"L'affaire" UMMO Alerte aux "envahisseurs"
Attention! Selon des informations "contrôlées par des scientifiques", des extraterrestres se seraient infiltrés sur Terre depuis plusieurs dizaines d'années. Des « envahisseurs » parmi nous? Comme à la télé? Des vrais? Oui, des vrais... pour ceux qui y croient... Les "contactés" Les "contactés", ce sont des gens qui prétendent avoir été en contact avec des extraterrestres. Contact télépathique, ou direct, voire physique (aaahh..., l'amour avec une vénusienne!). En général ils ont reçu de leurs initiateurs un enseignement philosophique, et des messages d'avertissement, mettant en garde l'humanité contre l'holocauste nucléaire
Néanmoins si on admet que des extraterrestres, très en avance sur nous comme il se doit, font un aussi long voyage pour venir instruire l'humanité de façon totalement désintéressée, alors il faut admettre aussi leur absence bizarre de jugement: ils n'ont jamais initié que des charlatans ou des illuminés. Il faut dire aussi que leurs engins étaient trop bien camouflés en ustensiles ménagers ou autre quincaillerie, soucoupes, ou enjoliveurs. Un initiateur extraterrestre sortant d'un réverbère, c'est à peu près aussi crédible qu'un évêque sortant d'un moulin-légumes Bref. ni la science, ni les gouvernements ne leur ont jamais prêté la moindre attention. Le bide! Il fallait donc trouver autre chose.
Il fallait donc faire venir les E.T. d'une planète où les Terriens ne risquent pas de mettre leur nez. Justement, l'idée de planètes extra-solaires commençait à prendre corps. Des astronomes travaillaient à déceler de telles planètes par les perturbations qu'elles créent dans le mouvement propre de leur étoile. En 1958, Aimé Michel rappelait dans "Science & Vie", que d'après les travaux de Holmberg, une grosse planète orbitait autour d'alpha du centaure Le Baal-Contrat Le 16 mars 1964, l'écrivain Robert Charroux reçut une étrange missive:
C'est ainsi qu'en 1964, il révéla dans "Le Livre des secrets trahis" qu'il avait reçu de mystérieux documents d'un certain M. N. Y., sollicité par des êtres originaires de la planète Bâavi. Cette planète, 1,5 fois plus grosse que la Terre, tournerait en 311 jours de 27 h 12 mn 57,6 s autour de Proxima du Centaure, alias Bâalki (1). Nous y voilà ! Bâavi ressemble trop aux cités utopiques qui abondent dans l'imaginaire terrien. Elles sont caractérisées par l'unicité des concepts. Un seul principe de gouvernement, un seul état, un seul peuple, ein Volk, ein Reich, ein Führer... Celui qui a conçu cette planète utopique a sa place dans la galerie des excentriques et autres fous littéraires, capables de passer leur vie à recréer la description d'un autre monde. Les "ummites" entrent en scène L'affaire Ummo est de la même veine.
Il fallait donc trouver des correspondants plus "ouverts" (entendez, plus naïfs)
Le 16 janvier 1966 Fernando Sesma Manzano reçut une étrange missive
C'est ainsi qu'en 1967, il révéla dans "Ummo une autre planète habitée" (3), qu'il avait reçu de mystérieuses lettres rédigées par des êtres originaires de la planète Ummo. Cette planète, 1,5 fois plus grosse que la Terre, tournerait en 180 jours de 30 h 55 mn autour de Wolf 424, alias lumma. D'après les "ummites", s'ils avaient choisi d'entrer en contact avec l'éminent professeur Sesma, c'est qu'il avait prouvé dans ses publications qu'il était réellement expert ès civilisations cosmiques. (et il n'avaient pas oublié le "s" de "cosmique" ) Seulement voilà, l'éminent professeur était tellement connu outre-Terre qu'il y avait de l'embouteillage sur sa ligne. Et comme il ne faisait aucune discrimination, les "ummites" se désolaient de le voir mélanger leur précieux enseignement avec des élucubrations spiritualistes. Ils ne le lui envoyèrent pas dire. "Vous comprendrez que comme une révélation OFFICIELLE de notre présence sur Terre est possible dans un futur proche, nous devons faire attention à tout ce qui se dit durant cette période de relations cryptohistoriques. Si de tels témoignages étaient contaminés par des faits étrangers correspondant à d'autres expériences extraterrestres (dont la réalité nous est étrangère) ce serait malhabile et préjudiciable" ( lettre D26 ) Ils cherchèrent donc d'autres correspondants. Pour les sélectionner, ils imaginèrent un test magistral. Les "ummites" changent de correspondant
Le 30 mai 1967, Sesma reçut une lettre annonçant trois arrivées de vaisseaux ummites entre le 30 mai et le 3 juin, L'un d'eux devait se poser aux environs de Madrid (lettre D60 ). Les amis des visiteurs de l'espace guettèrent avec la fièvre que l'on devine. Ils ne virent rien.
Rafael Farriols, un chef d'entreprise de Barcelone, apprit l'information par la radio. Il se rendit aussitôt sur les lieux, et y trouva Enrique Villagrasa qui, faisant déjà partie des auditeurs de Sesma, connaissait l'annonce de l'arrivée des "ummites" Il alla à Madrid, où il rencontra le témoin d'Aluche, et collabora avec Rafael Farriols pour enquêter. Ses investigations lui valurent la confiance des "ummites". Après la publication de son livre "un caso perfecto", il ne reçut pas moins de dix lettres dans l'année qui suivit.
Quant à Enrique Villagrasa, son assiduité à la société des «amis des visiteurs de l'espace » (et son titre d'ingénieur) lui avaient déjà valu d'être parmi les heureux récipiendaires des plus intéressants - ou des plus rocambolesques - documents sur le monde "ummite"
On comprend que ces lettres mystérieuses suscitaient l'intérêt des ufologues. Des copies circulaient. Ignacio Darnaude, ufologue de Séville, s'en fit l'archiviste. Le dr Aguirre fit des transcriptions et des photocopies. Ceci ne faisait pas l'affaire des "ummites" qui craignaient de voir leur prose arriver entre des mains trop savantes. Pour avoir trop communiqué de copies, Antonio Ribera fut bientôt exclu du cercle des récipiendaires. Étrange attitude pour des gens qui se prétendaient extraterrestres: plutôt que d'entrer en contact avec nos meilleurs savants, ils préféraient écrire à un petit groupe d'espagnols, crédules et dociles. Pour faire plus "extraterrestre", les "ummites" prétendaient qu'une hypersensibilité du bout des doigt les obligeait à en utiliser la jointure pour appuyer sur les boutons. Ce n'était pas trop gênant pour les boutons d'ascenseurs, mais on se serait étonné qu'ils tapent à la machine avec la jointure de leurs doigts (j'ai essayé: une minute pour taper la phrase précédente). Ils prétendaient donc faire taper leurs lettres par un dactylographe largement rétribué pour cela. Un autre élément qui plaidait pour cette réalité tout en attisant la curiosité, fut l'excitant jeu de cache-cache auquel se livraient les "ummites". Ils étaient passés par ici, repasseraient ils par là? Les "ummites" donnaient des renseignements sur leur localisation, mais pas trop. Ils réagissaient aux recherches des "ummologues", tout en leur disant qu'ils comprenaient leur légitime curiosité
Par deux fois, l'existence de l'implantation "ummite" fut révélée à la presse. Rafael Farriols, nouvel "élu"
Rafael Farriols s'était impliqué à fond dans l'affaire Ummo, au point de passer une bonne partie de ses journées à étudier les lettres et de faire surmonter sa maison du symbole d'Ummo. Il construisit notamment un "orgue à parfums" selon un plan donné par les "ummites". En 1971, il organisa dans un motel de Barajas près de Madrid un symposium destiné à révéler la teneur du courrier "ummite". Ce contenu fut en fait diffusé oralement, en une soixantaine d'heures de lecture, par un speaker de Radio-Barcelone, pendant que les images correspondantes étaient projetées sur un écran. Le public était constitué d'une quarantaine de personnes, dont les destinataires des lettres et... José Luis Jordan Peña. Les autres ne connaissaient pratiquement rien du dossier Ummo. Un biologiste français, envoyé par le GEPA (Groupe d'Etudes des Phénomènes Aériens), constata l'absence quasi-totale d'esprit critique des participants sur lesquels Farriols semblait exercer un ascendant considérable. Cet intérêt de Farriols fut "récompensé", et bientôt, c'est lui qui reçut directement le courrier "ummite", à charge pour lui de le redistribuer en temps utile. Il n'hésitera pas à détruire certaines lettres sans les ouvrir quand les "ummites" le lui ordonneront... les récipiendaires de lettres, qui devenaient "dépendants" de leur drogue, organisèrent d'autres congrès dans le but de faire réagir leurs correspondants "ummites". Un autre symposium fut organisé en mai 1973 à Barcelone. Un autre à Alicante en 1979 tourna un peu à la foire, mais les "ummites" réagirent quand même Les ufologues cherchent
Dans les années 60, l'affaire Ummo était pratiquement inconnue du public français. Seuls quelques ufologues étudiaient le dossier. L'intérêt va croître progressivement, en particulier à cause du contenu étonnant des lettres. Pourtant l'existence du supposé point d'arrivée, comme de la rocambolesque histoire de cambriolage qui s'en suivit, étaient des faits vérifiables. Comme étaient vérifiables un certain nombre d'histoires, pourtant abracadabrantes, mais bien terrestres, dans lesquelles les "ummites" prétendaient être impliqués. Comme était vérifiable l'existence de leurs différents correspondants espagnols, qui pouvaient ainsi se rendre compte que les autres correspondants cités existaient bel et bien. Ceci rendait crédible l'existence des nombreux et mystérieux correspondants, introuvables cette fois, que les ummites prétendaient avoir à travers le monde
Les "ummites" s'enferrent Moins vérifiables étaient les assertions des "ummites" sur leur planète. Du moins le croyaient ils... Un scientifique s'en( )mêle Antonio Ribera avait fourni des copies des lettres "ummites" à Claude Poher. Celui ci en confia à Maurice V. qui les montra à Jean Pierre Petit qu'il avait rencontré en 1974. Très intéressé par l'aspect aéronautique, Jean-Pierre Petit chercha à se procurer d'autres documents. Il y trouva des idées géniales et des erreurs manifestes. D'autres avaient dit la même chose des documents bâaviens. En tant que Physicien, Jean-Pierre Petit avait étudié la Magnétohydrodynamique, qui permet de produire de l'électricité à partir d'un fluide ionisé circulant dans un champ magnétique. Il était à même d'imaginer d'inverser le processus pour provoquer l'écoulement du fluide, et par réaction, la propulsion d'un aérodyne. En lisant que les engins "ummites" pouvaient se propulser sans bang sonique par contrôle de la couche limite et de la "couche de choc", il pensa à la MHD et tenta d'en faire l'expérience. Jean-Pierre Petit s'impliqua à fond dans cette recherche au point de prétendre que 95 % de ses théories ont trouvé naissance ou confirmation dans le courrier "ummite", dont l'origine terrestre lui paraissait alors peu probable.
C'est ainsi que le 20 novembre 1985, Jean Pierre Petit participa à la réunion de Madrid où il eut le loisir de discuter de la cosmologie "ummite" avec les récipiendaires des lettres. Il en fut assez conforté pour écrire trois articles dans les "Modern physic letters", une revue scientifique à comité de lecture, mais pas trop exigeante.(5) Ses travaux ne lui attirèrent pourtant pas le respect de ses collègues, peu enclins à discuter de science "révélée". Pourtant, Jean Pierre Petit possédait une abondante documentation; elle décrivait la civilisation ummite, son langage, son système métrique, etc, etc. Il s'orienta donc vers le grand public, et résuma ses connaissances du dossier "ummite" dans un livre (6). ... et ce qui devait arriver arriva: il aurait reçu lui aussi des lettres "ummites", des convaincantes et des moins convaincantes, le contenu de certaines ressemble tellement aux propres revendications de Jean-Pierre Petit qu'on a des doutes, d'autant qu'il n'a pas montré les originaux! Les critiques dénoncent les "ummoristes" Moins élogieux fut l'accueil des ufologues eux même, et des journalistes scientifiques qui acceptèrent de s'y intéresser. Pour les uns il allait beaucoup trop loin, en prenant l'affaire Ummo au premier degré. Pour les autres, il avait complètement quitté les rails de la Science.
Jusqu'ici, on n'avait guère vu d'étude critique complète sur l'affaire Ummo, mais seulement sur l'affaire de San José.
La revue "Science & Vie", après avoir envisagé de publier une critique du livre de Jean-Pierre Petit, pondit un canular désopilant: Le démasquage d'un "ummite" qui s'était infiltré dans la rédaction! Il avait l'odorat hypersensible et s'était trahi en parlant "ummite" et en lisant avec les doigts...(11) La revue reçut une quarantaine de lettres de lecteurs. Deux semblaient y croire, huit demandaient si l'histoire était vraie ou fausse, cinq penchaient plutôt pour le canular sans certitude que ce ne puisse être vrai, un lecteur avait lui aussi démasqué un "ummite"! Et puis, il y a ceux qui font le concours du plus "ummoriste"
Il ignorait, semble-t-il que la structure électronique du blurgonium (69 1/2 électrons) n'a rien avoir avec ses propriétés hypercélérogènes dues à la transformation d'un nombre imaginaire de neutrons en antigravitons sous l'action d'un champ d'ondes zygospasmodiques de haute fréquence, comme l'a démontré le Pr Charles Atan, spécialiste incontesté des GAG (Geodynalic Anomalies of Gravity) ... et bien sûr, il y a une lettre "ummite"...(12) * BLURG: Baliverne Lamentable à l'Usage Réservé des Gogos Le mystérieux emblème "ummite"
La mystérieuse "langue ummite" On l'a déjà vu, les "ummites" communiquent surtout avec les humains par lettres, mais ces lettres ne sont pas écrites en "ummite" (car elles seraient aussi hermétiques que le linéaire B des crétois), mais en espagnol, voire en français avec des hispanismes. Ça donnerait un peu "Ici Ummo, les espagnols parlent aux espagnols" si les lettres n'étaient émaillées de mots "ummites", du moins leur prononciation phonétique.Pour avoir une idée de la vraisemblance du procédé, imaginons qu'en 1957 un "savant russe" (en réalité un journaliste scientifique d'Ogoniok) écrive à un français, fana de la revue "spoutnik", pour lui parler des merveilles de la technique spatiale soviétique. Lui écrirait il en bon français (les russes cultivés sont bons en français), ou bien dans un français maladroit, constellé de mots russes écrits en majuscules cyrilliques. En bon français évidemment. La seconde solution ne pourrait être que l'oeuvre d'un farceur, profitant de la barrière du rideau de fer pour donner des informations fantaisistes en ayant l'air bien slave.
C'est pourtant à une parodie de cette solution que se sont livrés les "ummites" depuis leurs premières lettres, ne donnant jamais que des mots phonétisés, avec leur traduction, et quasiment jamais comme on pourrait s'y attendre, à des phrases "ummites" complètes, à titre de citation. Nous pouvons en conclure qu'en fait les prétendus "ummites" ne maîtrisent pas la langue "ummite", dont ils semblent ignorer la grammaire. Que vaut la science "ummite"?
On dit que les textes "ummites" montreraient un savoir en avance sur le nôtre. Plus exactement, la rumeur dit que des spécialistes - souvent non nommés - ont trouvé que certain de ces textes étaient du plus haut niveau. Les "ummites" n'ont rien inventé
Si les "ummites" sont si nuls en astronomie et en informatique, comment se fait il qu'ils aient pu tromper des scientifiques? Comment peuvent ils avoir l'air si savants en physique fondamentale, et en cosmologie? Parce que ces "théories" sont spéculatives, et - du moins à l'époque de l'écriture des lettres- invérifiables. Enrobez ces textes d'une" langue de bois du troisième type" et vous obtiendrez une métascience très con-vaincante. Mais vulgarisées en langage compréhensible, ces ésotériques représentations de l'univers, ces technologies futuristes sont elles vraiment d'une originalité qui prouvent leur caractère non terrestre? La machine "ummite" se détraque Dès 1978, des ufologues avaient envisagé de perturber la machine "ummite" en faisant circuler de fausses lettres. De fait, on signale une fausse lettre qui aurait été envoyée à Luis Jimenez d'Alicante dès 1979. D'autres apparaîtront dans les années 80, plus ou moins bien imitées. Mais aussi le symbole d'Ummo et "l'ummicité" elle même vont être "récupérés", par des mystificateurs et des illuminés, bref par des contactés. Le manipulateur se démasque
Depuis longtemps, on soupçonnait José Luis Jordan Peña, d'avoir fabriqué lui même une partie du dossier UMMO. Mais quand on commençait à l'accuser d'ètre l'auteur des lettres il se récriait ou éludait les questions Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose
Le problème c'est que ces fausses fausses lettres continuent d'être engrangées et analysées pieusement comme les vraies fausses parce qu'on pourrait appeler "les nouveaux ummologues". Pire, ils se sont constitués en une nouvelle secte informelle qui rappelle beaucoup celle des naïfs madrilènes. Pauvre José Luis Jordan Peña... Notes et références
(1) Sur Bâavi. voir: (2) Fernando sesma, "Yo, confidente de los hombres del espacio", Gràficas Espejo, 1965 (3) Fernando sesma, "UMMO, otro planeta habitado", Gràficas Espejo, 1967 (4) Antonio Ribera, "El Misterio de Ummo" , Plaza & Janés, Barcelone,1979
(5) Modern Physic Letters A, vol.3 n° 16 (1988) 1527-1532 (6) Jean-Pierre Petit, "Enquète sur des extra-terrestres qui sont déja parmi nous", Albin Michel aout 1991, 224 pages (7) notamment VSD n° 731, 5 septembre 1991 (8) Martine Castello - Philippe Chambon - Isabelle Blanc, "La conspiration des étoiles", Robert Laffont 1991, 192 pages (9) OVNI présence, SPECIAL UMMO , n° 47, mai 1992, 40 pages (10) Renaud Marhic, "L'affaire Ummo : les extraterrestres qui venaient du froid", Les Classiques du Mystère, 1993, ( extraits ) (11) Science & Vie n° 890, novembre 1991, p 60 (12) Science & Vie n° 893, février 1992, p 6 |
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Dernière mise à jour: 05/07/2021 |