3 octobre 1954: L'orthoténie lunaire

L'orthoténie est selon Aimé Michel, l'alignement des observations de soucoupes volantes. Mais quand les prétendues soucoupes volantes se révèlent n'être que la lune, il faut bien parler d'orthoténie lunaire.

Le 3 octobre 1954, Aimé Michel invoque un alignement de 6 points, de La Chapelle d'Armentières à Pommiers, s'étendant sur 500 km. cet alignement figure sur la carte de Jean Latappy
Mais à l'examen les points d'observations s'écartent de plus en plus quand on descend vers le sud: 26.5 km d'écart à Milly-La-Forêt. Manifestement Aimé Michel s'est trompé dans la position du village de Pommiers. Pour rétablir l'accord, il nous faut oublier Pommiers et faire aboutir l'alignement à Milly-la-Forêt.
Mais nous allons voir que toutes les observations ainsi alignées sont des observations de la lune.

La Chapelle d'Armentières, première soucoupe lunaire de l'alignement

Nord Matin donne la version la plus complète.

Apparition près d'Armentières
Dimanche entre 21 h. à 21 h. 20, un engin, en forme de demi-lune de couleur dorée, barré au centre par un trait de couleur verdâtre, a stationné au-dessus de la rue Fleury, à La Chapelle d'Armentières. Tous les habitants ont longuement observé l'engin. L'un d'eux de munit de jumelles pour mieux en préciser les contours, puis subitement la soucoupe disparut en direction de Fleurbaix.
(Nord Matin, 5 octobre 1954, page 10)

Les autres sources sont La Voix du Nord 5/10 page 3, La Croix du Nord 5/10 page 8, Le Nouveau Nord Maritime 6/10 page 2, Libre Artois 6/10 page 3, La Bailleuloise 10/10 page 1, l'Armentiérois 9/10 page 8. Mais aucune d'entre elles n'en dit plus.

A l'analyse, l'objet avait le même aspect que le professeur Bonte avait vu à la lune ce soir là, la même direction que la lune, et le même mode de dispartion. C'était donc bien probablement la lune.

A Liévin et Ablain-St-Nazaire, deux autres soucoupes lunaires

La Voix du Nord donne une version détaillée.

UNE SOUCOUPE VOLANTE
APERÇUE
DANS LA RÉGION DE LORETTE
________________
  Une soucoupe volante a été aperçue à Ablain-Saint-Nazaire, dans la soirée du dimanche 3 octobre, par M. Louis Lherbier, agent général d'assurances, rue Marcel Lancino. Ce dernier, se trouvant sans sa cour, fut intrigué par la présence d'une petite boule rougeâtre, semblant se mouvoir dans les airs, en direction de Villers-aux-bois. Il concentra son attention sur cette boule qui se déplaçait vers Ablain et grossissait rapidement. Il appela alors son épouse, ainsi que M. Robert Mairesse, employé aux Mines, et l'épouse de ce dernier.
  Les quatre personnes aperçurent très bien la chose qui prit en fin de compte la forme d'une marmite tournant sur elle-même. Puis au bout de quelques minutes, cet objet étrange s'éleva rapidement dans les airs et disparut à la vue des personnes ci-dessus.
  D'autre part, un de nos correspondants nous signale que plusieurs personnes, dimanche soir, aux environs de 21 h. 30, purent se rendre compte de la présence d'«engins» de type inconnu. Des habitants d'Ablain-Saint-Nazaire soutiennent avoir reconnu une soucoupe qui se posa entre deux meules.
  M. J.-B. Lecocq, de Liévin, distingua dans le ciel, aux environs du phare de Lorette, un engin lumineux ayant la forme d'un croissant qui oscillait légèrement. Il arréta plusieurs personnes pour leur faire constater le bien-fondé de ce qu'il avait peur de n'être qu'une vision.
  De cet engin de forme oblongue se détacha la partie inférieure qui descendit vers le sol et vint reprendre peu après sa position contre la partie supérieure. Une ligne noire vint un moment apparaitre à la limite des deux parties.
  La soucoupe redescendit alors dans la vallée derrière les hauts lieux de Lorette, pour réapparaître peu après avant de filer vers l'horizon.
(La Voix du Nord, édition Lens, 5 octobre 1954, page 6)

Les autres sources sont Nord Matin 5/10 page 10, La Croix du Nord-ed. Arras 5/10 page 2, Libre Artois 6/10 page 3, Le Journal de Doullens 6/10 page 1, qui n'en disent pas plus.

A Ablain-St-Nazaire nous avons deux observations. Pour l'une, nous avons la description et la direction, mais pas l'heure. Pour l'autre, nous avons l'heure, mais pas d'autres détails.
En faisant la supposition raisonnable qu'il s'agit du même phénomène, on a observé aux environ de 21 h 30, un objet rougeâtre au sud-ouest, qui changeait de taille et de forme, et finit par disparaitre comme s'il aterrissait, c'est à dire en s'abaissant sur l'horizon.
Ceci est bien le comportement que les autres témoins ont attribué à la lune, ce soir là, et l'hypothèse de la lune est donc largement possible.

à Liévin, l'heure n'est que supposée, le journaliste nous rapportant plusieurs observations à la suite. Par contre La direction est celle de la lune, le premier aspect est celui de la lune, et la séparation en deux parties est typique de ce qu'on observé les autres témoins de la lune, depuis Chéreng jusqu'à Milly La Forêt.
L'objet de Liévin était donc probablement la lune.

A Champigny-sur-Marne, la quatrième soucoupe lunaire

Pour Champigny-sur-Marne, la seule source disponible est le livre d'Aimé Michel, Puisque l'original est une lettre qu'il reçut:

   Le premier témoignage fut consigné le soir même par une lettre que je reçus deux jours avant que fussent connus les phénomènes observés dans le Nord. La voici:
  « C'est en allant me coucher que je remarquai incidemment une sorte de boule de feu. Je l'observai un instant, puis, trouvant son aspect anormal, j'appelai mon père, ma mère et ma soeur âgée de quinze ans. lls ont pu comme moi suivre l'évolution du phénomène jusqu'à sa disparition au-dessous de l'horizon.
  « Notre maison jouit d'une excellente visibilité, car elle est située sur les coteaux de la Marne.
  « Habitué à faire des rapports par mon état d'étudiant en radio-électricité, je vous adresse nos observations sous une forme d'où nous avons essayé d’exclure tout côté imaginatif. »
  Suivait le rapport, signé par M. Claude R..., de Champigny-sur-Marne, localité située quelques kilomètres à l'est de Paris.
  Le témoin signale tout d’abord qu'au moment où il découvrit l'objet, à 21 h 30, celui-ci, une sorte de cigare orange, était presque immobile vers le sud-sud-est, dans la direction de l’aérodrome d'Orly.
Note: Cette grosse erreur est elle volontaire? l’aérodrome d'Orly n'est pas au sud-sud-est, mais au sud-ouest, qui est aussi la direction de la lune couchante ce soir là.
  « Nous le vîmes se déformer lentement, raconte M. R..., diminuer en grandeur et en intensité lumineuse, puis se scinder en deux points lumineux semblables à des étoiles. »   Les deux points se fondirent alors de nouveau en un seul dont la forme se précisa, prenant l'allure d'une « Soucoupe » inclinée sur l'horizon et grossissant rapidement. Puis l’objet diminua de grosseur en baissant sur l'horizon, se scinda une nouvelle fois en deux parties superposées, « la partie supérieure et la partie inférieure étant chacune successivement la plus brillante: le phénomène disparut enfin vers le sud en diminuant rapidement d'éclat ».
Note: Cette description est celle que donnèrent de nombreux témoins de la région du Nord, trompés par un nuage qui scindait en deux l'image de la lune.
(Aimé Michel, Mystérieux Objets Célestes, Arthaud 1958, p 205)

M. Claude R. décrit dans la même direction, et à la même heure le même phénomène qu'ont vu les témoins de la lune, de ce soir là. Comment échapper à la conclusion que c'était tout simplement la lune?

A Milly-la-Forêt, la cinquième soucoupe lunaire

  - Dimanche soir, vers 21 heures, M. Mourouzeau, restaurateur au "Coquibus", à Milly-la-Forêt, conduisait trois employés au car vers Gironville quand il fut soudain intrigué par un objet qui apparaissait dans le ciel. Il avait la forme d'une demi-lume, ce qui le trompa d'abord. Mais la lune, la vraie, étant derrière lui, M. Mourouzeau dut admettre que le phénomène était inexplicable. En descendant, la forme de l'objet se précisa ou se modifia, peut-être pour une question d'optique: c'était une sorte de cigare rouge, accompagné en dessous d'un anneau plus brillant.
La vision dura 5 à 6 minutes aux dires des témoins, puis disparut dans la ligne d'horizon au loin dans la plaine.

(Le Parisien libéré, 5 octobre 1954, page 5, archive Michel Jeantheau)

On se demande d'où sort cette affirmation que M. Mourouzeau avait la vraie lune dans son dos. Il conduisait ses employés au car vers Gironville, qui est à l'ouest de Milly. Il roulait donc vers Milly, c'est à dire vers l'ouest. Ce faisant il n'a pu découvrir l'objet qu'au débouché de la forêt, après lequel la route s'oriente vers l'azimut 237°. Or, vers 21 h, la lune se trouvait dans l'azimut 225°, et s'est couché à 21 h 29, dans l'azimut 230°. M. Mourouzeau avait donc la lune devant lui, à une dizaine de degrés sur sa gauche.

De plus, l'objet avait le même aspect que la lune. Comment M. Mourouzeau a-t-il pu ne pas la reconnaitre et y voir un phénomène inexplicable? C'est à se demander si le journaliste ne nous raconte pas des conneries. Mais ces conneries font bien l'affaire d'Aimé Michel qui va en rajouter de son cru en comparant les observations de Champigny et de Milly:

  1° Les heures sont les mêmes;
Note: Il y a 1/2 heure d'écart, mais l'examen des heures données pour le 3 octobre montre que les heures indiquées sont souvent erronées d'un quart d'heure.
  2° Les témoins de Champigny voient au sud ce que ceux de Milly voient au nord. Or, Champigny et Milly sont situés sur la même ligne méridienne à 45 kilomètres de distance l'un de l‘autre. La seule différence est que le deuxième groupe voit le phénomène apparaître au nord et disparaître au sud, mais cela aussi confirme l'identité du phénomène, et montre de surcroît que la manœuvre observée de Champigny se déroula quelque part entre les deux localités.
Note: Absolument faux. Le témoin de Champigny voyait l'objet au sud-ouest, comme ceux de Milly.
  3° La description du phénomène lui-même est également probante. La dernière partie de l'observation de Champigny décrit en effet un objet unique assez proche qui s'éloigne ensuite vers le sud en se scindant en deux. Or, que dirent les témoins de Milly? Qu'ils apercurent vers le nord un objet en forme de demi-lune rouge, qui bientôt se rapprocha (donc évolua vers le sud), se déforma et se présenta enfin sous la forme d‘un « cigare rouge » surmontant un « petit anneau brillant ». La concordance est frappante.
Note: Cette concordance n'existe que dans la tête d'Aimé Michel, car il n'y a rien de vrai dans l'interprétation qu'il donne des deux témoignages.
Par contre, en se rappelant que c'était la lune dans les deux cas, il y a effectivement une concordance.

(Aimé Michel, Mystérieux Objets Célestes, Arthaud 1958, p 207)

Précision de l'alignement lunaire

Si nous traçons un grand cercle, passant, comme celui d'Aimé Michel, par Ablain-St-Nazaire, nous obtenons un alignement de 5 observations de la lune, commençant à La Chapelle d'Armentières, et se terminant à Milly-la-Forêt, soit 253 km. L'observation de Pommiers n'a plus rien à y voir, non seulement parce que ce n'est pas une observation de la lune, mais aussi parce que Pommiers est à 51 km de l'alignement.

L'équation du grand cercle est alors:
tan(lat) = 0.1338*cos(long) - 22.7164*sin(long)
Et les écarts sont:
à La Chapelle d'Armentières: 10.2 km
à Liévin: 4.5 km
à Champigny-sur-Marne: 1.4 km

L'écart à La Chapelle d'Armentières n'est pas bon, mais puisque nous pouvons oublier la carte de Jean Latappy, nous pouvons tout aussi bien oublier l'observation lunaire de La Chapelle d'Armentières, et la remplacer par celle de Fleurbaix, ou l'écart n'est plus que de 6.5 km, ce qui est justement l'écart de l'observation de La Chapelle d'Armentières dans l'alignement vers Pommiers. Nous serions tenté de dire que c'est un écart "Michéliennement acceptable".

Conclusion

Nous avons trouvé un alignement composé de cinq observations de la lune: Fleurbaix - Liévin - Ablain-St-Nazaire - Champigny-sur-Marne - Milly-la-Forêt.
Mais il y a plus fort: Aimé Michel montre que ses alignements forment parfois des réseaux ou apparait une étoile centrale. Hé bien, avec les observations lunaires du 3 octobre, on trouve aussi que les alignement forment une étoile, centrée sur le pseudo-atterrissage d'Annoeullin:


L'orthotenie lunaire à la mode d'Aimé Michel.

Paradoxalement, cela conforterait l'idée d'Aimé Michel selon laquelle les alignements de ces observations prouveraient qu'il s'agissait d'un objet unique.

Ben oui: Il s'agissait d'un objet unique:

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Dernière mise à jour: 21/02/2017