810 Agobard témoigne d'un massacre XVI. Ante hos paucos annos disseminata est quaedam stultitia, cum esset mortalitas boum, ut dicerent Grimaldum ducem Beneventorum transmisisse homines cum pulveribus, quos spargerent per campos, et montes, prata, et fontes, eo quod esset inimicus Christianissimo imperatori Carolo, et de ipso sparso pulvere mori boves: propter quam causam multos comprehensos audivimus, et vidimus, et aliquos occisos, plerosque autem affixos tabulis in flumen projectos, atque necatos. XVI. Peu d'années auparavant se répandit une certaine sottise, alors qu'il y avait une mortalité de boeufs, qu'on disait que Grimoald, duc de Bénévent, avait envoyé des hommes avec des poudres, qu'ils répandaient sur les plaines et les montagnes, les prairies et les fontaines, parce qu'il était l'ennemi du très chrétien empereur Charles, et de cette poudre répandue mouraient les boeufs . Pour quelque raison nous en entendimes et vimes beaucoup arrétés, et quelque uns massacrés, et aussi beaucoup attachés à des planches jetées dans le fleuve, et même tués. SOURCE: Antoine Péricaud, DE LA GRELE ET DU TONNERRE PAR Saint Agobard, Lyon, 1841, p. 46-47 Remarques: (Nous avons remplacé la traduction de Péricaud, par une qui soit plus proche du texte.) Agobard parle ici d'un évènement qui s'est passé sous Charlemagne, donc, alors qu'il n'était pas encore Archevèque. C'est pourquoi il le décrit en simple témoin Un évènement qui parait datable est la mortalité de boeufs. Il faut donc chercher quelle épizootie bovine eut lieu sous Charlemagne. Il y a justement une histoire des épizooties sous la plume du docteur Jean Jacques Paulet: Dans l'intervalle compris entre les années 810 & 1136, intervalle de ténèbres, d'horreurs & de calamités de toutes espèces; l'histoire fait mention clairement de vingt maladies épizootiques, plus ou moins meurtières, toutes mémorables (Ici liste de huit epizooties avec leurs causes) Des douze restantes, & dont les auteurs n'ont point indiqué de cause; la première fut observée en France parmi les boeufs et les Bêtes aumailles (suivant le langage de la Chronique de Saint-Denis,) l'an 810. (M.Paulet, Recherches historiques et physiques sur les maladies épizootiques, 1775, p. 78-81) Cette épizootie serait donc mentionnée dans les anciennes chroniques. Malheureusement la Chronique de Saint-Denis, n'est en fait qu'une compilation réalisée au XIIe siècle, donc non contemporaine. Heureusement, nous disposons d'un document contemporain: Les annales rédigées par Eginhard. DCCCX... Tanta fuit in ea expeditione boum pestilentia, ut pene nullus tanto exercitui superesset, quin omnes usque ad unum perirent; et non solum ibi, sed etiam per omnes imperatori subjectas provincias illius generis animalium mortalitas inmanissime grassata est. ... Eo anno sol et luna bis defecerunt, sol VII. Idus Iun. et II. Kal. Decembr. luna XI. Kal. Jul. et XVIII. Kal. Januar. (note marginale: Iun. 7 Nov. 30 Iun. 21 Dec. 15) (annales regni francorum, Hanovre, 1895, p. 132) 810... Il y eut dans cette expédition une telle maladie des boeufs que presque aucun ne survécut dans l'armée, en vérité tous périrent jusqu'au dernier; et non seulement là, mais encore dans toutes les provinces soumises à l'empereur sévit le plus impitoyablement cette mortalité de l'espèce animale. ... Cette année là, le soleil et la lune s'éclipsèrent; le soleil le 7 juin et le 30 novembre, la lune le 20 juin et le 14 décembre. Les éclipses nous permettent de contrôler l'année. De fait, il semble bien s'agir bien des éclipses de l'an 810, sauf pour celle du 7 juin. Il y eut une éclipse de soleil le 5 juillet 810, très partiellement visible du coté du détroit de Behring, mais invisible à Aix la chapelle et une le 30 novembre 810, où le soleil fut obscurci à 90% à Aix la chapelle. Une éclipse centrale de lune eut lieu le 20 juin 810 et une éclipse totale le 14 décembre 810. Il est probable que, pour l'éclipse de soleil du 7 juin, non seulement il y a une erreur dans la transcription et qu'il faut lire Iul. au lieu de Iun., mais que cette éclipse de soleil de avait été calculée, mais non observée. Il y eut donc une grande épizootie bovine en l'an 810, survenue la même année ou Grimoald IV, duc de Bénévent était entré en conflit avec Charlemagne, à qui il du payer tribut deux ans plus tard. Ce détail nous aide chronologiquement, puisque nous savons que l'épisode des 4 prétendus aéronautes magoniens n'a pu survenir que quand Agobard était déjà archevêque, donc après 814, mais peu d'années après 810. Par contre, la stupidité et l'ignorance des Lyonnais de cette époque est éclatante, quand on se représente que le duché de Bénévent n'est pas du tout limitrophe du Lyonnais, mais en est distant d'environ un millier de kilomètres. Il n'en faudrait pas beaucoup pour qu'à ce compte là, les lyonnais n'aient incriminé les maures ou les tatars. Ce passage sera mélé plus tard à celui du prétendu navire aérien par Montfaucon de Villars, pour décrire 3 hommes et une femme, accusés par le peuple d'ètre envoyés par Grimoald, parce qu'ils descendaient d'un navire aérien, et cette version syncrétique sera reprise par la plupart des ufologues.