218 avant JC
Amiternum, Italie, apparences de navires et d'hommes en blanc
En réalité: Illusion

vers 9 avant notre ère, Tite Live mentionne une série de prodiges:
Romae aut circa urbem multa ea hieme prodigia facta aut, quod evenire solet motis semel in religionem animis, multa nuntiata et temere credita sunt, in quis ingenuum infantem semenstrem in foro holitorio triumphum clamasse, et {in} foro boario bovem in tertiam contignationem sua sponte escendisse atque inde tumultu habitatorum territum sese dejecisse, et navium speciem de caelo adfulsisse, et aedem Spei, quae est in foro holitorio, fulmine ictam, et Lanuvi hastam se commovisse et corvum in aedem Junonis devolasse atque in ipso pulvinari consedisse, et in agro Amiternino multis locis hominum specie procul candida veste visos nec cum ullo congressos, et in Piceno lapidibus pluuisse,
À Rome, ou dans les environs, il y eut, cet hiver, grand nombre de prodiges; ou plutôt, par un effet ordinaire de la superstition, lorsqu'elle s'est une fois emparée des esprits, on en annonça beaucoup que l'on crut sans réfléchir.
Par exemple, un enfant de six mois, de condition libre, avait crié "Triomphe!" dans le marché aux herbes;
dans celui aux boeufs, un taureau était monté de lui-même à un troisième étage, d'où il s'était ensuite précipité, effrayé par les cris des habitants de la maison;
dans le ciel avaient brillé des feux en forme de vaisseaux; la foudre était tombée sur le temple de l'Espérance, dans le marché aux herbes; à Lanuvium, la lance de Junon s'était agitée; un corbeau, descendu dans le sanctuaire de cette déesse, s'était perché sur le Pulvinar même;
dans la campagne d'Amiterne, on avait vu, à plusieurs endroits, des fantômes à figure humaine, vêtus de blanc, et qui ne se laissaient approcher par personne; dans le Picénum, il avait plu des pierres;

Note: la traduction précédente est de M.Nisard, en 1864 (nous avons corrigé deux erreurs: légèrement au lieu de "avec légèreté", et "tonnerre au lieu de foudre). On peut remarquer que les romains voyaient des prodiges, là où ne verrions que de simples faits divers. Nous extrayons donc, et retraduisons au plus près du texte, ce qui nous intéresse
et navium speciem de caelo adfulsisse,...
et in agro Amiternino multis locis hominum specie procul candida veste visos nec cum ullo congressos, et in Piceno lapidibus pluuisse,

Note: la première phrase est si connue qu'elle est (mal) traduite dans le Gaffiot (chercher Adfulgeo)
et au ciel avaient brillé l'apparence de navires,... et dans la campagne d'Amiterna, en de nombreux endroits, on avait vu au loin des apparences d'hommes vétus de blanc, sans qu'on les rencontre nulle part, et dans le Picenium il avait plu des pierres
(Livius, liv XXI, ch LXII)

vers 20, Valère Maxime ne mentionne que la pluie de pierres.
in Piceno lapidibus pluisse
Dans le Picénum, il avait plu des pierres
(Valère, Liv.I, ch VI-5)

vers 207, Dion Cassius puise dans Tite Live.
CLXXXI On racontait partout de nombreux prodiges; les uns vrais, les autres imaginaires: lorsque certains hommes sont livrés à de vives alarmes, et qu'un phénomène nouveau leur est signalé, ils en supposent souvent un autre. Si un de ces prodiges est accueilli avec une aveugle confiance, beaucoup d'autres trouvent également foi.
Dion2, livre XII
Note: Dion Cassius, qui puise dans Tite Live, copie aussi ses doutes.

1544 Polydore Virgile semble mélanger ses sources
Cn. Servilio, C.Flaminio Coss. navium species in coelo extitere, ...
Gnaeus Servilius et Caius Flaminius étant consuls, des apparences de navires surgirent dans le ciel, ...
(Polydore, p 593)
Note: Polydore Virgile cite ce prodige avec un an d'erreur, puisque les consuls correspondent à l'an 217 AC.

1552, Le pseudo Obsequens tente de reconstituer le texte du vrai Obsequens.
DXXXVII 215
Gn. Servilio Gemino, C. Quintio Flaminio II, Coss.
31
navium species in coelo visae...
in agro Amiternio multis locis hominum species procul candida veste visae; in Piceno lapidibus pluit.

An 537 de Rome, 215 av JC
Gnaeus Servilius Geminus. Caius Quintus Flaminius, consuls
Note: En réalité, Gnaeus Servilius Geminus et Caius Flaminius Nepos, furent consuls en l'an 537 de Rome, 217 av JC
L'apparence de navires fut vue dans le ciel...
Dans la contrée d'Amiterna, en de nombreux lieux furent vues au loin des apparences d'hommes vétus de blanc, dans le Picenum il plut des pierres

(Obsequens2, p 55)
Note: C'est ici la reconstitution de Lycosthènes, copiée chez Tite Live.

1557, Conrad Lycosthènes se cite lui même

navires célestes (Lycosthènes)
anno mundi 3749. ante Christum 214
navium species in coelo visae...
In agro Amiterno multis locis hominum species procul candida veste visae. In Piceno lapidibus pluit.
Liv & Jul.Obseq.ca.31

Année de la création 3749. 214 avant Jésus-Christ
L'apparence de navires fut vue dans le ciel
Dans la contrée d'Amiterna, en de nombreux lieux furent vues au loin des apparences d'hommes vétus de blanc, dans le Picenum il plut des pierres
Tite Live et Julius Obsequens ch. 31

Lycosthenes, p 114
Note: La date est fausse, mais chez Lycosthènes c'est normal.

1842, Victor Verger traduit la reconstitution de Lycosthenes.
XXXI. Sous les consuls Gn. Servilius Geminus et C. Quintius Flaminius II (1)
On aperçut au ciel des espèces de navires....
En divers endroits du territoire d'Amiterne, on aperçut au loin des spectres vétus de blanc. Dans le Picenum, il plut des pierres.
(1) An de Rome 537

(Obsequens3, p 37)

1955 Harold T. Wilkins réfute les hypothèses sceptiques.
B.C. 214: "The forms of ships were seen in the sky at Rome." (As this book shows, these forms have been seen, long after, in the skies of old Ireland; and we cannot align them, in every case, with auroral displays, or mock moons or suns. Au.).
Les formes de navires ont été vus dans le ciel à Rome. (Comme ce livre le montre, ces formes ont été vus, longtemps après, dans le ciel de l'ancienne Irlande, et nous ne pouvons pas les assimiler, dans tous les cas, à des aurores, ou des simulacres de lunes ou de soleils. l'auteur)
Wilkins, p 172

1964 Raymond Bernard remplit le ciel de prodiges.
B.C. 218: The Sky Is Filled "In Amiterno district in many places were seen the appearance of men in white garments from far away. The orb of the sun grew smaller. At Praeneste glowing lamps from heaven. At Arpi a shield in the sky. The moon contended with the sun and during the night two moons were seen. Phantom ships appeared in the sky." - Livy, History, Books XXI-XXII
218 av. J.-C. : Le ciel est plein "Dans la province d'Amiterna, on vit en de nombreux endroits l'apparence d'hommes en vêtements blancs, venant de très loin. Le globe du soleil devint plus petit. A Praeneste des lampes ardentes du ciel. A Arpi un bouclier dans le ciel. La Lune lutta avec le soleil et pendant la nuit on vit deux lunes. Des vaisseaux fantômes apparurent dans le ciel." - Tite-Live, Histoire, livres XXI- XXII
Bernard, ch. Conclusion
Note: La référence est juste, mais la traduction incorrecte. Tite Live ne dit pas que ces apparences venaient de très loin (comme des extraterrestres), mais qu'elles paraissaient loin. Et il parle d'apparences de vaisseaux et non de vaisseaux fantômes, ce qui a aujourd'hui un autre sens. Quant aux autres prodiges, ils concernent l'année suivante

1970, Henry Durrant copie Bernard.
- 218 av. J.-C. : « Dans la province d'Amiterna, on vit en de nombreux endroits l'apparence d'hommes en vêtements blancs, venant de très loin. Le globe du soleil devint plus petit. A Praeneste, des lampes scintillantes dans le ciel. A Arpia, un bouclier dans le ciel... Des vaisseaux fantômes apparurent dans le ciel. (Tite-Live, Histoire romaine, livres XXI, XXII). »
Durrant, p 49

1977, Pierre Vieroudy copie Durrant.
218 avant J .-C. on vit à de nombreux endroits de la province d'Amiterna l'apparence d'hommes en vêtements blancs venant de très loin.
Vieroudy, p 32

1977, Raymond Drake accompagne l'invasion d'Hannibal, de vaisseaux fantomes.
Hannibal franchit les Alpes et envahit l'Italie. Tite-Live rapporte que des vaisseaux fantômes dans le ciel, des apparitions en vêtements resplendissants effrayèrent les Romains
(Drake2, p 117)

1977 Michel Bougard copie Durrant.
Dans l'« Histoire Romaine» de Tite-Live, on peut lire: «... (en -218) dans la province d'Amiterna, on vit en plusieurs endroits l'apparence d'hommes vêtus de blanc, venant de très loin... Des vaisseaux fantômes apparurent dans le ciel.» 30.
30. Tite-Live, Histoire Romaine, livres XXI, XXII.

(Bougard, p 44-45)
Note: Bougard répète textuellement les erreurs de Durrant

1977 Christiane Piens se base sur Tite Live.
Tite-Live rapporte que, durant l'hiver -218 - 217, il arriva pluieurs prodiges à Rome et aux environs. On vit notamment des images de vaisseaux briller dans le ciel. Dans la campagne d'Amiterne, on aperçut de loin, en plusieurs endroits, des fantômes humains vêtus de blanc, que personne ne put approcher 10.
10. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXI, 62.

(Piens, p 31)

21ème siècle, Godelieve Van Overmeire copie Henry Durrant.
-218
ITALIE: ROME ANTIQUE
"Dans la province d'Amiterna, on vit en de nombreux endroits l'apparence d'hommes en vêtements blancs, venant de très loin... Des vaisseaux fantômes apparurent dans le ciel". (Henry DURRANT: Le livre noir des S.V." - Laffont 1970 - p. 49)

(Chronologie OVNI, sur le site actuellement fermé de Godelieve Van Overmeire.)
Note: Rappelons que ce site est la source de presque tous les catalogues disponibles sur le web francophone

21ème siècle, la légende explose sur le web.
Italie - Rome antique ( 218 av. JC. )
Dans la province d'Amiterna, on vit en de nombreux endroits l'apparence d'hommes en vêtements blancs, venant de très loin... Des vaisseaux fantômes apparurent dans le ciel.

(Une page web parmi les 124 qui citent ce texte)

2006, Jean Sider joue au critique.
-218 - sdp - République romaine :
Tite-Live écrivit ceci: « Dans la province d'Amiterna, on vit en plusieurs endroits l'apparence d'hommes vêtus de blanc, venant de très loin. Le globe du soleil devint plus petit [...] À Praeneste, on vit des lampes scintillantes dans le ciel [...].» (Bougard, p. 45, citant Tite- Live, Histoire Romaine, Livres XXI et XXII).
Une autre source, à propos du phénomène d'Amiterna, écrit ceci:
« On aperçut de loin, en plusieurs endroits, des fantômes humains vêtus de blanc, que personne ne put approcher. Durant l'hiver -218 - 219, il arriva plusieurs prodiges à Rome et aux environs. On vit notamment des images de vaisseaux briller dans le ciel. » (Piens, p. 32, citant Tite-Live, Histoire Romaine, Livre XXI, 62).
Au sujet du cas d' Amiterne (ou Amiterna), ces deux auteurs belges citent la même source originelle, bien que les versions soient toutes deux légèrement différentes. Dans la dernière phrase de Christiane Piens, nous pensons qu'il vaudrait mieux comprendre que personne ne voulut approcher, car l'expression « ne put approcher » suggère un effet de paralysie des témoins qui n'est absolument pas signalé.
Notons les hommes en blanc, personnages que l'on retrouvera bien plus tard dans d'autres visions citées dans ce catalogue.

(Sider, p 43)
Note: L'auteur parait ici bien arrogant pour critiquer ses sources, quand lui même ne s'est pas donné la peine de citer les textes originaux, tout en affirmant: "Tite-Live écrivit ceci:".
Hé non, Tite-Live n'écrivit pas ceci, et il n'y a rien d'étonnant à ce que deux traductions différent, puisque Tite-Live écrivait en latin. Vous ne le saviez pas monsieur Sider? Ah, c'est vrai, vous n'avez pas lu Tite-Live.
Admirons aussi la succulente remarque au sujet de la paralysie des témoins qui n'est pas signalé dans le texte que Sider n'a pas lu. Comme si la paralysie était la seule chose qui put empécher les témoins d'approcher. Soyez en assurés, chers lecteurs, les témoins ne voulurent pas s'en approcher. Jean Sider le sait mieux que Tite-Live lui même!


2007, Richard Stothers mentionne l'explication de Franklin Krauss.
At Rome in the winter of 218 BC "a spectacle of ships (navium) gleamed in the sky" (Liv. 21.62.4). Franklin Krauss, for lack of an alternative explanation, speculated that the "ships" were clouds or mirages, although suggestive cloud formations had been long-understood, familiar features. 11
11 Krauss (1930) 79. Cloud forms when imaginatively interpreted were generally recognized in antiquity to be psychological projections: Ar. Nu. 346-57; Lucr. 4.129-42; Cic. Div. 2.49; Theophanes Confessor AM 5870.

A Rome l'hiver de 218 av J.C. "un spectacle de navires (navium) brilla dans le ciel (Tite Live, livre 21, ch.62.4). Franklin Krauss, faute d'une autre explication, imagine que les «navires» étaient des nuages ou des mirages, bien que des formations nuageuses suggestives aient été depuis longtemps, des formes familieres.
11 Krauss (1930) 79. Les formes des nuages, lorsqu' interprétés par l'imagination, étaient généralement reconnues dans l'antiquité pour être des projections psychologiques:

(Stothers, p 82)

2009, Jacques Vallée remplace les apparences de navires par une marine fantôme.
218 BC, Amiterno, Italy: phantom ships
"A phantom navy was seen shining in the sky; in the territory of Amiternum beings in human shape and clothed in white were seen at a distance, but no one came close to them."

218 av JC. Amiterno, Italie: vaisseaux fantômes
Une marine fantôme a été vu brillant dans le ciel; dans le territoire d'Amiternum des êtres de forme humaine et vêtus de blanc ont été vus à distance, mais personne ne vint près d'eux

(Vallée2, cas n° 8)
Note: Houla! Vous avez bien lu: une marine fantôme. pas un vaisseau, pas une escadre, une marine!

Analyse:
La source originale est Tite Live, et il en dit légèrement plus que les ufologues qui reprendront son texte (souvent sans l'avoir lu)
D'abord Pline nous prévient quant à la réalité de ces prodiges: "multa nuntiata et temere credita sunt. on en annonça beaucoup que l'on crut sans réfléchir.".
Ensuite quand il parle des navires ou des hommes en blanc, il dit bien: "l'apparence ", (species).
"au ciel avait brillé l'apparence de navires". Ce "avait brillé" (adfulsisse) semblerait indiquer que ces apparences étaient lumineuses, mais encore faut il que ce soit la traduction correcte de "adfulsisse", de adfulgeo, qui signifie aussi: apparaitre (de façon très visible) . Et c'est là qu'il serait utile de savoir si c'était le jour où la nuit. Tout comme il serait utile de savoir si navires paraissaient nets ou flous, blancs ou colorés, bas ou hauts dans le ciel, rapides ou lents, de petites ou de grandes dimensions apparentes... On ne sait rien. On ne sait même pas si ces apparences furent vues dans la direction de la mer. On sait juste que c'était l'apparences de navires, probablement à cause de l'apparence de voiles. Et Tite Live nous dit bien qu'il faut prendre en compte l'effet de la supersition. Comment conclure que le phénomène était bien mystérieux? Pouvait-ce être, comme le pense Franklin Krauss, des mirages ou de simples nuages? Le mirage parait peu probable, car nous sommes dans les environs de Rome à au moins 20 km de la mer comme dans les cas de Lanuvium. Mais comme pour ce cas, un banc de nuages est encore possible, mais seulement possible, tellement les renseignements sont peu suffisants. La seule certitude est que ces navires étaient illusoires.

Pour la pluie de pierres dans le Picénum, nous nous trouvons dans le même cas: nous ne savons rien de plus. Où cela s'est il passé? quand exactement? Dans quelles conditions? Mystère. Impossible de privilégier une hypothèse plus qu'une autre. Nous devons encore classer ce cas sans suites pour renseignements insuffisants

"on avait vu au loin des apparences d'hommes vétus de blanc"... des apparences toujours, mais cette fois, nous savons que c'était au loin, et que ces "apparences" étaient donc de petites dimensions apparentes, donc difficiles à bien distinguer. Nous savons aussi que de nombreux témoins de la contrée virent la même chose, sans que personne ne réussisse à s'en approcher. Ceci s'explique immédiatement: ce phénomène était le même pour tous les témoins, et bien plus loin qu'ils ne l'imaginaient, en sorte que tenter de s'en approcher ne changeait rien. Les silhouettes blanches étaient donc bien plus grande en réalité que des silhouettes d'hommes. Que pouvait-ce être? Peut-être une curieuse et peu courante disposition de nuages blancs contre l'horizon. Cela s'accorderait avec le fait que c'était blanc, et très loin. En tous cas il s'agirait d'une classique confusion de type "boule suiveuse".
Nous pouvons maintenant juger de la récupération de ce phénomène, à coup de petits changements dans le texte. Si nous faisons la synthèse des interptétations ufologiques, ça donne:
Une marine fantome brilla dans le ciel. Dans les environs d'Amiterna, en de nombreux lieux, de nombreux témoins ont vu des êtres vétus de blanc (des scaphandres?), venus de très loin (des extraterrestres?) que personne ne put approcher (champ de force répulsif?)
Non, vraiment, messieurs les marchands d'OVNI antiques (et en toc), apprenez le latin, ou changez de métier.

Dernière mise à jour: 20/07/2014

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