L'hallucinante seconde rencontre de Marius Dewilde

Marius Dewilde raconte une nouvelle observation à la police

Ce dimanche d'octobre, on devine que Marius Dewilde, à qui son aventure a bien plus rapporté d'ennuis que d'avantages, rumine sa rancoeur et ses regrets, quand son fils d'environ trois ans vient le prévenir:
" Papa, y'a une toto sur les rails."
Effectivement, il y a quelque chose sur la voie, mais ce n'est pas la même voie que le 10 septembre. C'est la voie exploitée par les houillères, de l'autre coté de la maisonnette.

Or ici, pour reconstituer ce qui s'est passé, nous sommes en plein brouillard. Car si les livres d'ufologie nous racontent monts et merveilles, la presse de l'époque est peu bavarde. En fait nous n'avons qu'un article publié le 29 octobre:

Le Quaroubain Marius Dewilde
qui le premier vit des pilotes de soucoupe
aurait eu une nouvelle visite des étranges "petits hommes"
On peut avoir eu les honneurs de la presse et du cinéma et n'ètre pas content. Or, M. Marius Dewilde est si peu satisfait de la publicité un peu trop satirique faite autour de sa personne, qu'il n'a confié qu'aux autorités sa dernière entrevue avec les « Martiens ».
Dans une langue inconnue.
  Car notre Quaroubain prétend avoir revu une soucoupe et ses passagers. Cette fois, la chose s'est passée en plein jour! L'engin de nouveau s'est posé sur la voie de chemin de fer a proximité de la maison de M. Dewilde, pas au même endroit cependant.
  Les petits hommes lui ont parlé: quelques mots dans une langue inconnue avant de s'envoler sans bruit et disparaitre.
  Sur les traverses de la voie ferrée, on a observé les mêmes traces que précédemment, un peu plus larges tout de même et présentant une parfaite symétrie. Quelques brins d'herbe écrasés marquaient l'endroit de l'atterrissage.

( NORD MATIN, 29 octobre 1954, p 1)

Le lendemain 30, l'article de Nord Matin sera textuellement repris par Libre Artois, et la même information sera donnée par le journal France soir, avec la date du 29 octobre, ce qui montre que ce n'est qu'une reprise de l'article de Nord-Matin.

Les renseignements obtenus ici semblent venir de la police d'Onnaing, auprès de laquelle le journaliste était probablement bien en cour, puisque Dewilde n'aurait parlé de cette nouvelle observation qu'aux autorités.

L'article n'indique même pas la date de l'observation, en sorte que la date du 10 octobre, habituellement donnée, est seulement conventionnelle. Si Dewilde était chez lui, cela situe l'observation un dimanche, mais lequel?
Si c'était le dimanche 3 octobre, date à laquelle eurent lieu des dizaines d'observations, il est probale que Dewilde aurait fait la relation et l'aurait dit à Marc Thirouin.
En fait les dates du 10, du 17, et du 24 octobre sont possibles, la date du 24 étant au moins aussi vraisemblable que celle du 10, puisque l'article date du 29.

La date du 10 octobre vient, en fait de l'enquête faite par Marc Thirouin en septembre 1957, et publiée fin 1959. Et certains renseignements donnés par Dewilde sont manifestement erronés, puisqu'il y dit "l'affaire s'ébruita ce qui amena encore sur les lieux un flot d'enquêteurs". Mais ces enquêteurs n'auraient pu être que des journalistes, comme la première fois, or aucun journal, aucune revue n'a publié quoique ce soit à propos d'une enquète sur la seconde observation de Quarouble.

D'après les informations qui ont filtré de la police d'Onnaing, Dewilde aurait bien déclaré avoir vu un engin au sol, et ses petits occupants lui auraient parlé dans une langue inconnue avant de décoller. Certes, on peut toujours soupçonner que l'article ne dit pas tout, mais inversement, on peut encore bien plus soupconner que l'enquête de Marc Thirouin, faite trois ans plus tard, en disait trop. Dewilde a-t-il réellement pu, ou cru voir l'intérieur de l'engin, comme il le prétend à Marc Thirouin ?

Le commissaire lui même confirma à un journaliste du Soir que Dewilde "aurait" assisté à un nouvel atterrissage, en insistant sur le conditionnel, et en estimant que cette nouvelle affaire ne méritait pas un article de presse. Pourtant, le commissaire serait allé sur les lieux et aurait observé les traces. Mais depuis le 10 septembre, il avait eu le temps de comprendre ou d'apprendre que les traces précédentes n'étaient que des coups de burin.

L'irréalité de la deuxième rencontre

L'hypothèse de la réalité de cet atterrissage ne tient pas debout:

- Alors que les occupants de l'engin du 10 septembre cherchaient à se cacher, ceux du 10 octobre se montrent en plein jour et parlent au témoin.
- Alors que ces occupants devaient faire 1.60 m, compte tenu des conditions d'observations, Dewilde semble leur attibuer la même taille (illusoire) que lors de sa première observation.
- Alors que, bien que s'envolant vers 22 H 30, l'engin du 10 septembre aurait été vu par d'autres témoins, celui du 10 octobre n'est vu par personne en plein jour (il est vrai que l'endroit est assez isolé).
- Les soucoupes volantes sont vraiment de curieux engins puisque leur train d'atterrissage est adapté pour se poser sur les voies de chemin de fer!
- Bien que ne figurant sur aucun guide touristique, le P.N. 79 de Quarouble est bien attirant pour les soucoupes volantes puisque deux d'entre elles s'y seraient posé à un mois d'intervalle.

C'est encore plus invraisemblable dans l'enquête de Marc Thirouin, ou sept nains, enfin, sept petit êtres de 1 m 10, viennent visiter le P.N.79 pour y emporter une poule, dans un engin minuscule muni d'une porte à glissière.

Quant au jeune fils de Dewilde, censé avoir assister à la scène, il ne se souvenait que de l'auto sur les rails, et rien d'autre.

Nous pouvons conclure, avec la plupart des chercheurs, que cette scène n'avait pas de réalité. Mais alors Quoi?
Ce ne pouvait être une illusion, comme le 10 septembre, puisque la scène fut vue clairement en plein jour.
Ce ne pouvait être une mystification faite au témoin puisque le témoin aurait vu l'engin s'envoler, mais que son fils n'en vit rien.
Ce ne pouvait être une affabulation, puisque le témoin n'avait aucun intérêt à raconter des bétises au commissaire, et le savait bien.
Pourrait-ce être alors une hallucination? Mais ici, c'est la totale, l'hallucination à grand spectacle qui ne frappe d'habitude que les cerveaux malades, et pas qu'une seule fois.

Cependant il nous reste la piste de la reconstruction illusoire, puisque nous avons vu que Dewilde en avait déja été victime le 10 septembre. A Marc Thirouin, il racontera des choses dont nous avons la preuve qu'elles sont fausses, et qui sont donc de faux souvenirs. Ce sera d'ailleurs bien pire au fil des ans, car il se mettra à raconter de plus en plus de faux souvenirs induits par des conversations successives avec des ufologues.

Or une remarque intéressante de Michel Carrouges nous montre la voie: La seconde observation, surtout racontée à Marc Thirouin, contient à la fois les quelques éléments récupérés de la première, et les éléments dont il avait été frustrés la première fois, alors qu'il en avait cruellement besoin pour répondre aux journalistes, ce qui devait l'avoir stressé.
Ainsi c'était de petits êtres de 1 m 10, comme la première fois, l'engin avait une porte à glissière, et sa forme était celle d'une cloche, forme que la presse avait rapportée, bien que lui même n'avait pu la voir nettement dans l'obscurité. Ce détail montre sa propension à se fabriquer de faux souvenirs.
Et cette fois il sait à quoi ressemblait l'intérieur de l'engin, à quoi ressemblait ses occupants, quel genre de langue il parlait, et ce qu'ils venaient faire chez nous.
L'hypothèse d'une reconstruction pourrait bien expliquer la date tardive: Si l'on était dans le cas d'une hallucination, Dewilde l'aurait probablement rapporté l'après midi même au commissariat. Mais Dans le cas d'une reconstruction, on peut admettre une période d'incubation, qui expliquerait, dans l'hypothèse d'une observation le 24, que Dewilde n'en ait parlé que le 27, d'où un article le 29. Tout ceci restant, bien sûr, assez hypothétique.

La reconstruction de cette observation, à partir du souvenir réel d'un stimulus banal, une auto sur la voie, va alors constituer pour Dewilde, une libération. Mais cette reconstruction, il va la trainer jusqu'à la fin de sa vie, en l'enrichissant sans cesse de nouveaux détails, tous plus faux les uns que les autres.

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Dernière mise à jour: 18/10/2016