274 avant JC
Italie, pluie de sang et de lait
En réalité: phénomène météorologique
Note: Pour ce prodige, la source est manifestement Tite Live, dans son livre XIV, aujourd'hui perdu, et pour lequel il ne nous reste plus que le résumé des Periochae. Les prodiges de ce livre ont du être recopiés par Julius Obsequens, dont les chapitres correspondants sont perdus eux aussi. Il ne nous reste plus que les emprunts à Tite Live de Paulus Orosius

vers 416, Orose le prètre s'inspire des livres, encore existant, de Tite Live:
Anno ab urbe condita CCCCLXXX inter multa prodigia sanguis e terra, ac visum est manare de caelo. nam et plurimis locis scaturiens e fontibus cruor fluxit et de nubibus guttatim in speciem pluviae lacte demisso, diri, ut ipsis uisum est, terram imbres inrigaverunt.
L'an de Rome 480, parmi de nombreux prodiges, du sang sur la terre fut vu couler du ciel, et en de nombreux lieux du sang jaillit des sources, et des nuages dégouttaient des sortes de pluies de lait, funestes, comme on le vit, qui arrosèrent la terre.
(Orosius, livre IV, 5)
Note: Les livres de Tite Live étaient encore consultables à l'époque d'Orosius, qui a probablement copié Tite Live.

1258, Vincent de Beauvais copie Orose
Orosius lib.4.cap.5. Anno ab urbe condita 480. in terra visa sunt multa prodigia, sanguis enim a terra, lac visum est manare de coelo, nam e plurimis locis scaturiens e fontibus cruor fluxit, de nubibus guttatim in specie pluviae lacte dimisso, ut ipsis visum est, terram ut imbres irrigaverunt.
Orosius, livre IV, chapitre 5. An 480 de Rome.On vit de nombreux prodiges sur terre, du sang sortir de terre, on vit du lait tomber du ciel, et en de nombreux lieux du sang jaillit des sources, des nuages dégouttaient des sortes de pluies de lait, comme on le vit, pluies qui arrosèrent la terre.
(Vincent, livre V, chapitre 25, p 144)
Note: Vincent de Beauvais recopie textuellement Orosius, à quelques mots près.

1545 Johann Funck ne mentionne que la pluie de lait.
Anni mundi 3698 | Anni urbis 486
Syriae C
De nubibus in speciem pluviae lac descendit.(Eutrop.lib.2

l'an 3698 de la création, 486 de Rome
Il tomba des nuages une sorte de pluie de lait. Eutrope livre 2.

(Funccius, fol 58)
Note: La chronologie de Funccius est en fait un grand tableau, où l'auteur doit faire rentrer un texte dans une case, d'où sa concision. Funccius donne Eutrope comme source, ce qui est faux.

1552, Le pseudo Obsequens tente de reconstituer Tite Live.
CCCCLXXXIII 264
M. Valerio Maximo, Appio Claudio Rufo, Coss.
27
Inter multa prodigia, sanguis e terra, et lac de caelo manare visum est. nam et plurimis locis scaturiens e fontibus cruor fluxit et de nubibus guttatim in speciem pluviae lacte demisso, diri terram imbres irrigaverunt.

An 483 de Rome, 264 av JC
M. Valerius Maximus, Appius Claudius Rufus, consuls.
27. Parmi de nombreux prodiges, on vit couler du sang sur la terre, et du lait du ciel. car en de nombreux lieux du sang jaillit des sources, et des nuages dégouttaient des sortes de pluies de lait, funestes pluies qui arrosèrent la terre.

(Obsequens2, p 52)
Note: Le texte d'Obsequens est perdu, tout comme celui de Tite Live. Il s'agit ici des suppléments de Lycosthènes, qui, visiblement, a repris le texte d'Orosius, mais en changeant la date.

1555, Marc Fritsche prétend citer Eutrope.
Mundi 3698 urbis 486
De nubibus in specie pluviae lac descendit. Eutropius lib.2

l'an 3698 de la création, 486 de Rome
Il tomba des nuages une sorte de pluie de lait. Eutrope livre 2.

(Fritschius2)
Note: Fritschius fait raconter bien des prodiges à Eutrope, qui ne dit rien de tel dans son livre 2. Fritschius n'a pas lu Eutrope, mais copie manifestement Funccius. Mais Funccius ne mentionne pas les dates avant J.C, et se trompe dans son calcul de date.

1557, Conrad Lycosthènes, cite Vincent de Beauvais
Anno mundi 3691, Ante Christum 272
Plurimis locis scaturiens e fontibus cruor fluxit. De nubibus guttatim in speciem pluviae lacte dimisso, ut ipsis visum est, terras ut imbres irrigaverunt. Vincentius libro sexto, capite 55. ex Orosio.

l'an 3691 de la création, 272 avant Jésus-Christ
En de nombreux lieux du sang jaillit des sources. Des nuages dégouttaient des sortes de pluies de lait, comme on le vit, pluies qui arrosèrent ls terres. Vincent, livre VI, chapitre 55, d'après Orosius.

Lycosthenes, p 103
Note: Voici la première citation que Lycosthénes fait, d'après Vincent de Beauvais, mais il s'est trompé, tant sur le livre, que sur la date.

1557, Conrad Lycosthènes, cite Johann Funck
Anno mundi 3698, Ante Christum 265
De nubibus in specie pluviae lac descendit. Funccius in chronicis

l'an 3698 de la création, 265 avant Jésus-Christ.
Il tomba des nuages une sorte de pluie de lait. Funccius dans ses chroniques.

Lycosthenes, p 105
Note: Deuxième citation du même cas à partir de Funccius.

1557, Conrad Lycosthènes, se cite lui même

pluie de sang (Lycosthènes)
Anno mundi 3700, Ante Christum 263
Inter multa alia prodigia, sanguis e terra, lac de coelo manare visum est. nam & plurimis locis scaturiens e fontibus cruor fluxit, & de nubibus guttatim in speciem pluviae lacte demisso, diri terram imbres irrigaverunt.
Livius & Julius Obsequens capite vigesimo septimo.

An 3700 de la création, 263 avant Jésus-Christ.
Parmi de nombreux autres prodiges, on vit couler du sang sur la terre, et du lait du ciel. car en de nombreux lieux du sang jaillit des sources, et des nuages dégouttaient des sortes de pluies de lait, funestes pluies qui arrosèrent la terre.

Lycosthenes, p 105
Note: Ici Lycosthènes ment effrontément. Il n'a évidemment pas cité le livre perdu de Tite Live. Quand à Obsequens, c'est sa propre reconstitution d'après Orosius qu'il nous cite. Pour avoir utilisé trois sources différentes, Lycosthenes se retrouve avec trois fois le même prodige, et comme d'habitude, n'y voit que du feu.

1842, Victor Verger traduit la reconstitution de Lycosthenes.
[27] XXVII. Sous les consuls M. Valerius Maximus et Q. Mamilius Vitulus (An de R. 489)
Entre autres prodiges nombreux, on vit du sang sortir de terre et du lait tomber du ciel : en plusieurs endroits, du sang coula des fontaines, et des pluies de lait mouillèrent la terre d'une rosée qui annonçait la colère des dieux.
(Obsequens3, p 33)
Note: C'est en fait la traduction par Victor Verger, du texte de Lycosthènes reconstitué de celui de Tite Live d'après Orosius. Et le traducteur ne se gène pas pour en rajouter. Il est bien question de pluie funeste (diri), mais tout de même pas de la colère des dieux.

Analyse:
L'apparence de sang inquiétait beaucoup les romains, qui criaient à la pluie de sang, ou au fleuve de sang dès que les eaux rougissaient. Aujourd'hui, à tort ou à raison, on crierait plutôt à la pollution. Divers phénomènes pouvant produire cet aspect, tout comme l'aspect laiteux des gouttes, nous ne pouvons rien conclure de précis, sauf que le phénomène était naturel. Pas besoin de soucoupes volantes en train de saigner ou d'allaiter.
Mais par ailleurs, nous pouvons juger du sérieux des prodigiographes du seizième siècle. Car si Paulus Orosius et Vincent de Beauvais citaient correctement leurs sources, Funccius, Marcus Fritschius et Conrad Lycosthènes se trompaient de livre et de date, au point que le même prodige se serait produit en 274, 272, 268, 265, 264 et 263 av JC!

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