CONCLUSIONS Nous avons examiné dans cette chronique des prodiges célestes, tant les premiers récits décrivant chaque prodige, que leurs descriptions et interprétations successives au cours des siècles. Le résultat est éminemment instructif. D'abord, les prétentions des ufologues s'écroulent: Il n'y a pas un seul prodige céleste antique bien documenté qui puisse être indiscutablement attribué à l'apparition d'un engin extraterrestre. Mais un certain nombre d'entre eux sont néanmoins relatifs à des objets extraterrestres: les comètes (que les ufologues ne récupèrent pas) et les bolides (que les ufologues récupèrent quand ils ont une apparence discoïde). Ensuite, on peut remarquer qu'il y a eu trois vagues d'intérèt pour les prodiges antiques: celle de l'antiquité elle même, celle du seizième siècle, et celle de la deuxième moitié du vingtième siècle, qui dure encore aujourd'hui. La différence tient, bien sûr, dans l'interprétation: L'antiquité voyait dans ces prodiges, la manifestation des dieux. Le seizième siècle y voyait des présages funestes, mais cette fois sans les dieux. Au vingtième siècle on y a vu des incursions d'extraterrestres, ce qui nous ramène aux dieux, en remplaçant le surnaturel par la technique. Mais il y a plus: on retrouve dans chacune de ces vagues, les mêmes types de comportement face aux prodiges: L'annaliste, le chroniqueur, ou le journaliste, qui enregistre le prodige, comme il enregistrerait n'importe quel évènement. Le compilateur, qui extrait soigneusement les prodiges des évènements consignés par les précédents, ou par d'autres compilateurs. Dans l'antiquité nous trouvons Julius Obsequens. Au seizième siècle, le plus bel exemple est Conrad Lycosthènes. Au vingtième siècle un bon exemple est Michel Bougard. L'apologétiste, qui utilise ces prodiges pour démontrer la validité de ses croyances. Dans l'antiquité, nous trouvons Valere Maxime. Au seizième siècle, beaucoup de compilateurs ont cru pouvoir montrer que les fin du monde était proche. Simon Goulart a eu la main lourde en attribuant à la fausse comète de 1527, 63 ans de calamités. Au vingtième siècle, Harold Tom Wilkins est très prompt à transformer les prodiges en engins extraterrestres. Le savant essaye de classer ces phénomènes pour y trouver une typologie. Dans l'antiquité, Pline l'ancien distingue les gouffres, les poutres, les lampades, les ceraties, etc... Au seizième siècle Marc Frytsch publie Meteororum, un traité sur les phénomènes aériens, ou puiseront des compilateurs. Au vingtième siècle, Allen Hynek servira longtemps de caution scientifique aux ufologues, bien que sa classification, principalement basée sur les apparences (visuelles, de distances), ne vale guère mieux que celle de Pline. Le sceptique, pour qui tous ces prodiges sont des phénomènes naturels, et rien d'autre. Un bel exemple dans l'antiquité est Cicéron. Au seizième siècle, à part Montaigne, la mode n'est guère au scepticisme (il faudra attendre deux siècles), mais une tendance s'amorce à propos des comètes, qui chez certains auteurs, comme Camérarius, sont d'affreux présages, et chez d'autres, comme Apianus, des phénomènes astronomiques et naturels. Au vingtième siècle un exemple de scepticisme acharné nous est fourni par Donald Menzel. Mieux, on retrouve les mêmes syndromes au seizième siècle et au vingtième, en particulier le biais de sélection, ou "cherry picking", et le syndrome du moine copiste, ou l'auteur copie, non la source initiale, mais au contraire la plus récente, ce qui donne l'homme qui a lu le livre de l'homme, qui a lu le livre de l'homme, qui a lu ... l'homme qui a vu l'ours. Résultat, les rapports modernes d'un fait ancien disent presque le contraire du récit initial, et Ciceron cautionne au vingtième siècle, des prodiges qu'il pourfendait au premier siècle avant notre ère. C'est dire quel crédit on peut accorder à tous ces auteurs, tous ces catalogues, toutes ces interprétations des prodiges anciens. Mais ne nous faisons pas d'illusions. Cette infâme qualité de l'information ne tient pas à l'ancienneté du matériau, mais à la méthode utilisée pour le rapporter. On trouve exactement la même chose dans la vague de soucoupes volantes de 1954, ou un minable point lumineux observé par un témoin unique et peu fiable, se transforme quinze ans après en deux groupes de soucoupes se faisant des signaux. Alors, toutes ces histoires qui se retrouvent de livre en livre, serait-ce tout simplement des bétises? Hélas, oui. . |
Dernière mise à jour: 22/02/2015
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