"L'observation" de San José de Valdéras Une affaire qui paraissait sérieuse
Le 2 juin 1967, le journal "Informaciones", journal du soir, annonçait l'observation, dans la soirée de la veille, jeudi 1 juin, d'une soucoupe volante au dessus du château de San José de Valderas, en banlieue de Madrid. C'était vraiment sen-sa-tion-nel! De nombreux témoins avaient pu observer pendant de longues minutes un énorme engin lenticulaire baignant dans une lumière orangée, et il y avait même des photos! Ce scoop était rapportée par... un certain San Antonio (reporter au journal. ça ne s'invente pas). Les photos montraient que l'engin portait sur sa face ventrale un mystérieux dessin évoquant le schéma d'un changement de vitesse pour le lecteur moyen, mais évoquant le sceau d'Ummo pour les initiés. Des photos d'une incursion des "ummites"! Et ce n'était pas tout! Le journal "Pueblo" du même jour confirmait: Et le journal "Madrid" du lendemain renchérissait: Comment douter d'une observation rapportée par tant de témoins, par plusieurs journaux, avec des photos, et la caution du "professeur" Sesma? San Antonio avait reçu cinq photos d'un mystérieux photographe, apparemment un simple amateur qui se trouvait sur place avec sa fiancée et eut le réflexe d'utiliser son appareil. Mais curieusement... on ne retrouva jamais le photographe. Mais un autre photographe, qui signait Antonio Pardo - autant dire Jean Dupont - écrivit deux mois plus tard au journaliste Marius Lleget, membre du « Centre d'études interplanétaires " (CEI), qui venait de publier "Mythe et réalité des soucoupes volantes". Cet Antonio Pardo joignait deux clichés et un récit très circonstancié.
Mieux, L'objet observé à San José aurait atterri à Santa Monica, près du restaurant "La Ponderosa", et Antonio Pardo mentionnait d'autres témoignages et la présence d'étranges tubes métalliques. D'étranges tubes qui contenaient (au moins pour l'un d'entre eux) des lamelles d'une fine matière plastique portant le sceau d'Ummo On ne retrouva jamais Antonio Pardo. L'affaire se corsa quand on apprit qu'un certain Henri Dagousset écrivit à divers commerçants en offrant 18 000 pesetas pour chacun de ces tubes (plus 7000 pesetas au commerçant qui aurait permis de retrouver le détenteur) Vous aviez peut-être déja deviné qu'on ne retrouva jamais Henri Dagousset.
José Luis Jordan Péña, le témoin qui l'année précédente avait déjà observé l'OVNI d'Aluche, offrit son aide en rapportant d'autres témoignages. Antonio Ribera et Rafael Farriols furent tellement convaincus que, l'année suivante, ils en firent un livre:"Un cas parfait"(2). Parfait? Voire. Les photos, étrangement mal développées, ne se suivaient pas sur le négatif. Elles ne semblaient pas avoir été prises par un homme debout. Contre toute logique, l'engin n'était jamais cadré au centre. Antonio Ribera se donna beaucoup de mal pour plaider la réalité du cas. Il insista sur le fait que les déclarations des témoins se recoupaient, qu'elles avaient été enregistrées, qu'il y avait deux photographes indépendants, et que les photos recoupaient les témoignages. Il n'avait pas remarqué que les témoignages précis qui recoupaient les photos, venaient tous de la même personne: José Luis Jordan Péña... Patatras! L'affaire s'écroule Il y eut un premier couac en 1972. Dans son numéro du mois d'août, la revue Stendek sortit une étude du météorologiste Oscar Rey Brea tendant à montrer que les photos de San José étaient truquées. Après calcul, il concluait qu'il n'y avait en fait qu'un seul photographe qui avait photographié une maquette en utilisant un pied (3).
En 1977, Claude Poher, du GEPAN, montra qu'un traitement approprié des photos prises à San José mettait en évidence le fil de suspension de la soucoupe (un cliché de ce traitement fut exposé au stand du Gepan lors d'un salon du Bourget). Une autre enquête fut faite par William Spaulding, expert en analyse photo du Ground Saucer Watch., à partir d'une copie provenant d'Antonio Ribera. La aussi le traitement révéla un fil de suspension (5) Ce détail du fil de suspension a été contesté depuis. L'enquête de la Guardia civile espagnole sur cinq négatifs originaux, à confirmé que les négatifs étaient authentiques (ce qui n'avait jamais été contesté) et n'a pas trouvé trace du fil de suspension. Il paraîtrait qu'il s'agissait en fait d'une rayure sur le négatif. Une rayure qui se serait trouvé opportunément à l'endroit pile ou devait se trouver le fil de suspension, et avec la bonne longueur! Mais cette authenticité des négatifs ne prouvent rien contre l'hypothèse d'une maquette, suspendue ou non Les "ummites", qui avaient eu le temps d'apprendre leur métier, depuis leur premier contact avec Fernando Sesma, ne cherchèrent pas à nier le faux, ils expliquèrent même que cela entrait dans leur stratégie: Néanmoins, certains ufologues comme Antonio Ribera ou René Fouéré, du GEPA (et d'autres encore vivants), refusaient de se rendre à l'évidence: il fallait qu'on leur prouve que l'objet qui avait évolué le 1er juin 1967, sous les yeux de témoins dignes de foi, avait été fabriqué par un terrestre mystificateur (6). Aujourd'hui, il n'y a plus le moindre doute
Aucun témoin objectif de l'observation n'a été retrouvé. Comme l'a constaté l’enquêteur Manuel Carballal, toutes les personnes interrogées renvoient vers d'autres témoins supposés ou vers le livre de Ribera et Farriols, ou encore le journal du lendemain, sans avoir rien vu elles même. Tous les témoignages et documents étaient en fait l'oeuvre de José Luis Jordan Péna, qui d'ailleurs avait aussi mis en scène le pseudo atterrissage d'Aluche (il avait même répandu de la poussière radioactive). Il a expliqué en 1996, les détails de sa mystification à Manuel Carballal, expliquant que pendant que son ami Vicente Ortuño tenait le support, il avait pris les photos en utilisant volontairement un film rapide et l'avait développé pour obtenir une forte granulation afin de faire disparaître le fil de suspension Quant aux mystérieux tubes, c'étaient des étuis de thermomètre, dans lequel il avait placé des rubans de Tedlar, un fluorure de polyvinyle fabriqué par Dupont de Nemours, et que lui avait procuré un ingénieur de la NASA se trouvant alors en Espagne Nous avions personnellement fait ce genre de photo en 1986, en nous basant sur l'analyse de Claude Poher, comme on peut le voir plus bas. C'est presque trop facile... Faite votre soucoupe vous même!
Pourquoi vous contenter de minables photos de soucoupes en noir et blanc, quand vous pouvez en avoir de splendides? Faites les donc vous même! (on n'est jamais si bien servi...) Recette: deux assiettes en plastiques, du papier abrasif, un tube de colle, un peu d'adhésif noir ou un feutre noir, une paire de ciseaux, du fil de pêche force 400 g et un support. Poncez les assiettes pour leur donner un aspect mat, collez-les l'une sur l'autre, découpez le symbole d'Ummo dans l'adhésif et collez-le sous l'assiette du dessous. Vous pouvez rajouter une coupole à l'aide d'un couvercle de moulin à café coupé à la hauteur voulue. Vous pouvez aussi imiter une soucoupe vénusienne en rajoutant trois moitiés de balles de ping-pong en guise de train d'atterrissage. Pour suspendre l'engin à son support, reliez trois brins de fil, écartez-les et posez l'engin sur l'étoile ainsi réalisée. Attachez les trois brins au support en prenant soin de laisser suffisamment de hauteur pour que le support ne soit pas dans le champ. Photographiez a votre aise, en utilisant une grande profondeur de champ, c'est à dire un diaphragme réduit. Attention à l'éclairage: des ombres dures trahissent la maquette, d'où l'intérêt des assiettes translucides. Éventuellement, un éclairage supplémentaire à l'aide d'un miroir ou d'un projecteur adoucira les ombres.
Aujourd'hui, avec la numérisation, le traitement et l'incrustation d'image permettent de faire à peu près n'importe quoi. Notes et références (1) Recherches de Manuel R. à la Biblioteca Nacional. Article 11-1 (2) Antonio Ribera, Rafael Farriols, Un caso perfecto, Barcelone, Ed. Pomaire S.A., 1968. (3) Oscar Rey Brea, "Algo sobre las fotografias del supuesto Ovni de San Jose' de Valderas", Stendek No. 9, august 1972, pp.
5-11. (4) Claude Poher, « Les observations d'Aluche et de San José de Valderas ainsi que l'affaire Ummo : une supercherie de taille!» (5) William Spaulding, "Computer Photographic Analysys - San Jose de Valderas, Spain 1967",CUFOS Bulletin, spring 1977, pp. 11-13. (6) René Fouéré, avant-propos de Phénomènes Spatiaux, n° 51, mars 1977
(7) Martine Castello. Philippe Chambon. Isabelle Blanc, La Conspiration des étoiles. Robert Laffont. 1991. p. 149. (8) Manuel Carballal, "Los secretos de Ummo", Enigmas n° 8, aout 1977 |
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