A Lille, le professeur Antoine Bonte reconnait la lune

Le soir du 3 octobre 1954, des dizaines de groupes de témoins, totalisant probablement plus d'une centaines de personnes, assistaient aux évolutions d'un engin mystérieux, que beaucoup identifièrent comme une soucoupe volante. Bien peu pensèrent à la lune, et encore compte-t-on des enfants parmi eux. Le professeur Antoine Bonte fair partie de ces témoins là (pas parmi les enfants, non)

Lisons donc La Croix du Nord du 6 octobre

Un professeur de la Faculté des Sciences
de Lille démontre que, dimanche dernier

la soucoupe volante n'était
qu'un phénomène lunaire

  M. Antoine Bonte, ingénieur I.D.N., professeur de géologie appliquée à la faculté des Sciences de Lille, a bien voulu nous fournir une explication scientifique du phénomène observé par des dizaines de personnes, dimanche soir, dans notre région. Il nous écrit:
« J'attendais avec impatience le journal de ce matin et j'ai érouvé un vif plaisir à la lecture des récits de vos correspondants: car, dimanche soir, j'ai vu aussi la « soucoupe volante ».

  « Les descriptions qui en sont données concordent en tous points avec mes observations personnelles. Seulement je ne suis pas d'accord sur leur interprétation car en l'occurrence, il s'agissait tout simplement d'un coucher de lune.
  Dimanche, à la tombée de la nuit, la lune brillait par temps clair sous forme d'un beau croissant. Plus tard, elle disparaissait dans la zone brumeuse qui surmontait l'horizon, pour réapparaitre quelques instants, rougeatre et déformée - ce qui est normal à ce niveau - et barrée d'un trait en passant derrière un stratus. Enfin elle s'estompait définitivement en rentrant à nouveau dans les nuages.
  Il s'agit donc, dans ce cas particulier, d'un phénomène tout à fait banal et auquel nos pères n'auraient même pas prété attention. »

(La Croix du Nord, 6 octobre 1954, page 1)

La Voix du Nord prend l'affaire avec humour.
On ignore si le professeur Bonte avait aussi écrit à d'autres journaux, mais à La Voix du Nord on se le tint pour écrit. Toute la sarabande du 3 octobre que le journal avait relaté dans ses éditions du 5 et du 6 octobre, n'était donc qu"une fantasmagorie illusoire.

PUISQUE LES MARTIENS
nous prennent au sérieux...

...
  Allez prétendre que le disque orange répéré par M. Julien Bédier, M. et Mme Quennehen n'était pas une soucoupe; allez prétendre à Mme Nelly Mansart qu'elle n'a pas été littéralement poursuivie sur la route d'Hérissart, à Amiens par une boule éclatante qui suivait sa voiture, contournait les villages, la reprenait en chasse à leur sortie, s'arrétait quand l'auto stoppait, repartait en même temps qu'elle, que ses terreurs ont été vaines.... Autant promettre la lune.
Note: On voit que le journaliste connait bien l'illusion de "la boule suiveuse" que Jean Sider semble ignorer.
(La Voix du Nord, 7 octobre 1954, page 4)

Après cet impair mémorable, La Voix du Nord préféra réléguer les observations de soucoupes volantes dans ses pages locales.

Jean Sider récuse l'explication lunaire.

Notez en l'occurrence qu'il se serait agi d'une Lune de forme allongée qui se déplagait au ras du sol, capable de virer pour filer dans une autre direction .. Une jolie performance pour notre vieille Séléné !
Note: L'ignorance de Jean Sider fait peine à voir. Il veut oublier que tous ces changements de direction n'ont été signalés que par des témoins circulant en voiture, et pour lesquels les mouvements de l'objet n'étaient que des changements de perspective dus à leurs propres changements de direction.
Figuet, pour sa part, fait confiance aux "travaux" d'un sieur Caudron, qui "explique" tous ces zigzags dans le pays minier par des confusions avec la Lune, mais en faisant appel à un professeur de géologie, Antoine Bonte, de la Faculté des Sciences de Lille.
Note: C'est faux et Sider semble bien n'avoir pas lu les articles qu'avaient lu Michel Figuet. L'identité avec la lune était basé, après analyse, sur des considérations, d'aspect, d'heure et de direction, et non sur l'autorité du professeur Bonte.
Cet universitaire aurait mérité un congé sans solde de longue durée pour avoir fait savoir à la presse de son époque que les témoignages du 3 octobre (dont celui de deux gendarmes !) relevaient de la "sélénographie".
Note: de plus en plus arrogant, Sider réclame une sanction pour un professeur coupable d'avoir observé la lune et de l'avoir reconnue comme telle. Mais il n'a pas lu la communication du professeur Bonte qui n'a jamais parlé de sélénographie. Et il n'a même pas lu les journaux locaux qui précisent que ce sont tous les gendarmes présents ce soir là à la brigade qui virent un mystérieux engin, et pas seulement deux.
On peut trouver ces divagations dans la Croix du Nord du 6 octobre 1954, pages 1 et 8.

Note: Sider parle ici comme si le professeur Bonte avait écrit aux journaux sans rien avoir observé lui même. Or c'est totalement faux. c'est parce qu'il avait fait une observation plus complète que les autres témoins qu'il avait pu reconnaitre la lune avant que son image ne commence à être déformée par les nuages.
(Jean Sider, Le dossier 1954 et l'imposture rationaliste, Ramuel 1997, page 54)

Jean Sider en rajoute une louche.

Nota : Figuet, p. 657, parle d‘une confusion avec la Lune !!
Note: Sider est furieux contre Michel Figuet, car dans son catalogue de Rencontre Rapprochées d'OVNI, il a commis le sacrilège de consacrer 32 pages aux observations expliquées, pour 605 pages de non expliquées. Or pour Jean Sider, il n'y a pas d'observations explicables: Les témoins ne mentent pas et ne se trompent jamais.
Il se réfère au “travaux” d'un sieur Caudron, rationaliste débile, lequel se fie aux élucubrations d‘un sieur Bonte, ingénieur dont j'ai déjà évoqué l'étroitesse de son univers conceptuel dans le chapitre précédent.
Note: Répétons que le "rationaliste débile" ne s'est pas fié aux affimations du sieur Bonte, mais à sa propre analyse, et que le sieur Bonte était un témoin lui aussi, mais plus compétent.
Comment la lune peut-elle produire un cigare posé sur une route est un mystère encore plus impénétrable que celui des ovnis...
Note: Il n'y a aucun mystère pour qui connait le sujet: Ce sont des journalistes trop pressés qui ont transformé la lune en atterrissage de cigare. L'objet a été décrit comme ressemblant à la lune, qui s'est ensuite scindé en deux "cigares". Le témoin principal précise bien que l'atterrissage du cigare du bas était une illusion d'optique, mais tout ceci figure seulement dans les éditions locales des journaux.
(Jean Sider, Le dossier 1954 et l'imposture rationaliste, Ramuel 1997, page 94)

Qui était le professeur Antoine Bonte?

Wikipédia nous l'apprend

Antoine Bonte
Antoine Bonte
Antoine Bonte, né le 6 mars 1908 à Lille, décédé le 24 février 1995 à Gruson est un géologue français. Ingénieur de l'Institut industriel du Nord (École centrale de Lille - I.D.N 1932), en section Mécanique générale, Docteur ès sciences (Faculté des sciences de Lille-1941), il consacra toute sa vie à la géologie fondamentale et appliquée, à l'enseignement et au travail d'expertise jusqu'en 1979. Naturaliste curieux de tous les phénomènes géologiques, excellent pédagogue, scientifique rigoureux, il était estimé et aimé de ses étudiants. Il est l'auteur de « À qui la Terre ? », livre testament qui prônait, il y a plus de trente ans, développement durable, respect de l'environnement et sauvegarde de la Terre notre patrimoine commun.
...
Collaborateur au Service de la carte géologique de France, A. Bonte a effectué les levés de nombreuses cartes à 1/50.000 : Rethel, Besançon, Renwez, Quingey, Cambrai, Marquise, Boulogne[Lequel ?] et Givet, complétés par plusieurs publications en collaboration avec J. Ricour entre 1948 et 1951, sur la stratigraphie du Givétien de Givet et la faille de Charlemont.
À qui la Terre ?, son livre testament, préfacé par le Commandant Cousteau est fondé sur l'écologie. C'est l'œuvre d'un précurseur, en avance sur son temps, qui rappelle des règles indispensables à l'équilibre mondial, protection des richesses naturelles, lutte contre la pollution, bref nous dirions de nos jours qu'il prônait le développement durable, le respect de l'environnement, ceci afin de protéger le patrimoine minéral, végétal, animal et l'homme, situé au bout de la chaîne de la vie.
(Antoine_Bonte)

Voila pour l'homme à "l'univers conceptuel étroit" et qui "divagait".
Maintenant que faut il entendre par élucubration?
A en croire un dictionnaire moderne, ce serait une "réflexion laborieusement construite, absurde ou sans intérèt". Et c'est sans doute dans ce sens que l'emploie Jean Sider.
Mais selon le dictionnaire de l'académie française de 1878:

ELUCUBRATION.s.f. Il se dit d'un ouvrage composé à force de veilles et de travail. On ne l'emploie guère qu'au pluriel et pour désigner des ouvrages d'érudition.
(INSTITUT DE FRANCE, DICTIONNAIRE DE L'ACADEMIE FRANCAISE, SEPTIEME EDITION, TOME PREMIER, page 612)

Après un tel étalage d'ignorance et de mauvaise foi, nous serions tenté d'appeler le livre de Jean Sider; "Une imposture sidérante"

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Dernière mise à jour: 29/01/2017