La belle histoire du "capitaine" Hooton
Texarkana, Arkansas, 17 avril 1897. On signale depuis des mois un mystérieux vaisseau aérien, et voila que des enfants qui jouaient dehors, l'aperçoivent dans le ciel du soir. Ils se dépéchèrent de prévenir leur père M. J.F. Floyd. Celui-ci décrivit son observation au journal local, le Daily Texarkanian. L'objet ressemblait à une grosse boule de feu se déplaçant à une vitesse effrayante, mais M. Floyd fut incapable de donner davantage de précisions. On allait bientôt en avoir des précisions. Quelques jours après, le capitaine Jim (ou James) Hooton, qui n'était pas militaire, mais conducteur de locomotives à la Iron Mountain Railroad, raconta à l'Arkansas Gazette qu'il avait rencontré le vaisseau aérien dans un bois, en chassant près de Homan, Miller County. (UFOs and Arkansas d'après le Daily Texarkanian et l'Arkansas Gazette) Le récit du "capitaine" Hooton, est tellement vivant et circonstancié qu'on s'y croirait:
On peut s'étonner de la précision du récit du "capitaine" Hooton. On peut s'étonner encore plus de la précision de son dessin, mais vu cette précision, on peut admettre que les proportions sont à peu près respectées. Cette précision a d'ailleurs permis de tenter des reconstitutions de l'engin, en dessins d'artiste, et même en maquette. Admirons cette splendide maquette de Jean Giraud: N'aurait on pas envie d'y croire, de monter dans l'engin? Cependant, en nous aidant à mieux examiner l'engin, cette maquette nous aide à voir ce qui condamne cette histoire: Ces roues sont absurdes, disposées comme elles sont, elles ne peuvent brasser l'air pour assurer la propulsion, elles feraient plutôt penser à des roues de locomotive, et ce curieux dome à trois étages, sur le dessin original, à quoi sert il? Et pourquoi cette référence au chasse-bestiau des locomotives, et pourquoi cette autre au frein Westinghouse? C'est que tous ces éléments se trouvent sur une locomotive, et justement le "capitaine" Hooton était conducteur de locomotive. Voici le modèle de locomotive qu'il conduisait à la Iron Mountain Railroad: Notons l'aspect cylindrique, les grandes roues à rayon, le dome à trois étages, près de la cabine. Le "capitaine" Hooton aurait il vu une locomotive volante? Ne s'étonne-t-il pas de l'absence de cloche sur cette locomotive aérienne? Cet engin pouvait il réellement voler? En l'examinant bien, nous remarquons: - La "quille", qui est en fait l'habitacle, pouvant emporter quatre ou cing personnes, d'après le récit - Le corps central, cylindrique, analogue à celui d'un classique dirigeable, mais proportionnelement plus petit par rapport à l'habitacle. - Les roues, qui, au mieux, agissent comme des roues à aubes, à géométrie variable, au pire sont carénées et ne peuvent servir à rien d'autre qu'à imiter une locomotive. Si ce sont des roues à aube ce n'est surement pas ce qui se fait de mieux pour faire avancer un engin volant, d'autant qu'elles seraient mues par un jet d'air comprimé, qui serait tout aussi bien employé à se détendre vers l'arrière - Les gouvernails, en forme de nageoires, qui rappellent les gouvernails des navires de la haute antiquité. - Le dome à trois étages, qui semble là pour rappeler que le prétendu témoin est conducteur de locomotive. - Enfin les plans supérieurs, sortes d'ailes, qui pourraient concourir à la montée où la descente de l'appareil, pourvu qu'il se déplace. La précision du dessin nous permet d'établir les proportions de l'engin. La longueur totale est 5.8 fois le diamètre du corps central, la longueur de la partie cylindrique de 4 fois son diamètre, le diamètre des roues est 77% de ce diamètre, et la hauteur de l'habitacle en est la moitié. Puisque le ballon qui soutient l'engin est assimilable à un cylindre, logé dans le corps central, et qu'il est probablement, comme les ballons de l'époque, rempli de gaz d'éclairage, dont la densité par rapport à l'air est de 0.319, assurant une poussée d'arhimède de 0.817 kg/m3, nous pouvons calculer la poussée d'Archimède globale, en fonction du diamètre du corps central. Sachant que l'habitacle doit faire au minimum deux mètres de haut, nous pouvons dresser le tableau suivant.
Un ballon de 35 m, correspondrait assez bien à ce qui se fabriquait à l'époque, mais il resterait à peine 200 kg pour le poids total de l'engin. Un ballon de 41 m conviendrait mieux, mais il faut se rappeler que, à section constante des membrures, le poids de l'engin croit comme le carré de ses dimensions. Ici il nous faut compter le poids de la structure, le poids de six roues de 5.4 m en métal courbé, et le poids de la machinerie, alors qu'il ne nous reste qu'environ 500 kg. Bien sûr, le poids des passagers restant constant, celui de la structure variant comme le carré de la dimension, mais la poussée d'Archimède comme le cube, puisque proportionnelle au volume, on pourra toujours trouver que, pour un engin suffisamment gigantesque, la poussée d'Archimède convient. L'engin ayant été observé dans un espace dégagé d'environ 2 hectares (5 ou 6 acres), un engin grand comme un paquebot aurait bien pu s'y poser, mais le capitaine Hooton, dont le récit est précis, l'aurait surement mentionné. Par ailleurs l'habitacle conviendrait à des passagers gigantesques, alors que le capitaine Hooton parle bien d'un homme de taille moyenne. Manifestement, pour des dimensions vraisemblables, le volume de gaz est insuffisant et comme les roues ne semblent pas fonctionnelles, il est clair que l'appareil ne peut ni s'élever, ni avancer, et que dans ces conditions, ailes et gouvernails ne servent à rien non plus. Par ailleurs, nous ne savons rien de la motorisation de l'engin, dont notre conducteur de locomotives ne dit pas un mot. Il dit simplement qu'il y a de l'air comprimé et une pompe à air, mais qu'est ce qui fait fonctionner cette pompe? Peut être est il évident pour lui que c'est une machine à vapeur. Mais, connaissant le rapport poids/puissance d'une machine à vapeur, cela rendrait son histoire encore moins crédible. Cependant, les différents éléments de l'engin, pris un à un, sont crédibles pour un lecteur de l'époque, qui a déja entendu parler d'air comprimé, et d'aéroplane, mais qui n'a encore vu, ni avion, ni hélicoptère, ni dirigeable, tout comme, d'ailleurs, le "capitaine" Hooton. Mais en réalité, l'engin décrit aurait été bien en peine de décoller, et encore plus de disparaitre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Le capitaine" Hooton, nous a donc raconté là une bien belle histoire, qu'il a soigneusement situé dans un endroit désert, pour être sûr de ne pas être contredit. Conclusion: L'histoire du "capitaine" Hooton, est un splendide canular, qui a néanmoins fait rêver beaucoup d'ufologues. |
Dernière mise à jour: 03/04/2017
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