VOYONS-NOUS LES MOUVEMENTS AVANT QU'ILS ARRIVENT?

  L'observation suivante n'intéresse l'Astronomie qu'indirectement. Mais les sensations lumineuses ne font-elles pas essentiellement partie du domaine des observations célestes, et leur perception ne donnent elle pas lieu à l'équation personnelle la plus importante?
  On s'imaginerait volontiers, lorsqu'on prend une photographie instantanée d'un objet en mouvement, que l'image fournie par la plaque représente le mouvement un peu après qu'il a été perçu par notre œil, c'est-à-dire au moment d'une phase légèrement plus tardive. Avant que l'obturateur de l'appareil fonctionne, un intervalle de temps appréciable s'écoule pendant que le cerveau transmet son message aux muscles opérateurs de la main, et un autre instant se passe encore pour effectuer l'action du déclanchement photographique. On admet généralement que la vitesse de l'excitation le long de la fibre nerveuse est comprise entre 30 et 60 mètres par seconde.
  On peut admettre que pour un individu très grand, ayant des bras particulièrement longs, la transmission nerveuse du cerveau à la main exige un dixième de seconde, et que le même temps s'écoule donc entre le moment de l'observation d'un mouvement et l'action musculaire des doigts faisant fonctionner l'appareil photographique.
  Par conséquent, théoriquement, le cliché devrait montrer le mouvement d'un corps à un stage plus avancé que celui perçu par l'œil. Or, pratiquement, c'est exactement le contraire qui a lieu. Si étrange que cela paraisse, la photographie donne l'image d'une phase du mouvement antérieure à celle enregistrée sur la rétine humaine au moment où la photographie est prise.
  Par exemple, l'amateur photographiant une automobile lancée à toute vitesse, verra, non sans surprise, sur la plaque développée; que seul l'avant du véhicule a été enregistré, bien qu'il ait eu la certitude de voir passer la voiture, entière devant l'objectif. De même pour des chevaux galopant, le clichê montrera une autre phase du mouvement que celle observée visuellement.
  Dans son ouvrage sur la photographie des objets en mouvement, le Dr Adolphe Abrahams suggère une hypothèse pour expliquer ce curieux phênomène. Il suppose que, par habitude, l'œil s'accoutume de lui-même. à suivre par anticipation le progrès du moùvement.
  Pour mon compte je n'adhère pas à cette hypothèse, car j'ai observé les mêmes effets dans la photographie de mouvements qui ne pouvaient avoir été vus par anticipation. Pour ne citer qu'un exemple, je rappellerai qu'étant avec deux amis et désirant photographier une cheminée d'usine dans sa chute, nous nous portâmes près d'un étang, mais n'ayant pas trouvé le point de vue à ma convenance, je cherchai une autre place, et tandis que je tournais le dos à la cheminée, j'entendis crier: « Elle tombe». Avant d'avoir pu choisir un emplacement favorable pour saisir cette chute, je vis l'immense tuyau tomber tout d'une pièce et l'obturateur était déclanché sans que j'ai eu le temps de m'assurer des conditions nécessaires pour un enregistrement précis. Avant toutefois de produire ce déclanchement, je vis l'énorme masse tomber derrière un hangar long et bas qui la cacha complètement à ma vue, et, par conséquent, j'étais persuadé que ma photographie était tout à fait manquée.
  Un photographe professionnel qui se trouvait là m'affirma que j'avais été en retard, car il avait entendu le declic de mon appareil alors que la cheminée était déjà tombée.


Fig, 9, - Photographie de la chute d'une cheminée,
prise au moment où l'opérateur croyait cette cheminée complètement renversée.

Cependant, au développement de nos plaques, quel ne fut pas l'étonnement général de constater que les photographies des autres montraient la chute de la cheminée tout à fait à son début; tandis que mon cliché montrait la phase principale, du phénomène, au moment où le grand tuyau formait un angle de 30 degrés avec la verticale. Mes compagnons déclarèrent qu'ils avaient fait fonctionner leurs appareils quand la cheminée formait un angle de 45 degrés avec la verticale (1).

MARK POTTER.

    (1) English Mechanic.

(L'Astronomie, janvier 1913, p 30)


Commentaire:
Nul besoin d'imaginer une anticipation, de la perception. Il suffit de se rappeler que les photographes ont du actionner leurs appareils au moment où la cheminée commençait à tomber, mais qu'ensuite ils ont surtout mémorisé le moment le plus spectaculaire, celui où ils voyaient la cheminée à 45°.
Conséquence: ils ont eu un faux souvenir, croyant sincérement avoir déclenché leur appareil lorsque la cheminée était à 45°.

Dernière mise à jour: 11/07/2015

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