1980 Jean Prost croit faire de l'histoire Jean Prost, qui se dit pourtant professeur d'histoire, nous assène ici un texte dont la valeur historique est à peu près égale à zéro. Il y a tellement d'erreurs que nous allons devoir faire un commentaire à chaque phrase. LYON et la MAGONIE par Jean-Prost, Professeur d'histoire. ... Qu'on ne cherche pas dans ce qui va suivre un document inattaquable, apportant une pierre importante à "l'approche historique véritable du phénomène OVNI". Note: nous voila prévenus, mais cela n'excuse guère la suite. Disons donc simplement que ma recherche de documentation pour l'illustration de "L'histoire de Lyon" m'a obligé à consulter de nombreux ouvrages, en particulier celui de A. Steyert (1) qui a longtemps été la bible des amoureux de l'histoire de Lyon. ... Tout d'abord, il est inutile, je pense, de signaler que Lyon fut, et est encore la ville du mystère, du brouillard et des sociétés secrètes. Note: Wouaaaah, du mystère, du brouillard, du secret! à moins qu'un vilain sceptique n'appelle ça, de l'attrape gogo. Et, déjà, à l'époque de Charlemagne, des évènements bien étranges semblaient s'y passer : la ville était alors dirigée par l'évêque Agobard, éminent lettriste, qui développa les grandes écoles et le mouvement intellectuel lyonnais ; un homme juste, dit-on, qui laissa un excellent souvenir, (peut-ètre oublie-t-on un peu vite qu'il fut un personnage sectaire, violemment antisémite). Note: Ca commence très fort! Agobard fut archevèque sous Louis le pieux, et non sous Charlemagne. Il était lettré, et non lettriste. Il n'était ni sectaire, ni antisémite. C'est une légende urbaine qui vient de ses démélés avec les influents juifs de Lyon, dont, en tant qu'archevêque, il contestait les privilèges. A cette époque, une variété de sorciers bien particulière sévissait dans la région : les tempestaires (2), et il suffisait à ces derniers de lever le petit doigt, de lancer quelques formules magiques, aussitôt le mauvais vent : ”l'aure léviatique“ se levait et l'orage anéantissait les récoltes. Note: C'est totalement faux, et c'est justement contre cette sotte croyance qu'Agobard a écrit son livre. Quant à l'aure léviatique, c'est une traduction bien faible de "aura levatitia". Aura, désigne les airs, les éléments, et ici l'orage ou la tempête. "levatitia" n'est pas du bon latin, mais on comprend qu'il s'agit de soulever, de provoquer artificiellement l'orage ou la tempête On imagine combien on devait vouloir se ménager les bonnes grâces des tempestaires, surtout à une époque où l'agriculture était la seule richesse du barbare monde carolingien, agriculture au rendement d‘ailleurs très faible. Note: L'agriculture était importante, certes, mais c'est oublier un peu vite l'artisanat, et surtout l'élévage. Pourquoi les lyonnais auraient ils lynchés de prétendus empoisonneurs de boeufs, si l'élevage n'était pas aussi important que l'agriculture?. Mais que faire de ces blés abattus, de ces récoltes détruites ? C'est alors qu'interviennent les "extra-terrestres" ; eh oui, ils étaient déjà la ! Note: des "extra-terrestres" dont ni Agobard, ni les lyonnais n'avaient la notion, mais l'auteur ne peut pas imaginer autre chose. On les appelait alors les habitants de la Magonie, ou si vous préférez, du pays des Mages. Note: identification seulement supposée. On pourrait tout aussi bien dire "du pays de Magon" Mais où est-elle, cette fameuse Magonie ? Alors-là, même à l'époque, on est divisé sur la question : certains pensent à un mystérieux pays d'Afrique, d'autres, plus nombreux, la situent dans les cieux. Note: Non, à l'époque, personne ne discute de la question. C'est bien des siècles plus tard qu'on imaginera des localisations. Le fait est qu'ils arrivent, sur leurs chars de feu, Note: Le fait est qu'Agobard, notre seule source, dit qu'on prétend que des navires viennent dans les nuages, de la Magonie. Et c'est tout. et payent grassement les blés couchés des pauvres paysans enfin réconfortés. Note: les pauvres paysans n'étaient nullement réconfortés, puisque c'est aux tempestaires que les Magoniens auraient acheté les récoltes ravagées. Notez bien qu'ils ne récupèrent que les récoltes inutilisables, payées d'ailleurs un bon prix, se montrant ainsi fort généreux, Note: Agobard ne dit rien du montant du prix. et qu'ils manifestent une attitude des plus humaines, ce qui est vraiment un comble. 0n n'agirait pas autrement, si, débarquant sur une planète étrangère, on essayait de récupérer des échantillons de cultures indigènes, sans lèser les habitants du lieu. Note: On ne sait rien de l'attitude des supposés Magoniens. On ne sait d'ailleurs rien non plus de l'attitude d'éventuels extraterrestres. Et c'est là qu'Agobard intervient : il se trouve en présence, un beau jour, dans sa belle ville de Lyon, d'une foule en train de lyncher trois hommes et une femme descendus de ces fameux navires aériens. Note: trois erreurs en une seule phrase: On se sait pas si c'était à Lyon même, il n'y avait pas de foule en train de lyncher ces quatre malheureux, qui furent amenés ligotés dans une assemblée où se tenait Agobard, et ils n'étaient pas descendus de ces fameux navires, comme durent l'avouer ceux qui les avait amené. Il eut beau intervenir, il ne put sauver les envoyés du ciel. Note: Agobard dit exactement le contraire. Et surtout, il démontra qu'il ne venaient pas du ciel. On comprend ainsi peut-être mieux pourquoi notre région est, actuellement, une des plus défavorisées en apparitions d'OVNI !! Les extra-terrestres ne doivent pas avoir la mémoire courte, eux !!! Note: Ben voyons! Toute une cascade d'hypothèses transformées en certitude en une ligne: Les OVNIs sont des phénomènes réels et inconnus - Ce sont des engins extra-terrestres - Les navires aériens de Magonie existaient vraiment - C'étaient des engins extraterrestres - Les OVNIs d'aujourd'hui sont pilotés par les mêmes extraterrestres qui nous visitaient du temps d'Agobard. C'est encore le même Agobard qui verra, un peu p1us tard, une armée multicolore avancer dans le ciel. Note: Il n'y avait pas une armée, mais des armées, qui furent vu de 842 à 848. Agobard ne nous en dit rien, et pour cause: il est mort en 840. 1. André Steyert - Nouvelle Histoire de Lyon et des Provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. En trois tomes - Lyon, Bernoux et Cumin, Editeurs, 1897 (consultables très facilement à la bibliothèque de Lyon-La Part-Dieu) 2. De la grêle et du tonnerre, par Saint Agobard - Lyon, imprimerie De Dumoulin, Ronet et Sibuet. 1841 (consultable & la bibliothèque de Lyon-La Part-Dieu) SOURCE: Néant +, n° 3, 3e trim 1980, p. 14 Remarques: Comme on vient de le lire, il n'y a rien de vrai dans ce qu'à écrit notre profeseur d'histoire, qui devrait plutôt s'intituler "professeur d'histoires" Le pire est qu'il cite des sources qu'il n'a manifestement pas lu puisqu'elles ne disent absolument pas ce qu'il prétend. Steyert parle bien de "l'aure léviatique" et du "pays des mages", mais il dit aussi qu'Agobard sauva les quatre malheureux. Quant à Agobard lui même, dans sa traduction par Antoine Péricaud, il dit presque exactement le contraire de notre auteur. Hé bien, peu chaut à notre auteur qu'Agobard dise le contraire. Il sait mieux qu'Agobard ce qui s'est réellement passé. Il est professeur d'histoire, alors vous pensez! Et pourtant, il donne une reproduction des deux premières pages (latin et français) du livre d'Agobard traduit par Péricaud. Si vous n'êtes pas convaincu après ça... Nous ne savons donc pas bien quelles sont ses vrais sources. Il a repris "l'aure léviatique" à Steyert, mais le lynchage et les armées multicolores, semblent repris de Michel Bougard. En tous cas, nous pouvons décerner un bonnet d'âne à notre professeur.