2024 avant JC
Egypte, Comète précédant la confusion des langues.
En réalité: Invention

1578, Tibianus mentionne une comète 3602 ans après son apparition.
Nach dem Sündfluß zweyhundert Jar/    Anno Mundi 1944
Und achtzig achte ungefar
Umb Thebe die vralte Stat/
Ein Sternen man gesehen hat/
Im Stainbock hat er angefangen/
Vast durch drey zaichen ist er gangen/
In fünffundsechßig tagen hart/
Hat an sich ghabt Saturni art.
Verenderung ward vil gemacht/
Vil unglücks hat er auch gebracht.

Environ deux cent quatre vingt huit ans ans
après le déluge,
Au dessus de Thèbes, l'antique ville,
On a vu une étoile,
elle est apparue dans le Capricorne,
elle a traversé trois signes,
en soixante cinq jours,
elle avait la nature de Saturne.
Beaucoup de changement fut fait,
Elle apporta aussi beaucoup de malheurs.

(Tibianus, 9e feuillet)

1579, Georgius Caesius entérine la comète.
Anno mundi 1944. post diluvium 288. Cometa in Aegypto circa Heliopolis in Capricorno fulsit, qui spatio 65. dierum tria signa perambulavit.
Confusio linguarum et dispersio populorum in totum orbem, Gen. 11. Paulo antequam Abraham nasceretur.
L'an 1944 de la création, 288 ans après le déluge. En Egypte, près d'Héliopolis, une comète brilla dans le Capricorne, qui parcourut trois signes en l'espace de 65 jours.
Confusion des langues et dispersion des peuples dans le monde entier, Genèse 11, peu avant qu'Abraham ne naisse.
(Caesius, dixième page)
Note: C'est la deuxième comète que Caesius et Tibianus rapportent sans qu'on en trouve aucune référence antérieure, et ce ne sera pas la dernière.
Notons aussi l'incohérence: Toute l'humanité et toutes les civilisations ayant été détruites par le déluge, 288 ans après, l'humanité n'était plus composée que des descendants de Noé.
Selon la bible massorétique, étaient encore vivants, Noé, qui avait 888 ans, Sem, né avant le déluge avec ses frères Cham et Japhet, qui en avait 388, Arpakchad qui en avait 286, Chèlah, qui en avait 251, Eber, qui en avait 221, Péleg, qui en avait 187, Réou, qui en avait 157, Séroug, qui en avait 125, Nahor, qui en avait 95, et Térah, futur père d'Abraham, qui n'en avait que 66. Cela nous fait 8 générations nées après le déjuge. on peut supposer qu'après 8 générations, La Mésopotamie n'était encore peuplée que de quelques dizaines de milliers d'habitants.
C'est pire avec la version des septantes, où étaient vivants: Noé, qui avait 888 ans, Sem, qui en avait 388, Arphaxad, qui en avait 286, Salé, qui en avait 151, et Héber, qui n'en avait que 21. Si on admet que, selon les septantes, les patriarches ne commençaient à procréer qu'après l'age de 100 ans, cela ne nous fait plus que deux générations, et la population mondiale s'en trouvait encore plus réduite.
Or, c'est ensuite que Caesius situe la dispersion des peuples, dans le monde entier, et en particulier en Egypte, qui jusque là, était donc vide d'habitants. Ainsi, à supposer qu'Héliopolis ait existé avant le déluge, ce n'était plus, à l'époque de cette comète, qu'une ruine sans habitants. Et pourtant, Caesius voudrait qu'elle eut abrité des astronomes, et que leurs observations nous en soient parvenues!
La conclusion est claire: On ne sait pas encore ou Caesius et Tibianus ont pris cette histoire de comète, mais on se moque de nous, et cette comète est, encore une fois, une pure invention.


1602, Abraham Rockenbach, admirateur de Caesius, reprend l'histoire.
Anno mundi millesimo, nongentesimo, quadragesimo quarto. Anno post diluvium, ducentesimo, octuagesimo octavo, Cometa in Aegipto naturam Saturni referens, circa Alcairum, in dodecathemorio Capricorni visus est, hicque spatio sexaginta quinque dierum, tria signa in coelo percurrit. Hunc confusiones linguarum, et dissipationes gentium, in toto terrarum orbe, sunt secutae. De quibus Genes. undecimo capite, prolixius textus dicunt.
L'an mil neuf cent quarante quatre de la création, deux cent quatre-vingt huit ans après le déluge, près du Caire, en Egypte, une comète se rapportant à Saturne fut vue dans le fuseau du Capricorne, et celle ci l'espace de soixante-cinq jours, parcourut trois signes dans le ciel. De cela s'ensuivirent la confusion des langues, et la dispersion des races. De quelles choses on parle plus abondamment dans la Genèse, chapitre 11.
(Rockenbach, p 114)
Note: Rockenbach rajoute ici la planète astrologiquement domiciliée dans le Capricorne, c'est à dire Saturne. Il a donc lu, soit Tibianus, soit sa source. Le fuseau du Capricorne, c'est la tranche d'un douzième de la sphère céleste qui le contient. Rockenbach fait suivre la comète de la confusion des langues, comme si c'en était une conséquence, alors que Caesius place simplement l'un après l'autre chronologiquement. Quant à la Genèse, elle ne parle, bien sûr, que de la confusion des langues, consécutive à la construction de la Tour de Babel.

1668, Johannes Hévélius fait malheureusement toujours confiance à Rockenbach:
Anno Mundi 1944. Ante natum Chr. 2191.
Anno Mundi 1944, post Diluvium 288, Cometa in Ægypto naturam Saturni referens, circa Alcairum, in dodecatemorio Capricorni visus est, hicque spatio 65 dierum tria Signa in cœlo percurrit. Hunc confusiones linguarum secutae sunt. Rockenbach.
Juxta Calvis. Confusio linguarum accidit Anno M. 1757,Ante C.2191.

L'an 1944 de la création, 2191 avant Jésus Christ
L'an 1944 de la création, l'an 288 après le déluge, près du Caire, en Egypte, une comète se rapportant à Saturne fut vue dans le fuseau du Capricorne, et celle ci l'espace de soixante-cinq jours, parcourut trois signes dans le ciel. De cela s'ensuivit la confusion des langues. Rockenbach.
D'après Calvisius, la confusion des langues survint l'an 1757 de la création, 2191 avant J.C.

(Hévélius, p 794)
Note: Hévélius, cite sa source, qui, malheureusement, ne vaut qu'une rumeur. Il y a une incohérence dans les datations, car si la confusion des langues date de 1757, elle a eu lieu 101 ans après le déluge, et non 288 ans après.

1681, Lubienietski fait aussi confiance à Rockenbach.
II Anno Mundi 1944. Anno post diluvio 288. Cometa in Aegypto naturam Saturni referens, circa Alcairum, in dodecatemorio Capricorni visus est, hicque spatio 65 dierum, tria signa in coelo percurrit. Hunc confusiones linguarum, et dissipationes gentium, in toto terrarum orbe sunt secutae. De quibus Genes. XI cap., prolixius textus dicit. Rockenbachius.
II l'an 1944 de la création, l'an 288 après le déluge, près du Caire, en Egypte, une comète se rapportant à Saturne fut vue dans le fuseau du Capricorne, et celle ci l'espace de soixante-cinq jours, parcourut trois signes dans le ciel. De cela s'ensuivirent la confusion des langues, et la dispersion des races. De quelles choses on parle plus abondamment dans la Genèse, chapitre 11. Rockenbach.
(Lubienietski, p 28)
Note: Lubienietski cite scrupuleusement Rockenbach, dont le texte ne méritait pas cet égard.
Mais il fait ensuite un bel étalage d'érudition pour montrer les tentatives de datation de la confusion des langues, qui, après le déluge, aurait eu lieu: 62 ans après (Helvicus), 94 ans après (Alstédius), 101 ans après (Calvisius), 102 ans après (Bucholzérus), 131 ans après (Krentzheimius), 133 ans après (Funccius), 152 ans après (Pétavius), soit nettement moins que les 288 ans allégués par Rockenbach. C'est se donner bien du mal pour une comète, qui, de par le récit lui même, ne pouvait pas avoir été observé.


1696, Johann Zahn, fait un résumé.
2) M. 1944. In Capricorno naturae Saturninae circa Alcairum visus Cometes per dies 65, qui tria signa percurrit. Abrahamus Rockenb.
An 1944 de la création. Près du Caire, on vit 65 jours dans le Capricorne, une comète de la nature de Saturne, qui parcourut trois signes. Abraham Rockenbach..
(Zahn, p 162)
Note: résumé maladroit: si cette comète est restée 65 jours dans le Capricorne, elle n'a pas pu parcourir trois signes.

1783, Alexandre Guy Pingré ne se donne même pas la peine de réfuter.
L'an 2191 ou 2024, ou 288 après le déluge, et immédiatement avant la confusion des langues, vers Le Caire, en Egypte, on vit, selon nos Cométographes modernes, une Comète dans le Capricorne; en soixante-cinq jours elle parcourut trois signes du Zodiaque. Ce sont là encore de pures fiction, imaginées sans aucun fondement, et qui ne méritent seulement pas d'être réfutées.
Hévél. Lub. Rock. Caesius. Zahn.
(Pingré, p 246)
Note: les sources ne sont pas rangées dans l'ordre chronologique. Pingré aurait du les mettre dans l'ordre: Caesius. Rock. Hévél. Lubien. Zahn. Comme pour la comète du déluge, ces sources s'étalent sur 117 ans, en se recopiant les unes les autres, après près de quatre millénaires de silence assourdissant. On comprend que Pingré ne se donne même pas la peine d'une réfutation .

Analyse:
Pingré a tout compris: Cette comète est une pure fiction, inventée par on ne sait encore qui, et reprise par Tibianus et Georgius Caesius, qui ne sont même pas donné la peine de vérifier que l'histoire tenait debout.

Dernière mise à jour: 13/05/2020

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