L'observation dite "de Vron"
L'observation d'OVNI, dite de Vron, est classée comme Rencontre rapprochée du 3e type, c'est à dire comme rencontre rapprochée d'un OVNI au sol et de son occupant. En fait, cette observation n'a pas eu lieu à Vron, car c'est seulement la commune ou habitaient les témoins, mais sur la commune de Vironchaux (Somme). Mais si on ne préjuge pas de la nature de l'engin, c'était bien une rencontre à une distance modérée, d'un engin et de son occupant. La nuance est que c'était un engin bien terrestre.
Pour bien nous renseigner, adressons nous aux journaux locaux. Le plus proche est Le Journal de Rue (Attention, ce n'est pas le journal des rues, mais le journal de la ville de Rue).
Et voici que
SOUCOUPES VOLANTES
et CIGARES du même nom
se manifestent
dans notre région
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Vendredi dernier, à 18 h. 45, deux jeunes Vronnais, agés de 18 ans, maçons à l'entreprise Delpierre de Vron, s'en revenaient à vélo de Ligescourt, où ils avaient travaillé toute la journée.
Ces deux jeunes hommes qui ont nom René Condette et Bernard Devoisin, se trouvaient aux environs de La Caplette, à quelques kilomètres de Ligescourt, quand Devoisin, qui roulait devant, vit tout-à-coup au milieu de la route, à 150 mètres de lui, une masse avec sur la gauche quelque chose qui bougeait et qui lui sembla être un animal.
Le jeune homme pensa aux soucoupes volantes et alerta son camarade, lequel vit aussi, alors qu'ils étaient à environ 70 mètres d'elle, la soucoupe s'envoler.
Notre confrère Enderlin, du « Courrier Picard » a interviewé les deux jeunes maçons.
( Le Journal de Rue, du 9 octobre 1954, page 2)
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Nous n'avons pas de raison de lire la suite, puisqu'elle vient du « Courrier Picard ». C'est donc dans ce journal que se trouvent les informations les plus proches du fait initial.
Sur la route de Ligescourt à Vron
DEUX JEUNES GENS DECLARENT
avoir vu une "soucoupe volante"
qui a repris le chemin du ciel à 70 mètres d'eux
Et voici que, pour la seconde fois, une soucoupe volante a fait son apparition dans l'arrondissement d'Abbeville. Deux jeunes gens de Vron ont vu une soucoupe volante sur la route.
Les deux jeunes gens avaient terminé leur travail vendredi. Il était 18 h. 45. Ils roulaient à bicyclette sur la route goudronnée qui mène de Ligescourt à Vron.
Soudain, à quatre kilomètres de Ligescourt, Devoisin, qui roulait devant, vit, sur la route, à 150 mètres de lui, une masse au beau milieu de la chaussée, avec sur la gauche, quelque chose qui bougeait et qu'il prit, sur le coup, pour un animal.
Toujours pédalant, il pensa alors aux « soucoupes volantes » et alerta son camarade: « Regarde », dit-il, et s'effaçant pour laisser libre le champ visuel de Condette.
Et Condette vit lui aussi, la soucoupe qui s'envolait. Tous deux étaient alors à 70 mètres environ du surprenant engin!
Les deux jeunes gens qui déclarent avoir vu une soucoupe volante entre Ligescourt et Vron |
« J'en ai rêvé toute la nuit! »
Voilà ce que nous ont appris tout d'abord les deux jeunes gens. Tous deux sont catégoriques. Ils n'ont pas l'air de plaisantins, ni de spécialistes de coups fourrés. D'autres nous l'ont dit. Nous l'avons constaté. Et les deux jeunes gens qui avaient été appelés sur le chantier, sont venus vers nous la casquette à la main, pour nous conter, à peine remis de leur émotion de la veille: « Oui m'sieur, c'est vrai, nous avons vu une soucoupe... »
Dans notre métier, nous voyons beaucoup d'hommes. Nous sommes appelés à les entendre, à les comprendre, les juger. Je vous jure que je crois que ces deux jeunes ne mentaient pas, ou alors, s'il n'y a pas de soucoupe, il y a un phénomène surnaturel dont ils ne sont pas les seules victimes.
Devoisin, qui pédalait en tête, a vu un homme.
- Comment était-il, cet homme?
- Je l'ai d'abord pris, de loin, pour un gosse, puis pour un animal... Vous comprenez, en roulant, sans s'y attendre... On ne réalise pas tout de suite...
- Il était grand, petit, vêtu comment?
- A cent mètres, je me suis aperçu que c'était un être humain. On aurait dit un scaphandrier et je pense, sans pouvoir l'affirmer, car tout s'est passé très vite, qu'il devait être masqué.
- Un gars du coin qui ne voudrait pas se faire connaître... Mais soyons sérieux... Et de quelle couleur étaient ses habits?
- Je ne sais pas... sur le coup, ça m'a fait drôle... Je ne l'ai d'ailleurs pas vu longtemps, car il a contourné son appareil qui est parti aussitôt...
- Vous n'avez pas vu si la porte était ouverte?
- Non, car à notre arrivée, il est parti derrière sa « soucoupe »... Tout cela a duré le temps de faire à peine cent mètres en vélo...
- Et la soucoupe, comment était-elle?
- De la forme d'une ruche, avec un toit en pointe...
- Grande?
Tous deux déclarent qu'elle pouvait avoir deux mètres de haut et qu'elle occupait à peu près la largeur de la route. Trois mètres environ.
- De quelle couleur était-elle, cette soucoupe?
- Orange!
Tous deux l'affirment...
Devoisin et Condette s'accordent alors à dire que la « soucoupe » avait la forme d'une ruche, ou d'une meule.
- Mais comment est-elle partie, cette « ruche-soucoupe-meule »?
- Elle a filé sans bruit... Elle a d'abord tourné comme une toupie... Puis elle a filé tout droit... A une vitesse de 40 à 45 kilomètres à l'heure...
- Vers quelle direction?
- Elle a gagné une pièce de betteraves, qui sont hautes à cette époque, pour se diriger vers le bois du « Vert Logis » entre Vron et Vironchaux...
- Elle a été vite, déclare Condette. Elle est partie dans les bas-fonds et Devoisin est aussitôt monté sur un pylône soutenant des fils électriques pour la voir mieux.
- Oui, nous dit Devoisin, elle a rasé les betteraves à l'horizontale, comme si elle allait faucher les verts, puis elle a disparu dans le bois... Mais sans un bruit... C'est formidable...
- Vous n'avez pas eu peur? Vous n'êtes pas tombé du pylône?
- Non, mais je n'avais jamais vu ça...
- Vous avez tout de même bien dormi toute la nuit?
Condette dit « oui ». Mais Devoisin déclare qu'il en a rêvé. Et son grand-père, chez qui il couche, a retrouvé, le lendemain, son lit retourné, les draps sans-dessus dessous.
Des jeunes gens sérieux
Nous laissons les jeunes gens à leur travail. Pas une seul seconde, ils n'ont donné l'impression de sourire et, pour tout dire, de se moquer du monde.
Nous sommes allés à Vron. En empruntant le même chemin que les deux manoeuvres avaient effectué la veille. Inutile de vous dire que nous n'avons trouvé aucune trace de la soucoupe.
Dans le pays des deux « témoins de la soucoupe », le sympathique instituteur, que nous sommes allés saluer pour le complément de notre enquête, a déclaré « qu'il ne pouvait s'agir de bluffeurs que les deux jeunes gens qu'il avait eu en classe étaient incapables de se livrer à de semblables fantaisies... »
Un garagiste nous a dit: « Je les ai vu revenir... Ils étaient pâles comme des linges... »
Curieux, avons-nous répliqué, ils nous ont dit ne pas avoir eu peur...
- Qu'ils disent! Aujourd'hui! Après coup... Mais Devoisin avait l'air de je ne sais quoi... On aurait dit qu'il allait avoir des convulsions...
A cette enquête, nous ne voudrions déformer quoi que ce soit. Et nous avons aussi rencontré les parents qui demeurent dans la côte menant vers Abbeville.
- Comment étaient-ils, vos enfants, lorsqu'ils sont rentrés?
Ici, on nous dit que l'un était « tout retourné », là, que l'autre s'était assis sans plus rien dire...
Qu'ils étaient pâles tous deux et que leur récit, peut-être invraisemblable pour certains, avait une concrète teneur de réel pour ceux qui les connaissent et qui les ont vus ou entendus après leur retour à Vron où ils sont rentrés à toutes pédales...
Quoi qu'il en soit, le ciel de l'arrondissement d'Abbeville - nous l'avons dit hier à M. le sous-préfet - semble jouir d'un curieux et phénoménal privilège...
Albert ENDERLIN
(Le Courrier Picard, 4 octobre 1954, page 3)
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Remarquons tout de suite que le titre est trompeur, et l'interprétation du journaliste aussi. Si le témoin qui était en tête a pensé à une soucoupe, aucun des deux n'a vu la soucoupe s'envoler. Au contraire, ils précisent que la soucoupe rasait les betteraves, puis est partie dans les bas-fonds au point que Devoisin a du monter sur un pylone pour continuer à la voir. C'est malheureusement sur ce titre que se baseront journalistes et ufologues pour écrire, avec un bel ensemble, que la soucoupe décolla sans bruit.
Radar montre les témoins "in situ".
Les journalistes de Radar, sont allé sur les lieux avec les témoins. Hélas, au lieu de photographier le paysage dans la même perspective que lors de l'observation, ils ont photographié les témoins dans l'une des deux attitudes réglementaires. Ici c'est: "il était grand comme ça" (l'autre attitude réglementaire, avec le bras levé est "il était là bas").
La photo permet tout de même de voir qu'il y avait, comme aujourd'hui, une bande discontinue à peine visible au milieu de la route.
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Prestement, Devoisin monte sur un pylône. A ses pieds son ami : « Trop tard, il a disparu » |
Leur travail terminé, Bernard Devoisin et René Condette, 18 ans, rentrent à Vron à bicyclette. Soudain, sur la route de Lignescourt à Vron (près d'Abbeville) Bernard s'esclaffe : - Regarde, René, là-bas, à 70 m... C'est pas un animal. Tiens, en plein milieu du chemin, une soucoupe! Et le pilote... Il a dû nous voir malgré son scaphandre et son masque. - Tu crois? - Sûrement, il contourne son engin en forme de ruche, de couleur orange, et hop! sans un bruit, l'appareil file... Où est-il? Là, au-dessus des betteraves: il se dirige vers le « Bois du Vert-Logis ». Pas tellement vite. Il fait du 45 à l'heure. Oui, mais quelle masse! Au moins 2 m. de haut et 3 de large... On dirait qu'il va faucher les arbres. Va-t-il se poser plus loin? ».
(Radar, 17 octobre 1954, page 5) |
( On est prié de ne pas croire un mot de ce dialogue "Radaresque" )
Le pylone |
Les autres journaux locaux, comme Abbeville libre, ou Le Journal de Doullens, les journaux régionaux, comme La Voix du Nord, Nord Méatin, Libre Artois, Le Journal du Pas de Calais et de la Somme ne nous en apprennent pas plus que Le Courrier Picard, et les journaux locaux d'autres villes comme Nord Littoral, de Calais, ou Le Nouveau Nord Maritime, de Dunkerque, encore moins.
Arrivé là, nous avons déja beaucoup de détails, mais nous ne connaissons pas la localisation exacte. A Vron, dit Le Journal de Doullens, près de "La Capelette", dit le journal de Rue, à 4 km de Ligescourt dit La Voix du Nord, entre Crécy et Ligescourt, dit Le Nouveau Nord Maritime.
En fait, toutes ces localisations sont fausses, mais un détail va nous permettre de trouver l'endroit exact: Bernard Devoisin est monté sur un pylone. Or, sur toute la route de Ligescourt à La Capelette, il n'y a qu'un seul pylone en ciment alvéolé, où on puisse facilement monter: c'est au "Grand Mezoutre", au carrefour avec la route de Vironchaux. Voila qui nous donne la localisation exacte.
Nous pouvons alors, grâce à Google-street, refaire le chemin de nos deux cylistes au voisinage de leur lieu d'observation.
un peu avant le Grand Mezoutre le lieu n'est pas visible | 100 m avant le carrefour le lieu de stationnement est visible |
Effectivement, 100 mètres avant le carrefour, Devoisin a pu découvrir l'objet à l'extrémité visible de la route. Le temps de faire ces 100 mètres, l'objet partit sur la gauche, et Devoisin dut monter sur le pylône pour continuer à l'observer. Mais ces 100 mêtres, qui, eux, ont été parcourus semblent bien être la seule mesure exacte.
photo IGN 22/04/1955 |
En particulier, nos témoins parlent d'une largeur de 3 mètres pour la route, alors que les photos aériennes d'avril 1955 montrent une route d'environ 6 mètres de large.
D'autre part, il est bien connu que les témoins sous-estiment les distances. Une séquence diffusée à la télévision il y a une cinquantaine d'année proposait à diverses personnes d'évaluer la distance d'un repère placé sur une route. 30 mètres disait l'un, 50 mètres disait un autre, 80 mètres avançait un troisième. Et la réponse tombait: il y avait 150 mètres. Ici, le soir tombait, ce qui n'aidait sûrement pas à évaluer les distances, et la distance alléguée de 70 m est probablement très sous-estimée.
De fait, l'objet a probablement été vu à l'extrémité visible de la route, c'est à dire au niveau du changement de pente, changement qui a lieu à peu près au niveau du panneau indiquant le carrefour. Or ce panneau est à 150m du carrefour d'où les témoins ont observé.
Pire, cette distance est un minimum, car l'objet aurait pu se trouver plus loin, la base en étant alors cachée.
Pour mieux rendre compte de la difficulté d'observation de ce cas, nous avons reconstitué la scène avec l'aide de Google, Géoportail, Stellarium, et des logiciels de visualisation et de retouche.
Nous partons d'une photo de Google-street, prise du point d'observation. Mais cette photo est prise à 2.75 m du sol, et non pas à hauteur des yeux d'un cycliste, et ceci alors qu'à l'endroit ou se trouvait l'engin, il y a un petit changement de pente qui en cache moins pour la caméra de Google qu'il n'en cachait pour les deux cyclistes.
Grâce à Stellarium, nous pouvons reconstituer l'ambiance lumineuse pour un soleil situé à 3° sous l'horizon, ce qui est l'ambiance "entre chien et loup" où la visibilité n'est pas des meilleures. mais faute de pouvoir reconstituer les conditions météorologiques, nous devons supposer le ciel bien dégagé.
Nous tentons alors une reconstitution. D'abord nous éliminons les détails qui ne devaient pas se trouver là en 1954. Puis nous remplaçons la bande blanche par une bande jaune. Ensuite nous détourons l'avant plan jusqu'au sommet de cote, pour le faire remonter de plus d'un mètre, pour tenir compte de la différence de hauteur entre la caméra Google et les jeux des témoins. Nous détourons l'ensemble du paysage pour supprimer le ciel. Nous assombrissons ce paysage pour reconstituer l'ambiance lumineuse, et enfin, nous surimpressionnons ce paysage sur le fond du ciel reconstitué par Stellarium. Voila ce que ça donne:
L'extrémité visible de la route est à 150 m, mais comme nous l'avons dit, l'objet était peut-être plus loin. Et de fait, nous avons des raisons de penser qu'il était nettement plus loin.
Revoyons la description:
Devoisin, voit, sur la route, une masse au beau milieu de la chaussée, avec sur la gauche, quelque chose qui bougeait et qu'il prend, sur le coup, pour un animal.
Il pense alors aux « soucoupes volantes » et alerte Condette.
L'objet ressemble à une meule, orange, avec à sa gauche une silhouette qui parait à Devoisin être un scaphandrier.
A l'approche des deux cyclistes, la silhouette disparait derière l'engin qui se met à tourner comme une toupie et part tout droit à ras des betteraves, vers le bois du "Vert-logis".
L'engin part dans les bas-fonds et Devoisin monte sur un pylone pour mieux le voir, mais l'engin disparait à leur vue.
Certains détails sont bizarre, voire absurdes:
- Pourquoi Devoisin a-t-il pensé à une soucoupe volante en voyant un objet massif sur la route?
- Ayant découvert l'objet à au moins 250 mètres, il prend d'abord pour un animal ce qu'il voit bouger à coté de l'objet, mais quelques dizaines de mêtres plus loin, il croit voir un scaphandrier. Comment aurait-il pu distinguer les détails d'un scaphandre à cette distance et dans cette ambiance lumineuse?
- Comment nos temoins auraient ils pu voir l'objet tourner s'il ne portait aucun repère qui puisse montrer cette rotation? La comparaison avec une toupie, dont l'axe oscille, nous permet de comprendre qu'en réalité, les témoins ont seulement vu le sommet de l'objet osciller.
- Comment les témoins ont ils pu continuer à penser à une soucoupe volante, puisqu'au lieu de s'envoler, elle a descendu une pente à ras du sol jusqu'à disparaitre?
Cette disparition dans "les bas-fonds" nous aident à comprendre. A environ 300 mètres du carrefour, il y a un virage, et un peu plus loin une déclivité qui mène à la dépression des bas-fonds, une quinzaine de mètres plus bas. Si donc l'engin était sur la bas coté, un peu plus loin que ce virage, il paraissait alors dans l'axe de la route, et pouvait sembler posé dessus, vu du carrefour.
Ensuite, si l'engin était parti vers les bas-fonds, il aurait un peu oscillé au moment de s'engager sur la pente, puis aurait progressivement disparu à la vue des témoins caché par le mouvement de terrain. La disparition dans le bois est tout à fait illusoire: Devoisin aurait du réfléchir que le bois étant à 1400 m, la distance de l'objet, qu'il estimait à 70 m, aurait augmenté d'un facteur 20, et ses dimensions apparentes diminué d'autant. En fait il a simplement vu l'objet disparaitre au niveau du bois.
Cette grande diistance de l'objet explique l'apparente petite taille de la silhouette. Plus besoin d'un petit être en scaphandre.
Enfin l'orange était une couleur courante pour les engins agricoles de cette époque.
Nous résumons cette hypothèse sur cette carte:
Et voila! Cet engin qui refusait de s'envoler, en s'obstinant à raser le sol, n'était évidemment pas une soucoupe volante, mais très probablement un engin agricole bien terrestre.
Le plus fort, c'est que son conducteur a du entendre parler de l'observation de Ligescourt, et que, à 100 lieues de se douter que le martien, c'était lui, il a du dire: Ah ben moi, j'y étais à ct'heure là, et j'ai rin vu du tout!
Donc finalement, Devoisin et Condette n'ont effectivement pas menti: Ils on bien vu en engin en forme de meule qui a disparu après s'être déplacé en rasant le sol. Mais le mot "soucoupe volante" a suffi pour que les imaginations s'enflamment.
Les ufologues fabriquent la légende.
Une "soucoupe volante" qui a repris le chemin du ciel, avait titré Le Courrier Picard. C'était archifaux, mais ça suffisait pour que les ufologues entrent en scène, et racontent une merveilleuse histoire.
Jimmy Guieu insiste sur la sincérité des témoins:
Le 1er Octobre, à 18 h. 45, à 4 kilomètres de Lugescourt (Somme), deux jeunes gens roulaient à bicyclette lorsque tout à coup ils virent, à 150 mètres devant eux, posée sur la route goudronnée, une masse orangée en forme de ruche, conique à son sommet, haute d’environ deux mètres et qui tenait à peu près toute la largeur de la route, soit environ trois mètres. Le cycliste qui pédalait en tête aperçut, sur la gauche, « quelque chose qui bougeait », qu’il prit d’abord pour un animal. Soudain, les deux jeunes gens réalisèrent qu’il s’agissait d’un être de petite taille vêtu d’un scaphandre. A leur approche, l’Ouranien nain contourna vivement l’engin et celui-ci, presque aussitôt, décolla sans bruit alors que les cyclistes n’étaient plus qu’à 70 mètres de là.
Note: Jimmy Guieu considèrent systématiquement que les OVNIs sont des astronefs, et les petits êtres qu'on voit à coté d'eux, des "Ouraniens".
L’enquête permit d’établir que ces jeunes gens étaient honorablement connus dans la région et ne pouvaient avoir « inventé » cet incident. Leur émoi, d’ailleurs, constatèrent les gendarmes et ceux qui les virent peu après, ne pouvait être simulé.
Note: A cette époque on ne connaissait guère comme explication des soucoupes, que la mystification, l'hallucination et l'hélicoptère.
( Jimmy Guieu, Black Out sur les Soucoupes Volantes, Fleuve Noir 1956, page 159)
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Aimé Michel change la date pour intégrer l'histoire dans une merveilleuse féérie dominicale:
Le soir de ce dimanche 3 octobre, deux jeunes gens de Vron (Somme) roulaient à bicyclette sur la route départementale 27. Vron est un petit village à 8 kilomètres de Rue, à 8 kilomètres également de Quend, où se déroulera deux heures et demie plus tard la deuxième poursuite.
Note: Cette deuxième poursuite, c'est celle dont se crut victime M. Galland dont la voiture fut accompagnée sur 8 km par... la lune .
Vers 18 h 45, alors qu’ils se trouvaient à 4 kilomètres de Ligescourt, ils aperçurent soudain à 150 mètres, au milieu de la chaussée, une sorte d’engin lumineux émettant une lumière orange.
Note: Les témoins on tous les deux dit que l'objet était orange, pas qu'il était lumineux.
Laissons la parole à ces deux jeunes paysans, Bernard Devoisin et René Coudette, tous deux âgés alors de dix-huit ans.
Note: les témoins étaient maçons, et non paysans.
« Il était circulaire, large de 3 mètres, haut peut-être de 2, et évoquait la forme d’une meule. Près de lui, quelque chose bougeait que nous primes d’abord pour un animal. Mais, en nous approchant, nous vîmes bientôt que c’était un être de la taille d’un enfant et habillé en scaphandrier. Il monta dans l’appareil, qui s’envola rapidement, sans bruit, alors que nous n’en étions plus qu’à 70 mètres. »
C’est tout. En tant que démonstration, la valeur de ce témoignage est exactement nulle. Rien ne vient le confirmer, aucune trace, aucun recoupement. Il n’y a aucun moyen de savoir si Bernard Devoisin et René Coudette ont tout inventé de A à Z ou si leur histoire est vraie : elle fait partie de ces récits qui, loin d’être une preuve, ont eux-mêmes besoin qu’on les prouve.
Note: La peur des témoins, notée par leur proches, n'étaient évidemment pas une invention.
Mais si la preuve n’existe pas, inversement, rien ne prouve que le récit des deux paysans soit une pure invention. Ne pas le rapporter équivaudrait donc à conclure sans preuve à sa fausseté alors que, s’il est vrai, il constitue l’observation la plus importante de la soirée. Aussi convient-il de l’étudier sous condition, en suspendant son jugement.
Note: Ne pas le rapporter, c'est simplement constater qu'il n'est pas sûr, pas qu'il est faux.
Cette réserve faite, ceux qui croient à la réalité du témoignage ne manquent pas d’arguments. Tout d’abord, font-ils observer, l’objet décrit par les deux garçons ressemble tout à fait à celui que plusieurs centaines de témoins diront avoir aperçu pendant les trois ou quatre heures suivantes. Il lui est même identique, dans la mesure où les détails donnés par les uns et les autres sont peu nombreux.
Note: les témoins de Ligescourt ont décrit une meule, pendant que les autres voyaient une sorte de croissant qui changeait de forme,voire se scindait en deux.
La seule discordance est la dimension prêtée par les trois automobilistes d’Amiens 6 à 8 mètres, c’est-à-dire beaucoup plus que les autres. Mais on sait combien il est difficile d’évaluer et la distance et les dimensions réelles d’un objet quand il n’est pas posé au sol.
D’autre part, la terreur avouée par ces trois témoins est un sentiment qui, c’est bien connu, incite à l’exagératîon, fût-elle sincère. En revanche, la luminosité orange est bien signalée partout, de même que la forme circulaire, le dessous plat et le dessus en forme de cône évasé. Cette concordance est d’autant plus remarquable, soulignent ceux qui croient les deux jeunes garçons, qu’elle concerne des événements dont la concordance ne s’est révélée que de nombreux mois plus tard, et n’est pas encore connue des divers témoins. Ils ne la découvriront que s’ils lisent mon livre.
Note: Les témoins n'ont jamais vu que la silhouette de l'objet, et la circularité n'est qu'une hypothèse. Quant à la concordance elle est celle qu'on peut trouver entre l'observation d'un engin agricole, et celle de la lune.
Enfin, comme ceux qui croient à la sincérité de ce récit sont obligés de croire aux Soucoupes Volantes, ils trouvent un dernier argument dans le mystérieux retour de l’objet sur la même région, deux heures et demie plus tard.
Note: Ceux qui croient à la sincérité de ce récit, sont seulement tenus de croire à la présence d'un engin orange sur la route, pas de croire aux soucoupes volantes. Quant au retour de l'objet, c'est oublier que l'autre série d'observations eut lieu deux jours plus tard.
Mais il n’est pas sûr que cette manière de penser n’implique pas un cercle vicieux.
Ce que l’on doit en tout cas reconnaître, c’est que les deux garçons ont paru sincères à ceux qui les ont interrogés, et que le « petit être » qu’ils disent avoir vu ressemble beaucoup à celui qui fut maintes fois décrit par d’autres personnes pendant cet automne 1954.
Note: Le petit être n'étant qu'une minuscule silhouette, peut être comparé à beaucoup d'autres minuscules silhouettes..
Une explication naturelle ? Aucune explication ne fut jamais proposée à l’ensemble des observations que je viens de rapporter, et pour cause : il n’y eut jamais que des enquêtes locales, sans liaison entre elles. La plus complète de ces enquêtes fut faite à Marcoing par la brigade de gendarmerie qui avait assisté au phénomène. Aucune explication ne fut trouvée.
Note: Une explication globale (et juste) des observations du 3 octobre, fut proposée dans La Croix du Nord du 6 octobre, par un ingénieur: c'était la lune.
(Aimé Michel, Mystérieux Objets Célestes, Arthaud 1958, p 198)
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Michel Carrouges fait confiance à Aimé Michel.
Le 3 octobre 1954, deux jeunes cyclistes, Devoisin et Condette, âgés de 18 à 19 ans, roulent vers 18 h 45, près de Ligescourt, dans la Somme. Devant eux, à 150 m sur la route, ils voient une soucoupe en forme de meule, lumineuse et orangée. Un instant, ils aperçoivent un petit scaphandrier qui se hâte de rentrer dans l’engin et celui-ci s’envole aussitôt sans bruit quand les cyclistes ne sont plus qu’à 70 m..
Note: En puisant dans Aimé Michel, Carrouges recopie ses erreurs.
(Michel Carrouges, Les apparitions de martiens, Artheme Fayard 1963, page 119)
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Jacques Vallée mélange tout.
183) 3 octobre 1954, 18: 45. Vron (France):
René Coudette et B. Devoisin roulaient à bicyclette accompagnés d’un troisième témoin, sur la route D. 27 entre Rue et Quend, lorsqu’ils aperçurent devant eux un objet orange ayant la forme d’un nid d’abeilles. Un « être » étrange, vêtu d‘un scaphandre, se tenait à côté de l’engin. Quand ils arrivèrent à 70 mètres de lui, l’objet s‘éloigna très rapidement
(P. 32, M. 118).
32: Le Figaro, 4 oct. 1954; France-Soir, Libération, La Croix, 5 oct. 1954.
Note: Il n'y a pas grand chose de vrai dans cette salade: c'était le Vendredi 1 octobre, autrement Le Figaro du lendemain matin n'aurait jamais pu en parler. Ce n'était pas à Vron, mais près de Ligescourt, encore moins entre Rue et Quend. C'était Condette, et non Coudette. Il n'y avait pas de troisième témoin et l'objet avait la forme d'une ruche et non d'un nid d'abeilles. Jacques Vallée semble avoir mélangé plusieurs affaires entre elles, en particulier signalées par Aimé Michel.
(Jacques Vallée , Un siècle d'atterrissage UFO, in Chronique des apparitions extraterrestres, Denoel 1972, page 289)
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Charles Garreau cite les renseignements de la gendarmerie.
un autre atterrissage a eu lieu à Vron (Somme), le 1er octobre à 18 h 45. Références: rapport de la gendarmerie d’Abbeville, dossiers personnels.
Deux jeunes ouvriers, Bernard Devoisin et René Condette, regagnent Vron à vélo, venant de Ligescourt, par le CD. 27. A une centaine de mètres du lieu-dit « Mezoutre », ils aperçoivent un engin en forme de « meule de céréales », qui tient toute la largeur de la route : 3 mètres de haut, 3 mètres de large à sa base. Bernard Devoisin aperçoit sur la gauche de l’appareil un humanoïde, dont la taille ne dépasse guère 1 mètre. Il est vêtu d’un scaphandre. Il disparaît derrière l’engin. Celui-ci s’élève alors « en douceur » à 1 mètre du sol, sans bruit. Puis il s’éloigne en rase-mottes à une vitesse d’environ 50 kilomètres à l’heure.
Note: A part que Garreau fait trop confiance aux estimations subjectives de Bernard Devoisin, les renseignements sont justes.
(Charles Garreau, Raymond Lavier, Face aux extraterrestres, Jean Pierre Delarge 1975, p 32)
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Michel Figuet utilise 15 sources
01 10 1954 18 h 45 Entre Crecy et Ligescourt 80150
A2 CD27. Lieu-dit « Grand Mezoutre » ou « La Caplette »
Note: le « Grand Mezoutre » est la localisation exacte, mais ce n'est pas du tout entre Crecy et Ligescourt.
TÉMOINS. M. Bernard Devoisin, 18 ans; M. René Coudette, 19 ans.
OBSERVATIONS.
a) Objet au sol en forme de « ruche » ou de « meule de céréales
b) Un être de petite taille vêtu d’un scaphandre.
DÉROULEMENT. Les deux jeunes gens, venant de Ligescourt, roulent à bicyclette lorsqu’ils voient à 150 mètres d’eux, posée sur la route goudronnée, une masse orangée en forme de « ruche »
d‘environ deux mètres de haut et qui tient la largeur de la route: environ trois mètres. Le cycliste qui roule en tête aperçoit quelque chose qui bouge et qu‘il prend pour un animal. Soudain, les deux témoins réalisent qu’il s’agit d’un être de petite taille vêtu d’un scaphandre. Il contourne rapidement l’appareil qui décolle presque aussitôt sans bruit, en rase-mottes, à vitesse réduite. à environ 70 mètres des témoins.
Enquête de la gendarmerie d’Abbeville.
SOURCES. Catalogue Vallée, cas n° 103. - Jimmy Guieu : Black out sur les S. V., p. 181. - C. Garreau et R. Lavier : Face aux E.T., p. 32.- Michel Carrouges : Les apparitions de Martiens, p. 119. Quincy. - Aimé Michel : A propos des S. V., p. 148. - Journal du Centre du 5/10/1954. - Le Courrier Picard du 4/10/1954, p. 3.
Abbeville libre du 8/10/1954. - Nord Littoral du 5/10/1954. - Le Journal de Doullens du 9/10/1954. - Le Journal de Rue du 9/10/1954. - La Voix du Nord du 5/10/1954. - Nord-Matin du 5/10/1954. - Libre Artois du 6/10/1954. - Le Nouveau Nord Maritime du 5/ 10/1954.
Tous ces journaux ne mentionnent pas la date, mais Abbeville libre, le Journal de Rue, le Courrier Picard et la Voix du Nord la précisent.
Note: la seule source primaire est ici Le Courrier Picard, avec comme complément Face aux E.T. qui cite indirectement le rapport de la gendarmerie d'Abbeville. Les autres sources ne font qu'embrouiller les données.
(Michel Figuet,OVNI: Le premier dossier complet des rencontres rapprochées en France., Alain Lefeuvre 1979, p 103)
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Barthel et Brucker diminuent la pertinence de l'observation
Il nous est arrivé, comme à Ligescourt, de recontacter les deux témoins. Le premier avoue n'avoir pas vu les êtres, pourtant il était à côté de son camarade qui admet les avoir aperçus, petits, sombres... mais à une distance de 200 mètres et de nuit.
Note: Il n'y avait qu'un seul petit être, ce n'était pas encore la nuit, et il ne semble pas que Bernard Devoisin ait répondu.
(Gérard Barthel et Jacques Brucker, La grande peur martienne, Nouvelles éditions rationalistes, Paris 1979, page 100)
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Jean Sider invente la circularité de l'engin.
28 - 1er octobre, 18h45, Crécy/Ligescourt, Somme
MM. Bernard Devoisin et René Coudette.
Les témoins roulent à bicyclette sur la D27. À 4 km de Ligescourt, ils voient un engin lumineux orange de 3m de large et de 2m de haut environ. Il est circulaire, en forme de meule, et posé au milieu de la route.
Note: Figuet ne dit pas que l'objet était circulaire, et la luminosité de l'objet a été inventée par Aimé Michel.
En se rapprochant, les témoins remarquent à proximité de l'objet, un être pareil à un enfant vêtu comme un scaphandrier. Le personnage remonte dans l'appareil qui décolle rapidement et sans faire le moindre bruit, alors que les témoins ne sont plus qu'à 70m du phénomène.
Source: Figuet, p.103.
Note: Figuet, lui, mentionne 15 sources.
(Jean Sider, Le dossier 1954 et l'imposture rationaliste, Ramuel, 1997, page 176)
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Les autres auteurs ne font que recopier l'une des sources précédentes. On peut en juger sur la page de Patrick Gross
L'observation entre dans l'histoire locale.
↑ lire le dossier ↑ |
Nous ne savons pas ce qu'il est advenu de René Condette, mais Bernard Devoisin, qui s'était installé à Abbeville en 1976, y est décédé le 23 avril 2018, à l'âge de 82 ans. L'histoire de son observation était restée gravée dans sa mémoire, et toute sa vie, il l'a racontée sans rien y changer, contrairement à d'autres témoins qui ont enrichi progressivement leur récit.
Le 7 juillet 2021, Le Courrier Picard a consacré un article à son histoire et à sa veuve, qui a pieusement gardé les articles et les lettres consacrées à l'aventure de feu son mari. C'est d'ailleurs grace à cet article que nous savons que Bernard Devoisin n'avait pas cherché à discuter de son observation avec des ufologues, et, sachant ce qui était arrivé à Marius Dewilde, nous ne pouvons que lui donner raison.
Conclusion
Voila encore une histoire exemplaire. A partir d'un engin terrestre qui s'est mis en mouvement pour disparaitre dans une dépression, un journal, qui pourtant a fait une enquète sérieuse, parle dans son titre "d'une soucoupe volante qui a repris le chemin du ciel". Il faut reconnître que, si Bernard Devoisin et René Condette ont bien parlé d'une soucoupe volante, ils n'ont jamais dit qu'elle s'était envolée. L'un a dit qu'elle avait disparu dans le bois, l'autre qu'elle était partie dans les bas-fonds. Peut être ce titre mensonger est-il du rédacteur en chef. En attendant, les autres journaux vont résumer l'histoire en faisant s'envoler la "soucoupe", et les ufologues ne feront qu'enrichir cette version.
Remarquons aussi que si Bernard Devoisin a tout de suite pensé à une soucoupe volante, il ne voyait jamais qu'un objet de la taille et de la forme d'une meule. Pire: quelques secondes après, il interprétait la silhouette qu'il voyait comme un petit être en scaphandre, alors qu'à cette distance et avec cet éclairement, il ne pouvait voir tout au plus qu'une minuscule silhouette sombre, d'autant que René Condette a bien vu l'objet, mais pas d'être en scaphandre.
Si la bonne fois de Bernard Devoisin ne saurait être mise en doute, cette fantasmagorie ne sort manifestement que de son imagination, du fait de la rumeur des soucoupes volantes qui étaient allé crescendo depuis l'observation d'Harponville, le 7 septembre 1954.
Maintenant, écoutons Julien Gonzalez: "Ce cas de RR3 est sans doute l'un des plus solides de la vague de 1954". Il faut bien reconnaitre que nous n'abons pas de raison de douter que Bernard Devoisin a bien vu un engin mystérieux - pour lui - et que beaucoup de cas de RR3 sont moins crédibles, mais nous ne devons pas en déduire que ce cas conforte l'idée qu'une réelle soucoupe volante ait atterri au Grand Mezoutre. Il faudrait - à tout le moins - que les témoins l'aient vu décoller et s'envoler dans le ciel, au lieu de raser le sol et s'enfoncer dans les bas-fonds.
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