Les petits êtres de Quarouble

Les représentations des "petits êtres" de Quarouble.

L'affaire de Quarouble n'est pas, historiquement, le premier cas français de rencontre avec des occupants de soucoupes volantes, mais c'est celle qui a fait couler le plus d'encre, mobilisé le plus de journalistes, suscité le plus d'articles, et aujourd'hui de pages web.
En conséquence, nous avons diverses représentations des "petits êtres" qu'a vu Marius Dewilde, représentations d'autant plus fantaisistes qu'elles sont basées sur des sources plus éloignées

Reconstitution américaine de 1968.
Ce n'est pas mieux en 1975.

Les deux représentations ci dessous tentent de tenir compte de ce que les petits êtres paraissaient larges d'épaules et que Marius Dewilde ne leur vit pas de bras.

Reconstitution par Sidéral pour Commandos de l'espace.
Reconstitution de Rino Ferrari pour Radar.

A coté des reconstitutions de fantaisie, il y a celle des ufologues. En particulier les ufologues qui ont tenté de faire une typologie des différents occupants de soucoupes volantes, avec groupes et sous groupes. Une typologie toujours inachevée car on découvrait sans cesse de nouveaux types.

Reconstitution de Lob et Gigi.
Humanoïde groupe 5A.
90 cm. Nous avons mesuré nous même.

Il y eut même une reconstitution cinématographique de la scène des petits êtres, faite par le GNEOVNI (Groupement Nordiste d'Etudes des OVNIs), en utilisant des enfants comme acteurs. Cette reconstitution a disparu avec les archives du groupe, mais, comme elle était probablement basée sur la littérature ufologique, il n'y a rien à regretter: elle était aussi fausse que les précédentes.

Reconstitution de la taille des "petits êtres".

La plupart des ufologues s'en sont tenus à une petite taille de 80 cm à 1 m, pour les êtres vus par Marius Dewilde, parce que cela s'accorde avec leur caractère non terrestre. Mais les déclarations du témoin lui même sont moins cohérentes.
Pas plus d'un mètre (La Voix du Nord, Nord Eclair)
Un peu plus d'un mètre (Semaine du Nord)
à peu près 80 cm à 1 m (actualités Pathé)
1.20 m ou 1.30 m (enquète de Marc Thirouin)
Et à Jacques Lob, il dit: Ma balustrade faisait un mètre. Je pense que ces êtres devaient faire 1m10 à 1m20 puisque leur tête dépassait à peine le dessus de la balustrade. Ce qui nous apprend que leur tête dépassait de 10 à 20 cm au dessus de la balustrade. Et c'est important.

Nous disposons, heureusement, des dessins originaux que Marius Dewilde a fait pour la revue Nord France, où les êtres sont représentés (chose rare) dans la même perspective qu'il les a vu.

Dessin orignal de Marius Dewilde paru dans Nord France du 17 septembre 1954

Mais ce croquis ne tient pas compte de la vision à travers une barrière, ni de l'ambiance nocturne. Nous avons donc tenté une reconstitution respectant toutes ces conditions.

Marius Dewilde dessine pour Nord France.
Reconstitution tenant compte de la nuit et de la barrière

Sachant que Marius Dewilde n'a vu ces êtres que pendant quelques secondes, il suffit qu'ils aient eu les bras près du corps, en tenant un sac, pour que Dewilde n'ait pu voir les bras. Il explique lui même aux actualités Pathé: "Je ne vois pas les bras, je ne me suis pas attaché aux bras". Nous n'avons donc aucune raison de les imaginer sans bras.

Comment Marius Dewilde a cru voir des êtres de petite taille.

maisonnette
la maisonnette
plan
plan détaillé
talus
le talus
Deux hommes, donc, viennent du sentier des contrebandiers pour rejoindre leur fourgon, garé sur la voie ferrée pour ètre moins visible. Arrivé au niveau de la maisonnette, ils voient de la lumière. Ils choisissent alors de passer sur le talus derrière la barrière pour être eux aussi moins visibles. C'est ce qui les a obligé à marcher sur la dalle de béton, sur laquelle ils ne seraient pas passés s'ils avaient suivi le chemin.
Les différentes photos que nous avons montrent que cette barrière fait bien plus d'un mètre: au moins 1.20 m, au pifomètre, et même 1.30 m si on étudie la photo ci dessus avec le talus, et qu'on se base sur la taille de Marius Dewilde qui fait 1.75 m.

En regardant le profil du talus nous voyons que les pieds de ces hommes devaient alors être environ 15 cm plus bas que le niveau de la courette. Si on admet qu'il paraissaient 5 cm de moins parce qu'ils marchaient courbés, Nous pouvons alors calculer la taille réelle de ces hommes:
15 cm (talus) + 1.30 m (barrière) + 5 cm (marche courbée) + 10 à 20 cm (dépassement de la tête) = 1.60 m à 1.70 m.

Dessin
Selon Le Soir illustré, le commissaire fit marcher un policier vétu d'une combinaison fourrée, a demi courbé derrière la barrière, il semblait alors ne pas dépasser un mètre et avoir les épaules très large.
Donc cette petite taille est effectivement illusoire. Nos deux hommes n'étaient pas bien grands, certes, certes, mais n'étaient pas du tout des nains.

Notons que la taille que décrit Marius Dewilde aux actualités Pathé ( 80 cm à 1 m) est incompatible avec celle qu'il décrit à Jacques Lob (10 à 20 cm au dessus de la barrière), tout comme le dessin des petits êtres qu'il fait sur une porte pour ces mêmes actualités Pathé (ci contre) est incompatible avec le dessin beaucoup plus fouillé qu'il fait pour la revue Nord France.
Il semble que Marius Dewilde n'ait pas pris au sérieux l'enquête des actualités Pathé et ait adopté un comportement un peu histrionique, sachant qu'il passerait au cinéma.

A quoi ressemblaient les êtres de petite taille.

Les renseignements qu'on peut glaner quand à la descrition sont peu cohérents. D'après les premiers récits, les vétements des êtres auraient été sombres, comme une combinaison, et amples. Lorsque le premier des êtres se tourna vers Dewilde, le faisceau de sa lampe se réfléchit comme sur du verre. Sa tête paraissaient alors grosse et ronde. Mais il ne s'agissait probablement pas de sa tête, mais de ce qui lui couvrait la tête. Ensuite les renseignements deviennent de plus en plus disparates, et évoluent vers la description d'un martien en scaphandre.
Casquette
Mais puisque nous savons que des hommes de 1.60 m conviendraient, il suffit de les imaginer avec des vètements amples et sombres, et coiffés d'une casquette à visière brillante, qu'ils ont incliné vers le faisceau de la lampe, en hommes qui cherchent à se cacher. Dewilde voyait alors surtout le dessus de leur casquette, et le faisceau s'est réfléchi sur la visière.
On rend ainsi compte de l'apparence des êtres sans faire appel à des extra-terrestres en scaphandre.

L'hypothèse des contrebandiers.

D'après les premiers récits de l'observation, Marius Dewilde aurait d'abord pris les petits êtres pour des contrebandiers:
"tout de suite, j'ai pensé à des contrebandiers ployant sous leur charge" (Nord Matin 12/9)
Il suppose alors que ce sont des fraudeurs, car il croit deviner sur leur dos un lourd fardeau (Nord éclair 16/9)
"je croyais découvrir des contrebandiers" (Le Soir Illustré 23/9)
Et plus tard, Dewilde dit encore à Marc Thirouin:
Je m'imaginais que c'était des contrebandiers (Ouranos N° 24)
Souvenons nous de l'adage "Méfiez vous de votre première impression: c'est la bonne!"
Et de fait, "le sentier des contrebandiers", d'ou venaient ces hommes mystérieux, et qui, à la belle époque, servait à la contrebande à dos d'homme et chiens dressés, était encore utilisé à l'occasion par divers petits fraudeurs, et la frontière n'est qu'à 2.6 km du P.N.79.

Or, pendant que les journalistes ne parlaient qu'en termes de martiens, les douaniers et la police de l'air avaient une toute autre hypothèse: A l'époque, on commençait à pratiquer la contrebande en hélicoptère.
Il fallut bien abandonner l'hypothèse de l'hélicoptère: un tel engin ne se serait pas posé sur une voie ferrée bordée de fils téléphoniques, alors qu'il y avait une pature à coté. Mais l'hypothèse de contrebandiers continua d'ètre enquétée quelque temps par les douaniers. Mais tous les renseignements d'indicateurs ou de source administrative et les recherches d'indices sur place amenèrent à classer le dossier comme ne relevant pas de la compétence de la douane.
Jean Marie Bigorne, qui a fait sa carrière dans la douane, explique que l'inspecteur principal qui enquéta l'affaire, avait été son directeur adjoint, et était un super limier, une vraie terreur pour les fraudeurs. S'il n'avait rien trouvé, c'est que ce n'était pas une affaire de contrebande.
Dont acte, mais qu'entend on alors par "des contrebandiers"? Il est entendu que ce ne pouvait être des contrebandiers "professionnels", mais quid de petit passeurs occasionnels? Si c'était la première fois que nos hommes passait la frontière en fraude, avec juste deux sacs, on voit mal comment ils auraient pu être dépisté à coup sûr. Nous ne considérons donc pas l'hypothèse de contrebandiers d'occasion comme réfutée.

Nous savons seulement que deux hommes ramenaient de la marchandise en cherchant à se cacher. C'était donc quelque chose d'illicite. Il s'agissait peut être aussi d'un vol commis dans les environs, éventuellement au delà de la frontière. Comme des voleurs opérant trop souvent finissent toujours par se faire prendre, nous avons dépouillé l'édition de Valenciennes de La Voix du Nord, jusqu'à la fin de l'année 1954, sans rien trouver.

Alors? Contrebandiers? Voleurs? Récupérateurs? Il semble en tous cas qu'il s'agissait d'un délit trop minable pour avoir attiré l'attention de la gendarmerie, ou de la douane.

Les petits êtres identifiés?.

Là où l'affaire devient cocasse, c'est que nos deux hommes ont peut être été vus en plein jour, le lendemain!
Claude Gaudeau et Jean-Louis Gouzien ont recueilli les souvenirs de M. B., ancien Garde chasse, et de sa femme.

M. B. Le lendemain matin, il y a eu la fille de notre cousine en question qui est venue nous dire bonjour. Elle dit: "Il m'arrive un drole de tour, j'ai rencontré dans une chasse, deux petits hommes" et ils lui ont demandé des renseignements, elle a dit qu'elle avait cru que c'était les hommes de la soucoupe.
Mme B. Mais moi, j'en ai vu ici a ma porte vers midi. Un petit et un plus gros, ils ont sonné et ils m'ont demandé si je voulais du tissus. Ils étaient habillés tout en noir, ils étaient rablés.
- Comment étaient-ils ?
Mme B. Vous voyez des chinois et bien assez large d'épaules et rablés.
- C'était à quel moment ?
Mme B. Le lendemain de cette soucoupe là, ensuite je vais chercher du lait.
- Pouvez-vous faire un dessin.
Mme B. Des vetements assez longs et noirs.
- Collants ou amples ?
Mme B. Comme des pardessus.
Cela vous a surpris ?
Mme B. Pas tant que cela, parce que des fois on voit cela sur des gravures.
M. B. Tu m'as dit qu'ils avaient des casquettes.
Mme B. Oui, c‘est vrai avec une visiere assez bombée comme des bateliers, ils étaient des bronzés comme figure.
M. B. Quand je suis rentré, car je n'étais pas là, elle m'a dit "j'ai en la visite de deux petits hommes qui m'ont demandé si je voulais de l'étoffe". Ce serait bien bizarre, ce sont surement les hommes de la S.V. Ils m'ont dit ga va bien madame?".
Mme B. La fille de la cousine les avaient vu le matin meme.

Des colporteurs de petite taille, comme des chinois, large d'épaules, vétements sombres et amples, avec des casquettes a visière comme des bateliers, C'est quasiment le portrait robot des visiteurs du P.N.79. D'autant qu'on les a vu à Quarouble dès le lendemain matin.

Nous ne pouvons pas être certains que ces deux hommes étaient bien ceux qu'a vu Marius Dewilde. Quoiqu'il en soit, les mystérieux visiteurs du P.N.79 leur ressemblaient beaucoup, et quand, comme la France entière, ils ont entendu parler des "martiens de Quarouble", ils ont du s'écrouler de rire.

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Dernière mise à jour: 10/10/2016