Pas de martien à Gâvres

Le cas de Gâvres (Morbihan), ne concerne pas vraiment une "observation" objective d'êtres poilus. Nous ne connaissons que le récit d'une fantasmagorie dévoilée un quart de siècles plus tard.

En 1982, ce cas fait surface dans la revue Lumières dans la nuit.

Témoin: Madame C. Marie (anonymat demandé).

Age à l'époque : environ 23 ans
Adresse à l'époque : Rue des Lutins (?) GAVRES
Adresse actuelle : 17 rue des Mouettes GAVRES
Date : 20 octobre 1954
Heure : environ 18 heures Profession du mari : marin pêcheur
Température : pour les 2 premières décades température moyenne 13° 9 (T° normale : 12°. Pluies déficitaires 4 mm au lieu de 9 normalement.

  Il est environ 18 heures, Monsieur C. vient de sortir de la maison pour aller chercher un litre de vin à l'épicerie à côté (environ 30 mètres du domicile). Il porte la bouteille vide à la main par le goulot au bout de son bras (important pour ce qui va suivre).

Madame C. constate que la nuit est arrivée. Elle allume la salle à manger et se dirige vers la fenêtre afin de fermer les volets. La porte extérieure est fermée. Le témoin ouvre la fenêtre et tend les bras en direction "des bonhommes" qui retiennent les volets en bois de l’extérieur. C'est alors qu'elle aperçoit dans le ciel dégagé une lumière rouge orange qui venant de la mer (Sud ?) vient de stationner au-dessus de la route où se trouve le témoin (hauteur impossible à évaluer)
Note: Si cette dame habitait rue des lutins, elle ne voyait pas la mer, mais pouvait connaître sa direction. Mais il y a une incohérence: elle fermait ses volets de l'intérieur, et l'instant d'après se trouvait sur la route.
soudain de cette boule un faisceau de lumière vient de sortir et tombe à la verticale de la route ("comme un faisceau de lampe de poche" dira madame C).
Aussi soudainement que cela puisse paraître, cinq humanoïdes viennent d'apparaître au bas du faisceau et se dirigent droit sur la porte qui s'ouvre.
Note: Dans un cauchemar, ce détail serait presque banal. Mais ici, le témoin vit une sorte de cauchemar éveillé.
Le témoin s'est déplacé en direction du centre de la pièce. Ces cinq humanoïdes les uns derrières les autres se mettent à tourner trois fois autour du témoin (comme feraient des enfants qui font une ronde").
Puis, se dirigent vers la porte, vers le faisceau lumineux qui disparaît à son tour, laissant “place" à un sifflement aigu.
Note: Il serait intéressant de savoir si la porte était à nouveau fermée après de départ des petits êtres.
Le témoin s'est mis à hurler lorsqu'elle s’est vue entourée, le mari qui a entendu ce cri s'est arrêté de marcher - A ce moment il entend le sifflement, et la bouteille se casse en deux au niveau du goulot (comme coupée à la scie, dira Monsieur C.) Il tient celui-ci dans la main tandis que l'autre moitié tombe à terre sans se casser.
Note: Ce détail est effectivement bizarre, mais s'il y avait une félure peu visible, la bouteille a pu se casser à la suite d'une brusque secousse, et si le corps n'est pas tombé sur du pavé ou du ciment, il a pu rester intact.
Il part en courant vers la maison. Lorsqu'il arrive, il n'y a plus rien à voir. Il trouve sa femme semi-évanouie dans un état très agité. Il appela le docteur, qui expédie Madame C. à l'hôpital d’Hennebant. Celle-ci fera une fausse couche d'un bébé de deux mois.
Note: l'enquêteur veut probablement dire "d'un foetus de deux mois".

Description des humanoïdes :
- Environ 1 mètre, 1,20 m
- Couverts de longs poils (roux ?) sauf la tête
- La tête possédait un nez "comme les cochons" dira le témoin.
Note: Ce détail atypique de nez de cochons s'accorde mal avec la description d'extraterrestres, qui, s'ils respiraient différemment, auraient porté des scaphandres, mais s'accorde bien avec une apparition para-diabolique.

  Le témoin ne se laisse pas approcher. Je n'ai pu recueillir ce bref récit en voyant celle-ci deux fois en l'absence du mari la 2e fois. Celui-ci me dira que depuis elle est cardiaque et qu’il ne faut pas qu'elle revivre ce cauchemar.
Il y a un an (en 1981) je l'ai revue une 3e fois. Elle me dira : "ne venez plus me voir car je sais que si je vous dis tout, ils reviendront.

Note: Pour l'ufologue, il y aurait donc des détails encore non révélés, mais cette remarque du témoin semble indiquer qu'elle a développé une paranoia anti-humanoïdes.
(Gâvres (Morbihan): 5 humanoïdes, Lumières dans la nuit n° 227-228, page 30, enquête de Gérard Champetier)

En 1997, Jean Sider, insère ce cas dans son catalogue, mais avec des réserves. Après avoir cité les faits d'après l'enquête précédente, il ajoute:

Depuis cet incident, le témoin est cardiaque, et semble avoir développé une forme de paranoïa car elle a la hantise de revoir les petits personnages. Petite curiosité : la mère de Mme C..., en 1948 a observé un disque d'apparence métallique au-dessus de l'église de Ploemeur (près de Lorient).
Source : LDLN n°227-228, page 30, enquête de Mr. Gérard Champetier, achevée en 1981.
Nota : On retrouve les mêmes effets cardiaques dans le cas de Cabasson du 17 octobre, cité précédemment. Les effets enregistrés paraissent indiquer qu'il s'agit d'un dol, peut-être induit dans le cerveau de Mme C..., ce qui expliquerait que son mari n'ait rien pu voir, car après tout, il n'y avait peut-être rien à voir dans notre espace physique. La complexité de ces scénarios est telle, ajoutée à la diversité des éléments de décor et des figurants mis en scène, qu'il est impossible de tirer un enseignement quelconque à partir d'un tel incident considéré isolément.
Note: Que faut il entendre par un "dol". D'après le dictionnaire de l'académie française, c'est, juridiquement, une tromperie. Mais comme Jean Sider n'admet pas que les témoins puissent tromper, il faut probablement l'entendre au sens plus ancien de douleur psychologique. Ainsi, Mme C. aurait vu quelque chose qu'elle seule pouvait voir et qui n'existait pas réellement, c'est à dire qu'elle aurait eu une hallucination. Mais chez Jean Sider, le mot "hallucination" est maudit, car c'est un argument de rationaliste. Il emploie donc une autre expression, tout en tentant de sauver l'OVNI en imaginant que cette hallucination ait pu être induite (argument déjà utilisé par Pierre Guérin). Au final, Jean Sider admet que ce cas n'est pas exploitable, mais l'utilise quand même.
(Jean Sider, Le dossier 1954 et l'imposture rationaliste, Ramuel, 1997, page 214-215)

Enfin, en 2014, Julien Gonzalez se contente de reprendre les informations de l'enquête de Gérard Champetier, sans tenir compte des réserves de Jean Sider, dont il ne semble pas avoir consulté l'ouvrage

Analyse


La rue des lutins n'est qu'une ruelle
La seule source disponible est l'enquête de Gérard Champetier, dont nous savons qu'elle aurait eu lieu en 1979, parallèlement à une enquête de Jean-Claude Bourret (qu'il ne cite pas). Ce délai fait largement craindre l'apparition de faux souvenirs.

En particulier l'anecdote de la bouteille coupée en deux, pourrait concerner un incident survenu à un autre moment, mais rattaché arbitrairement au premier à cause de son caractère insolite.

Un autre élément qui pourrait être erroné est l'adresse du témoin à l'époque. Mme C. habitait-elle rue des lutins (un nom prédestiné), ou est-ce un faux souvenir? Lenquêteur a mis un point d'interrogation. Le fait est que la rue des lutins n'est qu'une ruelle, ce qui ne correspond pas bien au récit du témoin.
Il est possible que Mme C. ait habité rue des lutins, mais peut-être à une autre époque.
Il est même possible qu'il s'agisse d'un faux souvenir induit par la rapprochement avec son observation de "lutins", car en fait, son récit semble sortir d'un recueil de récits folkloriques du XIXe siècle.

Enfin l'heure n'est pas exacte non plus: Le soleil se couchait vers 18h 10, et la nuit rombait vers 19h.

En suivant chronologiquement son récit, on voit que si la lumière rougeatre peut bien avoir existé, la suite nous mêne droit dans le cauchemar évéillé: la porte fermée qui s'ouvre toute seule, les lutins humanoïdes qui font la ronde, c'est du cauchemar pur-jus.
D'abord, y avait il dans le ciel quelque chose de lumineux et de rougeatre vers le sud, comme le suppose l'enquéteur? La réponse est oui. La planète Mars tronait au sud, et pour un témoin qui ne s'intéresse pas aux astres, ce pouvait être une découverte.
Mais ensuite, Mars sert de déclencheur: un faisceau de lumière en sort, et cinq lutins humanoïdes apparaissent dans le bas, sans être descendus de l'objet, ce qui nous place dans le thématique des hallucinations, et non celle des observations d'OVNI, aussi illusoires soit elles.
La suite, porte qui s'ouvre toute seule, lutins humanoïdes, avec un nez de cochon qui font la ronde, ressemble tellement à une scène hallucinatoire que Jean Sider lui même soupçonne son irréalité. Et c'est vrai que de tels personnages semblent sortir tout droit d'un tableau de Jéome Bosch.


personnages fantasmagoriques des tableaux de Jérome Bosch

Comme les seules traces de cet incident étaient physiologiques, en particulier la fausse couche, et qu'elles prouvaient seulement la frayeur de Mme C. tout en montrant qu'elle avait une psychologie fragile, c'est bien l'hallucination qui est la meilleure hypothèse.

Ce qui est intéressant, dans ce cas, c'est que justement l'hallucination est rare.
En février 1974, me renseignant dans un commissariat de police pour savoir si on avait signalé des OVNI (on était en pleine vague), je m'entendis répondre: "Non, il n'y a pas eu d'hallucinations par ici". De fait ce policier en était resté à la mentalité des sceptiques du café du commerce des années cinquante: les OVNI étaient, soir des affabulations, soit des hallucinations. Et n'en déplaise à Jean Sider, ce sont, dès ces mêmes années cinquante, les rationalistes qui ont privilégié l'hypothèse de l'illusion, en rélégant l'hallucination aux oublietes.
Et voici que nous semblons avoir une authentique hallucination, et qu'en plus, bien que sous un autre nom, cette hypothèse est présentée par Jean Sider lui même!

Pas de martiens à Gâvres, donc, mais on vit vraiment une époque formidable.

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Dernière mise à jour: 25/04/2018