Les "DOSSIERS MAUDITS” de l'an 700 à 1600.
Par Francis Schaefer
(GEOCNI.)
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Le rationalisme du XIX° siècle a fait admettre que la croyance, jadis généralisée, en de tels êtres (entités appelées anges) étaient due à l'ignorance des mentalités primitives."
Paul Misraki
(Des signes dans le ciel, les extraterrestres, ch. IX, 118).
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Si les idées religieuses et scientifiques sont des opinions fluctuantes au gré des siècles, il existe par contre des phénomènes qui ne semblent nullement varier par leur nature intrinsèque. Pour les désigner, la population employa des métaphores caractéristiques à l'époque. Déjà Zacharie parlait de "rouleau volant", Ezéchiel de "roues volantes" dotées de hublots, les Egyptiens évoquaient des "cercles lumineux" tandis que Pline signalait le passage de plusieurs "boucliers volants" dans le ciel de Rome. Il n'est pas nécessaire d'entreprendre une étude sémantique de ce vocabulaire; la nature des phénomènes s'explique de façon surprenante à la lueur de nos connaissances actuelles sur le problème des objets volants non identifiés.
Note: Le ton est donné: L'auteur prétend expliquer les prodiges d'autrefois à la lumière des croyances ufologiques modernes. Mais pour cela, il va devoir dénaturer complètement les textes cités. Ainsi le "rouleau volant" de Zacharie n'était qu'un gigantesque rouleau de Papyrus, qu'il aurait "vu" dans l'une de ses huit visions nocturnes. Les "roues volantes" d'Ezéchiel, n'étaient pas volantes, n'étaient pas garnies de hublots, et n'étaient elles aussi qu'une vision. Les "cercles lumineux" des Egyptiens n'ont jamais existé que dans le "papyrus Tulli" qui n'est qu'une mystification datant de 1953. Quant aux "boucliers volants" de Pline, ils ont existé, mais n'étaient jamais que des bolides.
Le second fils de Cherles Martel parvint à la couronne en l'an 751 et fut oint à la cathédrale de Soissons par Saint-Boniface, archevêque de Mayence et légat du pape. A cette époque, un cabaliste, l'illustre Zédéchias, fit son entrée sur la scéne de l'actualité dans le but de prouver à la population que les éléments étaient habités par des "sustances spirituelles". Afin d'apporter une preuve concrète à ses desseins, il ordonna (nous ignorons de quelle façon) aux "sylphes" de se montrer aux sceptiques.
Note: Ce Zédéchias, tellement illustre, n'a malheureusement jamais existé. Il n'a donc jamais rien ordonné aux "sylphes", qui, de toutes façons, n'ont jamais existé non plus.
Comme il s'agissait d'apparitions "célestes", les chroniques de l'époque traumatisées par les méfaits sanglants de la sorcellerie, impliquêrent la magie dans ses phénomènes, d'où l'emploi du terme "sylphe". Plûtot que salamandre, gnome, ondin ou nymphe, ce terme, aussi imprécis soit-il, s'avérait être le plus adéquat pour la désignation d'êtres évoluant entre ciel et terre.
Note: Si Schaefer avait mieux lu sa source (page 64), il aurait su que les salamandres habitent le feu, les gnomes la terre, les ondins l'eau, et les sylphes l'air. Ce terme est aussi précis qu'adéquat.
Les témoins virent dans les airs, des "créatures admirables de forme humaine, campées sous des pavillons superbes ou sur des navires aériens dont la flotte volante voguait "au-dessus" de de leur tête. La réalité du phénomène est certaine, il n'y a que sa nature qui fut contestée, notamment par Collin de Plancy qui, dans son "Dictionnaire infernal" suggérait une aurore bcréale...
Note: C'est bien au contraire l'irréalité qui est certaine, puisque tout ceci ne sort que du Comte de Gabalis, qui n'est qu'une fiction. Quant à Collin de Plancy, il a fait preuve de beaucoup de naïveté en cherchant une explication physique à une histoire inventée.
Mais ces êtres d'origine non identifiée ne se contentérent pas d'évoluer au-dessus des personnes, il se livrèrent, en plus , à des rapts de bonne et due forme. C'est ainsi qu'ils enlevérent des hommes d'un peu partout dans le but de leur présenter "leur gouvernement". On ignore d'après quels critère les "élus" furent invités à bord de leur "navires aériens", mais ils furent ramenés sur notre planète" en divers endroits du monde". L'on imagine sans peine les visages médusés de la population endoctrinée par les supertitions religieuses; le peuple, assistant à ces attérrissages " acccurait de toutes parts afin de voir descendre les hommes".
Note: Pas besoin de chercher les critères, puisque tout ceci ne sort que de la fiction de Montfaucon de Villars. Et c'est un oxymore de parler de "superstitions religieuses", puisque les superstitions sont des croyances sauvages, alors que les religions sont des croyances cultivées.
Un fait divers peu banal se déroule, un peu plus tard, à Lyon où l'on vit descendre " trois hommes et une femme de ces navires aériens ".
Note: Il est curieux que Schaefer soit si bref. Il tire encore cette histoire de Garinet, qui la tirait de Collin de Plancy, qui la tirait de Montfaucon de Villars, qui la tirait d'Agobard qui... disait tout le contraire.
Sous Louis le Débonnaire, ces phénomènes insolites se reproduisirent à une fréquence-importante qui sema le trouble parmi les milieux théologiques. Ces derniers " discutaiont gravement sur de pareils prodiges ".
Note: L'auteur reprend ici une affirmation toute gratuite de Garinet. En réalité, il ne semble pas y avoir eu d'apparition de ce type sous Louis le débonnaire.
fin mars 842, à la clarté lunaire, le peuple put suivre les évolutions d'armées célestes de différentes couleurs ".
Six années plus tard, en l'an 848, manifestations similaires entre ciel et terre, tandis que l'on signalait des apparitions semblables lors du siège de la ville de Jérusalem.
Note: ces apparitions de 842 et 848, sont mentionnés dans Fragmentum Chronici Fontanellensis, comme le signale Garinet, mais n'ont rien à voir avec le siège de Jérusalem qui eut lieu en 1099.
Quant à Charles le Chauve, il eut le triste privilège d'être entrainé de force par un être d'une " blancheur éclatante ", armé d'un objet mystérieux jetant une " lueur extraordinaire, comme celle d'une cométe." Au cours du voyage. le prisonnier fut assailli par des bêtes fêroces: à ce moment, l' " étranger " L’enveloppa dans une clarté qui offusqua si bien ces animaux dangereux qu'ils ne purent l'atteindre."
On imagine mal un brigand des années 850 faire usage d’un champ magnétique. L'histoire relative à cette mésaventure est consignée dans le manuscrit 2447 de la bibliothèque Nationale.
Note: Manuscrit que l'auteur n'a pas consulté, mais dont il reprend la référence dans Garinet. La comparaison avec le texte complet de Garinet est édifiante. En supprimant un maximum de détails, il arrive à transformer une vison mystique, en apparition d'extraterrestre.
un habitant nonmé Glaber Rodulphe fut, à cette même êpoque, attaqué par une troupe " d'hommes noirs " qui disparurent dans " de la fumée ". (?)
Note: Là aussi la comparaison est édifiante. Cette fois, ce sont des diables que l'auteur essaye de transformer en extraterrestres.
Une chronique de ce temps signale qu'en 927 des " armées de feu " passèrent dans le ciel de Verdun.
Note: C'était dans le ciel de Reims, et c'était encore une aurore boréale.
Pierre le Vénérable (né en 1092) rapporte qu'un prêtre, à Lisieux en Poitou, vit descendre " du feu"du ciel.
Note: ici, c'est de la mauvaise foi. Le texte de Garinet montre bien qu'il s'agit d'une hallucination.
L'affaire du Comte de Mâcon serait digne de figurer dans les plus prestigieux films d'épouvante; il fut " enlevé en l'air " et le malheureux cria ” Jusqu'à ce qu'il disparut entièrement. " Ouvrons une parenthèse pour signaler qu'un phénomène identique devait se produire le 24 décembre 1909: Olivier Thomas, sortant chercher de l'eau au puit se mit brusquement à hurler. La famille perçut des cris venant d'en haut. Se précipitant à l'extérieur, ils ne virent rien mais entendaient les "hurlements désespérés du petit Olivier, quelque part dans la nuit, au-dessus de leur tête! L'enfant hurlait : ils me tiennent ! " Les appels s‘estompèrent au fil de l'altitude croissante.
Note: Mais dans le texte de Garinet, il s'agit d'une "histoire édifiante", racontée par Pierre le Vénérable.
Soue le règne de Saint-Louis, un bruit très fort ébranla le contrée du Palais de Vauvert, suivi de l'apparition d'un " monstre vert" (?) lnexpliqué et unique dans les annales malgré sa ressemblance éventuelle avec l'horrible créature qui serait apparue, le 12 septembre 1952 à Flatwood, en Virginio. Tandis que son corps verdâtre émettait des lueurs claires, un engin discoïdal survola le secteur. La relation entre les deux phénomènes ne fut pas établie...
Note: L'affaire de Vauvert, mentionnée, par Garinet, mais aussi dans la deuxième édition du dictionnaire infernal, est assez connue pour qu'on ait soupçonné une imposture destinée à se faire donner le chateau par les religieux.
Tandis qu‘une créature inconnue semait la panique à Vauvert, un rabbin cabaliste travaillait, disait-on, à la lueur d'une " lampe inextinguible ". Rien ne prouve l'authenticité de cette rumeur, mais en cas de confirmation, l'on peut se demander de quel secret ce cabaliste était l'héritier...
Note: Voila qui en dit long sur le sérieux de cette étude.
Après quelques années sans perturbation, des phénomènee réapparurent, le 14 avril 1561, à Nuremberg. Le ciel fut traversé par des " disques ", des " boules rouges " et la population observa parallèlement les évolutions de trois objets en forme de tuyau (sic), cylindres qui ne sont pas sans rappeler les ”mother-ship” (astronefs-mères") décrits au vingtième siècle.
Plusieurs " grosses boules noires ” traversèrent, le 7 aout 1566, le ciel de Bâle à une vitesse vertigineuse.
Note: Ces deux phénomènes ne sont pas repris de Garinet, et c'est pourquoi l'auteur doit ménager un hiatus: "Après quelques années sans perturbation". Or c'est totalement faux. Il suffit de chercher dans la chronique de Lycosthènes pour voir que les prodiges semblaient, au contraire, devenir de plus en plus fréquents.
Il est curieux de noter que la plupart de ces faits ne sont connue que dans le cadre souvent subjectif de l'occultiame. A l'époque. les autorités avaient partie facile en qualifiant ces manifestations d‘affabulations de personnes prétendues possédées, que le clergé, avec sa hâte coûtumière dans ces cas-là, e'empressait de précipiter sur un bûcher afin que partent en fumée les dernières preuves d'une présence extraterrestre propre à dédruire à jamais les dogmes du Vatican...
Un pont existe-il entre les tabous des mystèree cosmiques et ce que l'on appelle ”occultisme" ? Il nous est interdit de franchir ce pont éventuel dans l‘état actuel de notre science, à moins de vouloir sombrer délibérément dans un abîme de spêculation pseudo-métaphysique-
SOURCE: Francis Schaefer, Les "DOSSIERS MAUDITS” de l'an 700 à 1600, Phénomènes Inconnus, N° 12, 1970, p. 243
Remarques:
Ceci est écrit à la fin des années 60, où l'heure était au syncrétisme, et non à la vérification des données, et c'est pourquoi il n'y a quasiment rien de vrai la dedans, et pas de source indiquée non plus, mais on comprend mieux pourquoi, quand on a retrouvé la source en question: c'est la réédition du livre de Jules Garinet, sous le titre La sorcellerie en France, parue la même année. La comparaison avec la source est en effet instructive: l'auteur a complètement dénaturé le texte pour le rendre compatible avec des manifestations d'extraterrestres.
Ce fatras de textes falsifiés est néanmoins cité en référence, en 1977, dans La Chronique des OVNI de Michel Bougard, lequel sera repris, en 1993, par Richard Nolane, qui réutilisera les données en 2003, pour le scénario de la bande dessinée Millénaire.
La source initiale, pour les apparitions de sylphes, est manifestement Le comte de Gabalis, repris par Collin de Plancy, repris par Garinet, etc.
Les différentes éditions laissent bien entendre qu'il s'agit d'un roman, mais pas Collin de Plancy, qui veut absolument qu'à l'origine il y eut une aurore boréale, que le comte de Gabalis réinterpréta en termes d'apparition de sylphes. A partir de là, plus question de fiction, et tous les auteurs ultérieurs feront comme si le comte de Gabalis avait été un personnage réel, racontant un phénomène réel. Avec ce résultat que Schaefer nous assure que la réalité du phénomène est certaine, et nous explique que les chroniqueurs ont parlé de "sylphes", parce que le phénomène était aérien.