CONCLUSION

L'astrologie est une superstition qui a pris naissance dans la préhistoire, aux âges où l'homme, dominé par la crainte du ciel, des astres et des dieux, ne savait pas encore distinguer le déterminisme vrai des coincidences fortuites. On peut la considérer avec les autres superstitions comme un caractère primitif, comme un reste de barbarie, que l'évolution de notre espèce et la civilisation n'ont pas encore réussi à éliminer. Initialement associée à l'Astronomie, elle fait parade encore de certains éléments scientifiques, bien qu'elle soit aujourd'hui combattue et dénoncée par tous les astronomes, sans aucune exception. Associée aux astres, elle en retire un charme qui ne va à aucune autre superstition. Derrière cette façade de dignité, on trouve quelques illuminés qui jongleront toute leur vie avec ses formules creuses sans s'aviser de leur inanité, et un assez grand nombre de gens, en apparence cultivés, mais qui n'ont aucune idée de la méthode scientifique, ni des caractères que doit présenter une preuve. Incapables d'analyser la partie technique de l'astrologie, ils acceptent d'emblée ses prétentions et si le milieu s'y prête, ils deviennent de fervents consultants et de zélés propagandistes.
Mais on trouve surtout une profession très lucrative exercée par une légion de charlatans aux dépens d'innombrables dupes. Ces charlatans ne sont pas dupes eux-mêmes: non seulement leurs consultations ne reposent à aucun degré sur un examen du ciel, mais le plus souvent ils seraient incapables de distinguer le méridien du premier vertical, une ascension droite d'une longitude, le temps moyen du temps sidéral ou du temps civil.
Ceux-là, pourtant, sont les plus nocifs pour le peuple, pour les pauvres gens, qu'ils rançonnent sans merci.
Nous avons dénoncé le trouble que l'astrologie jette dans les esprits, en les inclinant au fatalisme; pour les faibles, elle constitue un danger médical; chez tous ses fidèles, elle contrarie l'avènement du progrès intellectuel, ruine une partie des efforts des maitres de nos écoles, et fait obstacle à la science. Dans presque tous les Etats, il existe des lois analogues à la nôtre, prohibant la pratique rétribuée de l'astrologie. Dire la bonne aventure, sous quelque forme que ce soit est un délit. Et il est interdit aux personnes, firmes, ou associations, d'offrir au public des réclames, ou propositions, de nature fallacieuse ou erronée (statut de la chose imprimée). Or nos murs sont tapissés d'affiches astrologiques, nos boites aux lettres farcies de prospectus alléchants.
L'abondance du commerce et de la publicité astrologiques les plus éhontés prouvent que les lois sont mal respectées: la tolérance en ce domaine est regrettable.
Le public a pourtant le droit d'être protégé contre ces pratiques par le Gouvernement, comme il l'est par les tribunaux quand le scandale devient trop grand. Le besoin se fait sentir de renforcer la loi et, surtout, de l'appliquer.
Les éducateurs, les corps savants, l'UNESCO, doivent s'unir sans retard pour réagir contre les progrès de cette absurde pseudo-science, et pour obtenir du ministre de l'Education Nationale et de l'Etat les mesures légales et l'appui total des moyens officiels de propagande contre cette dangereuse survivance, au XXe siècle, d'une antique superstition.

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