490 avant JC Rome, spectres, voix, monstres et miracle pseudo-chrétien En réalité: pareidolies, psychose et guérison psycho-somatique vers 44 avant notre ère, Ciceron fait raconter une guérison miraculeuse par son frère Quintus. Omnes hoc historici, Fabii, Gellii, se proxume Coelius: cum bello Latino ludi votivi maxumi primum fierent, civitas ad arma repente est excitata, itaque ludis intermissis instaurativi constituti sunt. Qui ante quam fierent, cumque jam populus consedisset, servus per circum cum virgis caederetur, furcam ferens ductus est. Exin cuidam rustico Romano dormienti visus est venire qui diceret praesulem sibi non placuisse ludis, idque ab eodem jussum esse eum senatui nuntiare; illum non esse ausum. Iterum esse idem jussum et monitum, ne vim suam experiri vellet; ne tu quidem esse ausum. Exin filium ejus esse mortuum, eandem in somnis admonitionem fuisse tertiam. Tum illum etiam debilem factum rem ad amicos detulisse, quorum de sententia lecticula in curiam esse delatum, cumque senatui somnium enarravisset, pedibus suis saluum domum revertisse. Itaque somnio comprobato a senatu ludos illos iterum instauratos memoriae proditum est. Voici un fait sur lequel tous nos annalistes, les Fabius, les Gellius, et plus nouvellement Célius, tombent d'accord. Pendant la célébration des premiers grands jeux votifs, à l'époque de la guerre Latine, la ville fut subitement appelée aux armes. On ordonna plus tard la célébration d'autres jeux, pour remplacer ceux qui avaient été ainsi interrompus. Avant de les commencer, et les spectateurs étant déjà assis, un esclave que l'on battait de verges traversa le cirque portant la fourche patibulaire. Peu de temps après, un paysan romain eut un songe où quelqu'un, après lui avoir dit que le premier danseur des jeux ne lui avait pas plu, lui ordonna d'aller le déclarer de sa part au sénat. Ce paysan n'ayant pas osé le faire, eut de nouveau ce même songe, accompagné de la même injonction, et cette fois avec menaces. La crainte l'arrêta encore ; son fils mourut. Il reçut alors pour la troisième fois le même avertissement, toujours pendant son sommeil. Enfin devenu paralytique, il fit part de ce qui lui était arrivé à ses amis. Ceux-ci le placèrent sur une litière, et le portèrent au sénat, d'où il revint à pied chez lui, après avoir raconté son rêve. On rapporte que le sénat, convaincu de la réalité de ce songe, ordonna une nouvelle célébration des jeux. (Ciceron2, livre I, ch. 26) Note: En fait, Ciceron ne croit pas au miracle. Dans la première partie de son livre, il fait exposer prodiges et présages, par son frère Quintus, et les démystifie dans la deuxième partie. vers 9 avant notre ère, Tite Live détaille la cause du miracle: Ludi forte ex instauratione magni Romae parabantur. Instaurandi haec causa fuerat : ludis mane servum quidam pater familiae nondum commisso spectaculo sub furca caesum medio egerat circo; coepti inde ludi, velut ea res nihil ad religionem pertivuisset. Haud ita multo post T- Latinio, de plebe homini, somnium fuit : visus Juppiter dicere sibi ludis praesultatorem displicuisse; nisi magnifice instaurarentur ii ludi, periculum urbi fore; iret, ea consulibus nuntiaret. Quamquam haud sane liber erat religione animus, verecundia tamen majestatis magistratuum cum timore vicit, ne in ora hominum pro ludibrio abiret. Magno illi ea cunctatio stetit; filium namque intra paucos dies amisit. Cujus repentinae cladis ne causa dubia esset, aegro animi eadem illa in somnis obversata species visa est rogitare, satin magnam spreti numinis haberet mercedem; majorem instare, ni eat propere ac nuntiet consulibus. Jam praesentior res erat. Cunctantem tamen ac prolatantem ingens vis morbi adorta est debilitate subita. Tunc enim vero deorum ira admonuit. Fessus igitur malis praeteritis instantibusque consilio propinquorum adhibito cum visa atque audita et obversatum totiens somno Jouem, minas irasque caelestes repraesentatas casibus suis exposuisset, consensu inde haud dubio omnium, qui aderant, in forum ad consules lectica defertur. Inde in curiam jussu consulum delatus eadem illa cum patribus ingenti omnium admiratione enarrasset, ecce aliud miraculum : qui captus omnibus membris delatus in curiam esset, eum functum officio pedibus suis domum redisse traditum memoriae est. Ludi quam amplissimi ut fierent, senatus decreuit. On préparait alors à Rome une nouvelle célébration des Grands Jeux; voici quel en était le motif : Le matin des jeux, un père de famille, avant le commencement du spectacle, avait poursuivi jusqu'au milieu du Cirque, en le battant de verges, un esclave, la fourche au cou. On commença ensuite les jeux comme si cette circonstance ne devait inspirer aucun scrupule religieux. Peu de jours après, un plébéien, Titus Latinius eut un songe. Jupiter lui apparut et lui dit "Que la danse qui avait préludé aux jeux lui avait déplu; que si on ne célébrait de nouveau ces jeux avec magnificence, la ville courait de grand dangers; qu'il allât porter cet avertissement aux consuls." Quoique l'esprit de cet homme fût loin d'être dégagé de toute crainte religieuse, son respect pour la dignité des magistrats l'emporta sur sa frayeur; il craignit de devenir la risée publique. Cette hésitation lui coûta cher; il perdit son fils au bout de quelques jours; et, pour qu'il n'eût aucun doute sur la cause de cette perte soudaine, le malheureux, accablé par sa douleur, revit en songe cette même figure qui s'était déjà présentée à lui. Elle lui demandait : "S'il n'était pas assez payé de son mépris pour les ordres des dieux ? Un châtiment plus grand le menaçait, s'il n'allait promptement tout annoncer aux consuls." Le danger devenait plus pressant; mais, comme Latinius hésitait encore, et différait de jour en jour, il fut atteint d'une maladie grave qui paralysa ses membres. Ce fut pour lui un avertissement de la colère des dieux. Fatigué de ses maux passés et de ceux qui le menacent, il réunit ses parents, leur raconte ce qu'il a vu et entendu, les apparitions fréquentes de Jupiter pendant son sommeil, les menaces et la colère du ciel, prouvées par ses malheurs. L'avis des assistants est unanime; on le porte sur une litière au Forum, devant les consuls, qui ordonnent de le transporter au sénat. Le récit de ses visions remplit d'étonnement tous les esprits, mais un nouveau miracle s'opère : suivant la tradition, ce même homme, qu'on avait porté dans le sénat, perclus de tous ses membres, lorsqu'il eut accompli sa mission, put retourner à pied dans sa demeure. Le sénat décrète que des jeux seront célébrés avec la plus grande magnificence. (Livius, liv II, ch 36) Note: Tite Live détaille mieux la guérison de Latinius, mais ne mentionne pas de prodiges. vers 8 avant notre ère, Denys d'Halicarnasse mentionne des prodiges liés au miracle: I. Quelques jours après, le temps des comices étant venu, le peuple nomma consuls Quintus Sulpicius Camerinus, et Spurius Largius Flavus pour la seconde fois. Cette année il parut un grand nombre de prodiges envoyés des dieux, et la ville de Rome en fut alarmée. Plusieurs personnes virent des spectres extraordinaires et d'une forme terrible. On entendit des voix épouvantables sans savoir d'où elles pouvaient venir. Les hommes et les animaux produisirent des monstres d'une figure prodigieuse, telle qu'on n'avait jamais rien vu de semblable. II se rendait des oracles en différents endroits. Des femmes agitées par une fureur divine prédisaient à la ville de Rome les malheurs les plus terribles. Les hommes étaient atteints d'une espèce de maladie pestilente qui enlevait aussi une grande quantité de bestiaux, et quoique la plupart de ceux qui en étaient frappés, en fusent quittes pour le mal sans en mourir, elle fut néanmoins très fréquente et répandit l'alarme dans tous les quartiers de la ville. II. Les uns [ disaient ] que ce fléau était envoyé de la part des dieux en punition de ce qu'on avait chassé de la patrie le meilleur des citoyens. Les autres prétendaient que les dieux n'y avaient aucune part ; ils regardaient cette contagion comme un pur effet du hasard, semblable à une infinité d'autres accidents qui arrivent aux hommes. Enfin un certain vieillard, nommé Titus Latinus, qui était accablé d'infirmités, se fit porter à l'assemblée du sénat dans une litière. Il était passablement riche, et la plupart du temps il demeurait à la campagne où il travaillait de ses mains. Lorsqu'on l'eut fait entrer dans le sénat, il dit qu'il croyait avoir vu en songe Jupiter Capitolin qui lui disait : « Latinus, va dire aux citoyens que dans la dernière solennité des jeux, ils ne m'ont pas donné un beau danseur pour conduire la cérémonie et pour marcher devant la pompe. Va leur dire qu'ils recommencent la fête et qu'ils la célèbrent mieux qu'ils n'ont fait la dernière fois : car je n'ai pas accepté la première, elle ne m'a point été agréable. » Il ajoutait qu'après s'être éveillé il n'avait fait aucun cas de ce songe, et qu'il l'avait regardé comme une de ces visions fausses et trompeuses qu'on a souvent pendant la nuit : mais que le dieu lui était encore apparu une seconde fois en songe sous la même forme, fort en colère de ce qu'il n'avait pas été dire au sénat ce qu'il lui avait ordonné ; qu'il l'avait en même temps menacé que s'il n'obéissait au plus vite, il apprendrait à son grand malheur, à ne pas faire si peu de cas des ordres des dieux : Qu'il avait jugé de ce second songe comme du premier, que n'étant qu'un pauvre vieillard qui travaillait de ses mains à la campagne, il avait eu honte d'aller étourdir le sénat sur un songe vain qui l'épouvantait, et qu'il avait craint d'apprêter à rire à toute l'illustre compagnie. Que quelques jours après ce second avertissement, son fils qui était un jeune homme des mieux faits, lui avait été enlevé par une mort subite, sans avoir eu aucune maladie et sans qu'on pût savoir la cause de cet accident. Que le dieu lui était apparu une troisième fois, qu'il lui avait dit que la perte de son fils était une partie de la punition qu'il méritait pour avoir négligé et méprisé ses avertissements, et que dans peu il subirait le reste du châtiment. Que comme il n'avait plus rien qui l'attachât à la vie, il avait reçu ces menaces avec joie, dans l'espérance que la mort viendrait bientôt le délivrer. Que cependant, au lieu de cette punition, le dieu lui avait envoyé dans toutes les parties de son corps, un mal si cruel et si insupportable, qu'il ne pouvait remuer un de ses membres sans sentir les douleurs les plus cuisantes. Que pour lors il avait pris conseil de ses amis et que par leur ordre il était venu trouver le sénat. Pendant qu'il racontait ce songe, il lui semblait que ses douleurs diminuaient peu à peu : quand il eut achevé le récit, il se leva de sa litière, il invoqua le dieu, traversa la ville, et marchant à pied il s'en re tourna chez-lui dans une santé parfaite III. Sur ce récit le sénat fut saisi de crainte et. d'étonnement. Chacun demeura dans le silence, ne pouvant deviner ce que signifiaient les avertissements du dieu, ni quel pouvait être ce conducteur de la pompe des jeux qui ne lui avait pas plu. Enfin un des sénateurs se ressouvint du fait et le raconta avec l'approbation de toute l'assemblée. Voici ce fait. Un Romain de quelque distinction avait livré un de ses esclaves entre les mains des autres pour le conduire au dernier supplice. Afin que la punition se fît à la vue de tout le monde, il leur avait ordonné de le conduire en le battant de verges par le milieu de la place publique et. des autres places remarquables, et de le faire marcher devant la pompe des jeux que Rome célébrait alors en l'honneur du dieu dont nous venons de parler. Ceux qui conduisaient cet esclave au supplice lui étendirent les deux bras avec un morceau de bois attaché à sa poitrine et à ses épaules et qui allait jusqu'aux. jointures des mains avec les bras. Ils le suivaient en frappant à grands coups de fouet sur son corps tout nu. Le pauvre patient dans un état si malheureux jetait des cris épouvantables. La violence de la douleur lui arrachait des imprécations et lui faisait faire des contorsions indécentes à chaque coup que lui donnaient les bourreaux. Toute l'assemblée du sénat ne douta point que ce ne fût là ce mauvais danseur dont le dieu se plaignait. (Denys, liv VII, ch 12) Note: Quintus Sulpicius Camerinus, et Spurius Largius Flavus furent consuls en 490 av JC Denys nous déballe tout, en long, en large et en travers: prodiges, épidémie, délires, psychose, de grands malheurs frappaient Rome, et l'on en cherchait la cause. Comme d'habitude, on trouva que cette cause venait d'une mauvaise observation des rites qui n'avaient pas plus aux dieux. C'est un simple citoyen frappé de paralysie qui vint l'expliquer, et fut miraculeusement guéri, ce qui prouvait sa bonne foi. Enfin, on trouva quel rite avait été profané, mais Denys ne nous dit pas si les prodiges cessèrent quand tout fut expié. vers 25 Valère maxime cite le rève de Latinius parmi les faits mémorables. Sequitur aeque ad publicam religionem pertinens somnium. cum plebeis quidam ludis pater familias per circum Flaminium, prius quam pompa induceretur, seruvm suum verberibus mulcatum sub furca ad supplicium egisset, T. Latinio homini ex plebe Juppiter in quiete praecepit ut consulibus diceret sibi praesultorem ludis circensibus proximis non placuisse: quae res nisi adtenta ludorum instauratione expiata esset, secuturum non mediocre urbis periculum. ille veritus ne cum aliquo incommodo suo religione summum implicaret imperium, silentium egit, e vestigioque filius ejus subita vi morbi correptus interiit. ipse etiam per quietem ab eodem deo interrogatus an satis magnam poenam neglecti imperii sui pependisset, in proposito perseverans debilitate corporis solutus est ac tum demum ex consilio amicorum lecticula ad tribunal consulum et inde ad senatum perlatus ordine totius casus sui exposito magna cum omnium admiratione recuperata membrorum firmitate pedibus domum rediit. Voici un autre songe qui n'intéresse pas moins la religion de l'État. Pendant la célébration des jeux plébéiens, avant l'entrée du cortège, un père de famille avait fait passer à travers le cirque Flaminien un esclave qu'il battait de verges et qu'il conduisait au supplice, la fourche au cou. T. Latinius, homme du peuple, pendant son sommeil, reçut de Jupiter l'ordre d'aller dire aux consuls que le dieu n'avait pas été satisfait de celui qui avait préludé aux danses dans les derniers jeux du cirque et que, si l'on n'expiait cette faute en recommençant les jeux avec soin, il en résulterait pour Rome de grands dangers. Cet homme, craignant de ne pouvoir, sans quelque dommage pour lui-même, embarrasser de scrupules religieux les plus hautes autorités, garda le silence. Aussitôt son fils fut pris d'une maladie subite et violente et mourut. Le même dieu lui demanda encore pendant son sommeil s'il n'était pas suffisamment puni de n'avoir pas tenu compte de ses ordres et, comme il persistait à garder le silence, il fut frappé de paralysie. Alors seulement, sur le conseil de ses amis, il se fit porter en litière au tribunal des consuls, puis au sénat. Il y exposa la suite de tous ses malheurs et, au grand étonnement de tout le monde, il recouvra l'usage de ses membres et revint chez lui à pied. (Valère, Liv.I, ch. VII) Note: Pour Valère Maxime, les rèves réalisés qu'il cite prouvent la vérité de la religion païenne. Nous allons voir qu'Augustin d'Hippone est d'avis contraire. vers 415 Augustin D'Hippone réinterprète le prodige en remplaçant les dieux par des démons. Tito Latinio rustico Romano patri familias dictum est in somnis, in senatum nuntiaret, ut ludi Romani instaurarentur, quod primo eorum die in quodam scelerato, qui populo spectante ad supplicium duci jussus est, numinibus videlicet ex ludis hilaritatem quaerentibus triste displicuisset imperium. Cum ergo ille qui somnio commonitus erat postero die jussa facere non ausus esset, secunda nocte hoc idem rursus severius imperatum est: amisit filium, quia non fecit. Tertia nocte dictum est homini, quod major ei poena, si non faceret, inmineret. Cum etiam sic non auderet, in morbum incidit acrem et horribilem. Tum vero ex amicorum sententia ad magistratus rem detulit atque in lectica allatus est in senatum expositoque somnio recepta continuo valetudine pedibus suis sanus abscessit. Tanto stupefactus miraculo senatus quadruplicata pecuinia ludos censuit instaurari. Quis non videat, qui sanum sapit, subditos homines malignis daemonibus, a quorum dominatione non liberat nisi gratia Dei per Jesum Christum dominum nostrum, vi compulsos esse exhibere talibus diis, quae recto consilio poterant turpia judicari? In illis certe ludis poetica numinum crimina frequentantur, qui ludi cogentibus numinibus jussu senatus instaurabantur. In illis ludis corruptorem pudicitiae Jouem turpissimi histriones cantabant agebant placebant. Si illud fingebatur, ille irasceretur; si autem suis criminibus etiam fictis delectabatur, quando coleretur, nisi diabolo serviretur? Un paysan nommé Titus Latinius, reçut en songe l’ordre d’aller dire au sénat de recommencer les jeux, parce que, le premier jour où on les avait célébrés, un criminel avait été conduit au supplice en présence du peuple, triste incident qui avait déplu aux dieux et troublé pour eux le plaisir du spectacle. Latinius, le lendemain, à son réveil, n’ayant pas osé obéir, le même commandement lui fut fait la nuit suivante, mais d’une façon plus sévère; car, comme il n’obéit pas pour la seconde fois, il perdit son fils. La troisième nuit, il lui fut dit que s’il n’était pas docile, un châtiment plus terrible lui était réservé. Sa timidité le retint encore, et il tomba dans une horrible et dangereuse maladie. Ses amis lui conseillèrent alors d’avertir les magistrats, et il se décida à se faire porter en litière au sénat, où il n’eut pas plutôt raconté le songe en question qu’il se trouva parfaitement guéri et put s’en retourner à pied. Le sénat, stupéfait d’un si grand miracle, ordonna une nouvelle célébration des jeux, où l’on ferait quatre fois plus de dépenses. Note: Le seul qui donne une durée entre les différents rèves de Latinius est Tite-Live, qui parle de plusieurs jours, et non de nuits successives. De plus, si Tite Live dit que les jeux furent recommencés avec la plus grande magnificence, aucun des auteurs précedents ne donnent de chiffre. Quel homme de bon sens ne reconnaîtra que ces malheureux païens, asservis à la domination des démons, dont on ne peut être délivré que par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, étaient forcés de donner à leurs dieux immondes des spectacles dont l’impureté était manifeste? On y représentait en effet, pat l’ordre du sénat, contraint lui-même d’obéir aux dieux, ces mêmes crimes qui se lisent dans les poètes. D’infâmes histrions y figuraient un Jupiter adultère et ravisseur, et c spectacle était un honneur pour le dieu et un moyen de propitiation pour les hommes. Cet crimes étaient-ils une fiction? Jupiter aurait dû s’en indigner. Etaient-ils réels et Jupiter s’y complaisait-il? il est clair alors qu’en l’adorant on adorait les démons. (Augustin, livre IV, ch 26) Note: Augustin D'Hippone, aveuglé par sa foi, est incapable de voir, ce que voyait son maitre à penser Cicéron: les dieux n'étaient que des illusions, ils n'avaient jamais existé. Car cette idée crée un dangereux précédent: si les dieux n'existent pas, quid de Dieu lui même? Augustin, et les auteurs chrétiens de son temps, préfére donc expliquer les dieux par des démons. Il ne remarque pas non plus l'identité entre la guérison de Latinius, et celle du paralytique décrite en Marc II, 3 à 12. 1545 Johann Funck résume Denys. Olympiade 72, année 4, mundi 3475, Anni Urb. Ro. 264 Coss. Q. Sulpitius Camerinus, Sp. Largius Rufus 2 Prodigia multa Romae audita et visa - Livius, Dyoni., Eutrop. La 4ème année de la 72ème olympiade, l'an 3475 de la création, l'an 264 de Rome Quintus Sulpitius Camerinus et Spurius Largius Rufus étant consuls. On vit et entendit à Rome de nombreux prodiges. Tite Live, Denys, Eutrope. (Funccius, fol 51) Note: La chronologie de Funccius est en fait un grand tableau, où l'auteur doit faire rentrer un texte dans une case, d'où sa concision. Nous avons vu ce que disaient Tite Live et Denys d'Halicarnasse, mais on ne trouve rien chez Eutrope, ni chez son continuateur, Paulus Diaconus. Curieusement, pas un mot de la guérison miraculeuse. 1557 Lycosthenes copie Johann Funck. Mundi 3473. ante Christum 490. Prodigia multa Romae audita & visa. Quintilio Sulpitio Camerino & Sp. Largio Ruffo cons. Liv. Dionys. Eutrop. li.1. An 3473 de la création. 490 avant Jésus-Christ On vit et entendit à Rome de nombreux prodiges. Quintus Sulpitius Camerinus et Spurius Largius Ruffus étant consuls. Tite Live, Denys, Eutrope. (Lycosthenes, p 63) Note: Lycosthenes semble recopier Funccius, et pour une fois, la date est exacte, probablement à cause de deux erreurs qui se compensent. Mais là non plus, pas un mot de la guérison miraculeuse. Il est vrai qu'elle dévalorise les miracles du Christ, en en faisant faire autant par Jupiter. Analyse: Voila un cas ou le seul récit de Denys d'Halicarnasse nous suffit à tout comprendre. D'abord, il y a une vague de prodiges, spectres extraordinaires, voix épouvantables, monstres comme on n'en avait jamais vu. En fait, nous verrons que l'extraordinaire vient de ce que c'est une des premières fois que Rome était confrontée à de tels prodiges. Ils deviendront courants au fil des siècles. Sans renseignements, il est difficile de deviner ce qu'étaient ces spectres, dont nous ne savons même pas s'ils étaient célestes ou pas, ni s'ils étaient nocturnes ou diurnes. Pour les voix venues de nulle part, la pareidolie auditive parait probable. Quant aux monstres, probablement du genre veau à deux têtes ou poulet à quatre pattes, ils ne seraient plus aujourd'hui que des faits divers. L'intéressant vient ensuite. Le plébéien Titus Latinus vient expliquer au sénat que Jupiter Capitolin lui apparut plusieurs fois en songe, pour lui intimer d'aller demander au sénat de faire recommencer les jeux. On comprend tout à fait que Latinus ait hésité à aller demander une telle chose aux sénateurs sur la foi d'un simple rève, mais on comprend aussi, que, frappé dans sa famille et dans sa chair, il n'ait plus rien eu à perdre. Et là, le miracle s'accomplit: Titus Latinus, arrivé perclus en litière, ayant accompli sa mission, se lève et marche, prodige qui convainc les sénateurs. Là aussi on comprend la réaction des sénateurs, devant cette guérison qui avait eu lieu sous leurs yeux. Pour eux, c'était la preuve que c'était bien Jupiter, qui, ayant d'abord frappé de paralysie le malheureux Latinus, l'avait ensuite guéri. Latinus était il vraiment paralysé? Le fait qu'il pouvait bouger ses membres en en ressentant des douleurs cuisantes, montre qu'il n'était pas paralysé, mais semblait atteint de polyarthrite aigüe. Mais la suite montre qu'il n'en était rien, le soulagement psychologique de Latnus induit immédiatement le soulagement de ses douleurs. On en déduit que le phénomène était purement psychosomatique, phénomène mal expliqué, certes, mais identifié. Il reste que cette guérison de Titus Latinius par J.C.(Jupiter Capitolin) ressemble bien étrangement à celle d'un paralytique par J.C. (Jésus-Christ), que l'évangéliste Marc decrit en Marc, II, 3 à 12. Pourtant le premier récit de la guérison de Latinius est antérieur d'un siècle aux évangiles. Augustin d'Hippone ne voit pas cette identité, il se contente de réciter son catéchisme: les dieux étaient en réalité des démons. Les auteurs chrétiens en général ont toujours proné la supériorité des miracles chrétiens sur les prodiges païens. Cicéron, Tite Live, Denys d'Halicarnasse et Valère Maxime nous montrent qu'il n'en est rien. |
Dernière mise à jour: 26/10/2015
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