Pas de martien à Pournoy la chétive

Le cas de Pournoy la chétive est un cas d'école. Avec l'observation d'un habitant du lieu, démystifiée trois jours plus tard, plus l'observation de ce qui ressemble fort à un bolide, les ufologues ont réussi à faire une rencontre du troisième type.

Les "soucoupes volantes" continuent de faire parler d'elles

Trois enfants de Pournoy-la-Chétive affirment avoir vu un engin bizarre
et un curieux petit homme qui leur adressa la parole
  Trois enfants de Pournoy-la-Chétive viennent d'affirmer avoir vu dans la soirée de vendredi un engin bizarre descendre du ciel et un étrange petit homme en sortir, et leur adresser la parole. Telle est la nouvelle qui se répandait dans les villages de la Seille.
  Il ne s'agissait pas d'une plaisanterie de mauvais goût. Les enfants, en effet ont aperçu effectivement quelque chose d'anormal et furent témoins d'un événement particulier qui les a "frappés de telle façon qu'ils ont perdu l'appétit et qu'ils ont rentrés chez eux tremblant de peur et affolés. Mais il est impossible de savoir s'il s'agit d'un fait réel ou de la défiguration involontaire d'une scène authentique et naturelle, par des imaginations impressionnés à la suite de nombreux récits.
  Gilbert Calba 11 ans; Daniel Hirsch 9 ans; et son petit frère Jean-Pierre, 5 ans, étaient allés, vendredi soir, faire une partie de patins sur la route départementale n° 41, à l'entrée du village sinistré. Il était 19 h 30 et la nuit tombait. Soudain, à proximité du cimetière, les enfants assistèrent au phénomène. Voici la scène telle que l'ont racontée Gilbert et Daniel, 2 excellents élèves de M. Martignon, l'instituteur de Coin-Sur-Seille:
  "Dans le ciel, nous avons vu quelque chose de lumineux. Il s'agissait d'un engin rond de 2 m 50 environ de diamètre, qui a atterri un peu devant nous. L'appareil avait des rayures noires, jaunes et blanches et reposait sur 3 pieds. Nous avons attendu 1 mn ou 2 et un homme en est sorti. Il avait une lampe allumée dans une main, une lampe qui lançait des rayons, et dans l'autre main, un objet lumineux en forme de croix. L'homme avait de gros yeux, un visage poilu était tout petit, 1 m 20 peut-être. Il était vêtu d'une robe noire, comme un prêtre. Il nous fixa dans les yeux. On avait peur, mais nous pouvions pas bouger. Il a dit quelque chose dans une langue que n'avons pas comprise. Quand il a éteint sa lampe, nous nous sommes sauvés. Après nous avons vu dans le ciel quelque chose de lumineux qui s'en allait très vite."

(Le républicain Lorrain, 10 octobre 1954)

Jimmy Guieu, raconte l'affaire en auteur de science-fiction style "space opera"

Deux heures plus tard, à Pournoy la chetive (Moselle) une soucoupe atterrissait à proximité du cimetière tandis que trois enfants s'amusaient à faire du patin à roulettes. Il y avait là: Gilbert Calda (12 ans), Daniel Hirsch (9 ans) et son frère Jean-Pierre (5 ans)
Vers 18 h 30, déclara Jean-Pierre Calda, nous avons vu se poser un engin lumineux et rond de 2 m. 50 de diamètre environ. L'appareil a atterri tout près de nous; il avait des rayures jaunes et blanches et s'est posé sur trois pieds (train d'atterrissage tripode fréquemment signalé). Bientôt un « homme » en est sorti, tenant à sa main une « lampe électrique » (1). Il était tout petit - 1 m. 20 environ - avait de gros yeux, un visage poilu, et portait une sorte de « soutane noire comme M. le curé ». L'homme est venu nous parler dans un langage incompréhensible et nous nous sommes sauvés, pris de peur. Nous nous sommes retournés un peu plus loin. L'engin, très brillant, s'élevait très haut et très vite dans le ciel ».
Au même instant, un autre habitant de Pournoy la chétive - M. Robert Magnin, 16 ans - aperçut lui aussi l'astronef lors de son ascension.
(1) Détail qui revient aussi fréquemment dans les déclarations des témoins. Cet instrument, qualifié de « lampe électrique », était probablement une arme défensive mais non meurtrière, sans doute un projecteur du désormais rayon paralysant.
( Jimmy Guieu, Black Out sur les Soucoupes Volantes, Fleuve Noir 1956, page 178)


Aimé Michel se sert du cas de Pournoy-la-chétive pour valider celui de Lavoux.
Qu’aurait-on dit alors si l’on avait su qu’à l’autre bout de la France, une demi-heure avant M. Barrault, des enfants disaient avoir approché un être exactement identique
L’incident se déroula près du cimetière du petit village de Pournoy-la-Chétive, au sud de Metz, en Moselle, à 60 kilomètres de la frontière allemande.
Nous faisions du patin à roulettes, racontent les enfants (Gilbert Calda, douze ans, Daniel Hirsch, neuf ans, et son frère Jean-Pierre, cinq ans), lorsqu’une machine brillante et ronde se posa tout près de nous. Une espèce d’homme haut de 1 m, 20 en est sorti, habillé dans un sac noir ressemblant à la soutane de M. le curé. Il avait une tête poilue et de gros yeux. Il nous a dit des choses que nous n’avons pas comprises et nous nous sommes enfuis. Un peu plus loin, nous nous sommes arrêtés pour regarder. La machine remontait dans le ciel à toute allure.

( Aimé Michel, Mystérieux Objets Célestes, Arthaud 1958, page 295)

Avec une aussi bonne référence, Jacques Vallée intégre le cas dans son catalogue d'atterrissage.

9 octobre 1954, 18:30. Pournoy la chétive, Moselle (France):
Quatre enfants: Gilbert Calda, douze ans, Daniel Hirsch, neuf ans, J-P. Hirsch, cinq ans, et Robert Maguin, seize ans, faisaient du patin à roulettes, quand ils virent un objet lumineux près du cimetière. Il était rond, d'un diamètre de 2,50 m environ et était posé sur trois béquilles. Un nain, d'environ 1,20 m, vêtu en noir, le visage couvert de poils, de gros yeux, en sortit et dirigeant sur eux une lumière aveuglante, prononça quelques mots dans un langage inconnu. Les enfants s'enfuirent et se retournèrent à temps pour voir l'objet s'envoler haut dans le ciel (P. 49, M. 154)
49: France-Soir, 12 oct. 1954.

(Jacques Vallée , Un siècle d'atterrissage UFO, in Chronique des apparitions extraterrestres, Denoel 1972, page 295)
Note: En fait c'était le Vendredi 8, il était 19H 30, Robert Magnin n'était pas l'un des enfants, et la lumière n'était pas éblouissante.

Et voila la machine lancée.

martien Pournoy
le "martien" de Pournoy d'après Robert Gigi
Jim et Coral Lorenzen, Charles Garreau et Raymond Lavier, Michel Figuet et Jean-Louis Ruchon, Godelieve van Overmeire, Albert Rosales, de nombreux auteurs anglo-saxons et de nombreux sites vont pieusement recopier cette histoire qui va même avoir l'honneur d'ètre illustrée par Robert Gigi, dans "ceux venus d'ailleurs".

Cette illustration, d'ailleurs ne respecte même pas la description originale: On devrait voir un nain de 1.20 m, sans casque, vêtu d'une sorte de soutane noire, avec une lampe électrique en main, qui s'est dirigé vers les enfants au lieu de passer à coté d'eux.
Et pourtant, selon Jean-Michel Charlier, rédacteur en chef de la revue Pilote:
"Quant aux dessins d'une remarquable fidélité, ils ont été exécutés d'après des documents puisés aux meilleures sources officielles, et avec un minutieux souci d'authenticité et d'exactitude."
Ben voyons!

Que tous ces bons auteurs n'ont ils pas pensé à consulter le journal local! Le Républicain Lorrain, en l'occurrence.
Ils auraient su que trois jours après le premier article, un second article expliquait l'observation sans martien.

La "soucoupe" de Pournoy n'était qu'une vision
METZ. -- Dans un précédant article, nous avions relaté la déclaration d'enfants qui avaient vu, à Pournoy-la-Chétive, une "soucoupe volante" et un petit homme habillé de noir. Depuis ce jour, la population vivait dans la crainte de nouvelles apparitions et s'enfermait à double tours dès la chute du jour. Une enquête discrète, ayant été effectuée, a permis d'identifier le soi-disant "Martien" qui n'est autre qu'un habitant de la localité.
En effet, ce dernier, étant retenu le jour par son travail, n'avait pu se rendre à l'herbe pour ses lapins qu'à la nuit tombante. Alors qu'il se trouvait à la sortie du village, près du cimetière, et sur le chemin du retour, il dut faire l'usage de sa lampe électrique à diverses reprises. Des enfants jouant à proximité prirent peur et s'enfuirent tout tremblants au domicile de leurs parents, malgré les vaines paroles du "Martien", qui tentait de se faire reconnaître. Quand à la soucoupe volante, nul doute qu'elle ne soit elle aussi de pure imagination.

(Le républicain Lorrain, 13 octobre 1954)
Note: c'est l'interprétation en terme d'engin tripode qui était de pure imgination, l'objet lumineux ne l'était pas.

Les irréductibles sceptiques Barthel et Brucker, avaient, bien entendu, fait disparaitre le martien dans la trappe de l'oubli:

Nous avons conversé avec Gilbert Calba, et aussi avec ses camarades de jeu: Ils n'ont vu passer qu'une grosse étoile filante, c'est tout. Il nous aimablement relaté comment, de boucha à oreille, du fils au père, du père aux amis du café, du patron au correspondant de presse... on en était arrivé là.
(Gérard Barthel et Jacques Brucker, La grande peur martienne, Nouvelles éditions rationalistes, Paris 1979, page 78)

Note: Cette remarque rejoint la mise en garde de l'article initial qui envisageait la défiguration involontaire d'une scène authentique et naturelle.

Et non moins bien entendu, l'irréductible croyant Jean Sider, se dépécha d'essayer de ressortir le malheureux martien de sa trappe: c'est le premier cas des quarantes enquêtes prétendument imaginaires qu'il entend démystifier.

je me suis rendu à Pournoy-la-Chétîve, où les quatre témoins, devenus adultes et pères de famille, résident encore, et les ai rencontrés les 22 et 23 juin 1989, sauf Daniel Hirsch. Mis à part Gilbert Calba, les autres ont confirmé leur observation. Jean-Pierre Hirsch se souvenait encore d'avoir vu une forte lumière blanc-bleu non éblouissante, qui descendit ponctuellement vers le sol. Il n'a pas vu d'occupant mais affirme que l'endroit supposé de l'atterrissage fut visible durant une dizaine d'années car l'herbe, selon lui, n'y repoussa pas. Robert Maguin, qui était le plus éloigné des témoins, confirma la présence d'un phénomène lumineux qu'il ne s'explique toujours pas, mais il n'avait plus guère envie de parler de l'incident. Daniel Hirsch, quatrième témoin, confirma son observation par téléphone au chercheur Christian Jay.
Note: Jusqu'ici, l'observation de l'objet lumineux est confirmé, mais est compatible avec celle d'un bolide
  À l'époque, la vue d'un occupant avait été "expliquée” par la présence d'un habitant du pays qui ramassait de l'herbe pour ses lapins en se servant d'une torche électrique, ce qui aurait trompé les enfants, dont le plus âgé avait 12 ans. Gilbert Calba, pour sa part, refusa tout d'abord d'admettre avoir vu quoi que ce soit, puis devant mon insistance, admit avoir aperçu une source lumineuse mobile dans le ciel qu'il ne put identifier. Au fur et à mesure que je lui posais des questions, à sa façon quelque peu maladroite de fuir les réponses, je compris que cet homme était victime d'un blocage psychologique. Puis, quelques jours plus tard, j'exhumai un article publié dans Le Lorrain du 11 octobre 1954, page 5, qui relate comment le père de Gilbert lui administra une correction pour avoir eu l'audace de narrer son observation à qui voulait bien l'entendre. Jean-Pierre Hirsch me précisa que les gens du village les tournèrent en ridicule, ce qui dut marquer plus fortement Gilbert Calba, qui était le "chef" de la bande, en tant qu'aîné. Imaginez un habitant pris pour un "ufonaute”, une correction, plus les quolibets des voisins, et pensez au résultat que cela peut donner sur le mental d'un gosse de 12 ans. Il se bloque, et on n'arrive plus à tirer de lui, même devenu adulte, une relation correcte des faits car son psychisme a été modifié en profondeur.
Note: son psychisme a été modifié en profondeur... On aimerait avoir l'avis d'un véritable expert en psychothérapie. En tous cas, le martien n'a pas réussi à sortir de la trappe: elle est fermée par "un blocage psychologique".
  Enfin, j'ai pu interroger les témoins sur leurs éventuels contacts avec B & B. Seul Gilbert Calba a été joint par téléphone, mais les autres ne l'ont pas été. Au pire, l'occupant est peut-être une confusion, même si sa description ne correspond pas à quelqu'un du pays (et il s'en faut de beaucoup) mais il y a eu au minimum une RR2 à Pournoy-la-Chétîve, avec une possibilité de RR3 (D.O. 1).
Note: Si la description faite dans le premier article ne correspond pas à quelqu'un du pays, il faut bien plus soupçonner la dénaturation du récit des enfants par les journalistes, que l'inadéquation de la démystification.
La RR2 (rencontre rapprochée du 2e type), devrait plutôt être rebaptisée RRR2 (rencontre relativement rapprochée), car les témoins situent souvent à 200 m, des bolides se trouvant à 200 km d'eux.
Quant au D.O.1 (Document original n° 1), c'est simplement l'article de Dimanche Eclair du 10 octobre, qui nous apprend que Gilbert Calba a reçu une correction parce que son père n'avait pas apprécié qu'il raconte cette histoire de martien. En quoi cette correction prouverait elle que le martien existait bien?

(Jean Sider, Le dossier 1954 et l'imposture rationaliste, Ramuel, 1997, page 21-22)

Ce phénomène lumineux se dirigeant ver le sol, ressemble bien à un simple bolide qui avait donné l'illusion d'atterrir. Mais Jean Sider qui semble ne pas croire plus aux bolides qu'à Barthel et Brucker, en déduit qu'il y eut bien à Pournoy-la-chétive une RR2, et comme le "blocage psychologique" expliquerait la non confirmation du martien, il y voit une possible RR3. Il est d'ailleurs capable de faire encore plus fort: il voit dans le canular de Casimir Sczymura, une authentique RR3, qui cache peut être une RR4!

Mais voila que 35 ans après Barthel et Brucker, et 17 ans après Sider, Julien Gonzalez, inclut ce cas dans son catalogue de RR3.

Gilbert Calba, Daniel Hirsch et son frère Jean-Pierre font du patin à roulettes près du cimetière de Pournoy la Chétive, lorsqu’ils voient un engin circulaire et lumineux de 3 m de diamètre atterrir; il se pose tout près d‘eux, il est muni d’un train d’atterrissage tripode. Un petit être de 1,20 m en sort, il a de gros yeux, un visage poilu et porte une soutane noire. « Comme Monsieur le Curé », diront les trois enfants. Il adresse la parole aux témoins dans un langage incompréhensible. Pris de peur, ceux-ci s’enfuient et en se retournant, voient l’engin brillant s’élever dans le ciel. M. Robert Magnin assiste à la scène, mais d’une trop grande distance pour en distinguer les détails.
Note: Ceci c'est la légende colportée par les ufologues jusqu'à Barthel et Brucker.
En 1979, MM. Barthel et Brucker affirmèrent dans La Grande Peur Martienne que Gilbert Calba leur avait déclaré que lui et ses camarades n’auraient « vu passer qu’une grosse étoile filante, c’est tout ». M. Jean Sider a réalisé à Pournoy-la-Chétive les 22 et 23 avril 1989 une contre-enquête sur cette affaire: Jean-Pierre Hirsch a vu un objet structuré avec antenne et hublot, très lumineux. L’herbe n’a pas repoussé pendant 10 ans sur le lieu de l’atterrissage. Robert Maguin confirme la vision d’une boule lumineuse rouge, orange et bleue. Ce témoin se trouvait beaucoup plus loin que ses camarades. Gilbert Calba confirme la vision d’un phénomène lumineux. Très réticent, il ne veut rien dire de plus, affirme ne plus se souvenir, que tout cela est loin. Il nie la présence de l’humanoïde, soit que celui-ci ait été inventé par les journalistes, soit qu’il ne souhaite plus en parler pour ne pas ressusciter les moqueries dont il fut victime à l’époque.

Note: Où Julien Gonzalez a-t-il lu que Jean-Pierre Hirsch a vu un objet structuré avec antenne et hublot? D'après Jean Sider il se souvenait encore d'avoir vu une forte lumière blanc-bleu non éblouissante, qui descendit ponctuellement vers le sol, ce qui correspond à la grosse étoile filante de Barthel et Brucker.
Quant à Robert Magnin, il confirma la présence d'un phénomène lumineux qu'il ne s'expliquait toujours pas, ce qui n'infirme pas non plus l'explication de Barthel et Brucker.

(Julien Gonzalez, RR3 - Le Dossier des Rencontres du Troisième Type en France, Le Temps Présent, 2014, pp 119-120)

Et voila: Une première génération d'ufologues fait confiance aux journaux.
Une deuxième génération fait confiance aux ufologues, et tout le monde recopie tout le monde.
Puis en 1979 Barthel et Brucker viennent et démystifient tout ça.
En 1997, Jean Sider vient pour anathémiser les précédents, et tenter de réhabiliter les malheureux martiens qui en furent victimes.
Enfin, en 2014 Julien Gonzalez vient pour remystifier en ajoutant des détails inventés. Rappelons que c'est le même Julien Gonzalez qui voyait dans le cas de Vron, "l'un des plus solides de la vague de 1954". Ha, bon?

Et au final, un bolide + un habitant tenant une lampe = un martien poilu débarquant d'une soucoupe volante.

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Dernière mise à jour: 25/04/2018