1572 Cyriacus Spangenberg émule Tite Live.

chronica
chronique de 1572
spangenberg
Cyriacus Spangenberg
  Cyriacus Spangenberg, mé le 7 juin 1528 à Nordhausen, était fils du réformateur Johann Spangenberg, et termina ses études à l'Université de Wittenberg en 1550. Il succéda à son père comme prédicateur à l'église St André d'Eisleben, et devint prédicateur au château de Mansfeld.
Théologien très controversé, il dut s'enfuir, et s'installa à Strasbourg, en 1595, où il moutut en 1604.
A l'époque il était de bon ton, surtout en Allemagne depuis la parution de la Chronique de Nuremberg, d'écrire des "chroniques", qui étaient en fait des histoires du monde depuis sa création (selon la bible).
En 1572, Spangenberg publia la Mansfeldische Chronica, la chronique de Mansfeld, en 408 chapitres, et 503 feuillets jusqu'à l'an 1571
Elle est suivie d'un index de 97 pages, qui mentionne 40 entrées pour le mot "Cometa", et pas moins de 99 pour le mot "Wunderzeichen"
Spangenberg a donc fait comme Tite Live: il a mentionné tous les prodiges dont il a eu connaissance, avec cette différence qu'il a ajouté un volumineux index pour aider ceux qui se prendraient pour Julius Obsequens en ne sélectionnant que les prodiges. Nous pouvons jouer à ce petit jeu pour les premières entrées:

Anno 400 Ist der himmel etliche tage lang schrecklich, als ob er gar brennete anzusehen gewesen
An 400. Depuis quelques jours le ciel est terrible à regarder, comme s'il était en feu

Anno 454 Sind grosse geschwinde Erdbidem gewesen/in Landen/ am Wasser und Meer gelegen/auch vecl schrecklich zeichen in der Lufft gesehen worden Gegen Mitternacht ward der himel ganß rott/vie ein Fewer/und sahe man in derselben erschrecklichen Fewerröte weisse liechte streissen/als lange spiess geformiret/wie wir vergleichen bey unsern zeiten auch etlich mal/sonderlich sehr offt nach dem 1563 Jare gesehen Zu dem war ein grosse Finsternis der Monds/und erschein ein un gehewer grosser Comet.
An 454. Il y a eu de grands séismes terrestres rapides, dans des terres situées au bord de l'eau et de la mer, et des signes terribles ont également été vus dans les airs. Vers minuit le ciel devint complètement rouge, comme un feu, et dans le même rouge feu terrifiant on vit de légères larmes blanches, formées comme une longue lance, comme nous comparons plusieurs fois à notre époque, vu particulièrement très souvent après l'année 1563. À ce moment-là, il y a eu une grande éclipse de lune et une comète immensément grande est apparue.

Nous pouvons comparer avec ce qu'en dit Conrad Lycosthenes:

Anno domini 400 Coelum ardere visum est.
An 400. On vit le ciel bruler.

(Anno domini 454) Terraemotus pene assidui, et signa plurima in coelo visa sunt. Vespere ab Aquilone coelum efficitur rubeum ut ignis intermixtis per igneum ruborem clarioribus lineis, in hastarum speciem deformatis. Luna obscuratur. Cometes apparet, et multa alia horrenda.
(An 400) Les tremblements de terre sont presque constants et de nombreux signes sont vus dans le ciel. Dans la soirée, au nord, le ciel devient rouge comme un feu mélangé à la rougeur ardente de lignes plus lumineuses, déformées en l'apparence de lances. La lune s'obscurcit. Une comète apparaît, et bien d'autres choses effrayantes.

Spangenberg dit donc bien la même chose que Lycosthenes, mais il écrivait 15 ans après lui, et on peut se demander s'il ne l'a pas tout simplement copié.
Nous pouvons aussi voir ce qu'il dit de la prétendue comète, dite d'Ambroise Paré:

Anno 1527.
...
Den eilfsten Octobris (oder wie Marcus Fritschius anzeigt) den 11 Augusti / ist ein grawsamer erschrecklicher Cometa / desgleichen man zuvor nicht mehr erfaren / beynahe durch ganz Europam gesehen worden / allemal des Morgens umb vier uhr / und ist uber fünff viertel Stunden nicht gestanden. Er ist sehr gros und lang gewesen / Blutfarbe oder gleich gelbrot / hat einem ort gesehen / gleich wie ein gebogener Arm / der ein grosses Schwerd in der Hand hette / gleichsam zum streich gezucket. An des Schwerds spißen und seitten / haben dren grosse Sterne gestanden / von welchen sich ein breitter Wolckenfarber streiffiger Schwanß weit ausgestrecket / und sind aus des seitten viel Striemen als lange Spiesse gestalt erschienen / darzwischen viel kleiner Schwerde vermischet / alles bleichrotter Farben / und darunter nicht wenig fewriger heller Flammen / darinnen man hin und wider viel grawsamer Angesichte / mit rauchen Heubtern und Bärten gesehen / und dieses alles gieng (als lege es in einem blutigen fliessenden Wasser) durch einander zwißern / und sich durch einander arbeitten / das es uber alle massen grawsam anzuschawen gewesen / daher auch etliche die es gesehen / darob also erschrocken / und sich dermassen darüber entseßt haben / das sie bald darnach krank worden / und gestorben

L'an 1527
...
Le onzième d'octobre (ou comme l'indique Marc Fritsch) le 11 aout, fut vue de presque toute l'europe une terrible épouvantable comète, comme jamais on n'en avait éprouvé, tous les matins à quatre heure , et n'a pas duré une heure un quart. Elle fut vue très grande et longue, couleur de sang ou semblable au rouge jaunatre, avec à un endroit comme un bras courbé, qui tenait une grande épée à la main, comme pour asséner un coup. A la pointe et sur les cotés de l'épée, se trouvaient trois grandes étoiles, à partir desquelles s'étendait une large queue zébrée de teinte nuageuse, et du coté partaient beaucoup de raies semblant de longues piques, entre lesquelles se mélaient beaucoup de petites épées, toutes de couleur rouge pale, et dessous beaucoup de flammes ardentes claires, dedans on voyait ça et là beaucoup de visages horribles avec des barbes et des têtes velus, et tout cela allait ( comme mis dans une eau sanglante qui coule ) tournant les uns autour des autres, et se frayant un chemin à travers les uns les autres, et cela était horrible à regarder pour tous, c'est aussi pourquoi quelques uns qui l'ont vu, de cela ainsi effrayés, s'en sont épouvantés à tel point, que peu après, ils tombèrent malade, et moururent

Spangenberg n'indique pas ses sources, à part Fritsch, mais il en a au moins deux, puisqu'il cite deux dates. Il est possible qu'il ait lu le texte de Creutzer, puisque pour parler de la couleur, il dit "Blutfarbe oder gleich gelbrot", expression qu'on ne trouve que chez Creutzer. Mais il dit que la comète a été vue par presque toute l'Europe, affirmation qui vient de Fritsch
Un détail n'est pas clair: Spangenberg dit que la comète apparut tous les matins à quatre heures, alors que Creutzer ne dit rien de tel. Spangenberg semble commettre la même erreur que Rockenbach, en inventant une vision quotidienne du phénomène, pour sauver son identification en tant que comète. Est il l'inspirateur de Rockenbach?
Il ne ménage pas les témoins, dont quelques uns tombèrent malades et moururent, alors que d'après Creutzer, quelques témoins furent à demi morts de frayeur. Mais il va un peu moins loin que Boaistuau, chez qui ceux qui ne moururent pas tombèrent malade

Spangenberg n'est pas vraiment un prodigiologue. Il est plus comparable à Tite Live qu'à Julius Obsequens. Un Tite Live qui aurait bénéficié de l'imprimerie. Mais comme un prodigiologue, il ne met pas en doute les prodiges qu'il cite, alors que Tite Live, sachant qu'on n'y croyait plus de son temps, s'excusait de les citer, et donnait même des raisons d'en douter.

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Dernière mise à jour: 15/06/2022