A Boves, des témoignages corroborants

Le cas de Boves est peu connu des ufologues, mais plusieurs journaux Picards l'ont signalé.

Comme à Annoeullin, les premiers témoins sont partis en chercher d'autres, et d'autres témoins observaient à proximité. Comme à Hérissart, les seules données directes venaient du Courrier Picard, que les ufologues n'ont pas consulté
Et comme dans les deux cas précédents, c'était tout bêtement la lune.

le Courrier Picard donne une version détaillée.

PLUSIEURS HABITANTS DE BOVES
ont aperçu dimanche soir

une étrange lueur
S'agit il d'une nouvelle

manifestation des soucoupes ?
  Encore une fois les soucoupes volantes font parler d'elles. L'époque est propice sans doute puisqu'en cet automne chaque jour nous apporte de nouveaux témoignages sur la présence d'engins inconnus dans le ciel picard.


  Mme Dheilly, sur le seuil de sa porte, à l'endroit où elle remarqua le disque orange. Assis sur la marche, M. Quin.

C'est ainsi qu'hier nous avons pu interroger plusieurs personnes de la rue Benigne-Bernard, à Boves, qui, dimanche soir, ont, au sud-est de la localité, vu - à peu de distance - une étrange lueur orange se déplaçant à une vitesse relativement lente. L'engin - si engin il y avait - qui émettait cette lumière, volait vraisembleblement à très basse altitude : peut-être même venait il de décoller, après un court arrêt, des environs du terrain de football.
  Mais précisons tout de suite qu'il s'agit d'une hypothèse gratuite et gardons la tête froide pour examiner les déclarations qui nous furent faites.
  Il était exactement 20 h. 50. M. et Mme Dheilly, ayant passé quelques moments chez des amis, regagnaient leur domicile, rue Benigne-Bernard. Pendant que son mari cherchait dans l'obscurité le trou de la serrure, Mme Dheilly examinait les alentours sans penser à rien.
  Soudain, elle s'exclama: « En voila une d'lune ! » Elle venait, en effet, de remarquer un demi-disque orange (d'un ton très soutenu) à l'extrémité de la rue, l'autre quartier de « l'apparition » étant vraisemblablement caché par le pignon de la maison de M. Quin, menuisier, maison située à une petite centaine de de mètres de là.
  Son mari lui ayant fait remarquer « qu'il n'y avait pas de lune » ces jours-ci, Mme Dheilly avança de quelques mètres sur le trottoir. Elle eut un instant l'impression qu'il pouvait s'agir d'un store ou d'un rideau gonflé par le vent et qui tamisait en la colorant, la lumière électrique.
  Mais non ! cette luminescence était étrange... et puis voila que le disque se déplaçait allant vers la crète boisée située de l'autre coté des marais.
  « Veux-tu parier que c'est une soucoupe ? » lança Mme Dheilly à son mari, et tous deux coururent vers la maison du menuisier pour lui faire remarquer le phénomène.
  M. et Mme Quin purent donc également admirer le disque orange, qui, vu à travers las arbres, parut s'amincir et s'allonger avant de disparaitre.
  Ce changement de forme n'a rien d'extraordinaire, l'aspect d'un aéronef pouvant varier à l'infini suivant l'angle sous lequel il se présente. Ce qu'il nous faut retenir, c'est la couleur de l'« apparition », et rien d'autre, car dans la nuit, il était évidemment impossible de distinguer la moindre coupole ou autre détail de ce genre. Et d'ailleurs, les témoins sont tous d'accord! Ils ne veulent pas « en ajouter » à ce qu'ils ont vu! Un disque orange et rien d'autre.
  Quant à M. Laurent Laporte, débitant au pont de Fouencamps, il a lui aussi été surpris par l'étrangeté du phénomène.
  « J'ai tout de suite pensé à une « soucoupe », et non pas par déformation professionnelle, nous dit il. La lueur étrange s'est reflétée un instant dans les eaux de l'Avre et des étangs. Pas étonnant après cela que le poisson boude à l'hameçon ! ».
(Le Courrier Picard, 5 octobre 1954, page 3)

La Voix du Nord donne un résumé.

Nouvelles apparitions
de soucoupes volantes
dans le ciel picard

_____

  Cette fois, ce sont plusieurs personnes de Boves qui viennent de voir des « soucoupes volantes », ou du moins une étrange lueur qui se déplaçait à allure lente. De l'avis de ces personnes, l'engin semblait s'envoler des abords du terrain de football de Boves. La « soucoupe » a donc été vue par M. et mme Dhelly et M. et Mme Quin, ainsi que par M. Roland Laporte, débitant au pont de Fouencamps.
(La Voix du Nordé--ed. Artois-Somme, 6 octobre 1954, page 6)

Nord Matin est plus précis.

Un étrange phénomène
dans la Somme

  Des habitants de Boves dans la Somme ont été dimanche soir, les témoins d'un étrange phénomène.
  Il était 20 h. 50. M. et Mme Dheilly qui étaient allé chez des amis, rentraient chez eux. Alors que M. Dheilly cherchait dans l'obscurité à ouvrir sa porte, Mme Dheilly remarqua soudain un demi-disque orange, à faible hauteur dans le ciel, en direction de l'extrémité de la rue. Elle alerta son mari et tous deux purent voir le disque se déplacer lentement vers une crète boisée
  Deux de leurs voisins, M. et Mme Quin, à leur tour avertis, purent eux aussi voir le mystérieux demi-disque qui, toujours lentement s'éloigna et disparut derrière les arbres du maria proche.

(Nord Matin, 6 octobre 1954, page 10)

Libre Artois donne un récit indigent.

  Dans la soirée de dimanche, un « disque » orange évoluant en rase-mottes a été aperçu et longuement observé par plusieurs habitants de Boves et de Demuin, près d'Amiens. Les déclarations de ces personnes, recueillies séparément, sont absolument concordantes. Le « disque orange » suivait presque au ras du sol, une direction ouest-est.
(Libre Artois, 8 octobre 1954, page 4
Note: Libre Artois ne fait que recopier quelques lignes de Nord Matin du 7 octobre qui résumait son article de la veille, mais il n'y a plus guère que la date qui est juste.

Plusieurs journaux picards copient le résumé de La Voix du Nord.

Petite Chronique
des
Soucoupes Volantes
Des apparitions dans la région

  Après la région d'Abbeville, c'est plusieurs personnes de Boves qui viennent de voir des « soucoupes volantes » , ou du moins une étrange lueur qui se déplaçait à allure lente. De l‘avis de ces personnes, l'engin semblait s'envoler des abords du terrain de football de Boves. La « soucoupe » a donc été vue par M. et mme Dhelly et M. et Mme Quin, ainsi que par M. Roland Laporte, débitant au pont de Fouencamps.
(Le journal du Santerre, 8 octobre 1954, page 3
Les Tablettes de Péronne, 9 octobre, page 3
La Tribune d'Albert, 9 octobre, page 3)

Le Journal de Doullens résume de façon plus précise.

  - A Boves, plusieurs habitants ont aperçus dimanche soir, à 20 h. 50, une étrange lueur qui ressemblait à un disque orange.
(Le journal de Doullens, 9 octobre 1954, page 1)

Radar photographie les témoins dans l'attitude de leur observation.

 B O V E S 

Partout les témoignages affluent. Plus aucun doute sur la matérialité des faits. A Boves, banlieue d'Amiens, bon nombre de ses 1.918 habitants ont vu les mystérieux angins. Rentrant chez eux, Mme et M. Dheilly, facteur en retraite, aperçoivent une lueur orange. Ils préviennent M. Quin. Le disque tourne 4 minutes puis il disparaît sous la forme d'un croissant... »

M. et Mme Dheilly: « Vois, il décolle...»
(Radar, 17 octobre 1954, page 4)
Note: Cette photo est utile, car sachant que la rue était orientée vers le sud-ouest, nous savons que la maison des témoins était du coté nord-ouest de la rue.

Jean Sider utilise une source de quatrième main

  9 - Debut octobre,. heure inconnue, Boves, Somme

  Plusieurs personnes de Boves viennent de voir des soucoupes volantes, ou du moins une étrange lueur qui se déplaçait à allure lente. De l‘avis de ces personnes, l'engin semblait s'envoler des abords du terrain de football de Boves. La soucoupe a donc été vue par Mr. et mme Dhelly et Mr. et Mme Quin, ainsi que par Mr. Roland Laporte, débitant au pont de Fouencamps.
Source : La Tribune d‘Albert, Albert, 9 octobre 1954, p. 3.
(Jean Sider, Le dossier 1954 et l'imposture rationaliste, Ramuel 1997, page 89)
Note: Le texte est à peu près exact, mais Jean Sider semble avoir utilisé le texte copié par Michel Jeantheau. La Tribune d'Albert, comme Les Tablettes de Péronne du 9 octobre, avait simplement copié le texte du Journal du Santerre du 8 octobre, lequel copiait le résumé de La Voix du Nord du 6 octobre, qui lui même devait reprendre ses informations du Courrier Picard du 5 octobre.

Valeur des données précedentes

La valeur des renseignements s'affaiblit au fur et à mesure des recopiages. Les journalistes du Courrier Picard et de Radar étaient allés sur place. Les autres recopient en faisant disparaitre des données utiles, voire en en rajoutant d'illusoires.
Il est symptomatique que, comme pour l'affaire d'Hérissart, aucun ufologue n'ait consulté Le Courrier Picard, qui est, encore une fois, la seule source de toutes les informations disponibles. Jean Sider, si prompt à donner des leçons aux autres, se contente d'une source de quatrième main. Avec ce qu'il nous donne, c'est un peu: "sachant que des témoins connus ont observé une étrange lueur qui se déplaçait à allure lente, trouvez l'age du capitaine de la soucoupe."
Nous allons voir qu'avec les renseignements originels, l'objet est parfaitement identifiable.

Analyse des données.

- Morphologie de l‘objet:

L'objet est décrit comme un demi-disque d'une couleur orange soutenue. Sa taille apparente devait être celle de la lune, puisque Mme Dheilly a d'abord pensé à la lune.

- Direction de l'objet:

D'après Mme Dheilly, l'objet se trouvait à l'autre extrémité de la rue. Cette rue est la rue Benigne-Bernard qui part d'abord vers le sud-est, puis fait un coude, et repart vers le sud-ouest. Or nous savons que l'objet apparaissait au dessus des marais, et a disparu derrière une crète boisée, crète boisée qui se trouve au sud-ouest. C'est donc dans la partie orientée vers le sud-ouest qu'il nous faut chercher. La maison des témoins devait alors se trouver dans la partie nord de la rue, et l'objet était partiellement caché par le pignon d'une maison à une petite centaine de mètres de là.

La photo de Radar, nous permet de savoir que la maison se trouvait sur le coté nord-ouest de la rue, donc coté des numéros pairs. A l'aide des photos du Courrier Picard et de Radar, nous pouvons retrouver la maison avec Google Street view.

    

La seule maison qui corresponde pour ce qui est de la taille de la porte, des fenêtres et des marches est le numéro 26. De cette maison, la dernière maison de la rue, sur la gauche, est effectivement visible par son pignon, et située à 90 m, ce qui correspond bien aux renseignements du Courrier Picard
Grace à Géoportail, nous pouvons trouver l'azimut de la maison au pignon, depuis la porte de la maison des témoins. Nous trouvons 222.6 °

Or, à 20 h 50, l'objet se trouvait partiellement caché par la maison au pignon, ce qui nous donne son azimut.

Devinette: Qu'est ce qui ressemblait à la lune, et qui se trouvait dans l'azimut 222.6° à 20 h 50?

Stellarium nous donne la réponse:

Puisque 222° 36' = 222.6°, la lune se trouvait pile-poil dans l'azimut indiquée par les témoins.
Quant à sa hauteur, elle correspond à peu près à 5.5 m, vu à 90 m, ce qui correspond aussi.

Conclusion.

Voila encore un cas révélateur de l'incompétence des ufologues. Seul Jean Sider s'y est intéressé, mais sur la base d'une source de quatrième main. Or nous avons vu que l'information se dégradait, de recopiage en recopiage. A l'inverse les données du Courrier Picard étaient tellement précises qu'elles nous ont permis de retrouver la lune, dont les coordonnées correspondent à 1/10 ° près.
Les journalistes de l'époque, qui n'étaient ni ufologues ni astronomes, se sont contentés, au mieux d'engranger les témoignages qui se corroboraient, au pire de résumer les informations de leurs confrères.
Ainsi les témoins de Boves, du pont de Fouencamps et de Demuin, sont tous d'accord: ils ont observé une mystérieuse lueur orange.
Et grâce à ces témoignages corroborants nous pouvons être sûrs que la lune existe bien.

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Dernière mise à jour: 03/02/2017