223 avant JC
Ariminium, grande lumière nocturne et trois lunes. Ciel embrasé
En réalité: Parasélène probable, aurore boréale possible

vers 100, Plutarque raconte comment les consuls furent démis par l'apparition de trois lunes.
Comme les consuls Flaminius et Furius marchaient contre les Insubres avec des forces considérables, on vit la rivière qui traverse le Picénum rouler des eaux ensanglantées, et l'on assura que l'on avait vu trois lunes à la fois dans les environs d'Ariminium. Les prêtres chargés d'observer les présages pendant les élections consulaires soutinrent que l'élection des consuls s'était faite sous des auspices fâcheux. Aussitôt le Sénat envoya au camp des lettres de rappel pour les consuls ; ordre de revenir sans retard se démettre de leur charge, et défense d'entreprendre quoi que ce fût contre l'ennemi, en qualité de consuls. Flaminius reçut la lettre du Sénat; mais il ne l'ouvrit qu'après avoir livré bataille, mis les ennemis en fuite, et livré leur pays au pillage. Il revint chargé de dépouilles ; mais le peuple n'alla pas au devant de lui, parce qu'il n'était pas revenu aussitôt qu'on l'avait rappelé ; loin d'obéir à la lettre du Sénat, il en avait montré un mépris insultant : aussi peu s'en fallut qu'on ne lui refusât le triomphe. Il triompha ; mais le peuple le fit rentrer dans le rang de simple citoyen, en le forçant d'abdiquer le consulat avec son collègue.
(Plutarque1, Vie de Marcellus)
Note: le mandat de ces consuls correspond à l'an 223 av JC. La suite du texte montre à la fois la stupidité des romains de l'époque, mais aussi l'importance qu'avaient pour eux ces prodiges
Ariminium, ou Ariminum, s'appelle aujourd'hui Rimini


vers 207, Dion Cassius puise dans Tite Live.
Entretemps avaient eu lieu des présages qui avait jeté le peuple de Rome dans une grande crainte. Dans le Picenum une rivière prit la couleur du sang, En Etrurie une grande partie des cieux sembla en feu, à Ariminium une lumière semblable au jour éclata la nuit, dans de nombreuses régions de l'Italie, trois lunes furent visibles la nuit, et dans le forum, un vautour se percha plusieurs jours.
Dion2, livre XII
Note: Dion Cassius, nous a laissé une histoire romaine, écrite en grec, dont malheureusement, les livres 1 à 36 sont perdus, et connus seulement par des fragments et des citations d'autres auteurs. La version originale du présent passage est de Jean Zonaras, qui puisait dans Dion Cassius, qui puisait dans Tite Live. Tite Live se basait probablement sur les annales des pontifes, aujourd'hui disparues, qui elle même se basaient sur la rumeur publique, en sorte qu'il est remarquable qu'on arrive partiellement à comprendre ce qui s'est passé 22 siècles après, à travers de telles sources.

vers 416, Orose le prètre s'inspire des livres, encore existant, de Tite Live:
Eo deinde anno, qui huic proximus fuit, dira miseram urbem terruere prodigia: miseram utique, quae hinc fremitu hostium, inde nequitia daemonum terrebatur; namque in Piceno flumen sanguine effluxit et apud Tuscos caelum ardere uisum est et Arimini nocte multa lucem claram obfulsisse ac tres lunas distantibus caeli regionibus exortas apparuisse.
Ensuite cette année, qui fut la plus proche de ceci, la malheureuse ville fut terrifiée de sinistres prodiges, malheureuse surtout, par ces clameurs des ennemis, d'où elle était épouvanté par un dérèglement des esprits, car dans le Picenum le fleuve roula du sang, et chez les Thusciens le ciel fut vu embrasé, et à Ariminium, la nuit, beaucoup de lumière brillante resplendit et trois lunes apparurent dans des régions différentes du ciel.
(Orosius, livre IV, 13)
Note: A l'époque d'Orosius, les livres perdus de Tite-Live étaient encore consultables, et c'est probablement chez lui qu'ont copié Plutarque et Orosius.

8ème siècle, Paulus Diaconus puise dans Orose pour compléter Eutrope
sequenti anno in Piceno flumen sanguinem effluxit et apud Tuscos caelum ardere visum est et Arimini nocte multa luce fulgente tres simul lunae apparuere.
l'année suivante, dans le Picenum, le fleuve roula du sang, et chez les Tusciens on vit le ciel bruler, et à Ariminium, beaucoup de lumière brillant la nuit, trois sortes de lune apparurent.
(Diaconus, livre III, ch. 1)
Note: Paulus Diaconus, ou Paul diacre, est l'auteur de l'Historia Romana, continuation avec des compléments de Breviarum ab urbe condita, d'Eutrope.

vers 1120, Jean Zonaras s'inspire de Dion Cassius:
Si est-ce que Rome fut grandement épouvantée à cause de certains prodiges: car il y eut une rivière au pays des Picens laquelle ietta du sang, & un grand quartier du ciel fut veu ardre & brusler sur la Toscane, mesmement en Arimin fut aperceue une lumière s'eslever de nuict & esclairer comme si ce fust en plain midy. En quelques autres contrees d'Italie apparurent trois lunes, & un vautour demoura perché par plusieurs jours au milieu du marché & place publique.
(Zonaras, p 593)
Note: Ceci est une des première traduction en français (de l'époque) de l'histoire romaine de Jean Zonaras, historien grec du 12ème siècle, qui avait puisé dans les livres, qui existaient encore de son temps, de Dion Cassius, qui lui même, avait puisé dans dans les livres, aujourd'hui disparus, de Tite Live. On voit qu'au fil des recopiages et des traductions, la lumière nocturne s'intensifie jusqu'à égaler celle du midi

1544 Polydore Virgile semble mélanger ses fiches
Cn. Domitio, L.Annio Coss. Arimini tres lunae visae.
Cnaeus Domitius et Lucius Annius étant consuls, On vit trois lunes à Ariminium.
(Polydore, p 593)
Note: On ignore ou l'auteur a trouvé ces noms de consuls. Cnaeus Domitius fut consul en 283 et non en 223, et aucun consul ne s'appela Lucius Annius.

1552, Le pseudo Obsequens tente de reconstituer Tite Live.
DXXXI 231
C. Quintio Flaminio, P.Furio Philone, Coss.
30
In Piceno flumen sanguine effluxit, apud Thuscos coelum ardere visum. Arimini nocte multa lux clara effulsit, très lunae distantib. coeli regionibus exortae.

C. Quintus Flaminius, P.Furius Philon, consuls
Dans le Picenium, le fleuve roula du sang, chez les Thusciens le ciel fut vu embrasé. A Ariminium, la nuit, beaucoup de lumière brillante resplendit, trois lunes distantes se levèrent dans le ciel

(Obsequens2, p 54)
Note: Le texte d'Obsequens est perdu, tout comme celui de Tite Live. Il s'agit ici des suppléments de Lycosthènes, qui, visiblement, a repris le texte d'Orosius.

1553, Cuspinianus prétend citer Eutrope.
517 C.Licinius & P.Cornelius
Eutropius, licet hos Coss. non nominet: Sequenti tamen, inquit, anno in Piceno flumen sanguine effluxit, & apud Tuscos coelum ardere visum est, & Ariminii nocte multa luce fulgentes tres simul lunae apparuere.

Eutrope, bien qu'il ne nomme pas les consuls, dit pourtant que l'année suivante dans le Picenium le fleuve roula du sang, et que chez les Tusciens on vit le ciel embrasé, et qu'à Ariminium, beaucoup de lumières brillant dans la nuit trois lunes apparurent ensemble.
(Cuspinianus, an 517)
Note: nous avons vu que ce n'est pas chez Eutrope, mais chez Paulus Diaconus.

1553, Cuspinianus sème le doute.
530 C.Flaminius & P.Furius Pilo
Meminit hujus quoque belli Orosius libro quarto, cap.duodecimo, qui contemptis auspiciis Flaminium pugnasse scribit: narratque prodigia illa evenisse, de quibus superius ex Europio scripsimus, sub coss. C.Licinio & P.Cornelio, annis retrorsum tredecim: quod scilicet in Piceno flumen sanguine fluxerit, coelum arserit, & tres lunae apparuerint: ut appareat in alterutro esse errorem. Licet Plin.lib.secundo, capite trigesimosecundo, ea prodigia sub Gn.Domitio & L.Annio facta scribat.
Verum Plutarchi in vita Marcelli, dubium tollit, cum in haec verba scribit: Cum Flaminius hac Fulvius (Furius credo legendum) Coss. in insubres copias haberent, fluvius qui per Picenum agrum labitur, cruore fluxisse visus est. Tres quoque Graecos penes Ariminium apparuisse traditum est. Id qui sit, tres Graecos apparuisse, nescio. Alii certe tres lunas apparuisse scribunt.

Orose dans son livre IV, chapitre XII, se souvient de cette guerre, qui écrit que Flaminius a combattu dans le mépris des auspices: Et il raconte les prodiges qui se sont produits, dont nous avons parlé ci-dessus d'après Eutrope, sous les consuls C.Licinius et P.Cornelius, treize ans en arrière, qui est que, dans le Picenium le fleuve roula du sang, le ciel s'embrasa, trois lunes apparurent: en sorte que l'un des deux soit une erreur. Bien que Pline, Livre II, chapitre XXXII, parle de ces prodiges sous Gn.Domitius et L.Annius
Mais Plutarque, dans la vie de Marcellus, jette le doute, en écrivant ces mots: Lorsque Flaminius et Fulvius (lire, je crois Furius), consuls, eurent des troupes chez les Insubres, la rivière qui coule à travers la campagne du Picenum, a été vue roulant du sang. On a appris aussi que trois grecs sont apparus près d'Ariminium. Je ne sais pas ce que signifie "trois grecs sont apparus". En tous cas, D'autres écrivent "trois lunes apparurent".

(Cuspinianus, an 530)
Note: D'apès Pline, il s'agit en fait de Cn. Domitius et de C. Fannius (an de Rome 632 = 122 av JC). Mais que viennent faire ici ces trois grecs, au lieu de trois lunes, que Plutarque fit apparaitre à Ariminium? Diable! Henry Durrant aurait il commencé son catalogue d'OVNI, avec l'arrivée de trois grecs (voire trois grecques), à Ariminium? Jamais le sénat de Rome n'aurait ordonné la démission des consuls pour trois malheureux grecs débarqués en Italie. C'est comme si aujourd'hui on demandait la démission du gouvernement parce que trois siciliens sont débarqués à Marseille.
La solution nous est donnée par la linguistique. Le texte de Plutarque est écrit en grec. Quand il parle de trois lunes, il écrit "treis selenas", que par homophonie, certains ont compris "treis ellenas", trois grecs, ou trois grecques. Nous pouvons donc être sûr que c'est bien de trois lunes que Plutarque parlait.


1555, Marc Fritsche prétend citer Eutrope.
mundi 3729 Urbis 517
In Piceno flumen sanguine fluxit.
In Thuscia coelum arsit
Arimini tres lunae visae. Eutrop.

Dans le Picenium un fleuve roula du sang
En Thuscie le ciel s'embrasa
A Ariminium on vit trois lunes. Eutrope.

(Fritschius2)
Note: manifestement Marcus Fritschius n'a pas lu le livre d'Eutrope, qui ne dit rien de tel, mais celui de Paulus Diaconus.

1557, Conrad Lycosthènes, copie Cuspinianus

trois lunes (Lycosthènes)
anno mundi 3729 ante Christum 234
In Piceno flumen sanguine effluxit. In Thuscia coelum arsit. Arimini tres lunae visae. Eutropius & Cuspinianus in commentariis in Cassiodorum.

Année de la création 3729. 234 avant Jésus-Christ
Dans le Picenium un fleuve roula du sang. En Thuscie le ciel s'embrasa. A Ariminium on vit trois lunes. Eutrope et Cuspinianus dans les commentaires de Cassiodore

Lycosthenes, p 108
Note: Lycosthènes n'a manifestement fait que recopier la source indiquée par Cuspicianus (Eutrope) sans la vérifier, puisque cette histoire ne s'y trouve pas. D'ailleurs il ne cite même pas correctement le titre du livre de Cuspinianus. C'est lui aussi, sous le nom de Julius Obsequens, qui recopie les lunes distantes d'Orosius, qui ne se trouvent pas dans le texte de Plutarque, bien qu'en pratique, le fait soit exact. Malheureusement sa gravure nous montre ces trois lunes accolées, avec une phase en croissant qui ne risque pas de créer des parasélènes lumineux, et donc spectaculaires. Par contre, elle montre les deux lune latérales moins lumineuse que la lune centrale, comme dans le cas d'un parasélène.

1557, Conrad Lycosthènes se répète.
anno mundi 3742 ante Christum 221
C.Fla.& Fulvius Cons. cum in insubres copias agerent, fluvius qui per agrum Picenum inllabitur cruore fluxisse visus est
...
In Piceno flumen sanguine effluxit, apud Thuscos coelum ardere visum. Arimini nocte multa lux clara effulsit, très lunae distantibus coeli regionibus exortae.

Année de la création 3742. 221 avant Jésus-Christ
C.Flaminius et Fulvius, consuls, alors qu'ils menaient des forces chez les Insubres, on vit la rivière qui s'écoule dans la contrée du Picenum couler de sang.
...
Dans le Picenum le fleuve roula du sang, chez les Thusciens le ciel fut vu embrasé. A Ariminium, la nuit, beaucoup de lumière brillante resplendit, trois lunes distantes se levèrent dans le ciel

Lycosthenes, p 108-109
Note: Lycosthènes ne se rend pas compte qu'il nous sort trois fois l'histoire du fleuve rougi, et deux fois le ciel embrasé et les trois lunes. Il nous ressort le texte qu'il avait inséré dans sa reconstitution d'Obsequens, et qui constitue un doublon. En plus, les deux dates sont fausses.

1842, Victor Verger consacre la légende.
XXX. sous les consuls C.Quintius Flaminius et P. Furius Philon (3)
Dans le Picenum, les eaux d'un fleuve se changèrent en sang; chez les Thusciens, le ciel parut embrasé; à Ariminium, il fit grand jour au milieu de la nuit, trois lunes ayant paru à trois endroits du ciel, distants les uns des autres;
(3) An de Rome 531

(Obsequens3, p 35)
Note: Cette traduction de Victor Verger d'un texte qui n'est même pas le vrai texte d'Obsequens consacre la légende du jour au milieu de la nuit. Faite en 1842, elle a été la seule disponible en français pendant plus d'un siècle

1955 Harold T. Wilkins joue au sceptique.
B.C. 222: "When C. Quintius Flaminius and P. Furius Philon were consuls ... at Ariminum (Rimini, on the Adriatic), there shone a great light, like day, at midnight, when three moons appeared in quarters of the sky distant from each other." (May, or may not, have been aurorae and paraselenae. Au.)
222 av JC: «Quand C. Quintius Flaminius et P. Furius Philon étaient consuls ... à Ariminum (Rimini, sur l'Adriatique), il a brillé une grande lumière, comme le jour, à minuit, quand trois lunes apparurent dans des régions du ciel distantes les unes des autres. ". (pourrait, ou non, avoir été des aurores et des parasélènes. l'auteur).
Wilkins, p 165

1955 Harold T. Wilkins n'a plus de doutes.
B.C. 220: "A clear light shone at night in the sky over Areminium (Rimini, Italy).
220 av JC: Une lumière claire brilla la nuit dans le ciel au-dessus d'Areminium (Rimini, Italie)
Wilkins, p 172
Note: Wilkins nous sort deux fois le même cas, à deux dates et avec deux orthographes différentes. Il invoque une possible aurore boréale, pour expliquer la lumière brillante qui n'a en fait jamais existé.

1964 Raymond Bernard prétend citer Dion Cassius.
B.C. 223: Bright Light, Three Moons "At Ariminium a bright light like the day blazed out at night; in many portions of Italy three moons became visible in the night time." - Dio Cassius, Roman History, Book I
223 av JC: Lumière brillante, trois lunes " A Ariminium une lumière brillante comme le jour illumina la nuit; en de nombreuses régions de l'Italie, trois lunes devinrent visibles au cours de la nuit." - Dion Cassius, Histoire romaine, livre 1
Bernard, ch. Conclusion
Note: Les ufologues ont recopié ce passage pendant 40 ans, sans penser à vérifier la source: ce texte n'apparait pas dans le livre I de Dion Cassius, seulement connu par des fragments. En fait il est copié de la traduction en anglais de Dion Cassius par Earnest Cary, qui inclut les passages repris de Jean Zonaras. Mais Bernard n'a même pas lu cette édition car Dion Cassius, cite des prodiges que Bernard aurait pu utiliser et ne cite pas. Il s'est donc servi d'une source intermédiaire.

1970, Henry Durrant copie Bernard.
223 av. J.C. : « A Ariminium, une lumière brillante comme le jour illumina la nuit; en de nombreuses régions de l'Italie, trois lunes devinrent visibles au cours de la nuit. » (Dion Cassius, Histoire romaine, livre 1).
Durrant, p 49
Note: Le texte est traduit mot pour mot de celui de Bernard, avec son erreur de source.

1977, Pierre Vieroudy copie Durrant.
223 av. J.-C., A Arimimnium, une lumière brillante comme le jour illumina la nuit; en plusieurs régions de l'Italie, trois lunes devinrent visibles au cours de la nuit..
Vieroudy, p 32

1977, Raymond Drake résume la légende.
trois lunes furent vues dans le ciel.
(Drake2, p 117)
Note: Drake cite le même phénomène pour l'an 234, 222 et 221 av JC. En fait il copie d'autres auteurs qui se sont trompés dans les dates, et ne se rend pas compte qu'il cite plusieurs fois la même observation.

1977 Michel Bougard invoque un phénomène naturel.
Henry Durrant dans son «Livre noir des soucoupes volantes» signale d'autres extraits d'auteurs latins où il est question de trois soleils ou de trois lunes, mais il semble bien que ces phénomènes soient parfaitement naturels et que les témoins de l'époque n'aient observé en ces occasions que des parhélies ou, ce qui plus rare, des parasélènes.
(Bougard, p 45)
Note: Certes, seulement plein d'autres phénomènes, mentionnés par les ufologues dans leurs catalogues de cas antiques, sont aussi parfaitement naturels. Pourquoi alors garder les bolides et les aurores boréales, et refuser les parasélènes?

1977, Yves Naud n'a pas lu les sources qu'il cite.
L'historien latin décrit longuement trois étranges « lunes » visibles d'abord au-dessus de Rimini puis dans d'autres régions de l'Italie en 222 après J.-C., fait qui a été rapporté par d'autres chroniqueurs dont Dionius Cassius.
(Naud, vol 2, p 109)
Note: le prétendu historien est Julius Obsequens

21ème siècle, Godelieve Van Overmeire copie Henry Durrant.
-223
ITALIE: ROME ANTIQUE
"A Ariminium une lumière brillante comme le jour illumina la nuit; en de nombreuses régions de l'Italie, trois Lunes devinrent visibles au cours de la nuit." (Henry DURRANT: "Le livre noir des S.V." - Laffont 1970 p. 49, cite Dion Cassius, Histoire romaine, Livre I)

(Chronologie OVNI, sur le site actuellement fermé de Godelieve Van Overmeire.)
Note: Rappelons que ce site est la source de presque tous les catalogues disponibles sur le web francophone

21ème siècle, la légende explose sur le web.
Italie - Rome antique ( 223 av. JC. )
A Ariminium une lumière brillante comme le jour illumina la nuit; en de nombreuses régions de l'Italie, trois Lunes devinrent visibles au cours de la nuit.
(Une page web parmi les 93 qui citent ce texte)
Note: Des dizaines d'autres pages web citent également le texte de Raymond Bernard, en donnant comme source Dion Cassius, qu'aucun de ces copieurs/colleurs n'a lu.

2007, Richard Stothers mentionne le cas dans une simple note.
16 Liv. 22.1.10-12; Orosius 4.15. Three moons appeared simultaneously in 223 BC and in 122 BC, and probably consisted of two mock moons on either side of the real moon, although the time is not explicitly stated to have been night: Plin. Nat. 2.99; Plu. Marc. 4.1; Orosius 4.13; Obsequens 32; Apuleius in Lyd. Ost. 4; Zonaras 8.20.
16 Tite Live, livre 22, ch 1 10-12; Orose livre 4, ch 15: Trois lunes apparurent simultanémént en 223 av J.C. et en 122 av J.C., et consistaient probablement en deux parasélènes de chaque coté de la vraie lune, bien qu'il ne soit pas explicitement stipulé que ce fut de nuit. Pline, Histoire Naturelle, livre II, ch. 99; Plutarque, vie de Marcellus, livre IV, ch. 1; Orose, livre IV, ch.13; Obsequens, 32; Apulée dans Jean le Lydien, De Ostentis, 4; Zonaras, livre VIII, ch.20
(Stothers, p 84)
Note: ces cas de parasélènes auraient mérité une entrée particulière, au lieu d'être insérés dans une simple note, mais les sources sont exactes, quoique Jean le Lydien ne nous parle qu'en quelques mots des trois lunes de l'an 122 AC.

Analyse:
La première mention de ce cas dans un catalogue d'OVNI est faite par H.T.Wilkins, qui le cite deux fois, d'après Obsequens et Lycosthènes. Puis vient Raymond W. Bernard, puis Henry Durrant (Didier Serres), Qui recopie textuellement Bernard, et dont c'était le plus ancien cas rapporté, prétendument d'après Dion Cassius.
Mais toutes ces sources sonst fausses ou douteuses.
Rien dans ce qui nous reste de Dion Cassius. Rien non plus chez Tite Tive (ses livres de cette époque sont perdus), rien chez Julius Obsequens (idem), rien chez Denys d'Halicarnasse, rien chez Polybe, rien chez Florus, rien chez Eutrope.
Mais d'où sortait donc cette histoire?
Il faut aller chercher chez Conrad Lycosthènes pour la voir apparaitre, avec comme source Eutrope, et Cuspinianus.
Mais il n'y a décidément rien chez Eutrope. Voici ce qu'il écrit pour la période 225 (consulat de L. Emilius Papus) à 222 (consulat de Cn. Cornelius Scipio et M. Claudius Marcellus)
Sous le consulat de L. Emilius, une armée formidable de Gaulois passe les Alpes : mais les Romains sont soutenus par toute l'Italie; et l'historien Fabius [Pictor], qui fut témoin de cette guerre, assure qu'on opposa huit cent mille hommes à l'ennemi. Du reste, les consuls obtiennent alors d'heureux succès : quarante mille Gaulois restent sur le champ de bataille, et le triomphe est décerné à Emilius. Quelques années après, on combat contre les Gaulois au sein de l'Italie, et la guerre est terminée sous le consulat de M. Claudius Marcellus et de Cn. Cornelius Scipion.
Et c'est tout. Pas un mot sur le prodige d'Ariminium. Il est vrai que l'ouvrage d'Eutrope est un abrégé. C'est dans les compléments de Paulus Diaconus qu'on trouve cette histoire.
Cuspinianus, lui, nous en parle deux fois. Une première fois pour l'an 517 de Rome (237 av JC), d'après Eutrope, et une seconde fois pour l'an 530 de Rome d'après Orosius et Plutarque
Mais toujours rien chez Eutrope pour l'an 237 av JC:
Sous le Consulat de Cornélius Lentulus, & de Fulvius Flaccus , qui était le temps que Hieron vint à Rome, les Romains firent la guerre aux Liguriens qui occupaient une contrée de l'Italie, & en triomphèrent. Cependant les Carthaginois cherchaient à renouveller la guerre , excitant à la révolte les habitans de L'Ile de Sardaigne, qui par le dernier traité dévaient être soumis aux Romains. Ils envoyèrent néanmoins des Ambassadeurs à Rome , & obtinrent la paix.
Puis il passe au consulat de T.Manlius Torquatus et de C.Attilius Balbus, en 235 av JC, où le seul fait marquant est qu'une paix générale mit fin à toutes les guerres, ce qui est effectivement un prodige, puisque ce n'était arrivé qu'une fois sous le roi Numa.


parasélène
Il nous reste donc la piste d'Orosius et de Plutarque qui mentionnent effectivement trois lunes en l'an 223 av JC.
Et dans ce cas, il s'agit d'un classique parasélène.
Lycosthènes dans sa reconstitution d'Obsequens, prise dans Orosius, nous parle de "beaucoup de lumière" (multa lux), mais son traducteur, Victor Verger, dans un bel élan de lyrisme, écrit "il fit grand jour au milieu de la nuit", après quoi Raymond Bernard et Henry Durrant sont bien excusables d'écrire qu'une lumière brillant comme le jour illumina la nuit, alors qu'à l'origine il y eut seulement trois lumières.
Comme quoi on devrait toujours savoir le latin, et même le grec, pour étudier les prodiges de l'antiquité.

Reste le ciel embrasé près de Thuscum, ou Tuscum, seulement ce nom est celui de la mer Thyrrénéenne, et c'est donc bien vague. Mais de toute façons, nous avons déja vu que ciel embrasé = aurore boréale possible.

Dernière mise à jour: 14/11/2014

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