vers 1890, Croix céleste à Aspe
1896. Arthur Loth décrit une croix céleste en Espagne.
Ce nouveau prodige, dont la croix fut l'objet, s'est manifesté en Espagne, il y a peu d'années, et dans des circonstances bien différentes. Trois religieux français de l'Ordre des Capucins, réfugiés dans ce pays, commençaient les exercices d'une mission à Aspe, village de quatorze cents âmes, dans le diocèse d'Horihuela. Le bon Dieu bénissait leur zèle, et la mission promettait des fruits abondants de salut.
Voulant laisser un souvenir durable de leur passage au milieu de la population d'Aspe, les missionnaires proposèrent d'ériger solennellement une croix. Le terrain choisi appartenait à la commune, et il y eut une opposition que Dieu se chargea de vaincre. L'un des opposants se cassa la jambe en montant à la salle des délibérations ; un autre, qui parlait avec force contre le pieux projet, fut saisi soudain de terribles douleurs d'entrailles et succomba sans avoir pu recevoir aucun secours religieux. Autre coïncidence remarquable : pendant la délibération de l'assemblée, un tremblement de terre jeta l'émoi dans la population. La volonté de Dieu parut assez clairement manifestée : la majorité de l'assemblée était d’ailleurs favorable au projet des missionnaires. La cérémonie eut donc lieu au milieu d'un grand concours de fidèles et avec une solennité extraordinaire. La croix se dresse au sommet d'une colline où on se propose de construire un ermitage et d'ériger un chemin de croix.
Cette plantation de croix eut lieu le 16 mars. Le ciel parut vouloir récompenser cet acte de piété publique : dès le lendemain, une pluie abondante, que l’on demandait en vain depuis longtemps, tomba sur toute la campagne, promettant une riche récolte.
Le peuple continua, les jours suivants, à se réunir au pied de la croix : les uns travaillaient, les autres priaient; les enfants chantaient des cantiques. Or, le 18 au soir, environ une demi-heure après le coucher du soleil, un prêtre, accompagné d'un avocat, son ami, se rendait au nouveau calvaire, quand soudain il vit une croix se former lentement dans le ciel. Le pied parut d’abord et se dessina nettement, les bras s’étendirent, et la croix se forma complètement. La gravité du fait et sa qualité de prêtre imposaient à l'ecclésiastique une grande réserve. Contenant son émotion, il s'adressa à un journalier : « Voyez-vous une croix ? lui dit-il. — Oui, je la vois, répondit le journalier rempli d'admiration. — Quelle chose extraordinaire ! » disait à son tour l'avocat.
Le prêtre, se contenant toujours, arrive au village. La population manifestait l'émotion la plus vive. Des exclamations s'élevaient de tous côtés. La croix du ciel ! disaient les uns ; la croix de la montagne ! disaient les autres ; l'apparition de la sainte croix ! criaient dans toutes les rues des centaines de personnes. Se rappelant alors les enseignements des PP. Capucins, tous se prosternaient avec larmes et sanglots devant la croix suspendue au ciel, qui semblait étendre ses bras pour protéger ce peuple en prière.
La croix demeura longtemps visible au firmament et si nettement dessinée que, dans l'état actuel de l'atmosphère, l'illusion n'était pas possible, surtout à un si grand nombre de témans.
Cette apparition vraiment extraordinaire, jointe aux faits que nous avons signalés, produisit une vive émotion dans toute la contrée (1).
1. Le fait merveilleux dont nous donnons ici un récit sommaire a été rapporté par un grand nombre de revues espagnoles, et notamment par la Letura popular, d'Horihuela et
par le Messajero Serafico.
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Analyse
C'est la troisième fois qu'on signale une croix céleste au dessus d'une croix de mission, après celle de Migné en 1826, et celle des Arcs en 1857. Arthur Loth semble tenir beaucoup à ce que ce soit un miracle envoyé par Dieu, aussi ne donne-t-il aucun renseignement qui permettrait d'identifier un phénomène naturel. On sait seulement que la croix apparut une demie heure après le coucher du soleil et qu'elle dura longtemps. C'est un peu court, jeune homme. Nous sommes obligés de classer ce cas comme renseignements insuffisants.
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