345 avant JC
Mer Ionienne, torche flamboyante dans le ciel guidant la flotte de Timoléon
En réalité: bolide

Après avoir fait tuer son frère qui aspirait à la tyrannie, Timoléon de Corinthe fut condamné par ses compatriotes à aller délivrer la Sicile de ses tyrans. Il s'embarqua donc pour la Sicile.

1er siècle avant notre ère, Diodore de Sicile raconte le voyage de Timoléon avec un bolide.
LXVI. Eubulus étant archonte d'Athènes, les Romains nommèrent consuls Marcus Fabius et Servius Sulpicius. Dans cette année, Timoléon le Corinthien, choisi par ses concitoyens au commandement de Syracuse, se prépara à partir pour la Sicile. Il prit à sa solde sept cents étrangers, embarqua ses soldats sur quatre trirèmes et trois bâtiments légers et sortit du port de Corinthe. Pendant son trajet, il rallia trois autres navires envoyés par les Leucadiens et les Corcyréens, et traversa ainsi la mer Ionienne avec une flottille de dix bâtiments. Pendant qu'il était en mer, Timoléon fut témoin d'un phénomène étrange qui semblait présager que la divinité favoriserait son entreprise et lui procurerait une belle gloire. Chaque nuit apparaissait au ciel une torche enflammée qui semblait marcher à la tête de la flotte jusqu'à ce que les navires abordèrent en Italie. Timoléon avait déjà été averti à Corinthe par les prêtresses de Cérès et de Proserpine que ces déesses leur avaient apparu en songe pour leur annoncer qu'elles accompagneraient Timoléon dans tout son trajet jusqu'à son arrivée dans l'île qui leur était consacrée. Aussi Timoléon et ses compagnons se réjouissaient-ils de ces déesses. Timoléon consacra à ses protectrices le meilleur de ses bâtiments et lui donna le nom de Cérès et Proserpine. La flotte aborda sans danger à Métaponte, en Italie,
(Diodore, Liv.XVI, ch LXVI)
Note: Cette traduction est celle de Ferdinand Hoefer en 1846. Euboulos fut archonte en 345/344 av JC , Marcus Fabius et Servius Sulpicius. furent consuls en 345 av J.C.

Dans cette traduction le phénomène apparaissait chaque nuit et semblait marcher à la tête de la flotte, qui se dirigeait vers l'Italie, donc vers le nord-ouest, puisque la flotte était en mer ionienne. Ce pourrait donc être une comète, mais alors, sa direction aurait du changer au cours de la nuit, et elle aurait du finir par se coucher. De plus, elle aurait du être visible de tout le bassin méditerranéen. Diodore n'en dit rien, mais surtout, un autre détail n'est pas compatible avec une comète: l'objet est décrit comme une torche enflammée, ce qui est la description d'un bolide. Or un bolide n'est visible qu'une seule fois. Y aurait il donc une erreur qui aurait fait écrire "chaque" nuit, au lieu d'une autre expression ?
Une traduction plus récente, mais en anglais, de C. Bradford Welles, donne:
for all through the night he was preceded by a torch blazing in the sky up to the moment when the squadron made harbour in Italy.
car toute la nuit, il a fut précédé par une torche enflammée dans le ciel jusqu'au moment où l'escadre toucha terre en Italie
Cette fois, il ne s'agit plus que d'une seule nuit, mais toute la nuit, pour un bolide c'est encore trop.
Voyons la phrase clé en grec: δι' ολης γαρ της νυκτος προηγειτο λαμπας καιομενη κατα τον ουρανον μεχρι ου συνεβη τον στολον εις την Ιταλιαν καταπλερυσαι
δι' (dia) c'est: à travers, pendant.
ολης c'est: complète, totale.
En sachant que la vision d'un bolide ne dure qu'un instant, et qu'elle est beaucoup plus spectaculaire en pleine nuit, nous comprenons qu'il fallait lire: "à la nuit complète" (la nuit étant complètement tombée), et non "chaque nuit" ou "toute la nuit".
Quelle nuit en particulier? La dernière nuit du voyage, puisque c'était juste avant que l'escadre ne touche terre en Italie. L'important est que nous savons maintenant que le phénomène ne fut vu qu'une seule nuit. Et voila notre possible comète devenue probable bolide.

vers 100, Plutarque raconte aussi le voyage de Timoléon avec un bolide.
Les vaisseaux étaient prêts et les soldats munis de leurs provisions, quand les prêtresses de Proserpine virent en songe Cérès et sa fille se préparant pour un voyage, et disant qu'elles allaient s'embarquer avec Timoléon pour la Sicile. Les Corinthiens équipèrent donc une trirème sacrée, qu'ils appelèrent le vaisseau des deux déesses. De son côté, Timoléon était allé à Delphes pour faire un sacrifice au dieu; et, comme il descendait dans le sanctuaire de l'oracle, un signe se manifesta : il se détacha, du milieu des offrandes appendues dans le temple, une bandelette, sur laquelle étaient brodées des couronnes et des victoires, et qui se posa sur la tète de Timoléon. On eût dit que le dieu l'envoyait tout couronné aux exploits qui l'attendaient.
Il mit à la voile avec sept vaisseaux corinthiens, deux de Corcyre, et un dixième fourni par les Leucadiens. Une nuit qu'il voguait en pleine mer par un vent favorable , il crut voir le ciel s'entrouvrir tout à coup et verser une flamme abondante, et qui brillait d'un vif éclat. Cette flamme s'allongea en forme de torche ardente semblable à celles qu'on allume dans les mystères ; elle courut à côté de la flotte et dans sa direction, et finit par se perdre à l'endroit même de la côte d'Italie où voulaient aborder les pilotes. Les devins déclarèrent que cette apparition confirmait les songes des prêtresses de Proserpine, et que les déesses avaient fait briller du ciel cette lumière pour montrer qu'elles mettaient, elles aussi, la main à l'expédition ; car, disaient-ils, la Sicile est consacrée à Proserpine.

(Plutarque1, Vie de Timoleon, ch 8)
Pour Plutarque, le phénomène apparut une nuit, pour une durée qu'il ne dit pas. Le vif éclat, l'allongement en torche ardente, font penser à un bolide, dont la trajectoire apparente se dirigeait vers le nord-ouest. Plutarque nous apprend par ailleurs qu'il y avait des devins dans l'expédition.

1557, Lycosthenes décrit une sorte de bolide.

torche ardente (Lycosthènes)
anno mundi 3621. 342 ante christum
Cum itaque naves decem haberet, Corinthias septem, Corcyreas duas, unam Leucadam, iter ingressus est. Cui noctu pelagus ascendenti, & secundiis ventis mare percurrenti, repente coelum scindi visum est, & supra naves multum lucidissimumque ignem effundi. Deinde cum lampas quali in mysticis sacrificiis utuntur, elevaretur, & cursu italiam versus dirigeretur, quo nautae maximem intenti erant, in terram veluti fulmen irruit. Plutarch. in Timoleonte

année 3621 de la création. 342 avant Jésus-Christ
Et ainsi il se mit en route avec 10 navires, sept de Corinthe, trois de Corcyre, un de Leucate. la nuit qu'il était arrivé en haute mer, et parcourant la mer suivant les vents, tout à coup le ciel fut vu fendu, et un feu abondant et très brillant se répandit au dessus des navires. Puis, comme les torches qui servent aux sacrifices, s'éleva et dirigea son cours vers l'italie, ou voulaient aller les marins, comme dans le pays ou tomba la foudre.

(Lycosthenes, p 88)

1557, Lycosthenes décrit un bolide toute une nuit.
anno mundi 3759. 204 ante christum
Timoleon Corinthus, adsumptus a civibus suis ad curam Syracusanae Reipublicae, dum è Corintho conductis triremibus solvisset, continenti nocte fax ardens in coelo naviganti ei pluxit, donec in Italia cum omnib. suis copiis pervenit Diod.Sicul.de philippi.Macedo.regis rebus gestis, anno ejus 6.

année 3759 de la création. 204 avant Jésus-Christ
Timoléon de Corinthe, enjoint par ses citoyens au secours de la république de Syracuse, alors que de Corinthe, il avait levé l'ancre conduisant des trirèmes, une torche ardente dans le ciel guida son voyage toute la nuit, jusqu'à ce qu'il parvienne en Italie avec toutes ses forces.

(Lycosthenes, p 127)
Note: On voit le crédit qu'on peut donner à Lycosthène, qui ne se rend pas compte qu'il cite deux fois le même cas. Dans celui ou il ne se trompe que de trois ans, il donne l'impression d'une pluie de feu au dessus des navires, qui se résolut en foudre au dessus de l'Italie. Dans l'autre, son texte est plus conformes aux premiers récits, mais il se trompe alors de 141 ans.

1783, Pingré essaye de sauver la comète.
344*
Eubulus étant Archonte à Athènes, en la quatrième année de la CVIIIe Olympiade, sous le consulat de M. Fabius & de Ser. Sulpicius , Timoléon de Corinthe partit pour une expédition en Sicile. Les Dieux, par un prodige extraordinaire , annoncèrent ses succès & sa grandeur future: un flambeau ardent parut dans le Ciel durant toute la nuit , & précéda la flotte de Timoléon jusqu'à son arrivée en Sicile. Plutarque rapporte le même fait, & y joint des circonstances bien plus merveilleuses. Il est facile de juger que la Comète paroissoit vers l'occident, & que sa déclinaison boréale étoit assez considérable.
Did.Sic.Lib.XVI
Plut.in Timol.

(Pingré, p 264)
Note: Pingré semble admettre que le phénomène parut toute la nuit, plusieurs jours de suite jusqu'à la fin du voyage. Mais ni Diodore, ni Plutarque ne le disent exprèssément. Ceci oblige d'ailleurs Pingré à l'imaginer sa "comète" assez proche du pole, sans quoi elle se serait couchée.

2009. Jacques Vallée ne croit ni au bolide, ni à la comète.
Circa 343 BC, Near Sicily, Italy: a blazing light
In Diodorus Siculus, first century text Historical Library, (book 16, 24-5) we read that the voyage of Timoleon from Corinth to Sicily was guided by one or more blazing lights referred to as lampas: "Heaven came to the support of his venture and foretold his coming fame and the glory of his achievements, for all through the night he was preceded by a torch blazing in the sky up to the moment when the squadron made harbor in Italy."
Note: This might have been a comet, but it has never been matched with any known cometary object, according to Gary Kronk's Cometography.
Vers 343 av JC, près de la Sicile, une lumière flamboyante
Dans la bibliothèque historique, texte du premier siècle de Diodore de Sicile, (livre XVI, ch 24-5) nous lisons que le voyage de Timoléon de Corinthe vers la Sicile fut guidé par une ou plusieurs lumières flamboyantes appelées lampas.
"le Ciel vint soutenir son entreprise et prédit sa célébrité à venir et la gloire de ses réalisations, car toute la nuit il fut précédé par une torche enflammée dans le ciel, jusqu'au moment où l'escadre débarqua en Italie."
Cela pourrait avoir été une comète, mais elle n'a jamais correspondu à aucune comète connue, selon la Cometographie de Gary Kronk

Note: Diodore ne dit pas "car toute la nuit", ni "chaque nuit", nous avons vu qu'il dit "à la nuit complète", et il parle d'une torche ( λαμπας ) c'est à dire d'un bolide .
P. J. Bicknell, writing in The Classical Quarterly ("The Date of Timoleon's Crossing to Italy and the Comet of 361 BC" in New Series, Vol. 34, No. 1, 1984, 130-134) argues that "a cometary hypothesis is barely compatible with the implication of Diodorus account that the lampas were visible in the east at nightfall and therefore in opposition to the sun...All in all it is difficult to resist the conclusion that Diodorus (or his source) elaborated on the lampas for dramatic effect..."
P. J. Bicknell, écrivant dans le Classical Quarterly ("La date de la traversée de Timoleon vers l'Italie et la comète de 361 av JC" dans les nouvelles séries, Vol. 34, No. 1, 1984, 130-134) soutient que «l'hypothèse cométaire est difficilement compatible avec l'implication du récit de Diodore que la torche était visible à l'Est à la nuit tombée et donc en opposition avec le soleil...Tout compte fait, il est difficile de résister à la conclusion que Diodore (ou sa source) rajouta des détails sur la torche pour un effet dramatique...
Note: Voila un auteur qui ferait mieux de se taire. Il donne des leçons dans des revues savantes et n'est pas fichu de distinguer l'est du nord-ouest. Car en partant de Corinthe vers la Sicile, la flotte de Timoléon se dirigeait vers l'ouest puis à la fin de l'expédition, vers le nord-ouest, et non vers l'est, et la torche qui semblait marcher "à la tête de la flotte", selon Diodore, se trouvait donc aussi au nord-ouest.
Bicknell leans towards the interpretation of the objects as a spectacular meteor shower, possibly the Lyrids, which would put the date of his voyage at 21 March 344 BC However this does not account for a phenomenon seen "all through the night" in a fixed direction.

Bicknell incline vers l'interprétation des objets comme une spectaculaire pluie de météorites, peut-être les Lyrides, ce qui mettrait la date de son voyage au 21 mars 344 avant JC. Toutefois, cela ne s'accorde pas avec un phénomène vu "tout au long de la nuit" dans une direction fixe.
Note: Voila ce que c'est que d'apprendre l'astronomie dans ls manuels. L'auteur n'imagine pas un instant que cela puisse être un bolide sporadique. Il ne connaît que les essaims et les radiants.
(Vallée2, cas n° 7)
Note: Vallée ne connait que le texte de Diodore, dans une traduction inexacte, mais il combat également les deux hypothèses, comète et bolide. Que reste-t-il? évidemment l'hypothèse de l'OVNI, que Vallée n'avance pas, mais qui est sous-entendue.

Analyse:

lieu de l'observation
Nous n'avons ici aucune source contemporaine. Diodore et Plutarque écrivaient des siècles après et donnent un récit un peu différent, mais compatible.
Les traductions de Diodore, évoquent une comète, mais nous avons vu qu'en réalité, Diodore parle d'une seule nuit et décrit un bolide.
Pour Plutarque, c'est probablement aussi un bolide, quoiqu'il le décrive d'une façon un peu grandiloquente.
Diodore et Plutarque sont d'accord pour placer l'observation dans la mer Ionienne. Diodore dit que le bolide fut vu jusqu'à ce que les navires abordent en Italie. Plutarque, qu'il finit par se perdre à l'endroit même de la côte d'Italie où voulaient aborder les pilotes. On peut en déduire que le bolide fut vu la dernière nuit, alors que la flottille était en vue des cotes d'Italie, donc se trouvait dans le golfe de Tarente, puisqu'elle aborda à Métaponte, au fond du golfe.
Voila notre observation bien circonscrite. Nous pouvons oublier la comète de Pingré, et l'OVNI de Vallée. Il s'agissait en fait d'un bolide, observé dans le golfe de Tarente.

Dernière mise à jour: 12/03/2015

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