de Stoffler comme « s'étant réalisée »!
Ainsi, au Moyen Age, l'astrologie accrut son influence; ni ses bévues dans l'interprétation des faits astronomiques vrais, ni ses annonces de conjonctions fausses, ni l'inexactitude de ses prédictions courantes ne l'entamèrent sérieusement.
Pourtant l'Eglise avait réagi au XIVe siècle, lorsque ses dogmes et l'histoire sainte furent mis en corrélation avec tels événements célestes et donnés comme une légitimation de l'astrologie. On établit même des horoscopes sur le thème de l'Eglise, comme on l'avait fait sur le thème Islam ou Mahomet. Pour arrêter ces excès, quelques mages trop audacieux (par exemple Cecco d'Ascoli à Florence en 1327) furent brûlés.
Sur la fin du Moyen Age, on trouve aussi des adversaires vigoureux de l'astrologie parmi les s,avants (Oresme, Henry de Hesse, Albert de Saxe) ou parmi les humanistes (comme Pétrarque ou Pic de La Mirandole).
Qui n'admirera cette véhémente apostrophe de Pétrarque: « Pourquoi rabaissez-vous le Ciel et la Terre et humiliez-vous inutilement les enfants des hommes? Pourquoi charger de vos futiles lois les brillantes étoiles? Pourquoi, nous qui sommes nés libres, nous faire les esclaves d'un ciel inanimé? »
L'astrologie connut son apogée au XVIe siècle. Chaque prince tenait à avoir son astrologue dans sa maison. Louis XI avait déjà eu Galeotti. François 1er et Charles-Quint furent en constante consultation avec des astrologues.
Nul portrait de Catherine de Médicis ne serait valable s'il n'évoquait son astrologue Côme Ruggieri et sa vie à Chaumont ou à Blois. Elle appela aussi près d'elle Nostradamus, qui demeura le conseiller de Charles IX.
Cardan. - Cardan, homme de science italien, fut aussi l'astrologue le plus éminent de son temps. Sa sincérité est certaine car il prit soin lui-même de publier dans ses Geniturarum exempla une douzaine de ses plus monumentales erreurs. Nous rappellerons seulement son aventure avec Edouard VI, roi d'Angleterre, fils d'Henri VIII.
Cardan se rendit en 1552 en Ecosse pour y soigner un prélat. Au retour, il.!'arrêta chez Sir John Clerke, précepteur du jeune roi Edouard VI, alors âgé de quinze ans. Ce pieux petit prince étant en mauvaise santé, Cardan fut prié de tirer l'horoscope; il établit et commenta le document avec un soin exceptionnel. Jupiter au milieu du ciel promet une carrière splendide; le fligne du Lion est à l'ascendant, gage de vie longue et heureuse. Cardan annonça qu'Edouard dépasserait le milieu d'une vie normale mais « qu'après l'âge de cinquante-cinq ans trois mois et dix-sept jours, il souffrirait de diverses maladies ». Pour une fois, c'était précis, très précis. Hélas, au mois de juillet suivant, neuf mois après le passage de Cardan, Edouard mourut. Il avait seize ans.
Pour se justifier, Cardan écrivit une longue dissertation qui peut se résumer ainsi :« L'avenir d'une personne faible ne peut jamais être déduit d'après son seul horoscope; pour arriver à un résultat certain, il aurait fallu établir les horoscopes de toutes les personnes ayant vécu dans l'intimité d'Edouard. »
De cette justification émerge l'aveu, par le plus grand des astrologues, de l'inutilité totale des horoscopes.
Tycho.Brahé. a mélangé assez intimement l'astronomie et l'astrologie: son cas mérite commentaire. Sa fidélité à l'aristotélisme (qui alla jusqu'à soutenir l'immobilité de la Terre, malgré l'œuvre de Copernic) décida de sa croyance aux principes de l'astrologie, dès sa jeunesse. Mais Tycho doutait de la puissance absolue des astres: les présages n'obligent pas Dieu, écrit-il, et nous pouvons essayer de mériter un meilleur sort. En même temps, il affichait un mépris insultant pour les astrologues dont les horoscopes, fondés sur des tables grossièrement inexactes, étaient sans aucune valeur. Sa croyance semble avoir décru au cours de sa vie, car il écrit dans ses dernières années: « Notre dessein était de débarrasser l'astrologie de l'erreur et de la superstition, afin d'obtenir un meilleur accord entre elle et l'expérience.» ,
Mais quand on a débarrassé l'astrologie de l'erreur et de la superstition, en reste-t-il encore quelque chose ?
( Cf. DANJON, L'astronomie -juillet 1947-)
Képler. - L'astrologie avait conservé tant de faveur que les astronomes furent souvent forcés de gagner leur vie en tirant des horoscopes: l'astrologie nourrissait sa mère, l'astronomie; Képler nous le dit en termes admirables dans son opuscule sur L'Etoile noul'elie du Serpentaire: « De quoi vous plaignez-vous, philosophe trop délicat, si une fille que vous jugez folle soutient et nourrit une mère sage mais pauvre? Si cette mère n'est soufferte parmi les hommes, plus fous encore, qu'en considération de ces mêmes folies? Si l'on n'avait eu le crédule espoir de lire l'avenir dans le ciel, auriez-vous jamais été assez sage pour étudier l'astronomie pour elle-même? »
Un texte décisif nous renseigne à la fois sur les opinions de Tycho Brahé et sur celles de Képler à la fin de leur vie. On le trouve, en latin, dans la préface (p. 5) des Tables Rudolphines, de Tycho, que Képler acheva, préfaça et publia trois ans avant sa mort, en 1627. Voici la traduction des lignes essentielles:
« Ce qui, selon moi, est spécialement à la gloire de Tycho Brahé, c'est qu'il a accompli tout cela l'esprit affranchi de toutes les superstitions astrologiques... Aussi bien dans ses écrits que dans ses propos quotidiens, il ne cessa jamais de mettre en évidence le véritable néant des astrologues, leur ignorance, leur basse vénalité, et il ne manquait pas une occasion de se moquer d'eux et de leur jeter l'anathème.
«Non point qu'il niât en aucune façon les influences des astres sur la Terre, influences dont l'étude constitue un éminent chapitre de la Philosophie. Mais son jugement si sûr savait qu'il faut distinguer ces Effets des astres, qui sont généraux, de ce qui serait Interventions dans les affaires individuelles des humains.
« C'est cela que ne comprend pas le commun des mortels, crédule aux prédictions miraculeuses, prompt à propager les fausses nouvelles, tout cela sans l'ombre de justification. »
(D'après le texte latin de J. KÉPLER.)
Les temps modernes
L'avènement du Système héliocentrique, l'invention des lunettes astronomiques et l'astronomie de précision, la découverte de l'attraction universelle et la possibilité de calculer les influences mutuelles des planètes, ne furent pas favorables à l'astrologie.
Quand Newton s'inscrivit comme étudiant à Cambridge, il déclara, dit-on, qu'il voulait étudier les mathématiques « pour voir ce qu'il y avait de vrai dans l'astrologie judiciaire ». S'il ne s'agit pas d'une légende ni d'une boutade, Newton combla son souhait de façon inespérée, pour lui et pour l'humanité. On sait ce qu'il trouva: la loi physique de la gravitation, à laquelle obéissent les corps massifs, dans la Nature.
A partir de cette époque, le scepticisme des savants fut total et les gens cultivés partagèrent leurs convictions. Mais le peuple conserva du penchant pour l'astrologie. Des pères de famille consciencieux continuèrent, à la naissance de chacun de leurs enfants, à se faire prédire leur avenir d'après les planètes: dans bien des pays, c'était d'ailleurs la sage-femme qui se chargeait aussi de la prophétie, d'après un cahier de recettes éprouvées.
Des rites agricoles sans fondement se sont longtemps transmis par l'intermédiaire des calendriers et des almanachs. Lorsqu'en 1780, Frédéric le Grand, et un peu plus tard, l'éditeur du Messager boiteux (almanach encore publié à Strasbourg) purgèrent leurs annuaires de prédictions auxquelles leurs auteurs ne croyaient pas du tout, la vente diminua de façon telle, et l'opinion publique réagit avec tant de violence, qu'on revint aux errements antérieurs.
L'opinion des astronomes français de cette époque.là est pourtant claire:
« L'astrologie est la plus longue maladie qui ait affligê la raison.»
Jean-Sylvain BAILLY (1780).
(Le président de la Constituante fut un astronome distingué.)
« L'homme. porté par les illusions des sens à se regarder comme le centre de l'univers, se persuada facilement que les astres influent sur sa destinée et qu'il est possible de la prévoir par l'observation de leurs aspects au moment de sa naissance. Cette erreur, chère à son amour-propre et nécessaire à son inquiète curiosité, est aussi ancienne que l'Astronomie: elle s'est maintenue jusqu'à la fin de l'avant-dernier siècle, époque à laquelle la connaissance, généralement répandue, du vrai système du monde, l'a détruite sans retour. »
LAPLACE, Exposition du Système du Monde.
(Seconde édition, an VII. p. 292.)
Le grand maître de la Mécanique Céleste faisait preuve, hélas, d'un trop magnifique optimisme lorsqu'il voyait l'astrologie déjà ruinée sans retour par la science.
Par un curieux paradoxe, il semble que l'astrologie ait refleuri aux époques de grands développements et bouleversements scientifiques. Cela tient, sans doute, à l'habileté des astrologues à détourner à leur profit toute incertitude: le public apprend que la connaissance évolue, il s'apprête au merveilleux; on lui raconte qu'enfin la science reconnaît le bien-fondé de l'astrologie, que les dernières découvertes lèvent le voile du mystère. Il le croit.
On fait quelquefois mérite à l'astrologie ancienne d'avoir aidé la science: rien n'est plus faux. Longtemps, l'astrologie étrangla la médecine. Elle retarda le développement de la chimie: du jour où l'alchimie s'est débarrassée de l'astrologie, elle est devenue la chimie.
L'astronomie fut longtemps encombrée par l'astrologie. Que de temps perdu par de bons esprits à poursuivre de vains rapports.