1556 Job Fincel compile les prodiges de son temps.
Job Fincel, prodigiogue oublié
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Pourtant, Conrad Lycosthènes semble en faire grand cas, et l'on trouve effectivement deux ouvrages de prodigiologie qui sont de lui.
En 1556 Wunderzeichen: Wahrhafftige beschreybung und gründliche verzeichnuss, schröcklicher Wunderzeichen uñd Geschichten, die von dem Jar an MDXVII bis auff jetziges Jar MDLVI geschehen und ergangen sindt nach der Jarzal. Il y cite des prodiges survenus depuis l'an 1517 jusqu'à l'an 1556.
Puis en 1559 Der ander Teil Wunderzeichen: gründlich verzeuchnis schrecklicher Wunderzeichen vnnd Geschichten, so jnnerhalb viertzig Jaren sich begeben haben
Mais les auteurs qui les citent ne semblent même pas les avoir lu.
Aujourd'hui, grace aux encyclopédies en ligne, on sait tout de même que Job Fincel étudia à Erfurt, Iéna et Wittenberg, y devint maître de philosophie en 1549, fut en 1562, professeur de médecine à Weimar, et en 1568 médecin à Zwickau. Il serait mort en 1582.
La légende du joueur de flute de Hamelin
Si Job Fincel, est encore cité de nos jours, c'est qu'il avait produit la première référence imprimée de l'histoire du joueur de flute de Hamelin, en allemand "Rattenfänger von Hameln". Cette histoire est tellement connue qu'au 7 juillet 2023, Google en trouve 207 000 références (pour le titre allemand).
Le chasseur de rats de Hameln entraine, au son de sa flute, tous les rats de la ville dans la Weser, où ils se noient, puis, mécontent de n'avoir pas été payé, revient et, toujours au son de sa flute, entraine 130 enfants dans une caverne.
Ce qui est moins connu, c'est qu'à l'origine le joueur de flute n'est pas un chasseur de rats. La chasse aux rats non payée est apparue plus tard pour justifier l'enlèvement des enfants
Job Fincel, lui, s'en tient au seul récit de l'enlèvement des enfants, qu'il attribue au diable. Voici comment il la raconte.
| Von des Teuffels gewalt vnnd boßheyt wil ich hie ein wahrhafftige Historiam melden. Ungefehrlich für 180 jaren hat sichs begeben zu Hammel inn Sachssen an der Weser / das der Teuffel am tag Marie Magdalene inn menschlicher gestalt sichtiglich auff den gassen umbgangen ist/ hat gepfiffen/ und vil kinder/ knebele und meidle an sich gelockt/ und zum stadthor nauß geführt an ein berg/ Da er dahin kommen/ hat er sich mit den kindern/ der sehr vil gewest/ verlorn/ das niemandt gewüst/ wo die kinder hin kommen sind/ Solchs hat ein Meidle/ das von fern nachgefolgt/ iren Eltern angezeigt/ ist derwegen bald auff wasser und Land an allen örtern fleis sige nachforschung vnd bestellung geschehen/ Ob die kinder villeicht gestolen und hinweg geführt weren worden/ Aber es hat kein mensch erfarn/ wo sie hin kommen sind. Solchs hat die Eltern höchlich betrübt/ vnnd ist ein schröcklich exempel götlichs Zorns uber die sünde. Solches alles ist beschriben in dem Stadbuch zu Hammel/ da es vil hoher Leut selbs gelesen vnd gehört. 1556 - Job Fincel - Wunderzeichen... - An 1533, page 52 |
Je veux rapporter ici une véritable histoire de la puissance et de la malice du diable. Il n'était pas dangereux il y a 180 ans d'aller à Hammel en Saxe sur la Weser, où le diable a, lors de la sainte Marie-Madeleine, circulé sous forme humaine dans les rues, sifflé et attiré de nombreux enfants, garçons et filles, et par la porte de la ville les a conduit à une montagne. Quand il est y arrivé, il s'y est perdu avec les enfants, qui étaient nombreux, personne ne savait où les enfants étaient allés. Une fille, qui a suivi de loin, l'a rapporté à ses parents, de sorte que des recherches et des ordres diligents ont rapidement eu lieu sur l'eau et sur la terre en tous lieux. Peut-être que les enfants ont été volés et emmenés. Mais personne n'a su où ils étaient partis. Cela a beaucoup attristé les parents et est un terrible exemple de la colère divine contre le péché. Tout cela est décrit dans le livre de la ville de Hammel, car de nombreuses personnes de haut rang l'ont lu et entendu eux-mêmes. |
L'auteur place cette histoire comme remarque à propos d'un prodige survenu en 1533 et impliquant le diable. C'est pourquoi il voit dans l'histoire du joueur de flute une autre malice du diable, et la place en 1376.
Pourquoi le flutiste est il le diable? Manifestement, Job Fincel, qui ne cite pas ses sources, ne s'interroge pas non plus sur la réalité du fait. Aujourd'hui, on pense qu'en fait d'enfants, il s'agissait de pauvres, entrainés par un racoleur vers le mirage d'une vie meilleure. Mais pour Fincel, qui fait confiance à sa source, il s'agissait bien d'enfants. Et qui, sinon le diable, aurait pu commettre un tel forfait?
Fincel semble d'ailleurs accorder autant de crédit à une histoire de loup-garou à Pavie. Ne soyons donc pas étonné qu'il soit moins connu que Lycosthénes (qui pourtant le cite). Citant des histoires invraisemblables, sur une période de seulement 40 ans, il l'a bien mérité.