Les prétendus OVNI des photos d'Apollo
Il faut dire une chose pour les conspirationnistes: ils n'ont pas peur du ridicule.
En particulier, ils n'ont pas peur d'afficher et de démontrer leur ignorance crasseuse en matière d'optique et de photographie: un adolescent possédant un appareil depuis quelques années comprendrait tout de suite à quoi sont dus les "artefacts" de certaines photos d'Apollo, en particulier les "lens flare"
Pas les conspirationnistes, qui n'ont pas honte d'affirmer que les taches blanches qu'on voit dans le ciel noir sont manifestement des OVNIs.
Paris Match, comme référence scientifique
L'eussiez vous cru, les conspiratonnistes préfèrent se fier à Paris Match, qu'à la NASA.
|
Mystère n°2
En deuxième point, nous allons analyser cette photo tirée du Paris Match n°1138 du 27 Fév. 1971 et dont la légende explicative de la revue est la suivante: "Les Ornières zigzagantes de la brouette: le chemin sinueux qui part du Lem est la trace de la "brouette" lunaire en aluminium. Il témoigne de l'effort épuisant des astronautes . Ceux-ci en effet devaient au cours de leurs deux sorties modifier à chaque instant leur itinéraire afin d'éviter les rochers et les cratères. D'autre part, ils étaient terriblement gênés par les rebondissements de la brouette dont les pneus se trouvaient trop gonflés dans l'apesanteur, et pourtant le poids du véhicule qui aurait été de 40 Kg sur terre, n'était sur la lune que de 6,75 Kg."
Vous constatez donc en premier lieu qu'il n'est pas fait mention dans le commentaire ci-dessus (et non plus d'ailleurs, dans tout le reste du texte de l'article du Paris Match) du disque lumineux qui brille de toute sa splendeur dans le coin supérieur gauche de la photo et qui ne peut en aucune manière, être le soleil, car les rayons lumineux éclairant la scène, viennent sur le document, beaucoup plus grand de Paris Match, d'une source lumineuse située beaucoup plus à gauche de ce petit disque. Aucune explication satisfaisante n'a jusqu'à présent été donnée sur la présence insolite de ce disque dans ce paysage lunaire d'Apollo 14. |
|
Aucune explication satisfaisante n'ayant été donnée, le lecteur est donc supposé croire qu'un phénomène inconnu sur Terre s'est manifesté là.
Mais notre conspirationniste n'est pas tombé de la dernère pluie, et il a tout compris:
Il y a trente ans, je pensais que les disques lumineux représentaient des soucoupes volantes d'observations, venus d'ailleurs espionner les astronautes, mais maintenant je suis convaincu qu'il s'agit simplement de reflets parasites de projecteurs, non prévus par la NASA. Ce qui prouve une fois de plus que ces photos ont été faites sur Terre dans les centres de simulation du Névada ou ailleurs dans des centres encore plus secrets. |
EN RÉALITÉ
Effectivement nous trouvons bien cette photo dans Paris Match, n° 1138 du 27 février 1971, p 48-49
avec cette légende:
LES ORNIERES ZIGZAGANTES DE LA BROUETTE. Ce chemin sinueux qui part du Lem est la trace de la «brouette» lunaire en aluminium. Il témoigne de l'effort épuisant des astronautes . Ceux-ci, en effet, devaient, au cours de leurs deux sorties, modifier à chaque instant leur itinéraire afin d'éviter rochers et cratères. D'autre part, ils étaient terriblement gênés par les rebondissements de la brouette dont les pneus se trouvaient trop gonflés dans l'apesanteur. Et pourtant le poids du véhicule, qui aurait été de 40 Kg sur terre, n'était sur la Lune que de 6,75 Kg. |
Comme d'habitude, la légende de la photo témoigne de l'ignorance de son auteur: S'il était difficile de manier cette brouette de 40 kg sur le sol irrégulier de la lune, ce n'est pas parce que les pneus étaient trop gonflés, mais parce que l'inertie de la brouette correspondait à une masse de 40 kg, alors que le poids n'était plus que de 6.75 kgf. La même brouette eut été plus facile à manier sur Terre.
Notons que ce texte diffère de celui mentionné par notre conspirationniste, mais examinons son argument:
"Ce disque lumineux ne peut être le soleil, car les rayons lumineux éclairant la scène, viennent d'une source lumineuse située beaucoup plus à gauche de ce petit disque."
Bien sûr, mais personne n'a jamais dit que c'était le soleil.
Le plus simple est d'ailleurs de comparer avec une vraie photo du soleil, prise lors de la même mission Apollo 14. Voici donc, ci-contre, la photo AS14-66-9248.
En fait, l'intention de l'astronaute photographe n'était évidemment pas de photographier le soleil, mais de réaliser un panoramique depuis l'endroit où il se trouvait. Dans toutes les missions Apollo ayant aluni, les astronautes ont fait de tels panoramiques, où systématiquement une photo au moins était prise dans la direction du soleil.
Nous voyons donc ce qu'on doit trouver sur une photo du programme Apollo, prise au Hasselblad, avec le soleil en face:
D'abord l'image du soleil lui même, exagérement agrandie par l'irradiation, entourée d'une couronne plus faible.
Ensuite des rayons irisés et divergents partant de l'image solaire.
Puis alignées avec le centre de l'image solaire, de petites taches blanches arrondies: ce sont les "lens flares", des reflets de l'image solaire provoqués par deux réflexions vitreuses successives sur les lentilles de l'objectif. Ces "lens flares" sont présents, même quand le soleil est en dehors du champ.
Enfin, en bas à droite, des taches arrondies plus large, qui sont aussi des lens flares, mais tellement défocalisés que leur lumière s'éparpillent sur une surface plus large, en n'écrasant pas complètement l'image qu'elle recouvre.
Maintenant, retrouvons l'image originale (AS14-67-9367):
On voit que les symptomes précédents sont présents, sauf le large disque d'irradiation, ce qui est du au fait que le soleil est juste en dehors du champ. Les lens flares larges sont présents, mais faibles et difficile à trouver. Les petites taches blanches, sont donc bien des lens flares, et nous voyons que sur la photo avec le soleil dans le champ, le lens flare le plus proche du soleil n'est pas visible, car noyé dans le disque d'irradiation.
Maintenant, on voit aussi que l'image de Paris Match a été recadrée, ne laissant subsister que lens flare le plus bas.
Pourquoi alors dire "Aucune explication satisfaisante n'a jusqu'à présent été donnée sur la présence insolite de ce disque dans ce paysage lunaire d'Apollo 14" ? Il suffisait de regarder l'image originale. La cause de ce disque est alors tellement évidente qu'elle n'a pas besoin d'explications.
Il y a pire: Ayant compris que les rayons lumineux éclairant la scène, viennent d'une source lumineuse située beaucoup plus à gauche de ce petit disque, l'auteur ne pense pas un instant que cette source serait bètement le soleil. Non! Ce ne peut être que des projecteurs puisque les photos ont été prises en studio. Et bien sûr ces imbéciles de la NASA n'auraient pas pensé que leurs projecteurs feraient des reflets dans les lentilles. Et ils seraient même tellement bètes qu'ils n'auraient pas pensé non plus à faire retoucher les photos.
Mais bien sûr...
|
Le mystérieux OVNI d'Apollo 14
Nos conspirationnistes ont toujours semblé ignorer qu'il existe plus de 19 000 photos prises au Hasselblad lors du programme Apollo. Ils passent leur temps à découvrir des bizarreries sur les quelques photos remises à la presse. Aussi font ils semblant de s'étonner devant un OVNI dans le champ d'une photo d'Apollo 14, en passant sous silence le fait que des dizaines, voire des centaines de photos montrent exactement les mêmes OVNI, dans differentes positions, comme nous l'avons vu plus haut.
Avec ce commentaire:
A notre connaissance la NASA n'a jamais bien expliqué, cette boule lumineuse (ici structurée en forme de toupie) qui brille parfois étrangement dans le ciel lunaire des photos qu'elle nous présente. |
EN RÉALITÉ
La NASA n'avait évidemment pas besoin d'expliquer la présence de lens flares, sur des photos non recadrées, ou la source des reflets est bien visible, sauf si elle voulait donner l'impression qu'elle prend le lecteur moyen pour un imbécile.
Il faut dire que sur les seules photos d'Apollo 14, on compte:
23 images avec le soleil dans le champ
29 images avec des lens flares
44 images avec des lens flares défocalisés
Mais pour cela, encore faut il se donner la peine d'aller consulter l'ensemble des photos originales, et pas de se contenter des photos qu'on se refile de complotiste à complotiste, ou trouvées dans Paris Match.
|
Dernière mise à jour: 07/11/2014 |
|