321 Edit de Constantin sur ceux qui agissent sur le temps
IMPERATORI THEODOSIANI CODEX
LIBER NONUS
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Imp. constantinus a. et c. ad bassum pf. p.
eorum est scientia punienda et severissimis merito legibus vindicanda, qui magicis accincti artibus aut contra hominum moliti salutem aut pudicos ad libidinem deflexisse animos detegentur.
nullis vero criminationibus implicanda sunt remedia humanis quaesita corporibus aut in agrestibus locis, ne maturis vindemiis metuerentur imbres aut ruentis grandinis lapidatione quaterentur, innocenter adhibita suffragia, quibus non cuiusque salus aut existimatio laederetur, sed quorum proficerent actus, ne divina munera et labores hominum sternerentur.
dat. x. kal. iun. aquileia, crispo et constantino caess. coss.
interpretatio. malefici vel incantatores vel immissores tempestatum vel ii, qui per invocationem daemonum mentes hominum turbant, omni poenarum genere puniantur |
CODE DE L'EMPEREUR THEODOSE
LIVRE NEUF
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L'empereur Constantin, Auguste et César, à Bassus (1) préfet du prétoire.
Devra être punie et réprimée en conséquence des lois les plus sévères la science de ceux qui seront découverts à être armés des arts magiques ou à avoir oeuvré contre la santé des hommes ou à avoir dévoyé des esprits purs.
Cependant ne devront subir aucune inculpation les remèdes cherchés pour les corps humains, ou dans les régions rurales pour que les orages ne fussent craints pour les vendanges mures, ou qu'elles ne soient ruinées par la chûte d'une grêle s'abattant, aides utilisées honnètement, par lesquels ne sont blessés la santé ou la réputation de quiconque, mais desquelles les effets étaient utiles, afin que les présents des dieux et le travail des hommes ne soient anéantis.
Donné à Aquilée, le 10ème jour avant les calendes de juin, Crispus et Constantinus Caesar étant consuls (2).
Interprétation. Les sorciers ou enchanteurs ou instigateurs de tempêtes, ou ceux qui, par l'invocation des démons troublent l'esprit des hommes, qu'ils soient punis par tous les chatiments.
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1) Junius Bassus fut préfet du prétoire pendant 14 ans sous le règne de Constantin
(2) Flavius Julius Crispus Caesar et Flavius Claudius Constantinus Caesar furent consuls ensemble, en 321 et en 324
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SOURCE: Simon van Leeuwen, Corpus juris civilis romani, Neapoli, 1830, tome 4, p. 859
Remarques:
Les punitions infligées aux sorciers et aux empoisonneurs s'inscrivent dans une longue tradition, mais Constantin en exclut ceux qui font une utilisation utile et bénéfique de la magie. En particulier, ceux qui détourne la grêle, et qu'on appellera plus trad des tempestaires.
Cette mesure parait de bon sens, du moins pour l'époque, mais elle ne sera pas du goût de l'église, qui y verra une survivance du paganisme. Et c'est vrai que, bien que converti au christianisme, Constantin était resté de culture païenne, et cette concession aux coutumes païennes se retrouve dans d'autres de ses édits.
Ainsi, après une chute de foudre sur le mont Palatin, il promulgue:
Imp. Constantinus A. ad Maximum. Si qui de palatio nostro aut ceteris operibus publicis degustatum fulgore esse constiterit, retento more ueteris obseruantiae quid portendat, ab haruspicibus requiratur et diligentissime scribtura collecta ad nostram scientiam referatur.
L'empereur Constantin Auguste, à Maximus.
S'il devait apparaître qu'une partie de Notre palais ou de tout autre ouvrage public ait été frappé par la foudre, que l'on demande aux haruspices, respectant ainsi l'observance de l'antique coutume, le sens du prodige et qu'il soit porté au plus vite à notre connaissance par un rapport écrit. (Codex Theodosianus, livre 16, ch. 10.1)
Et Constantin fait cet édit, après d'autres qui interdisent aux particuliers de consulter les haruspices.
Cette concession à la magie, quand elle est bénéfique, avait déjà été pronée par Apulée:
Veteres quidem medici etiam carmina remedia vulnerum norant, ut omnis vetustatis certissimus auctor Homerus docet, qui facit Ulixi de vulnere sanguinem profluentem sisti cantamine. Nihil enim quod salutis ferendae gratia fit, criminosum est.
Les médecins d'autrefois, certes, connaissaient encore les remèdes magiques aux blessures, comme l'enseigne Homère, le plus indiscutable des anciens auteurs, qui faut s'arréter l'écoulement du sang d'une blessure d'Ulysse par un charme. En effet, rien de ce qui se fait pour apporter la grace de la santé n'est blâmable.
(Apulée, De magia (Apologia), ch. 40)
L'édit de Constantin, trop éloigné des idées des auteurs chrétiens, sera abrogé vers 890 par l'empereur Leon VI dans sa novelle 65.
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