L'observation d'Harponville

L'observation dite d'Harponville, survenue le 7 septembre 1954 à 19 km d'Amiens, fut perçue comme le quasi atterrissage d'une soucoupe volante, et ce fut la première observation de ce type, après les observations uniquement aériennes d'aout 1954. Elle est donc importante, car elle montrait que les soucoupes menaçaient d'atterrir, et incita les journalistes à voir dans l'observation de Quarouble, le premier atterrissage d'une soucoupe de cette mémorable vague.

Nous l'appelons observation d'Harponville, car elle est ainsi connue des catalogues, du fait qu'elle a eu lieu entre Harponville et Contay, mais en fait, les témoins n'étaient pas passés par Harponville, et l'observation a eu lieu sur le terroir de la commune de Vadencourt. Le premier journal a parler de ce cas, est le journal local, Le courrier Picard.

Mystère dans le ciel picard
Deux ouvriers affirment
avoir vu une soucoupe volante
entre Harponville et Contay

  Telle est la nouvelle qui nous est parvenue à la fin de l'après midi, nouvelle que les témoins de l'étonnant évènement nous ont confirmé.
  Cette information ne manquera pas d'engendrer un scepticisme parfaitement compréhensible, mais les deux hommes qui « ont vu » l'engin nous ont fait des déclarations concordantes en tous point.

  Donc, hier matin, M. Emile Renard, qui est agé de 27 ans et exerce la profession d'artisan maçon, route de Doullens, à Acheux en Amiénois, avait quitté son domicile à bicyclette pour se rendre à son travail à Lahoussoye. Il était accompagné de son ouvrier M. Yves de Gillaboz, 23 ans, demeurant route de Bertrancourt à Acheux en Amiénois.
  Tous deux roulaient normalement lorsque vers 7 heures 15, alors qu'ils avaient traversé Harponville et se dirigeaient vers Contay, leur attention fut attirée par un gros engin posé dans un champ récemment fauché, à 200 mètres environ et à droite de la route
  - On aurait dit une meule qui n'était pas terminée, nous déclare M. Renard que nous avons trouvé au milieu de sa famille dans le courant de la soirée.
  - Oui, et le dessus était quelque peu arrondi et ressemblait à une assiette retournée, ajoute M. de Gillaboz, que son patron était allé cherché chez lui à notre demande.
  Intrigués, les deux hommes sautèrent de leur machine et, en courant s'engagèrent dans les champs en direction de l'engin.
  Plus rapide que son compagnon, M. Renard le distança quelque peu.
  - En me rapprochant, nous dit-il, je ne quittais pas l'engin des yeux. Je pus ainsi me rendre compte qu'il était de couleur gris sale, et il pouvait avoir une dizaine de mètres de diamètre...
  - Et il oscillait quelque peu, précise M. de Gillaboz...
  - Entendiez-vous un bruit quelconque ? demandons nous.
  - Absolument rien, nous répondent les deux hommes.
  Et tous deux précisent avoir remarqué sur la paroi de l'engin une sorte de porte plus large que haute, mais fermée.
  - J'avais parcouru une cinquantaine de mètres, nous dit M. Renard, lorsque je vis l'appareil qui s'élévait en diagonale, cependant qu'une fumée s'échappait par une sorte de tuyau placé dans sa partie basse.
  Il arriva ainsi à une quinzaine de mètres de hauteur. A ce moment, il abandonna la diagonale

et son ascension se poursuivit verticalement et plus rapidement.
  Pendant quelques minutes nous l'avons suivi des yeux. Au fur et à mesure qu'il montait, on l'apercevait de plus en plus difficilement et il finit par disparaitre.
  - Quelles ont été à ce moment vos impressions, demandons nous ?
  - Que voulez vous, nous dit M. Renard, on est resté là, la bouche ouverte...
  - Moi, je n'avais qu'une hâte: monter sur mon vélo et m'éloigner le plus tôt possible.
  - J'étais comme médusé, ajoute l'artisan maçon. Je me demandais à quel phénomène nous venions d'assister, puis j'ai pensé qu'il s'agissait peut-être d'une soucoupe volante, comme celle dont on parle dans les journaux.
  - Pensez, nous dit son compagnon, nous n'en revenions pas. Avouez qu'il y a lieu d'être interloqué quand on voit une telle chose !
  Comme nous interrogeons M. Renard pour savoir ce qu'il aurait fait si, poursuivant sa course, il était arrivé auprès de l'appareil, il nous déclare :
  - Je voulais savoir ce que c'était car j'étais intrigué au plus haut point. Je ne peux dire si je me serais hasardé à le toucher, mais j'aurais peut-être essayé de me rendre compte de ce qui se trouvait à l'intérieur. Comment ? je ne sais pas.
  - Et bien, pour ma part, nous dit M. de Gillaboz, je n'y aurais pas touché et cet appareil ne me disait rien de bon...
  Au cours de leurs déclarations, les deux hommes nous ont produit une nette impression de sincérité. Ils nous ont dit qu'ayant parlé de ce qu'ils avaient vu à des habitants de Lahoussoye, ceux-ci avaient alerté la gendarmerie. Dans le courant de la journée, MM. Renard et de Gillaboz ont été interrogés longuement et séparément. Ils ont été conduits à l'endroit où ils avaient aperçu l'appareil. Là, aucune trace n'a été relevée sur le sol.
  A la gendarmerie le silence le plus complet est observé sur la rencontre faite par les deux habitants d'Acheux-en-Amiénois, et l'on semble se garder d'infirmer ou de confirmer trop hâtivement, ce qui demeure pour tous un mystère.
  Néanmoins, les déclarations des deux hommes sont nettes et précises, aussi les livrons-nous à nos lecteurs telles qu'elles nous ont été faites.

(Le Courrier Picard, 8 septembre 1954, page 2)

Voici les deux habitants d'Acheux en Amiénois qui, mardi matin, aperçurent, entre Harponville et Contay, la soucoupe volante dont nous avons parlé hier. On reconnait, à gauche, M. RENARD et, à droite, M. de GILLABOZ.
(Le Courrier Picard, 9 septembre 1954, page 2)

Arrivé là, nous savons que l'observation a eu lieu le 7 septembre vers 7H15, que les deux témoins en ont d'abord parlé à des habitants de Lahoussoye, que les gendarmes les ont interrogés séparément dans la journée, et que les journalistes du Courrier Picard, sont venus les interroger le soir même chez M. Renard, ce qui leur permit de publier leur article le 8.
Mais cet article du 8 va donner des idées à une poignée de plaisantins, et dès le 8 au soir, la rumeur d'une autre observation courait:

NOUVEAU MYSTERE
dans le ciel Picard ?
___
  Des habitants de la région de Péronne auraient aperçu au sol, dans la soirée d'hier, une soucoupe volante entre Estrées-Deniécourt et Foucancourt-en-Santerre. Telle une fumée de poudre, le bruit courait hier soir dans plusieurs communes voisines, de l'arrondissement de Péronne, qu'une soucoupe volante aurait été aperçue dans la soirée, par des habitants à proximité du bois de Foucancourt-en-Santerre.
  Quel crédit faut il accorder à ces nouvelles affirmations ?
(Le Courrier Picard, 9 septembre 1954, page 2)

Les autres journaux répercutent l'information du Courrier Picard.

Le 9 septembre, différents journaux vont reprendre les informations du Courrier Picard du 8 septembre en les résumant plus ou moins.
Le Nouveau Nord Maritime copie tout simplement le texte de l'article, en le faisant précéder de On lit dans « le Courrier Picard ».
La Voix du Nord, en reprend le texte en le raccourcissant un peu:

Une soucoupe volante
s'est elle posée
près d'Amiens?
______________

Deux maçons l'affirment
avec une troublante précision

  Selon les dires de deux ouvriers, un engin mystérieux se serait, mardi matin, envolé d'un champ bordant la route qui relie Harponville à Contay, dans les environs d'Amiens.
  Ayant quitté son domicile à bicyclette, pour se rendre à son travail à La Houssoye, M. Emile Renard, 27 ans, artisan maçon, demeurant route de Doullens à Acheux en Amiénois, était accompagné de son ouvrier, M. Yves de Gillaboz, 23 ans, demeurant route de Bertrancourt dans la même localité.
DANS UN CHAMP
  Les deux cyclistes avaient traversé Harponville et se dirigeaient vers Contay, lorsque leur attention fut attirée par un gros engin, posé dans un champ à environ 200 mètres sur la droite de la route
  « On aurait dit une meule non terminée, déclarent-ils. Et le dessus quelque peu arrondi ressemblait à une assiette retournée »

  Intrigués, les deux hommes sautèrent de leur machine, et en courant s'engagèrent dans les champs en direction de l'engin de couleur grise, qui pouvait avoir une dizaine de mètres de diamètre.
  Il oscillait quelque peu, mais ne faisait aucun bruit, et sur sa paroi on distinguait une sorte de porte fermée plus large que haute.
L'ENGIN DISPARAIT
  « Cependant, déclare M. Renard, alors que précédant mon compagnon, j'avais parcouru une cinquantaine de mètres, je vis l'appareil s'éléver en diagonale, tandis qu'une fumée s'échappait par une sorte de tuyau placé dans sa partie basse. A une quinzaine de mètres de hauteur,

l'engin poursuivit son ascension en verticale et plus rapidement. »
  Et il finit par disparaitre aux yeux des deux hommes qui, médusés, se demandaient à quel phénomène ils venaient d'assister.
  A la gendarmerie d'Acheux-en-Amiénois, où les deux hommes ont été longuement et séparément interrogés, on garde le silence le plus complet, se gardant d'infirmer ou de confirmer ce qui demeure pour tous un mystère.
  MM. Renard et de Gillaboz ont été également conduits à l'endroit où ils avaient aperçu l'appareil. Mais là, aucune trace n'a été relevée sur le sol.

(La Voix du Nord, 9 septembre 1954, page 3)

Nord Matin et Le Journal du Pas de Calais et de la Somme, donnent le même texte que La Voix du Nord.
LA CROIX DU NORD raccourcit davantage le texte:

Un maçon et son ouvrier
affirment avoir vu
une soucoupe volante
dans un champ

  Un maçon, M. Emile Renard, 27 ans, et son ouvrier, M. Yves De Gillebez, 23 ans, affirment avoir vu dans un champ, à environ 200 mètres de la route, prés d'Acheux-en-Amiénois, un engin ressemblant à une meule tronquée, sur laquelle aurait été posée une sorte de grande assiette retournée.
  Les deux hommes, qui circulaient à bicyclette. ont déclaré avoir alors sauté de leur machine et couru en direction de l'engin, qui, disent-ils, était de couleur grise et d'un diamètre d'une dizaine de mètres approximativement. Il oscillait légèrement et sur la paroi on distingait une sorte de porte fermée. L'appareil n'émettait aucun son.
  Toujours, selon le récit de MM. Renard et De Gillabez, l'engin s'envola alors qu'ils avaient déjà parcouru une cinquantaine de mètres. Une fumée s'échappait d'une sorte de tuyau placé à sa partie inférieure. Après un vol oblique d'une quinzaine de mètres, l'appareil prtit la verticale et disparut.
  Les deux hommes ont été interrogés à la Gendarmerie d'Acheux-en-Amiénois, puis conduits à l'endroit où ils affirmaient avoir aperçu l'appareil. Aucune trace n'a été relevée sur le sol.
(LA CROIX DU NORD, 9 septembre 1954, page 1)

Le Parisien libéré raccourcit encore plus:

DEUX HABITANTS DE LA SOMME DÉCLARENT AVOIR VU
UNE SOUCOUPE VOLANTE POSÉE DANS UN CHAMP
  AMIENS, 8 septembre; (de notre corr. part.)
  Deux habitants d'ACHEUX-en-AMIENOIS, M. Emile RENARD, artisan maçon, et son ouvrier, M. Yves de GILLABOZ, sont formels dans leur déclarations: Ils ont vu, entre HARPONVILLE et CONTAY (SOMME), une soucoupe volante posée dans un champ à 200 mètres environ de la route qu'ils empruntaient pour se rendre à leur travail.
  - On aurait dit une meule qui n'était pas terminée, déclare M. Renard.
  - Oui, et le dessus était quelque peu

arrondi et ressemblait à une assiette retournée, ajoute son ouvrier.
  Les deux hommes s'approchèrent jusqu'à 50 mètres environ de l'engin, d'une couleur gris fer, qui pouvait avoir une dizaine de mètres de diamètre.
  Soudain l'appareil s'éléva en diagonale cependant que de la fumée s'échappait par une sorte de tuyau placé dans la partie basse de l'engin. A 15 mètres de hauteur, cecui-ci abandonna la diagonale pour poursuivre une ascension verticale et beaucoup plus rapide, puis il disparut à l'horizon.

(LE PARISIEN LIBERE, 9 septembre 1954, page 7)

Donc, ce 9 septembre, les différents journaux ne font que reproduire, en les recopiant plus ou moins partiellement, les informations du Courrier Picard, dont les journalistes étaient alors les seuls à avoir été interroger les témoins.
Mais ce même 9 septembre, les journalistes de l'hebdomadaire SEMAINE DU NORD vont faire mieux: ils vont aller enquêter sur les lieux de l'observation, et en prendre des photos. Leurs investigations vont nous être précieuses.

La soucoupe du bois de Foucancourt-en-Santerre est de moins en moins crédible:

Des "soucoupes volantes" dans le ciel picard?

L'enquête ouverte à Estrées-Deniécourt
se heurte à la "loi du silence"
  Ainsi que nous le relations, hier, la charmante commune d'Estrées-Deniècourt, à la suite de « déclarations dignes de foi », selon l'expression consacrée, se trouvait en émoi, dans la soirée de mercredi car, parait-il, une foule de personnes avaient remarqué, dans un bois, sur le chemin de Soyécourt, entre les localités d'Estrées-Deniècourt et de Foucancourt-en-Santerre, la présence d'une soucoupe volante.
  Sous le manteau d'abord, publiquement ensuite, les affirmations des uns et des autres s'étaient rapidement répandues, même jusque dans la commune d'Assevillers, où un habitant du lieu, ouvrier agricole à la briqueterie de Villers-Carbonnel avait « poussé l'audace » jusquà toucher du doigt le curieux engin.
  L'enquête officielle provoquée par la rumeur publique d'abord et notre article ensuite, semble avoir momentanément paralysé la langue des « privilégiés » qui approchèrent « l'étrange corps lumineux ».
En effet, y compris une équipe amiénoise de monteurs en électricité, travaillant à proximité de « l'aire d'atterrissage », tous les témoins oculaires de l'étrange phénomène n'ont conservé de l'engin martien qu'une vision très fugitive et sont incapables de donner à défaut de dimensions, mêmes approximatives, une idée très vague de ce « vaisseau aérien... fantôme ».
(Le Courrier Picard, 10 septembre 1954, page 2)

Le Parisien libéré mélange les cas d'Harponville et de Quarouble.

La soucoupe décolle d'abord à la vitesse d'un hélicoptère puis l'accélération devient vertigineuse

  AMIENS,13 septembre.- «Le PARISIEN LIBERE” a présenté, hier, l'extraordinaire récit de M. Marius DEWILDE, de QUAROUBLE, près de VALENCIENNES, qui assure avoir aperçu une soucoupe volante et deux petits êtres mystérieux.
  Cette scène, rappelons-le, s'est déroulée le vendredi 10 septembre vers 22 h 15. Aujourd'hui, voici le récit de deux habitants, MM. Emile RENARD et Yves de GILLABOZ, d'ACHEUX-en-AMIENOIS, qui, comme nous l'avions déja précisé succinctement, affirment avoir vu, eux aussi, une soucoupe volante.
  Cette aventure, qui s'est passée à 90 Kilomètres à vol d'oiseau de VALENCIENNES, remonte au mardi 7 septembre, vers 7 h 15 du matin. L'engin semblait arrêté à quelques centimètres du sol, dans un chaume, à 200 mètres de la route départementale qui va de HARPONVILLE à CONTAY.
  Les deux témoins sont fort honorablement connus et très estimés à ACHEUX-en-AMIENOIS où ils demeurent. C'est là que, séparément, ils nous ont conté l'évènement, tout omme, séparément, ils ont croqué, pour nous, les lignes générales de la soucoupe que nous reproduisons. Mais avant de leur donner la parole, présentons-les succinctement.
  M. Emile RENARD a 27 ans. Il est patron maçon, marié et père de quatre enfants. Natif d’ACHEUX, c'est nous a-t-on dit de toutes parts, un travailleur acharné. Et lui-même est le premier à manifester son impatience au sujet de la soucoupe volante.
  - Depuis une semaine, nous dit-il, je gaspille la moitié de mes journées à raconter cette histoire. J'en ai assez, croyez le. Ce n'est pas cela qui nourrit mes enfants !
  Quant à Yves de GUILLERBOZ, il travaille comme manoeuvre avec M. RENARD depuis un an. C'est un solide garçon de 23 ans respirant la santé et qui, pas plus que son patron, ne semble avoir envie de plaisanter.

Une curieuse "meule"

  Nous les avons interrogés et leur récit, comme le dessin qu'ils nous on fait chacun de la soucoupe, concordent parfaitement comme le tout concorde sur bien des points avec la vision de M. DEWILDE.
  - Au lieu d'utiliser la camionnette dont le moteur avait besoin d’une réfection, nous a expliqué M.RENARD, mon commis et moi étions partis à bicyclette pour nous rendre à notre travail chez le garde champêtre de la commune de la HOUSSOYE. Soudain, entre HARPONVILLE et CONTAY, le pneu du vélo de GUILLERBOZ se dégonfla. Je m'arrêtai pour lui passer ma pompe et mes yeux furent attirés par une sorte de disque, à 250 mètres de nous, dans un champ.

  « Regarde, dis-je à mon commis, en voilà une meule qui a une drôle de couleur
  « Mais tout occupé à gonfler, il ne répondit pas. Intrigué je continuai à détailler l'objet lorsque je m'aperçus que celui-ci, tout en remuant par rapport au sol, était secoué par un léger balancement, sorte d'oscillation autour d'un axe imaginaire.
  « Mais regarde, regarde donc, ce n'est pas une meule ! hurlai-je à mon compagnon.
  « Et tous deux, pris par je ne sais quel pressentiment, nous nous précipitâmes à travers champs pour nous approcher de l'engin mystérieux. Il nous fallait traverser, après une première friche, un champ de betteraves. A peine avions-nous commencé à courir à travers celui-ci que la soucoupe, car maintenant pour nous, nous en étions sûr, c'en était une, décolla en-biais pendant une quinzaine de mètres pour ensuite monter verticalement.

Envergure de l'appareil: une dizaine de mètres

  Tout comme son patron, M. GUlLLERBOZ nous a precisé que l'engin avait une dizaine de mètres d'envergure sur trois environ de hauteur.
  Il était d'une couleur gris-bleuté mais ne brillait pas, nous a-t-il spécifié.
  Tous deux enfin affirment que la soucoupe est partie sans faire le moindre bruit. Contrairement à M. DEWILDE, de QUAROUBLE, ils n'ont senti aucun déplacement d'air. ll est vrai qu'ils n'ont pas réussi à approcher la machine à moins de 150 mètres. Mais, d'après ces témoins, cette soucoupe-là aussi avait à l'arrière une sorte de tuyau d'échappement d'où est sorti de la fumée au moment du décollage.
  Très troublés, par cette vision qui avait duré au moins trois minutes, car l'engin mit un certain temps avant de disparaitre dans les nuages, MM. RENARD et GUILLERBOZ racontèrent leur aventure au garde-champêtre de La HOUSSAYE. C'est celui-ci qui insista pour que la déclaration en soit faite à la gendarmerie de CORBIE.
  Les gendarmes vinrent sur place ainsi que des spécialistes de l'aéronautique. lls ont longuement enquêté mais on n'a retrouvé aucune trace du passage de la soucoupe dans le champ. Il semble que celle-ci, qui, comme les témoins l'ont précisé, a toujours été agitée de légers balancements, ne s'est pas posée mais a fait du sur-place comme un hélicoptère.
  Enfin,dernier point de comparaison entre la soucoupe de QUAROUBLE et celle d'ACHEUX-en-AMIENOIS, le décollage s'est accompli d'abord de biais et ensuite à la verticale. Au départ, pendant les premiers mètres, les témoins sont d'accord pour préciser que l'ascension s'est faite à peu près à la même vitesse que celle d'un hélicoptère. C'est par la suite que l'accélération devint vertigineuse.

(LE PARISIEN LIBERE, 14 septembre 1954, page 9)
Note: Il y a des informations nouvelles par rapport à celles du Courrier Picard, et d'autres tout à fait fausses, dans cet article qui mélange les cas d'Harponville et de Quarouble. Il est exact que les témoins étaient partis à vélo, au lieu d'utiliser une camionnette, et qu'ils durent s'arréter à cause d'un pneu dégonflé. Mais aucun spécialiste de l'aéronautique n'est venu sur place, et l'engin n'est pas parti, comme à Quarouble à une vitesse vertigineuse: au contraire, les témoins disent bien qu'ils ont pu l'observer au moins 3 minutes (quelques minutes d'après Le Courrier Picard, et jusqu'à 5 minutes d'après le rapport de gendarmerie). Cette durée s'accorde d'ailleurs bien avec l'hypothèse d'un hélicoptère, que LE PARISIEN LIBERE semble le premier à mentionner. On peut aussi s'étonner que M. Yves de GILLABOZ devient ensuite M. GUlLLERBOZ. Ces informations ont tout l'air de venir indirectement d'une source qui n'est pas précisée.
C'est malheureusement qur cet article que va se baser Aimé Michel, suivi par Michel Carrouges, et jusqu'à Michel Figuet.

La revue SEMAINE DU NORD publie ses résultats.

Beaucoup de choses sont exactes dans ce dessin de couverture: L'habillement des témoins, l'aspect du ciel, le paysage, le fait que M. Renard ait été plus près de l'objet, l'inquiétude de M. De Gillaboz, et même quelques détails de l'engin: dessus comme une assiette retournée, porte latérale et tuyau d'échappement.
Mais il y a tout de même quelque chose de grossièrement faux: L'objet ne planait pas au dessus de M.Renard, et était nettement plus loin et plus bas sur l'horizon. Mais la couverture est là pour faire vendre, n'est ce pas?

Nous aurons l'occasion d'étudier les photos dans l'analyse finale. Le texte, lui, nous raconte l'affaire d'une façon très vivante, et nous donne quelques détails que ne donnait pas Le Courrier Picard, comme le fait que les deux maçons faisaient d'habitude le trajet dans une camionnette B-12, mais que ce jour là, ils étaient à vélo.

EN quatre jours, du 7 au 11 septembre, deux maçons picards et un ouvrier métallurgiste de Quarouble ont ajouté deux nouveaux chapitres à la fabuleuse histoire des soucoupes volantes. Les similitudes que présentent leurs déclarations, à quelques jours d’intervalle, sont particulièrement troublantes. Des témoignages dignes de foi, recueillis depuis, sont venus confirmer les dépositions. A Quarouble, pour la première fois, des traces suspectes ont été relevées. Les services officiels prennent l’affaire au sérieux: trois inspecteurs de la Police de l’Air ont enquêté pendant 48 heures dans le Valenciennois, et la gendarmerie d’Amiens possède désormais un dossier « soucoupes » où figurent les rapports de ses enquêteurs et les dépositions signées d’Emile Renard, 28 ans, artisan-maçon, rue de Louvancourt à Acheux-en-Amiénois, et de son ouvrier, Yves de Gillaboz, 23 ans, rue de Bertrancourt.
  L’aventure que racontent les deux Picards se déroule le 7 septembre à 7 h. 15. Le ciel gris et brouillasseux donne à la campagne une couleur de roman d’anticipation. Sur la route, entre Harponville et Contay, deux hommes pédalent en silence, leur sac d’outils sur le dos. Ils peinent dans la côte, en maudissant la panne qui les prive depuis la veille de leur solide B-12. Au sommet du raidillon, Emile Renard cesse brusquement de pédaler. Son doigt désigne, au-delà des meules, à 1.500 mètres, un bosquet :
  - Drôle de meule ! Tu la vois ?
  Son camarade hausse les épaules. Il s’intéresse beaucoup plus à l’inquiétante agonie de son pneu arrière. Effectivement, un kilomètre plus loin, la chambre à air rend le dernier soupir. Les deux maçons mettent pied à terre. Yves de Gillaboz répare en maugréant. Son patron attend, les mains sur les hanches. Soudain, en tendant à son ouvrier la pompe de sa bicyclette, Emile Renard éprouve à nouveau un curieux sentiment de malaise. Ses yeux fixent la meule aux formes étranges repérée du haut de la côte. Elle n’a pas la couleur mordorée que les paysans connaissent bien. Elle est grise, d’un gris mat et sale. Et elle bouge... Elle oscille sur sa base.
  - Comme une assiette retournée jetée négligemment sur une table, dira plus tard Yves de Gillaboz.
  Le premier moment de stupéfaction passé, Emile Renard n’hésite pas une seconde : « Bon sang, c‘est pas une meule, ça ! Je vais y voir »
  L’ouvrier, lui, n’est pas rassuré. Impressionné par les légendes qui courent sur les mystérieux engins stellaires, il tente de retenir son patron. Mais Emile Renard est déjà loin. Il avance vers l'étrange objet, à grandes enjambées dans le champ de blé fraîchement moissonné. Yves de Gillaboz s’enhardit, et s’élance à son tour. Emile Renard n’est plus qu’à 150 mètres de l’appareil.
  - « Il se balançait toujours, sans bruit, à environ 50 centimètres du sol »
  Soudain, alors que le patron maçon s'engage dans le champ de betteraves qui le sépare encore de son but, l'incroyable se produit. La « chose » s’élève rapidement à la verticale, pendant une quinzaine de mètres. Elle ralentit, puis file vers le nord-ouest, vers Toutancourt, après avoir survolé le bosquet tout proche. Elle disparaît dans le brouillard. Sur la lisière du champ de betteraves, Emile Renard, bouleversé, s’est immobilisé. Incapable de rononcer une seule parole, il sort de sa torpeur sur une bourrade de son ouvrier qui l’a rejoint, tremblant de peur. Lentement, les deux hommes, toujours silencieux. regagne la route.

Trois heures d’interrogatoire

  Telle est l’extraordinaire aventure qu’affirment avoir vécue Emile Renard et Yves de Gillaboz. Ce n’est pas une histoire qu’ils racontent, devant un litron de rouge, pour épater leurs amis. Dès le mardi midi, ils sont allés, de leur plein gré, exposer les faits aux gendarmes de Corbie.
  On aurait mieux fait de rien dire ! soupire cependant Yves de Gillaboz. En effet, les gendarmes, fonctionnaires consciencieux, n’ont pas souri. Ils ont téléphoné au commandant départemental, à Amiens. Une heure plus tard, les deux héros du jour étaient reçus par l’état-major de la gendarmerie picarde. Ils rentrèrent chez eux à la tombée de la nuit. Ils venaient de subir chacun, separément, près de trois heures d’interrogatoire.
  - De quoi vous dégoûter à jamais des soucoupes volantes, nous lancent-ils du haut de l’échafaudage où nous les avons surpris le surlendemain à Bouzincourt. « Et qui est-ce qui nous dédommagera des heures de travail perdues ? »
  Ils en perdront sans doute bien d’autres si, comme on le dit, ils doivent être entendus par les spécialistes qui se penchent depuis quelques années sur le mystère des soucoupes. De leur côté, les gendarmes ont pu établir que les récits des deux hommes concordaient parfaitement, jusque dans les moindres détails. Ils ont appris, par leurs collègues d’Acheux, que Renard et Gilleboz étaient bien considérés, sobres et travailleurs. Ils sont allés, avec eux, sur les lieux de l’apparition, mais aucune trace n’a pu encore être relevée. Ils sont allés, aussi, à Estrée-Deniécourt, près de Péronne, où des habitants prétendaient avoir aperçu un engin, mercredi soir. Mais leur arrivée a paralysé les langues, et il est probable qu’il s’agissait de fumistes inspirés par l’affaire d’Acheux.

«Cette chose n’était pas posée sur le sol»

  Emile Renard et Yves de Gillaboz nous ont accompagnés, jusque sur le champ d’où se serait envolé le mystérieux engin.
  - En me rapprochant, je ne le quittais pas des yeux, nous dit Emile Renard. On aurait dit une meule qui n’était pas terminée. Ça avait une dizaine de mètres de diamètre, sur trois mètres environ de hauteur...
  - L’engin tournait-il sur lui-même, comme un disque ?
  - Non, il oscillait sur sa base, mais il ne tournait pas, puisque j’ai nettement aperçu, sur la gauche de la paroi qui nous faisait face, une sorte de porte plus large que haute. Mais elle était fermée.
  - Tout de même, cela semble incroyable que l’engin n’ait laissé aucune trace, et n’ait fait aucun bruit en s’enfuyant
  L’artisan maçon crispe ses lèvres volontaires et s’écrie :
  - Que voulez-vous ? Je ne peux pas vous dire ce que je n’ai pas vu ou entendu ! Moi je pense que cette chose n’était pas posée sur le sol. Je vous signale aussi que j’ai remarqué qu’une légère fumée s’échappait par une sorte de tuyau placé dans sa partie basse.
  - Moi aussi, je l’ai vu, confirme Yves de Gilleboz qui poursuit, inquiet : « Vous croyez_ qu’il y avait quelqu’un dedans vous ? »
  Le patron, lui, voulait en avoir le coeur net : « J’étais intrigué au plus haut point. Et si l’appareil ne s’était pas envolé, j’aurais essayé de me rendre compte de ce qui se passait à l’intérieur. Comment ? Je ne sais pas...
  Hallucination collective ? Les deux hommes n’ont pas du tout le genre visionnaire. Ils ne connaissent rien de la littérature fantastique, et le film « La Guerre des Mondes » n’est pas encore distribué dans cette région. Soucoupe volante ou engin secret d’une nation inconnue ? Le mystère est sans doute loin d’être élucidé.
  - Tout ça, c’est trop compliqué pour moi ! nous a dit Emile Renard. Je ne suis pas un savant.
  - Moi, en tous cas, ça ne me dit rien de bon, conclut Yves de Gillaboz. Cette sacrée soucoupe me fait perdre mon temps. Et mon sommeil : je ne sais plus dormir le soir...
  Mais le jour même où les habitants d’Origny-en-Tiérache venaient décrire à la gendarmerie un engin lumineux qu’ils avaient vu passer, le 7 septembre - description qui confirme la déposition des deux maçons - l’actualité rebondissait dans la salle de commissariat d’un village du Valenciennois où, en pleine nuit, un homme terrifié, vint raconter une nouvelle et non moins extraordinaire aventure...
Note: En fait l'affaire d'Origny est hors sujet, car non seulement elle a eu lieu le 8, vers 0 h 30, mais c'était probablement la lune.

(SEMAINE DU NORD Magazine, 16 septembre 1954, page 12-13)

De nouvelles informations sur la soucoupe du bois de Foucancourt-en-Santerre lui font boire définitivement la tasse:

LA SOUCOUPE VOLANTE
D'ESTREES-DENIECOURT

     Le 8 septembre dernier, le village d'Estrèes-Deniècourt était mis en émoi : plusieurs électriciens d'une compagnie amiénoise assuraient qu'une soucoupe s'était posée près d‘un bois, à 600 mètres à peine de la route Paris - Saint-Quentin.
  La plupart des habitants demeurèrent sagement chez eux. Les plus hardis et les plus curieux se rendirent au lieu indiqué ; la gendarmerie même fut alertée, et ne remarqua aucune trace de la fameuse soucoupe, mais des invraisemblances dans les assertions des électriciens.
  Finalement, l'un de ceux-ci convenait :
  - Tout ceci n'est pas vrai : il n‘y a pas eu de soucoupe volante à Estrèes-Deniècourt. Nous avons inventé cette histoire pour faire marcher la population mais nous n’avons pas cru que l’affaire prendrait tant d'importance.
  ll fut alors établi que c'est Serge Grimbert, 20 ans, 43, rue Rembault, à Amiens, qui avait lancé le « bobard » : il le reconnut volontiers. Avec lui passèrent des aveux ses camarades Christian Coulevern, 24 ans, demeurant 29, rue de Job, à Amiens, Roland Gourguechon, 22 ans, 31, rue Bazin, à Doullens et René Cléret. 20 ans, 40, rue de l'Abreuvoir, à Albert.
  En pareille circonstance, les gendarmes ont cru devoir dresser un procès-verbal qui a été transmis au Parquet du procureur de la Republique a Amiens. Les magistrats décideront-ils de poursuivre les jeunes gens qui « firent marcher » tout le monde ? Nous le saurons bientôt. Mais un fait est certain : aucune soucoupe volante ne n'est posée à Estrèes-Deniècourt, mais une soucoupe même imaginaire peut coùter cher.
(LA VOIX DU NORD, édition Artois-Somme, 17 septembre 1954, page 5)
Note: Déja suspecte le 10 septembre, cette affaire est déinitivement enterrée le 17, et pourtant elle sera utilisée comme renfort par Jimmy Guieu, Aimé Michel, Michel Carrouges et Charles Garreau.

Radar montre les témoins "in situ".

Les journalistes de Radar, sont allé sur les lieux avec les témoins. Hélas, au lieu, comme SEMAINE DU NORD, de photographier le paysage dans lequel l'engin aurait été visible, ils ont photographié les témoins dans l'une des deux attitudes réglementaires. Ici c'est: "il était dans cette direction" (l'autre, avec les deux bras étendus est "il était grand comme ça"). Nous ne sommes guère plus avancés, d'autant qu'il semble que les témoins aient exagéré la hauteur angulaire de l'engin .

AMIENS. Yves de Gillaboz (à g.) et Emile Renard montrent du doigt la direction prise par la soucoupe volante qu'ils ont surprise à l'atterrissage. En se rendant à leur travail, ils ont vu, dans un champ, au bord de la route, une grosse coupole, en forme d'assiette creuse retournée. Ils coururent vers elle. Ils en distinguèrent aisément la couleur : « gris sale » assurent ils, et les dimensions : 10 mètres sur 3. Elle oscillait sur sa base mais n'émettait aucun son. Sur la paroi, une porte fermée, plus large que haute. Bien avant qu'ils aient pu s'en approcher, l'appareil s'éleva en diagonale tandis qu'une épaisse fumée noire s'échappait d'un tuyau fixé à sa partie inférieure. Il monta ainsi jusqu'à 15 mètres et se mit alors à la verticale. Son allure s'accéléra notablement. Les deux hommes, éberlués, le suivirent un moment des yeux. La gendarmerie, alertée, n'a relevé aucune trace suspecte sur les lieux indiqués. Mais le sérieux des deux personnages ne fait pas question. D'autre part, près d'Hirson, M. Robert Chovel et sa famille ont vu, en pleine nuit, un disque lumineux qui ressemble à la soucoupe d'Amiens.
(Radar, 26 septembre 1954, page 3)

Les journaux parus ultérieurement ne nous apprennent plus rien sur l'observation d'Harponville. Plusieurs journaux s'étaient contentés de recopier la dépèche de l'Agence Centrale de Presse (A.C.P) du 8 septembre, qui reprenait les informations du Courrier Picard.
Les seules investigations sûres sont celles du Courrier Picard, faites le 7 au soir, et de SEMAINE DU NORD, faites le 9.

Mais il y a aussi celles des gendarmes, faites le 7 dans l'après midi, mais dont on aura connaissance que bien plus tard.

Référence : Article 78 et 87 du Décret du 20 Mai 1903.

                               Sept
                          Le 7 Novembre 1954, vers 7 Heures 30,
deux personnes circulant à bicyclette déclarent avoir vu une sou-
coupe volante entre HARPONVILLE et CONTAY.

LES FAITS :
                          Monsieur Emile RENARD, maçon, 27 ans et
son ouvrier Monsieur de GILLABOZ Yves, se rendaient ce jour 7 Sep-
tembre 1954 de leur domicile à Acheux, à leur lieu de travail
                          Vers 7 Heures 30' circulant sur le
C.C. 47 entre HARPONVILLE et CONTAY, ces deux personnes ont eu leur
attention attirée par un engin de forme bizarre. Il s'agissait d'un
gros cylindre de 10 mètres de diamètre et de 3 mètres de hauteur,
la surface supérieure était bombée et une porte était apparente sur
la paroie verticale. Cet appareil qui était posé dans un champ à
200 mètres de la route s'est levé lorsque les deux hommes cités ci-
dessus se sont approchée de lui. Cette montée s’est faite d'abord
sur une quinzaine de mètres en oblique puis ensuite verticalement.
Aucun bruit n’a été perçu mais un tuyau sous l’appareil laissait
échapper de la fumée bleue.

                          L’engin est resté de 4 à 5 minutes à
la vue des 2 déclarants.

VALEUR DU RENSEIGNEMENT

                          Le Commandant de Section qui a interrogé
les deux témoins pense qu’il ne s’agit pas de mystificateurs. Ceux-
ci déclarent d’ailleurs sans fausse honte, qu'ils ont en trés peur.

                          La Gendarmerie s'est rendue sur les lieux
avec le chien policier BOBBI.

                          Le point où se trouvait l'engin d'aprés
les témoins est situé à 800 métres N.O. du C.D. 47,
I Km 800 de CONTAY et 4 Kms 800 de VARENNES.

                          Aucune trace n'existe sur le sol composé
en partie d'herbe et en partie de luzerne.

                          Le chien n’a suivi aucune piste.

                          Ci-Joint croquis approximatif de l’engin
d'aprés les témoins.
                          Le présent rapport est établi à toutes
fins utiles et avec toutes réserves.
                                        Signé illisible.

Note: La distance donnée par les gendarmes est très différente de celle donnée par la presse. Nous apprenons aussi qu'au voisinage du supposée atterrissage, le sol est couvert d'herbe et de luzerne, alors que la presse et les photos, nous montrent, près de la route, un champ de chaume et un de betteraves.
( Rapport du capitaine commandant la section de gendarmerie au commandement régional de la 2° R.M., Amiens, 7 septembre 1954)

              COPIE DE DEUX DECLARATIONS
              --------------------------

Monsieur Emile RENARD, 27 ans, Maçon,
qui déclare :

"Aujourd'hui 7 Septembre 1954, vers 7 Heures ou 7 Heures 30 je
me rendais par la route de mon domicile à La Houssoye où je tra-
vaille lorsque entre ARPONVILLE et CONTAY, en plaine, à 150 mètres
de la route mon attention a été attirée par la forme bizarre d'un
objet inaccoutumé ayant les caractéristiques d'une meule avec la
particularité d'un mouvement oscillatoire. Après avoir fait remar-
quer ce fait à mon ouvrier Yves de GILLABOZ, avec lui je me suis
approché de cet objet pour mieux le regarder. J'étais arrivé à
une centaine de mètres lorsqu'il s'est levé, d'abord d'une quin-
zaine de mètres en ascension oblique assez lente, puis ensuite
à la verticale beaucoup plus rapidement et disparaître à ma vue
dans le ciel.
                Je peux décrire l'objet que j'ai vu de la manière
suivante:
                Il s'agit d'un cylindre de couleur gris wagon de c
chemin de fer dont la surface supérieure est légèrement bombée.
J'ai vu sur le tour une forme de porte et dessous un tuyau par le
quel s'échappait de la fumée lors de l'ascension. Les dimensions
sont d'après moi les suivantes: diamètre un dizaine de mètres,
hauteur 2 mètres 50 à 3 mètres.

                Pendant l'ascension de cet objet je n'ai remarqué
que l'échappement de fumée à l'exclusion de tout signe lumineux
ou sonore, l'appareil ne faisait absolument aucun bruit.

                Sur les leix lieux isolés ne se trouvaient que
moi-même et mon ouvrier. Nous ne nous sommes pas rendus sur le
point même de contact de cet objet avec le sol.

                Lecture faite, persiste et signe.


Monsieur Yves de GILLABOZ, 23 ans, maçon,
.................. qui déclare:
J'ai quitté ACHEUX à 7 Heures pour gagner la HOUSSOYE où je
travaille en qualité de maçon. J'étais accompagné de mon patron,
Monsieur Emile RENARD; en bicyclette nous empruntions le C.D. 47
par HARPONVILLE. Entre cette localité et la commune de CONTAY,
sur notre droite, dans un champ dépouillé de récolte et à 150 mètres
environ de la route, nous avons aperçu une meule non couverte.
Cette dernière présentait l'aspect d'un puisard de château d'eau.
Nous avons trouvé cette meule très bizarre et nous nous sommes
arrêtés pour l'observer. Elle pouvait avoir une dizaine de mètres
de diamètre sur trois mètres de haut environ. Il m'a semblé qu'il
existait une ouverture plus large que haute à ce que nous prenions
pour une meule et qui, en réalité ne l'était pas.

               Il s'agissait d'un engin. Ce dernier s'est mis
à s'élever dans les airs lentement et sans aucune bruit. En
s'élevant l'engin nous a permis de découvrir comme un tuyau
d'échappement duquel s'échappait une fumée gris-bleu et peu
dense. L'engin avait une couleur sale, soit noire ou bleu fon-
cé. La fumée était visible jusqu'à ce que l'engin ait atteint
une dizaine de mètres. Cet engin prenait de l'altitude en
oblique. Après une hauteur de 12 mètres environ, il a monté
verticalement et il m'a semblé qu'il prenait de la vitesse. Il
a disparu dans les airs environ cinq minutes après sa montée.

               J'ai avisé de ces faits le garde de la HOUSSOYE
qui s'est chargé de vous avertir.

               Mon patron et moi ne nous sommes pas approché
des lieux tant notre surprise était grande. L'endroit d'où
est parti l'engin est sis à proximité d'un bois. Je n'ai vu
aucune personne après de l'engin"

               Lecture faite, persiste et signe.
Note: Les témoins sont d'accord pour situer la distance à 150 mètres de la route, alors que les gendarmes, qui sont allés sur place, la situent à 800 mètres. D'autre part le bois près duquel De Gillaboz situe l'engin est à environ 670 mètres de la route. Il faut donc nous méfier de ces distances estimées, et il est connu que les témoins sous-estiment les distances, d'un facteur de 2 à 5.

Mais voila qu'intrigué par ce premier rapport, le commandement de la gendarmerie de la 2° R.M. demande un supplément d'enquête.

- R A P P O R T -
-------------






REFERENCE :
   du Chef d‘Escadron ....., Commandant la Compagnie
de Gendarmerie de la Somme

   sur l'apparition d'une "soucoupe volante".

Ordres verbaux du Général Commandant Régional de Gendarmerie
(suite à rapport 785/2 du 7.9.1954 -

                                        ont été
                              Les faits/exposés dans le rap-
port cité en référence.
                              Ils sont brièvement rappelés
ci-dessous :
                              Le 7 septembre 1954; vers 7
heures 30, deux cyclistes se rendant à leur travail circu-
lent sur le G.C. 47 entre HARPONVILLE et CONTAY. Ils aper-
çoivent un engin de forme circulaire [diamètre 10 mètres
environ) hauteur 2m.50 à 3m.) à 200 mètres de la route. Cet
engin à un mouvement d'oxoillation. Aucun bruit n'est en-
tendu. Les 2 hommes s'en approchent Jusqu'à 100 mètres. L'en-
gin s'élève alors en 2 temps : dans un premier temps une
assez lentre montée oblique jusqu'à une altitude approxima-
tive de 15 mètres, puis une montée verticale pour disparaître
à la vue.
                              Les deux personnes ont eu l'en-
gin sous les yeux durant 4 à 5 minutes. Ce n'est donc pas une
vision fugitive.

E N Q U E T E
-------------

                              Les deux témoins se rendent aus-
sitot à la brigade de Gendarmerie de CORBIE (la plus prôche
de leur lieu de travail LA HOUSSOYE) d'où ils sont conduits
immédiatement à la Section d'Amiens.

                              Dès leur arrivée à AMIENS, les
deux hommes sont interrogés séparément et simultanément dans
deux bureaux. Leurs déclarations sont identiques.

Personnalité des témoins :
l°)- Emile RENARD, maçon âgé de 27 ans
........................Excellente moralité et mentalité. A
     été choisi pour occuper à la mobilisation un emploi au-
     xiliaire dans la Garde Républicains.
     Très bien connu de la brigade locale.
2°)- Yves DE GILLABOZ, 23 ans - ouvrier
........................très honorablemont connu de la
     brigade.

                   Il s'agit donc de deux hommes, ayant une
bonne vue, sains d'esprit et sobres. Ils vont perdre le bé-
néfioe d'une journée de travail.

Emploi du temps des témoins :

                   Pour éviter toute suspicion d'ivresse ou
de fatigue, l'emploi du temps des témoins a été vérifié
par le Commandant de Compagnie.

                   Ils se sont couchés la veille vers 21
heures, se sont levés vers 6 heures; Ils ont quitté ACHEUX
vers 7 heures, après avoir déjeûné, pour se rendre à leur
travail à LA HOUSSOYE. Ils ne se sont pas arrêtés en cours
de route pour consommer. Ils sont donc dispos et ne sont
pas en état d'êbriêté.

Transport sur les lieux :

                   Messieurs RENARD et DE GILLABOZ ont été
emmenés sur les lieux, avec le Commandant de Compagnie, douze
gradés et gendarmes et le chien BOBBI.

Emplacement : 200m. Nord-Ouest du C.D. 47 - a lkm. 800 de
              CONTAY et 4kms.800 de VARENNES.
sol :         couvert en partie de luzerne et d'herbe.
Constatations; aucune trace n'est visible. Le chien ne relè-
               ve aucune piste.
Visibilité   : Le 7 septembre a 7 h.30, il fait jour, le
               temps est clair et sans brouillard.
                    Sur demande du Commandant de Compagnie,
Mr. RENARD précise qu'il ne s'agit pas d'un hélicoptère car
il a déjà vu et de près ces appareils.
Note: plus exactement, il ne s'agissait pas d'un hélicoptère, d'un modèle qu'il connaissait.

Renseignements divers :

                    L'engin n'a pas été vu des habitants
de CONTAY-TOUTESCOURT HARPONVILLE - HERISSAHT - VADENCOURT,
localités entourant le lieu.

      -Consultée, la Station Maître Radar de LUCHEUX distan-
te de 15 kms. à vol d'oiseau n'était pas en action à
7h.30. Elle ne peut fournir aucune indication.


- C 0 N C L U S I O N -
-------------------

                 Messieurs RENARD et DE GILLABOZ sont deux
hommes sérieux ;: la visibilité est parfaite.
                 Le Commandant de Compagnie est convaincu que ces personnes ont réellement vu un "engin".
                 La presse locale alertée par la rumeur
publique a envoyé des journalistes sur place. Ceux-ci ont
la meme conviction que le Commandant de Compagnie. Il n‘est
pas possible d'affirmer que cet engin soit ce que l'on ap-
pelle couramment "Soucoupe Volante".
                 Une autre affaire de “soucoupe volante"
s'est produite dans la région Péronnaise, la Gendarmerie
a démontré aisément qu'il s‘agissait d'une plaisanterie.

( Rapport du chef d'escadron commandant la compagnie de gendarmerie de la Somme au commandement régional de la 2° R.M., Amiens, 23 septembre 1954)
Note: La distance indiquée dans ce second rapport n'est plus que de 200 m, contre 800 dans le premier, sans qu'on sache si elle a été mesurée ou simplement estimée.
Le temps prétendu est clair et sans brouillard, mais ce n'est pas ce que dit la station météo d'Abbeville, ni la revue SEMAINE DU NORD, qui parle d'un ciel "gris et brouillasseux". Le premier rapport ne parlait pas de l'état du ciel, et ce second rapport est établi 16 jpurs après le premier.
On note que les gendarmes insiste sur le sérieux et la sobriété des témoins. Il faut se rappeler qu'à l'époque, les explications proposées en cas de non réalité de l'objet étaient l'invention et l'hallucination. L'illusion a été proposée vers le fin de la vague, en particulier par Evry Schatzman.

Les ufologues entrent en scène.

A partir de 1956, les ufologues vont raçonter l'histoire à leur façon, aucun d'entre eux n'ayant lu, ni Le Courrier Picard, ni SEMAINE DU NORD.

Jimmy Guieu cafouille et dédouble le cas:

  Le 8 août 1954, près d’Acheux-en-Amiénois, un maçon, M. Emile Renard et son ouvrier, M. Yves Degillabez, virent une soucoupe posée dans un champ. Les deux hommes coururent en direction de l’engin dont la forme rappelait « une meule de foin tronquée recouverte d’une immense assiette retournée ». L’appareil oscillait légèrement (preuve qu’il n’était pas posé) et sur la paroi on distinguait une « porte ». Alors que les témoins s’approchaient, une fumée s’échappa de la partie inférieure de la soucoupe qui prit alors son vol et disparut. Les gendarmes qui ouvrirent une enquête ne relevèrent aucune trace à l’endroit indiqué par les deux maçons.
  Ce détail n’a rien de surprenant du fait que l’appareil ne reposait pas sur le sol et « oscillait légèrement ».
  Cette information, qui fit sourire les sceptiques, n’était qu’un avant-goût de la plus fantastique série d’atterrissages qui ait jamais été enregistrée…
Note: Jimmy Guieu se trompe d'un mois, et surtout dédouble le cas.
( Jimmy Guieu, Black Out sur les Soucoupes Volantes, Fleuve Noir 1956, page 68)

  Le 7 septembre, dans la matinée, une soucoupe volante atterrit dans un champ aux environs d’Amiens, entre Harponville et Contay.
  M. Emile Renard, 27 ans, maçon, et son ouvrier, M. Yves Gillabez, 23 ans, affirment en eflet avoir vu dans un champ, à environ 200 mètres de la route près d’Acheux-en-Amiénois, un engin ressemblant à une meule tronquée sur laquelle aurait été posée une sorte de grande assiette retournée. Les deux hommes, qui circulaient à bicyclette, sautèrent de leur machine et coururent en direction de l’engin qui était de couleur grise et d’un diamètre d’une dizaine de mètres environ. Il oscillait légèrement (donc, il ne reposait pas sur le sol) et, sur sa paroi, se distinguait une sorte d’écoutille fermée.
  - Cependant, déclara M. Renard, alors que précédant mon compagnon, j’avais parcouru une cinquantaine de mètres, je vis l’appareil s’élever en diagonale, tandis qu’une fumée s’échappait par une sorte de « tuyau » placé dans sa partie basse. Puis, à une quinzaine de mètres de hauteur, l’engin poursuivit son ascension à la verticale et disparut rapidement. Yves et moi, nous pensions rêver ! »
  Interrogés séparément par la gendarmerie d’Acheux-en-Amiénois, les deux hommes ont fait exactement le même récit et donné les mêmes détails.
Note: C'est à la gendarmerie d'Amiens que les témoins furent interrogés séparément.
Sur place, les gendarmes s’étonnèrent de ne trouver aucune trace de la soucoupe. Cela n’a pourtant rien de surprenant puisque les témoins précisèrent que l’appareil « oscillait légèrement », ce qui prouve évidemment qu’il ne touchait pas le sol !
  Toutefois, venant ainsi confirmer la présence de l’astronef dans la région, de nombreux habitants de l’arrondissement de Péronne signalèrent qu’ils avaient aperçu, à l’heure indiquée par les deux témoins, au-dessus du bois de Foucancourt-en-Santerre, un engin dont le signalement correspond exactement à celui fourni par MM. Renard et Gillabez.
Note: Jimmy Guieu considèrent systématiquement que les OVNIs sont des astronefs. Ici, il joue de malchance, non seulement cette seconde observation aurait eu lieu le lendemain soir, mais on apprit bientôt que la soucoupe du bois de Foucancourt-en-Santerre, n'était qu'un canular inspiré de l'observation d'Acheux.
( Jimmy Guieu, Black Out sur les Soucoupes Volantes, Fleuve Noir 1956, page 107)

Aimé Michel reprend les informations du Parisien libéré, et les fait confirmer par le canular des électriciens.

  L’« atterrissage » de Contay. La région où se situe cet incident est l’Amiénois, moins de 200 kilomètres au nord de Paris.
  Vers 7 h 15 du matin, deux maçons d’Acheux-en-Amiénois, MM. Emile Renard, vingt-sept ans, et son ouvrier, Yves Degillerboz, vingt-trois ans, se rendaient à leur travail à bicyclette lorsque, entre Harponville et Contay, sur la départementale 47, ils purent contempler un spectacle surprenant.
  Voici leur récit, tel qu’il résulte du rapport établi par la gendarmerie. Soulignons que les deux hommes ont été interrogés séparément par la police et par les autorités militaires d’Amiens, que les deux récits sont rigoureusement concordants, et que tous les détails rapportés par chacun d’eux se confirment l’un l’autre.
  Au lieu de prendre comme d’habitude la camionnette dont le moteur devait être revisé, mon ouvrier et moi étions partis à bicyclette, raconte M. Renard. Nous devions aller travailler chez le garde champêtre de la commune de Lahoussoye. Soudain, entre Harponville et Contay, un pneu de la bicyclette de Degillerboz se dégonfla. Je stoppai pour lui prêter ma pompe, et mes yeux furent attirés par une sorte de disque, à 200 mètres de nous, dans un champ. On aurait dit une meule non terminée, et dont le dessus aurait été coiffé par une assiette retournée.
  « - Regarde, dis-je à mon ouvrier, ne trouves-tu pas que cette meule a une curieuse couleur ?
  « Intrigué, j’examinais l’objet, lorsque je m’aperçus que celui-ci se déplaçait légèrement avec un balancement à peine perceptible, comme une oscillation.
  « - Mais regarde ! Regarde donc! Ce n’est pas une meule ! criai-je à mon compagnon.
  « Alors, nous nous précipitâmes tous deux à travers champs vers le mystérieux objet. Nous devions, pour l’atteindre, traverser une friche, puis un champ de betteraves. A peine avions-nous atteint celui-ci que l’objet décolla en biais, fila ainsi en diagonale sur une quinzaine de mètres, puis se mit à monter verticalement. En tout, la vision dura peut-être trois minutes, après quoi l’objet disparut dans les nuages.
  « L’objet s’est envolé sans bruit, en lâchant sur la droite, par-dessous, une petite fumée. Il était de couleur gris bleuté. Il pouvait avoir une dizaine de mètres de diamètre sur trois mètres de hauteur environ, et, comme je l’ai dit, ressemblait à une assiette renversée. Sur la gauche, en bas, on pouvait voir une espèce de plaque plus large que haute, comme une porte. Il était à environ 150 mètres de nous au moment de l’envol. C’est le garde champêtre de Lahoussoye qui a insisté pour que nous rapportions notre observation à la gendarmerie de Corbie. »
  Ayant reçu cette double déposition, la gendarmerie se rendit sur les lieux en même temps que les spécialistes de l’aéronautique.
Note: Mais ce n'est pas la gendarmerie de Corbie, qui se déplaça, mais celle d'Amiens, prévenu par celle de Corbie. Et les spécialistes de l’aéronautique ne sortent que du Parisien Libéré, qui a confondu cette affaire avec celle de Quarouble.
Elle ne découvrit aucune trace autre que celles des deux hommes, ce qui, d’ailleurs, dans l’hypothèse d’un engin, s’explique fort bien, puisque les témoins l’ont vu osciller : il ne touchait donc pas le sol.
  Devant un tel récit, fait par deux hommes qui se connaissaient bien et qui se trouvaient ensemble au moment de l’incident supposé, la gendarmerie pensa d’abord qu’il s’agissait d’une plaisanterie, d’un coup monté par deux jeunes gens facétieux.
Note: Le rapport de gendarmerie montre au contraire que le capitaine pensait que les deux témoins n'étaient pas des mystificateurs.
L’affaire ne fut donc pas ébruitée : les premiers journaux qui en parlent sont Le Figaro, Paris-Presse et France-Soir du 9 septembre.
Note: Le premier journal à en parler fut Le Courrier Picard du 8, sans lequel les journaux cités n'auraient rien su.
  Or, pendant cette même journée du 7 septembre, alors que le nombre des personnes au courant n’excédait guère la dizaine, toutes groupées, de nombreux habitants de l’arrondissement de Péronne, dans plusieurs villages répartis sur un diamètre de 30 kilomètres, rapportèrent qu’ils avaient aperçu un objet survolant le bois de Foucaucourt-en-Santerre. Et le signalement qu’ils en donnaient correspondait exactement de l’un à l’autre et avec le récit des deux maçons : même heure, mêmes détails, mêmes dimensions, même couleur, etc.
Note: Il n'y a rien de vrai. Ce ne fut pas le 7, mais le 8 au soir. Les prétendus témoins s'étalaient plutôt sur 3 killomètres que sur 30. L'objet aurait été vu au sol, et non au dessus du bois. Il n'aurait pas eu le même aspect gris sale, mais aurait été lumineux, et surtout, il n'avait jamais existé, puisque c'était un canular.
(Aimé Michel, Mystérieux Objets Célestes, Arthaud 1958, p. 49-51)

Michel Carrouges fait confiance à Aimé Michel.

  Deux ans plus tard, le 7 septembre 1954, éclate le premier incident de la grande série.
  A 7 h 15, M. Emile Renard, 27 ans, et M. Yves Degillerboz, 23 ans, un maçon et son compagnon, roulent en bicyclette sur la route entre Harponville et Contay (Somme), pour se rendre au chantier.
  Il fait grand jour.
  Soudain, Degillerboz s’aperçoit qu’un de ses pneus s’est dégonf1é. Les deux hommes s’arrêtent et, pendant que Degillerboz s’occupe de regonfler son pneu, Renard oisif regarde machinalement le paysage. C’est alors qu’intervient le plus grand imprévu sous une forme qui semble d’abord anodine :
  « Mes yeux, raconte M. Renard, furent attirés par une sorte de disque, à 250 m de nous, dans un champ.
  « - Regarde, dis-je à mon commis, en voilà une meule qui a une drôle de couleur !
  « Tout occupé à gonfler, il ne me répondit pas.
  « - Mais regarde, regarde donc, ce n’est pas une meule! hurlai-je à mon compagnon.
  « Et tous deux, pris par je ne sais quel pressentiment, nous nous précipitâmes à travers champs pour nous approcher de l’engin mystérieux. Il nous fallait traverser après une première friche, un champ de betteraves. A peine avions-nous commencé à courir à travers celui-ci que la soucoupe, car maintenant, pour nous, nous en étions sûrs, c’en était une, décolla en biais pendant une quinzaine de mètres pour monter ensuite verticalement. » (Parisien Libéré, 14-9-54).
  M. Degillerboz confirme le récit de M. Renard et ajoute que l’engin gris-bleuté avait une dizaine de mètres d’envergure pour 3 mètres environ de hauteur.
  Ils se bornèrent d’abord à raconter l’histoire au garde-champêtre chez lequel ils allaient ; ce fut celui-ci qui insista pour que les deux témoins aillent faire une déposition à la gendarmerie de Corbie. Aimé Michel ajoute qu’à leur tour, après les gendarmes, les journalistes purent constater quel ennui éprouvaient visiblement les deux témoins « d’une publicité qu’ils n’avaient pas cherchée et qu’ils s’eflorçaient de fuir ». (M. II., p. 53).
  Ce dernier détail est important, au point de vue psychologique, mais plus importante encore est la manière dont s’amorce l’observation. Renard ne pense pas à une soucoupe volante, il voit d’abord une meule. Pourquoi rêverait-il de soucoupes ? Il voit seulement des champs qui sont là autour de lui et, d’emblée, il interprète tout ce qu’il voit en éléments de la vie agricole. Sur cette forme qu’il aperçoit, à 250 m, il plaque d’instinct la notion de meule, parce qu’elle ressemble à une meule.
  Au récit que nous avons reproduit, Aimé Michel ajoute cette explication fournie par le même témoin : « On aurait dit une meule non terminée » (M. 11. p. 50)
  Mais, cette apparence de meule qui forme la première représentation de l’objet dans l’esprit du témoin reçoit presque aussitôt un premier coup : cette couleur s’accorde mal avec la couleur raisonnablement admise pour les meules. D’où la première exclamation de Renard.
  Alors, l’attention aiguisée, il regarde davantage et cette fois, il prend garde à ce nouveau détail : la prétendue meule oscille très légèrement sur le sol. Voilà qui n’est plus compatible avec le paisible objet champêtre qu’il avait supposé.
  D’où la seconde exclamation : « Ce n’est pas une meule. » C’est alors qu’emportés par la curiosité, les deux hommes laissent les bicyclettes, bondissent hors de la route et courent à travers champs, sûrs, cette fois, qu’ils ont devant eux, posée au sol, une de ces incroyables soucoupes dont parlent les journaux, mais que personne, sauf quelques illuminés, n’a jamais vu descendre de leurs repaires de nuages et d’étoiles.
  Elle est là, dans le champ, mais pas pour longtemps : à l’approche des deux hommes, elle part à toute vitesse.
  La preuve est faite que ce n’était pas une meule.
Tant d'arguments pour ça! L'engin n'est pas parti à toute vitesse, et rien ne prouve que ce n'est pas un engin terrestre.
  Non moins remarquable est le fait qu’il y a deux témoins dont les déclarations sont concordantes (1)
  Au moment où ils sont le plus près de l’objet, ils se trouvent encore à 150 m. (P. L. du 14-9-54). Cette évaluation concorde avec le fait que la route est à 200 m de l’endroit où stationnait l’objet. 150 m, c’est la distance qui sépare les deux extrémités du pont de la Concorde, à Paris. Pas besoin d’être un astronome pour voir une voiture à cette distance et être sûr de sa couleur. A la rigueur, on pourrait hésiter sur la réalité du léger mouvement d’oscillation, mais l’envol qui le complète est une indication décisive.
  Il pourrait, il est vrai, s’agir d’un hélicoptère en panne. Mais la soucoupe est partie « sans faire lemoindre bruit » or l’on sait que le bruit est un des aspects les plus gênants du fonctionnement des hélicoptères.
Carrouges ignore que la propagation du son n'est pas isotrope: Elle dépend des gradients de température, surtout le matin et le soir, et peut rendre un bruit audible ou inaudible, pourvu qu'il ne soit pas très proche.
Nul d’ailleurs n’a jamais signalé le moindre hélicoptère comme s’étant posé à l’endroit indiqué.
Nul n'a jamais dit non plus que les hélicoptères en panne se posaient toujours au même endroit.
  Soulignons enfin que l’incident s’est passé le matin à 7 h 15. Ce jour-là, 7 septembre, le soleil était levé depuis 5 h 16; il faisait donc grand jour.
Note: En réalité, c'est 5 H 16 en Temps Universel (celui de Greenwich), mais 6 h 16, en temps civil.

(1) L’incident était d’ailleurs corroboré par de nombreux témoignages signalant un objet semblable, durant la même heure, trente km plus loin, à Foncaucourt en Santerre (M. II. p. 51).
Carrouges recopie l'erreur d'Aimé Michel: l'observation de Foncaucourt en Santerre n'était qu'un canular.
(Michel Carrouges, Les apparitions de martiens, Artheme Fayard 1963, page 86-89)

Jacques Vallée résume de façon à peu près exacte.

142) 7 septembre 1954, 7:15. Harponville (France)
Entre cette ville et Contay, deux maçons, Emile Renard (vingt-sept ans) et Yves Degillerboz (vingt-trois ans), ont vu un objet flottant à une certaine hauteur au-dessus d’un champ : « Il ressemblait à une meule de foin inachevée avec une assiette renversée au sommet ». Lorsqu’ils s’approchèrent, il s’envola. Diamètre : dix mètres, hauteur : trois mètres. Une sorte de porte était visible. L’observation dura plus de trois minutes. L’objet lâcha de la fumée en partant (P. 6, M. 35).
P.6: Le Figaro, 9 sept. 1954; M.35 : Michel, F.S. and the Straight-line mystéry p.35

Note: C'est De Gillaboz et non Degillerboz. L'objet a été vu osciller légèrement, mais pas vraiment flotter.
(Jacques Vallée , Un siècle d'atterrissage UFO, in Chronique des apparitions extraterrestres, Denoel 1972, page 281)

Charles Garreau prétend citer les renseignements de la gendarmerie.

  l Contay (Somme), le 7 septembre 1954, vers 7 h 15. Références : rapport de gendarmerie, dossiers personnels.
  Ce matin-là, deux maçons d'Acheux-en-Amienois, Emile Renard, vingt-sept ans, et son ouvrier, Yves Degillerboz, vingt-trois ans, se rendent sur un chantier, à Lahoussoye. Ils roulent à vélo, sur la RD. 47, car la camionnette, dont ils se servent habituellement, est immobilisée pour une révision du moteur.
  Entre Harponville et Contay, Yves Degillerboz doit s’arrêter, l’un des pneus de sa bicyclette s’étant dégonflé. Emile Renard met pied à terre lui aussi pour prêter sa pompe à son camarade. Pendant que celui-ci regonfle le pneu défaillant, Emile Renard regarde machinalement le paysage.
  « A deux cents mètres de nous, a-t-il raconté aux gendarmes, j’ai aperçu, dans un champ, quelque chose qui m’intrigua. Ça ressemblait une meule inachevée, et coiffée d’une sorte d’assiette retournée. En fixant ce truc, je me suis rendu compte qu’il se déplaçait légèrement avec un imperceptible balancement. J’ai poussé une exclamation de surprise. Yves s’est relevé. Il a vu, lui aussi. Nous nous sommes lancés en courant vers ce mystérieux objet. Il nous fallait traverser une friche, puis un champ de betteraves. Au moment où nous atteignions celui-ci, l’engin a décollé en oblique, sur une quinzaine de mètres, puis il a grimpé verticalement et a disparu dans les nuages. Aucun bruit. Il y a eu comme une petite traînée de fumée. »
  Les deux hommes ont eu le temps de bien observer l’engin, dont ils n’étaient plus qu’à 150 mètres environ quand il s’est élevé du sol. Ils en ont fait une assez bonne description aux gendarmes : un disque, ou plus exactement une sorte d’assiette renversée, de couleur gris bleuté, d’une dizaine de mètres de diamètre, et de 3 mètres de haut environ. Sur la gauche de la partie inférieure, ils ont cru voir une sorte de porte.
Note: Il y a une incohérence avec le passage précédent où l'objet ressemblait à une meule coiffée d'une assiette reournée. Ici, ne n'est plus qu'une assiette retournée, ce qui plus conforme à la mythologie des soucoupes.
  Le témoignage des deux maçons a été largement confirmé par de nombreux autres qui, dans un rayon de 15 kilomètres, signalèrent à cette même heure, le survol de la région de Peronne par un objet en tous points identique.

Note: Et encore le canular d'Estrées-Deniécourt, connu de la gendarmerie, et concernant un prétendu objet, non identique, et allégué comme du lendemain, à une heure différente!.
(Charles Garreau, Raymond Lavier, Face aux extraterrestres, Jean Pierre Delarge 1975, p. 189-190)

Michel Figuet n'utilise pas les bonnes sources

  l 07 09 1954 7 h 15 Entre Harponville et Contay 80920 C5, 80920 C4 M52/9, RD47.

TÉMOINS. M. Émile Renard, 27 ans, artisan maçon, habitant Acheux en Amienois. M. Yves de Gillaboz, 23 ans, ouvrier maçon.

OBSERVATION. Disque dans un champ « comme une meule », une assiette retournée d’une dizaine de mètres de diamètre oscillant autour d’un axe imaginaire. Sur sa paroi se distinguait une sorte de porte, plus large que haute, fermée.

DÉROULEMENT. Les témoins se rendent à leur travail lorsqu’ils voient l’objet à deux cents mètres de la départementale. Ils voient l’appareil s’élever en diagonale, tandis qu’une fumée s'échappe par une sorte de tuyau placé dans sa partie basse. Puis, à une quinzaine de mètres de hauteur, l’objet poursuit son ascension verticale plus rapidement et disparaît.

A NOTER. La brigade de gendarmerie d’Acheux-en-Amienois assure n’avoir jamais traité de cette affaire d’OVNI (lettre aux auteurs en date du 3 avril 1976) contrairement aux affirmations de la presse de l’époque. Même réponse de la brigade de Corbie.
Note: Ce n'est pas la presse de l'époque, mais les ufologues qui ont allégué une enquète de la gendarmerie d'Acheux (Jimmy Guieu), ou de Corbie (Aimé Michel). Le Courrier Picard dit que le garde-champètre insista pour que les témoins préviennent la gendarmerie de Corbie. Ils ne dit pas que les gendarmes qui vinrent sur place étaient ceux de Corbie. SEMAINE DU NORD précise que les gendarmes de Corbie prévinrent le commandant de gendarmerie à Amiens. Ce sont les gendarmes d'Amiens qui enquêtèrent et se renseignèrent après de leur collègues d'Acheux.

CE MÊME JOUR.

0 h 30, Origny-en-Thiérache (02550 E2). Un disque lumineux longe la voie ferrée. S’agit-il d’une confusion du témoin avec un appareil S.N.C.F.? Il faut signaler aussi que cette même localité verra un atterrissage avec êtres le 28/02/ 1974.
Note: Cette observation a eu lieu le 8. Il s'agit probablement de la lune.
20 h, Marseille (13000). Trois témoins observent une sphère lumineuse durant sept minutes; elle stationnera trente secondes dans le ciel. (Le Provençal du 9 septembre 1954.)

SOURCES. Catalogue Vallée, cas n° 142. - La Montagne, sept. 1954. - Parisien libéré du 9 sept. 1954 et du 14 oct. 1954. - Nice-Matin, 9 sept. 1954. - Figaro, 9 sept. 1954. - M. Carrouges : les Apparitions de Martiens, p. 86-87. - A. Michel : A propos des S-V, p. 47.
Note: Les deux périodiques qui ont enquêté sur place, Le Courrier Picard, et SEMAINE DU NORD ne sont pas cité.
(Michel Figuet,OVNI: Le premier dossier complet des rencontres rapprochées en France., Alain Lefeuvre 1979, p. 73)

Les autres auteurs ne font que recopier l'une des sources précédentes. On peut en juger sur la page de Patrick Gross

ANALYSE

Nous venons de voir que si la presse locale donnait des renseignements importants, les livres des ufologues n'ont fait qu'embrouiller le problème: Ils ont utilisé le théme de la soucoupe volante, comme un fait démontré servant d'explication plausible, transformé la meule en assiette renversée soucoupisable, ignoré le temps anormalement long de disparition de l'engin pour le remplacer par une disparition "à toute vitesse", plus conforme à la mythologie soucoupique, et conforté l'observation par un canular, pourtant dénoncé dans les jours suivants.
Autant dire que leur prose est bonne pour la poubelle.

Heureusement, ils nous reste les investigations plus objectives faites à l'époque. Ce sont:
- le rapport de gendarmerie, fait le jour même, sur la base d'investigations faites sur les lieux dans l'après midi.
- l'article du Courrier Picard du 8 septembre, basé sur les investigations faites le soir du 7, chez Emile Renard.
- l'article de SEMAINE DU NORD du 16 septembre, basé sur les investigations faites le 9, avec photos des lieux à l'appui.

Circonstances de l'observation

L'observation dite d'Harponville, a été le premier atterrissage connu du public lors de la vague de 1954, mais survenait, après quelques observations aériennes, mentionnées par la presse et la radio. Rappelons qu'une vague de soucoupes volantes avait déjà eu lieu en 1952, et qu'on avait commencé à en reparler au mois de juillet, et surtout au mois d'Aout. Pour nous en tenir à ce qu'avait rapporté Le Courrier Picard, nous trouvons:
- L'observation de Vernon, rapportée le 25 aout.
- L'atterrissage de Mosjoeen, Norvège, rapporté le 26.
- les observations de Bludenz, Autriche, et d'Obersuessbach, Bavière, rapportées le 6 septembre.
Rien d'étonnant donc à ce que M. Emile Renard, observant ce qui était manifestement un engin, ait pensé à une soucoupe volante.

D'après les trois sources de base, MM. Renard et De Gillaboz, venaient d'Acheux en Amiénois, d'où ils étaient partis vers 7 h, et se dirigeaient vers leur chantier à La Houssoye, roulant à vélo, car leur camionnette B-12 étaient en panne.
Selon SEMAINE DU NORD, c'est parce qu'un pneu du vélo de M. De Gillaboz s'était dégonflé qu'ils s'arrétèrent, et pendant que son ouvrier regonflait son pneu, M. Renard observait, à droite de la route, un curieux objet, une sorte de meule, mais gris sale, et dont il remarqua qu'elle oscillait.
Il était alors 7 h 15, selon Le Courrier Picard et SEMAINE DU NORD, mais plutôt 7 h 30 selon le rapport de gendarmerie. Cette heure parait plus probable, car ils avaient parcouru 7.8 km depuis leur départ d'Acheux à 7 h.
M. Renard fit remarquer l'objet à son ouvrier puis s'élança vers l'objet à travers un champ de chaume. Son ouvrier hésita, puis le suivit.
D'après Le Courrier Picard, M. Renard avait parcouru une cinquantaine de mètres, et d'après SEMAINE DU NORD, allait s'engager dans un champ de betteraves, lorsque l'objet décolla en oblique. D'après le rapport de gendarmerie, il était à 100 mètres de l'objet, mais cette distance estimée est beaucoup moins fiable que celle effectivement parcourue.
Grace aux photos de SEMAINE DU NORD, nous pouvons retrouver l'endroit où se trouvaient les témoins.

(Nous avons du réorienter la photo de 3.5° dans le sens anti-horaire). Le bosquet du fond est à 660 m de la route. Celui de droite n'est qu'un rideau d'arbres bordant un chemin de terre. Au premier plan le champ de betteraves. A gauche le champ de chaumes dans lequel M. Renard s'est élancé, et dont la limite avec le champ de betteraves indique un changement de pente. La croix indique le position estimée de l'engin, mais cette position n'est pas sûre comme nous allons le voir.

En effet, en comparant avec une photo de Google Street de 2018, la perspective parait bizarre:

Il n'y a plus, au premier plan, qu'une seule parcelle, et le rideau d'arbres à droite a disparu, mais c'est l'effet classique du remembrement.
Les arbres du bosquet du fond ont poussé, surtout ceux de la partie gauche, qui avait été coupée à l'époque, c'est encore normal.
Ce qui n'est pas normal, par contre, c'est que puisque nos témoins étaient à pied, et que la caméra google est juché à 2.75 mètre, le paysage devrait être vu dans une perspective verticalement plus ramassée, alors que c'est l'inverse, comme si la photo avait ètre prise à environ 5 mètres au dessus de la route.
L'explication se trouve de l'autre coté de la route: il y a un talus sur lequel le photographe est monté pour avoir une meilleure vue d'ensemble. Mais ce faisant, il nous a privé d'avoir exactement la même perspective que voyait le témoin.

Nous pouvons néanmoins retrouver les lieux sur les photographies aériennes de l'époque, où le rideau d'arbres est en place, et où les parcelles sont les mêmes.
Grace à la position sur la photo du bosquet, du rideau d'arbres et des parcelles, nous savons retrouver l'endroit exact où se trouvait le photographe.
Il est moins facile de retrouver la position du témoin. Nous savons qu'il se trouvait d'abord devant le champ de chaumes, et qu'il allait entrer dans le champ de betteraves, après avoir parcouru une cinquantaine de mètres quand l'objet s'est envolé. Si l'azimut de la position de l'objet sur la photo est correct, et si c'était bien 50 mètres qu'il a parcouru, nous pouvons trouver la position qui l'obligeait à faire 50 mètres jusqu'au champ de betteraves en allant vers l'objet. Nous avons représenté sa position par une minuscule figurine.

Nous savons donc à peu près où se trouvait le témoin, et dans quelle direction il a vu l'engin. Mais pouvait il voir réellement la position de l'engin? Rappelons nous que si le photographe de SEMAINE DU NORD est monté sur la talus, c'est pour avoir une bonne vue d'ensemble, ce qui signifie qu'on voyait moins bien l'endroit où se serait trouvé l'engin depuis la position effective du témoin.
La deuxième photographie nous interpelle sur ce point: elle montre, en contre-plongée, les deux témoins refaisant leur trajet à travers champs, et cette fois plus rien n'est visible au dessus de l'horizon apparent. C'est le moment de se souvenir que la première photo montrait un changement de pente. Il nous faut donc établir le profil altimétrique selon la direction témoin-objet. Le diagramme que nous fournit Géoportail est révélateur: De l'endroit où le témoin a vu l'engin s'envoler, le changement de pente cachait le reste du paysage.

Dès lors la position de l'engin sur la photo est tout à fait arbitraire. Il pouvait aussi bien se trouver au delà du chemin de terre qu'en deça.
Un détail nous fait penser que l'engin pouvait se trouver au dela du chemin: les gendarmes sont venus à 12, avec un chien et n'ont trouvé aucune trace. Mais ils ont probablement cherché là où le témoin croyait avoir vu l'engin, c'est à dire en deça du chemin.

Remarquons que, quand bien même l'engin se serait trouvé là où le situe la photo, il aurait été découvert par le témoin alors qu'il en était à 340 m, et non 150 ou 200.

Il nous reste à examiner le comportement de l'engin. Il décolle en oblique, puis, arrivé à une altitude de 12 ou 15 mètres, il part verticalement. Il ne faut pas en déduire que l'engin est monté vers le zénith, car les témoins auraient du se tordre le coup pour continuer à le voir monter, et l'auraient vu disparaitre au dessus d'eux, et non vers Toutencourt. Il faut plutôt comprendre qu'il a pris une direction où il s'éloignait des témoins en restant dans un même plan vertical, après avoir survolé le bosquet, ce qui correspond bien à la direction de Toutencourt indiquée dans SEMAINE DU NORD. Il est resté visible plusieurs minutes, près de 5 minutes selon Yves De Gillaboz, avant de disparaitre dans le ciel.
Justement, quelle était l'état du ciel?
Temps clair et sans brouillard, dit le rapport de gendarmerie établi 16 jours plus tard.
Ciel gris et brouillasseux, dit SEMAINE DU NORD, qui a enquété 2 jours après.
A 7 h, nébulosité de 8/8, visibilité de 4000 m, dit la station météo d'Abbeville. Le visibilité passant à 15000 m à 10 h
A 7 h 30, nous pouvons donc nous attendre à un ciel gris, avec une visibilité inférieure à 10 km. Si l'engin à mis toutes ces minutes pour parcourir ces quelques kilomètres, alors sa vitesse ne devait guère dépasser 2 km/mn soit 120 km/h.
Et l'engin fait de la fumée par un tuyau d'échappement, comportement bien terrestre.

Un tel comportement, décollage en oblique, puis vertical, émission de fumée, vitesse modérée, est celui d'un hélicoptère, et absolument pas celui d'un engin interplanétaire.
On peut objecter, avec Michel Carrouges, qu'un hélicoptère est bruyant alors que les témoins n'ont rien entendu.
Nous avons déjà répondu que la propagation du son n'est pas isotrope. De fait, tant le vent que les gradients de température créent des "zones d'ombre" (de silence, en fait), comme on nous l'explique sur cette page, cette page, ou encore cette page.

Maintenant, le rapport de gendarmerie dit bien: "Mr. RENARD précise qu'il ne s'agit pas d'un hélicoptère car il a déjà vu et de près ces appareils."
Mais quels appareils? M. Renard ne nous fera pas croire qu'il connaissait tous les modèles d'hélicoptère en service à l'époque. Et de fait, les hélicoptères ont des aspect beaucoup plus variés que les avions. Si M. Renard n'a jamais vu que des engins à verrière, il ne pouvait pas reconnaitre un gros hélicoptère sans verrière, surtout à plusieurs centaines de mètres.

Bell 47
Sikorsky S 51
Nous savons alors que l'engin doit être un gros hélicoptère, sans verrière, bombé sur le dessus, avec une large porte latérale, et de couleur gris sale, ou couleur wagon de chemin de fer (de l'époque).
Or un tel hélicoptère existait à l'époque: c'était le Sikorski S-55.


Le S-55, sa large porte, et sa couleur wagon de chemin de fer

Les caractéristiques sont: Longueur : 13.84 m, Hauteur : 4,07 m, Vitesse maxi : 163 km/h, rayon d'action: 652 km
Voila des valeurs compatibles avec ce qu'ont signalé les témoins, qui, ne l'oubliont pas, ont mal situé sa position et donc mal estimé sa distance, et donc, ses dimensions:

Mais cet appareil était il vraiment en service en France à l'époque?
La réponse est oui. Arrivé en France en septembre 1952, il fut réceptionné en Indochine en septembre 1953, et utilisé dès mars 1954, pour le transport des blessés. Sa silhouette massive lui valu le surnom "d'éléphant joyeux". C'est en en France métropolitaine qu'était formé les pilotes et les mécaniciens. En 1953 fut créé un centre d'essai en vol, à Buc, près de Versailles. Il y avait donc en France quelques hélicoptères de ce type, surtout pour la formation des élèves pilotes.

Maintenant, où allait cet appareil? Vers le Nord-Ouest. Or il se trouve qu'à 19 km, au Nord-Nord-Ouest, il y avait la base aérienne 922, de Doullens-Lucheux, sans aérodrome et surtout consacrée à la détection radar, mais qui accueillit des hélicoptères jusqu'en 2004. Comme l'engin était manifestement un hélicoptère militaire, il est assez probable qu'il se dirigeait vers cette base.
En sens inverse, en prolongeant sa trajectoire vers le sud, on passe à proximité de l'aérodome de Montdidier-Fignières, ancien aérodrome militaire, reconverti depuis en aérodrome civil, mais qui était encore en service à l'époque.
La distance des deux aérodromes est de 58 km, ce qui conviendrait tout à fait à une mission d'entrainement, et la position observée de l'hélicoptère n'est qu'à 1.1 km de la ligne qui les joint.

Conclusion

Il est maintenant quasiment certain que l'engin vu par MM. Renard et De Gillaboz était un Sikorsky S-55, engin qui était nouveau en France, et qu'il est logique que M. Renard n'ai jamais vu.
Il est probable que cet engin se dirigeait vars la BA 922 de Doullens-Lucheux. Un détail cocasse, est que, ce même jour, les gendarmes d'Amiens ont interrogé la station radar de Lucheux, c'est à dire cette même base, qui n'a pu fournir aucune indication... alors que la prétendue soucoupe s'y était probablement posée.

Il est vraisemblable, mais pas certain du tout, qu'il venait de l'aérodrome de Montdidier-Fignières. Mais, s'il venait d'ailleurs, ce n'était certainement pas de la planète Mars.

Nous pouvons maintenant tenter de reconstituer l'envol de l'appareil, mais dans le paysage d'aujourd'hui, vu de la route, en corrigeant la perspective selon ce que nous avons vu du profil altimétrique. Nous supposons donc que le S-55, devant se poser, a choisi de se poser sur le chemin, qui est en replat, dans l'axe du chemin, et donc vu de profil par les témoins.


Nous ne pouvons malheureusement pas reconstituer la phase d'éloignement avec diminution de sa taille apparente

Nous pouvons aussi imaginer ce qu'aurait du être la couverture de SEMAINE DU NORD, si les journalistes avaient compris que la "soucoupe" était en réalité un Sikorsky S-55.

Notons que le titre n'est toujours pas faux: Pour nos deux témoins, c'était bel et bien un engin mystérieux.

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Dernière mise à jour: 14/11/2018