1189 Croix céleste à Dunstable (Angleterre)
L'année 1189 est celle de la troisième croisade. Il n'est donc pas étonnant qu'on ait pu voir une croix céleste, ou du moins, qu'on ait interprété un phénomène céleste comme une croix.
Vers 1192 Roger of Howden décrit le Christ sur une immense croix.
Roger of Howden fut un chroniqueur britannique bien informé, car proche du roi Henri II. Il participa à la troisième croisade, et à son retour il commenca à écrire une Chronica, histoire générale de l'Angleterre de 732 à son temps.Sa Gesta Regis Henrici Secundi a longtemps été attribué à Benedict of Peterborough, qui a fait copier le manuscrit pour sa bibliothèque.
en marge:A.D. 1188
August 9. Wonderful appearances in the sky seen at Dunstable.
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Interim quoddam mirabile contigit in Anglia: in vigilia namque beati Laurentii martyris, feria tertia, circa horam diei nonam, apud villam de Dunstaple, aperti sunt coeli super eam, et multis tam clericis quam laicis videntibus apparuit crux quiedam longa nimis et mire magnitudinis. Et apparuit in ea Dominus noster Jesus Christus clavis confixus; et manus ejus extentae erant in patibulo; et plagae manuum et pedum et lateris Ejus erant sanguinolente, et sanguis defluebat, sed non in terram. Erat autem haec apparitio continua ab hora diei nona usque in crepusculum. |
Pendant ce temps, quelque chose de merveilleux s’est produit en Angleterre : car lors de la veillée du bienheureux Laurent martyr, le troisième jour, vers la neuvième heure du jour, près de la ville de Dunstaple, les cieux s'ouvrirent au-dessus d'elle, et à beaucoup, clercs et laïcs, apparut une croix d'une très grande longueur et d'une taille merveilleuse. Et notre Seigneur Jésus-Christ y apparut fixé par des clous ; et ses mains étaient étendues sur la croix ; et les blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté étaient sanglantes, et le sang coulait, mais non jusqu'à terre. Et cette apparition était continue depuis la neuvième heure du jour jusqu'au crépuscule. |
Benedict of Peterborough, Gesta Regis Henrici Secundi, London, 1867, vol. II, p. 47
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vers 1198 William of Newburgh est plus précis
William of Newburgh, dit aussi William Parvus, fut un historien britannique, Son oeuvre principale est Historia rerum Anglicarum, une histoire de l'Angleterre de 1066 à 1198.
en marge:A crucifix is seen in the sky at Dunstable.
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Nec silentio pratereundum est stupendum nimis terribileque prodigium: quod circa haec tempora in Anglia visum est à multis, qui usque nunc sunt testes ejus ad eos qui non viderunt. Est super stratam publicam, qua Lundonias pergitur, vicus haut ignobilis Dunstapla nuncupatus: ibi dum forte quidam hora post meridiana in coelum suspicerent, viderunt in sublimitate sereni aëris formam vexilli Dominici lacteo candore conspicuam, et conjunctam ei formam hominis crucifixi, qualis in ecclesia ad memoriam Dominicae passionis et devotionem fidelium pingitur. Stabant autem stupefacti, fixis rem mirabilem oculis intumentes. Quorum stuporem et erectos in coelum vultus, plurimi strata publica gradientes mirati: ipsi quoque suspicere, et visa rei novitate pariter stupere coeperunt. Cum ergo terribilis haec species diuscule appareret, et curiose intuentium vultus animosque sufpenderet ; visa est forma crucis ab eo, qui affixus videbatur, recedere, ut medium aëris spatium inter utrumque notaretur, et paulo post res stupenda disparuit : sed causa stuporis sublata effectus remansit. Denique late vulgatum est verbum istud, reique prodigiosae rumor et stupor pariter cucurrerunt. Interpretetur quisque ut voluerit signum mirabile, cujus utique didici simplex esse narrator, non etiam praesagus interpres. Quid enim divinitas eo significare voluerit, nescio. |
Il ne faut pas non plus passer sous silence un prodige étonnant et terrible : qui, à cette époque, a été vue en Angleterre par beaucoup, qui en sont encore témoins pour ceux qui ne l'ont pas vu. Il y a sur la voie publique qui mène à Londres, un village appelé Dunstaple. là, tandis que certains, peut-être une heure après midi, regardaient vers le ciel, ils virent dans la sublimité de l'air clair la forme de l'emblème du Seigneur, visible d'une blancheur laiteuse, et y étant jointe la forme d'un homme crucifié, tel comme on le peint dans l'église pour commémorer la passion du dimanche et le dévouement des fidèles. Aussi ils restèrent stupéfaits, regardant cette chose merveilleuse de leurs yeux. Dont l'étonnement et le visage levé vers le ciel, beaucoup s'émerveillaient en avançant sur la route : ils commencèrent aussi à lever les yeux et furent également étonnés de la nouveauté des choses qu'ils voyaient. Quand donc cette terrible apparition apparut assez longtemps et resta accrochée aux visages et à l'esprit de ceux qui regardaient avec curiosité ; on vit la forme de la croix s'éloigner de celui qui semblait attaché, de sorte que l'espace d'air médian se marqua entre les deux, et un peu plus tard la chose étonnante disparut : mais la cause de l'étonnement ayant été supprimée, l'effet demeurait. Finalement, cette nouvelle se répandit largement, et une prodigieuse rumeur et un étonnement se mêlèrent. Que chacun interprète comme il l'entend ce signe merveilleux, dont j'ai au moins appris que le narrateur est simple, et même pas un interprète prophétique. Je ne sais pas ce que la divinité voulait dire par là. |
Note: l'année n'est pas indiquée, mais le récit fait suite à des évènements de 1189.
William of Newburgh, Historia rerum anglicarum Willelmi Parvi, Londini, 1856, vol. II, p. 13
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vers 1346 Walter de Guisborough copie William of Newburgh
Walter de Guisborough est un chroniqueur anglais du XIVe siècle. Chanoine régulier de saint Augustin, qui vécut au prieuré de Gisborough dans le Yorkshire. Sa chronique, The Chronicle of Walter of Guisborough relate l'histoire de l'Angleterre depuis la conquête normande de l'Angleterre en 1066 jusqu'à la 19e année du roi Édouard III.
en marge:Richard I. A.D. 1190.
A cross seen in the sky at Dunstable. |
De cruce apparente in aere
Nec silentio praetereundum est stupendum prodigium quod circa haec tempora in Anglia visum est a multis. Est enim super stratam publicam qua Londonias pergitur vicus non ignobilis Dunestabell nuncupatus; ibi dum circa horam meridianam homines in coelum suspicerent, viderunt in sublimitate sereni aeris formam vexilli dominici lacteo candore conspicuam, et conjunctam ei formam hominis crucifixi, qualis in ecclesia ad memoriam dominicae passionis et devotionem fidelium depingitur. Cum ergo terribilis haec species diuscule appareret, et curiose intuentium vultus animosque suspenderet, visa est forma crucis ab eo qui affixus videbatur recedere, ut medium aeris spatium inter utrumque notaretur: et paulo post res stupenda disparuit. Interpretetur quisque ut voluerit signum mirabile, cujus utique didici simplex esse narrator, non etiam praesagiis interpretans, quid enim voluerit divinitas signare nescio. |
De la croix apparaissant dans les airs.
Nous ne devrions pas non plus passer sous silence l’étonnant prodige que beaucoup ont vu en Angleterre à cette époque. Car il y a un village non négligeable appelé Dunestabell sur la voie publique qui mène à Londres ; là, tandis que les hommes regardaient vers le ciel vers midi, ils aperçurent dans la sublimité de l'air pur la forme de l'emblème du seigneur, visible d'une blancheur laiteuse, et joint à lui, la forme d'un homme crucifié, tel que représenté dans l'église en souvenir de la passion du seigneur et du dévouement des fidèles. Lorsque donc cette terrible apparition apparaissait pendant assez longtemps et suspendait les visages et les esprits de ceux qui regardaient avec curiosité, on voyait la forme de croix se retirer de ce qui semblait attaché, de sorte que l'espace médian de l'air était marqué entre les deux : et peu après l'étonnante chose disparut. Que chacun interprète comme il voudra le signe merveilleux, dont j'ai au moins appris que le narrateur est un homme simple, pas un interprète de prophéties, car j'ignore ce que la divinité a voulu signifier. |
Walter de Guisborough, Chronicon Domini Walteri de Hemingburgh, Londini, 1848, vol. I, p. 151
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1557 Conrad Lycosthenes est bref
Anno Domini 1190
In Anglia crux circiter meridiem, in coelo apparuit, quum Ricardus rex Anglorum ac Philippus Francorum in Saladinum bellum comparabant...
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An 1190
En Angleterre, vers midi, une croix apparut dans le ciel, alors que Richard, roi des Anglais, et Philippe des Francs se préparaient à la guerre contre Saladin. |
Conrad Lycosthenes, Prodigiorum ac ostentorum chronicon, Bale, 1557, p 424
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1964. Raymond Drake s'inspire de William of Newburgh
Walter Raymond Drake a écrit de nombreux livres et articles, à prétention historique, où il aligne les phénomènes célestes non identifiés, comme autant d'incursions d'engins extraterrestres. D'où le titre de son article, et la naïveté de sa conclusion.
1189 A.D. “In the terrible silence a surpassing and greatly astonishing prodigy was seen about this time in England by many who up to the present time bear witness to those who did not see it. Above the public road which continued to London, a village by no means wretched called Dunstaple, by chance, so to speak, an hour after noon, those who looked up at the sky saw in the serene vault of heaven the striking shape of the Emblem of Our Lord with a dazzling milk-like whiteness and the conjoined form of a man cnucified, which is painted in Church to the memory of the Passion of Our Lord and the devotion of the Faithful.” (William of Newburgh.) ...
(These crucifixes in the air in 1189 A.D. and 1227 A.D. recall the famous cross in the sky near Rome in 312 A.D., which inspired Constantine to support the Christians and to establish Christianity
as the Roman State religion. Had it not been for that phenomenon, possibly a spaceship, Christianity might not have triumphed!)
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1189 ap.J.C .Dans le silence terrible, un prodige surpassant et très étonnant fut vu à cette époque en Angleterre par beaucoup de ceux qui jusqu'à présent témoignent pour ceux qui ne l'ont pas vu. Au-dessus de la voie publique qui continuait vers Londres, un village pas misérable appelé Dunstaple, par hasard, pour ainsi dire, une heure après midi, ceux qui levèrent les yeux vers le ciel aperçurent dans la voûte sereine du ciel la forme frappante de l'emblème. de Notre-Seigneur d'une blancheur laiteuse éblouissante et la forme conjointe d'un homme crucifié, qui est peinte dans l'église à la mémoire de la Passion de Notre-Seigneur et de la dévotion des fidèles. (Guillaume de Newburgh.) ...
(Ces crucifix en l'air en 1189 et 1227 après J.-C. rappellent la célèbre croix dans le ciel près de Rome en 312 après J.-C., qui inspira Constantin à soutenir les chrétiens et à établir le christianisme comme religion d'État romaine. Sans ce phénomène, peut-être un vaisseau spatial, le christianisme n’aurait peut-être pas triomphé !)
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W.R. Drake, Spacemen in the middle ages, Flying saucer review, may-june 1864, p. 11
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1975 Michel Bougard présente les OVNI du moyen age.
Benedict de Peterborough (2), dans sa « Gesta Regis Henrici Secundum », signale que le 9 août 1186, « à la neuvième heure du jour (vers 14 h 00), au village de Dunstable (Comté de Betford), le ciel s'ouvrit tout à coup et les laïcs ainsi que le clergé de l'abbaye virent une croix, très longue, et de dimensions étonnantes; l'apparition dura jusque minuit ». Gautier (ou Walther) de Hemingford, chroniqueur et chanoine à Gisburn, rapporte aussi l'événement dans ses « Chronica » mais le situe en 1189, en précisant que cette croix était « brillante et blanche comme de la soie ». William de Newburgh (3), par contre, place aussi l'événement en 1189, mais à Dunstaple (?) cette fois, sur la route de Londres, et ajoute : « Une heure après midi, on vit l'Emblème du Seigneur et la forme d'un homme crucifié...»
2. Benedict (ou Benoit) de Peterborough fut prieur de St-Augustin de Cantorbery, puis abbé de Peterborough et enfin vice-chancelier d'Angleterre, en 1191, deux années avant sa mort.
3. William de Newburgh est parfois connu sous le nom de Guilielmus parvus. Il fut chanoine du prieuré de Newburgh (North Riding du Yorkshire), et son « Historia rerum Anglicarum », divisée en 5 livres, couvre une période qui va de 1066 à 1198, date de sa mort.
Note: C'était en 1188 d'après le peusdo Benedict de Peterborough, et "Henrici secundi". Pour Walter de Hemingford, c'était en 1190, et il ne parle pas de la blancheur de la soie.
Michel Bougard, Les OVNI à l'aube de notre millénaire, Inforespace, N° 23, octobre 1975, p. 36
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1977 Chistiane Piens copie Bougard
Le 9 août 1186 à Dunstable (comté de Bedfort, Angleterre), le soleil s'ouvrit vers 14 heures et l'on y vit tout à coup une croix blanche comme de la soie. Elle était très longue et ses dimensions étaient étonnantes 7.
7 Benedict de Peterborough, Gesta regis Henrici secundum. repris dans Michel Bougard op. cit. n° 23 p 36.
Note: Chistiane Piens copie les erreurs de Bougard, en en ajoutant une de son cru: c'est le ciel qui s'ouvrit et non le soleil.
Chistiane Piens, Les OVNI du passé, Marabout, 1977, p 48
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1977 Michel Bougard récidive.
Fort de ses articles parus dans Inforespace, Michel Bougard a pu publier en 1977 (la même année que Christiane Piens) un livre récapitulant ses travaux: La Chronique des O.V.N.I..
Benedict de Peterborough (2), dans sa « Gesta Regis Henrici Secundum », signale que le 9 août 1186, « à la neuvième heure du jour (vers 14 h 00), au village de Dunstable (Comté de Betford), le ciel s'ouvrit tout à coup et les laïcs ainsi que le clergé de l'abbaye virent une croix, très longue, et de dimensions étonnantes; l'apparition dura jusqu'à minuit ». Gautier (ou Walther) de Hemingford, chroniqueur et chanoine à Gisburn, rapporte aussi l'événement dans ses « Chronica » mais le situe en 1189, en précisant que cette croix était « brillante et blanche comme de la soie». William de Newburgh (3), par contre, place aussi l'événement en 1189, mais à Dunstaple (?) cette fois, sur la route de Londres, et ajoute : « Une heure après midi, on vit l'Emblème du Seigneur et la forme d'un homme crucifié...»
Michel Bougard, La Chronique des O.V.N.I., jean-pierre delarge, 1977, p. 68
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1977 Pierre Vieroudy copie Bougard et ses erreurs.
Le 9 août 1186, le ciel s'ouvrit: les laïcs et le clergé anglais purent contempler pendant plusieurs heures une croix brillante et blanche comme de la soie, très longue et de dimensions étonnantes.
Pierre Vieroudy, Ces OVNI qui annoncent le surhomme, Tchou, 1977, p. 34
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Analyse
Cette vision de croix, avec un individu crucifié, se place, bien sûr, dans une optique chrétienne, et non ufologique.
Nous n'avons, en pratique, que les descriptions de Roger of Howden et de William of Newburgh, qui sont des auteurs contemporains de la vision. Walter de Guisborough arrive deux siècles plus tard et ne fait que recopier William of Newburgh. Quant à Lycosthènes, il ne dit presque rien.
La description de Roger of Howden est douteuse, car non seulement il est sûr que le crucifié était le Christ, mais il donne des détails peu crédibles: Si les témoins étaient nombreux, c'est que la croix était à grande distance. Mais alors on ne pouvait pas voir des détails comme les clous, ou le sang qui coulait des plaies du crucifié.
La description de William of Newburgh parait plus sûre. Il nous dit que la vision a duré assez longtemps, ce qui est vague, mais vraisemblable, alors que Roger of Howden dit qu'elle a duré jusqu'au crépuscule, et que Michel Bougard dit "jusque minuit".
Selon William of Newburgh, les images de la croix et du crucifié se séparèrent, et la croix finit par disparaitre. On est loin du Christ restant en croix jusqu'au crépuscule de Roger of Howden. Tout ceci, y compris le ciel qui s'ouvre, évoque assez bien une fantasmagorie nuageuse. Ce genre de spectacle, observé par des témoins sans lunettes, montre parfois des cavaliers célestes. On pourrait tout aussi bien voir une silhouette humaine, que le perspective montrerait sur une silhouette de croix, avant que le vent ne les sépare.
Enfin, William of Newburgh nous prévient que son informateur est "simplex", c'est à dire sincère, mais aussi naïf.
Conclusion
Le croix apparue à Dunstable le 9 aout 1189 n'était qu'une pareidolie.
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