2983 avant JC
Ecosse, éclipse totale de soleil
En réalité: réverie d'un chercheur imprudent

17 Septembre 1930, Ludovic MacLellan Mann trouve une éclipse sur une pierre à cupules.
L. MacLellan Mann écrit dans the Glasgow herald:



Ludovic MacLellan Mann
  A few days ago Mr. J. C. M’Crindle, Shawlands, took me to see a flat sandstone rock on Cleuch Farm, now Cathcart Castle golf course, Whitecraigs. He had discerned cut upon the stone certain markings known to the antiquary as “cups and rings.” These had also been noticed by Mr. A. W. Barclay.
  The designs have been delicately pecked out and are unusually shallow. They are well preserved, as the surface has until now been protected by a growth of vegetation.

AN OUTSTANDING PROBLEM.

  The writer was struck at once by the similarity of the design to that on a carved boulder found some time ago in the Bluebell Wood, Langside, about 2¾ miles distant. Closer examination showed that the designs, although not identical, had many points in common, and that, in fact, they record the same event.

  The meaning of such designs has long been an outstanding problem of archæology. For some years the writer has been engaged on its solution, and the markings can now be interpreted according to the principles recovered after the closest examination of full-sized drawings of some hundreds of examples from this country and from abroad.
  The cupped stones are registers made by prehistoric astronomers who reckoned time by hours, days, years, and long cycles of years. The happening of eclipses punctuated their cycles.


  Il y a quelques jours, M. J.C. M'Crindle, de Shawlands, m'a emmené voir un rocher de grès plat à la ferme de Cleuch, maintenant terrain de golf du château de Cathcart, Whitecraigs. Il avait discerné taillées sur la pierre certaines marques connues des archéologues comme “des cupules et des anneaux”. Ceux-ci avaient également été remarqué par M. A.W. Barclay.
  Les dessins ont été délicatement sur picoté et sont inhabituellement superficiels. Ils sont bien conservés, comme la surface a jusqu'à présent été protégée par une croissance de la végétation.

UN PROBLÈME EN SUSPENS.

L'auteur a été frappé à la fois par la similitude du dessin à celui sur un rocher sculpté trouvé il y a quelque temps dans la Bluebell Wood, Langside, à environ 2¾ miles de distance. Un examen plus approfondi a montré que les dessins, bien que non identiques, avaient de nombreux points communs, et que, en fait, ils enregistraient le même événement.
(images)
  La signification de tels dessins a été longtemps un problème en suspens de l'archéologie. Depuis quelques années, l'auteur s'est occupé de sa solution, et les marques peuvent maintenant être interprétées selon les principes découverts après l'examen détaillé de dessins en taille réelle de quelques centaines d'exemples de ce pays et de l'étranger.
  Les pierres à cupules sont des registres faites par les astronomes préhistoriques qui comptait le temps en heures, jours, années, et en longs cycles d'années. La survenance d'éclipses ponctuaient leurs cycles.

Note: Une telle affirmation assénée doctoralement nous laisse comprendre que nous sommes ici dans "l'archéologie parallèle" (ou perpendiculaire), pour rester poli. Adepte de la théorie du savoir astronomique des hommes du néolithique, l'auteur est manifestement un précurseur de Robert Charroux.

READING THE MARKINGS.

  A cup-marked surface furnishes the index-marks of invisible geometric dials or clock-faces. The markings, indicating certain days, hours, and years, usually take the form of small cup-like hollows.
  To read the markings we must first find the centre of the scheme, and then restore the framework of the dials and the position of their “clock-hands.” Each long cycle checks the reading given by the others. They involve the periodicities of sun, moon, nodes, and five planets.
  The Langside and Cleuch stones commemorate chiefly—one and the same event—an eclipse of the sun seen in the Glasgow district in the year 2983 B.C., at three o’clock in the afternoon of the sixth day after the spring equinox (March 27 in our reckoning).

LECTURE DES MARQUES.

  Une surface à cupules fournit les index des marques de cadrans géométriques invisibles ou cadrans d'horloge. Les marques, indiquant certains jours, heures, et années, prennent généralement la forme de petits creux en forme de coupe.
  Pour lire les marques nous devons d'abord trouver le centre du système, puis retrouver l'origine des cadrans et la position de leurs "aiguilles". Chaque long cycle vérifie la lecture donnée par les autres. Ils impliquent les périodicités du soleil, de la lune, des nœuds, et des cinq planètes.
  Les pierres de Langside et de Cleuch commémorent surtout - un seul et même événement - une éclipse de soleil vu dans les environs de de Glasgow en l'an 2983 avant JC, à trois heures de l'après-midi du sixième jour après l'équinoxe de printemps (27 Mars dans nos calculs).

(The Glasgow Herald, 17/09/1930, p 13)
Note: Voila qui est aussi péremptoire que téméraire, et nous allons voir que c'est tout simplement faux.

8 Novembre 1930, la revue Nature a des doutes.
THE Glasgow Herald of Sept. 17 contains an article by Mr. L. MacLellan Mann describing the markings on some stones at Langside and Cleuch, near Glasgow. The markings on the two stones are nearly alike, consisting of series of rings, arcs, and cup-like depressions. Mr. Mann claims that these have astronomical significance; some of the groups of cups are shown to resemble the Sickle in Leo and (more doubtfully) a star-group in Scorpio. He further claims that he can identify records of ancient eclipses; it would, however, need a fuller explanation of his method to induce astronomers to accept his claims in full. He states that he identified the date of a recorded eclipse as b.c. 2983 Mar. 28* Gregorian reckoning from the stone itself, and afterwards found by consulting astronomers in Berlin that there was a total eclipse on that date, the track of totality passing over or near Glasgow. The writer of the present note has verified this latter fact independently, making use of the new-moon tables by the late C. Schoch that are contained in “The Venus Tablets of Ammizaduga” (Langdon and Fotheringham, 1928). These tables make use of the latest values of the solar and lunar accelerations; but there is of necessity a considerable margin of uncertainty in computing the tracks of very early eclipses
This eclipse affords a good illustration of the use of M. Oppert’s long eclipse cycle of 1805 years; the name ‘megalosaros’ has been suggested for it; it is about a hundred times as long as the ‘saros’, and shares with it the useful property that the parallaxes of sun and moon nearly repeat themselves. The following table gives the tracks of the three successors of this eclipse; they are from Oppolzer’s “Canon” and Schrader’s sequel to it:

Date.Sunrise Point.Noon Point.Sunset Point.

-2982 April 21.6
-1177 April 16.43
628 April 10.03
2433 April 20.46
    °      °

41 W. 1 N.
99 W. 9 N.
50 W. 6 N.
    °      °
47 W.
20 E. 40 N.
161 E. 51 N.
13 E. 48 N.
    °      °

99 E. 58 N.
104 W. 63 N.
106 E. 56 N.

The first three dates are by the Julian calendar, the fourth by the Gregorian one.

It will be seen that the cycle enables us to make a close approximation to the latitude of the eclipse track; the longitude offers greater difficulty owing to the large effect of the secular acceleration in such a long period. Oppolzer’s older eclipses themselves require a considerable shift in longitude to reduce to Schoch’s values of the accelerations.


Le Glasgow Herald du 17 septembre contient un article de M. L. MacLellan Mann décrivant les marques sur des pierres à Langside et Cleuch, près de Glasgow. Les inscriptions sur les deux pierres sont à peu près semblables, constitué d'une série d'anneaux, arcs et dépressions en forme de coupe. M. Mann affirme que celles-ci ont signification astronomique; quelques-uns des groupes de cupules sont montrées ressembler à la faucille dans le Lion, et (plus douteusement) un groupe d'étoiles du Scorpion. Il affirme en outre qu'il peut identifier les enregistrements des éclipses anciennes; il serait, cependant, besoin d'une explication plus complète de sa méthode pour incliner les astronomes à accepter ses affirmations. Il déclare qu'il a identifié la date d'une éclipse enregistrée comme le 28 mars 2983 av. J.C. en calendrier grégorien d'après la pierre elle-même, et ensuite trouvé en consultant des astronomes à Berlin qu'il y avait une éclipse totale à cette date, la trajectoire de la totalité passant sur ou près de Glasgow. L'auteur de la présente note a vérifié ce dernier fait indépendamment, en utilisant les tables de la nouvelle lune de feu C. Schoch qui sont contenues dans "Les tablettes de Vénus d'Ammizaduga" (Langdon et Fotheringham, 1928). Ces tableaux font usage des dernières valeurs des accélérations solaires et lunaires; mais dans le calcul des trajets des éclipses très anciennes une marge d'incertitude considérable est nécessaire.
Cette éclipse fournit un bon exemple de l'utilisation du cycle long d'éclipse de 1805 ans de M. Oppert; on a suggéré pour lui le nom de "megalosaros"; il est une centaine de fois plus longtemps que le «Saros», et partage avec lui la propriété utile que les parallaxes de soleil et de lune se répètent presque. Le tableau suivant donne les trajets des trois successeurs de cette éclipse; ils sont du «Canon» d'Oppolzer et sa suite par Schrader:

Date.levermilieucoucher

21.6 avril 2983 av JC
16.43 avril 1178 av JC
April 10.03 avril 628
20.46 avril 2433
    °      °

41 O. 1 N.
99 O. 9 N.
50 O. 6 N.
    °      °
47 O.
20 E. 40 N.
161 E. 51 N.
13 E. 48 N.
    °      °

99 E. 58 N.
104 O. 63 N.
106 E. 56 N.

Les trois premières dates sont selon le calendrier julien, le quatrième selon le grégorien.

On verra que le cycle nous permet de faire une bonne approximation de la latitude du trajet de l'éclipse; La longitude offre une plus grande difficulté en raison du grand effet de l'accélération séculaire dans une période aussi longue. les plus anciennes éclipses d'Oppolzer exigent un changement considérable dans la longitude pour se réduire aux valeurs de Schoch des accélérations.

( Nature, 126, p. 743 , 8 November 1930 )
Note: L'auteur doute de l'identification des étoiles et de la méthode de calcul. Son propre calcul se base sur les éclipses calculées par Oppolzer, avec un décalage de 1805 ans, mais est peu concluant, à cause de l'incertitude en longitude. Nous verrons plus loin que l'erreur est encore plus grande qu'il ne l'imagine.

21ème siècle, The Gallery of Natural Phenomena entérine l'éclipse.
2983 March 28
Solar eclipse
Scotland
Mr. L. MacLellan Mann claimed to have identified this eclipse from markings on a stone at Langside and Cleuch, near Glasgow. (1)
1. Anon, ‘Curious Markings on Stones in Scotland.’ Nature, p. 743, Nov. 8, 1930.

28 mars 2983
Eclipse de soleil
Ecosse
M. L. MacLellan Mann déclara avoir identifié cette éclipse d'après des marques sur une pierre à Langside et à Cleuch, près de Glasgow. (1)
1. Anonyme, "Curious Markings on Stones in Scotland", Nature, 8 novembre 1930, p. 743.

Note: l'auteur ne manque pas d'air. Au lieu de citer l'article de L. MacLellan Mann, il cite l'article qui le met en doute.
The Gallery of Natural Phenomena

Analyse:
Ludovic MacLellan Mann (1869–1955) était un archéologue "romantique" et même réveur. Il prétendait trouver des traces d'antiquité de la civilisation écossaise, partout où il pouvait. En particulier, ne pouvant admettre que l'Angleterre soit seule à avoir son temple druidique avec Stonehenge, il prétendit avoir retrouvé un temple druidique en Ecosse. C'était en 1937, on venait de découvrir un groupe de pierres disposées en cercle à Knappers farm, Kilbowie, à 11 km de Glasgow. Cela ressemblait à une tombe mégalithique, et pour la préserver on enleva les pierres, pour les remonter un peu plus loin dans la même disposition. En dépit de la petitesse du site, L. MacLellan Mann l'interpréta comme un temple druidique, dont il expliqua la fonction en 1939 dans The druid temple explained. Glasgow avait aussi son Stonehenge (comment dit on "cocorico" en écossais?). Bien sûr, les vrais archéologues ne furent pas convaincus.

On comprend qu'étant adepte de la grande antiquité de la science écossaise, il ait regardé les "pierres à cupules" comme des monuments de la science néolithique. Mais que montrait exactement la pierre de Cleuch?
la pierre de Cleuch et son interprétation
On voit qu'il faut une sacrée dose d'imagination pour voir là des cadrans où l'on pourrait lire la date d'une éclipse.
Mais L. MacLellan Mann prétend y trouver la position des étoiles du scorpion et de la balance (assez douteuse selon l'article de Nature)
l'interprétation de L. MacLellan Mann, et la reconstitution de Stellarium
On voit que là aussi, ce n'est pas convaincant du tout.

Quant au calcul, il parait évident que L. MacLellan Mann ne devait rien connaître à la théorie complète du mouvement de la lune, qui a mis des siècles pour être établie, et n'est connue que des spécialistes en mécanique céleste. Il dit lui même que l'éclipse est antérieure de près de 2000 ans aux plus anciennes calculées par Oppolzer. Il aurait en fait trouver la date, dans la pierre de Langside, puis en aurait découvert une confirmation dans les travaux de feu C. Schoch, dont le nom est d'ailleurs marqué sur son croquis, mais avec une faute d'orthographe.

Pour extrapoler en dehors des tables, on peut se baser sur le cycle de Saros, qui ramène les noeuds de l'orbite lunaire, et donc les éclipses, à la même longitude, après 223 lunaisons mais avec 8 heures d'écart, ou mieux, sur l'exelimos ou triple Saros ou l'écart n'est plus que de 52 minutes. Mais on est encore loin des deux millénaires qui séparent notre éclipse du canon d'Oppolzer. C'est ici qu'intervient le cycle de 22 325 lunaisons, trouvé par Julius Oppert, qui représente 100 Saros et 25 lunaisons, et 95 cycles de Méton, soit 1805 ans. Ce cycle, que Crommelin a appelé mégalosaros, ramène les phénomènes aux mêmes dates. Mais comme le montre l'article de Nature, il faut deux cycles, soit 3610 ans pour se retrouver dans les tables d'Oppolzer. Or sur de telles périodes, un autre problème survient: le ralentissement séculaire (et irrégulier) de la rotation terrestre qui rend caduques les tentatives de trouver une éclipse "jumelle" dans celles déja calculées. L'exemple des éclipses citées par Nature est instructif quand on compare les trajets calculés par Meeus et Espenak, pour la NASA.


Les deux éclipses succédant à celles de 2783 dans le "mégalosaros" (NASA)

Ainsi la prétendue éclipse écossaise du 27 mars 2983 av JC, à 3 heures de l'après midi, n'est plus que la réverie d'un archéologue romantique.

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