Xe siècle. L'unique copie du livre d'Agobard
Le génie d'Agobard a bien failli rester inconnu. Sans le travail d'un copiste du siècle suivant, il ne nous resterait que quelques lettres de toute l'oeuvre d'Agobard. Encore ce précieux manuscrit a-t-il bien failli disparaitre lui aussi, comme Papire Masson l'a raconté: il allait être mis en pièces par un relieur pour en réutiliser le parchemin.
D'après les spécialistes, il s'agit d'une copie de l'école lyonnaise, de la fin du IXe siècle, ou du début du Xe. Mais il a pu être commencé au IXe siècle, et complété au siècle suivant.
Le manuscrit complet est maintenant lisible sur Gallica
La première ligne visible sur cette image est celle du livre précédent, car le copiste, pour économiser le parchemin, a copié les livres bout à bout.
Suit un titre qui n'est plus guère lisible pour un profane du XXe siècle, à cause de ses abréviations, aujourd'hui désuètes, mais qu'on utilisait beaucoup au temps des manuscrits: c'était la brachygraphie (écriture courte).
Le grand trait vertical du début est un i majuscule. S'il est gigantesque, c'est simplement que c'est la première lettre du livre. C'est en quelque sorte, l'enluminure du pauvre. Les deux premiers mots se lisent donc: ITẼ LIḂ, soit en "déployant" les abréviations: ITEM LIBER (de même livre)
Mais pourquoi commencer ainsi le titre? Parce que c'est une copie où sont mis bout à bout des livres et des lettres. Le copiste précise qu'il s'agit d'une lettre en ajoutant au début "Epistola" et ici qu'il s'agit d'un livre en ajoutant "Liber", et comme le texte précédent était aussi un livre, il ajoute: ITEM
Ainsi, il faut lire après traduction: De même, livre Contre la sotte croyance de la foule à propos de la grêle et des tonnerres.
A la ligne suivante, manque la première lettre, la figure en marge est donc aussi une enluminure, mais cette fois à sa taille normale pour le i majuscule du premier mot. Il faut donc lire: (I)n his regionibus...
Nous serons d'autant plus enclin à excuser le copiste de sa brachygraphie médiévale, que sans lui l'oeuvre d'Agobard nous serait perdu.