503 avant JC Eretum, Latium, lances ardentes dans le ciel En réalité: Feu St Elme vers 9 avant notre ère, Tite Live raconte les guerres, mais pas le prodige: P- Valerius quartum T- Lucretius iterum consules facti... Consules infesto exercitu in agrum Sabinum profecti cum ita vastatione, dein proelio adflixissent opes hostium, ut diu nihil inde rebellionis timeri posset. Triumphantes Romam redierunt. P- Valerius, omnium consensu princeps belli pacisque artibus, anno post Agrippa Menenio P- Postumio consulibus moritur, gloria ingenti, copiis familiaribus adeo exiguis, ut funeri sumptus deesset : de publico est datus. Eodem anno duae coloniae Latinae, Pometia et Cora, ad Auruncos deficiunt. Cum Auruncis bellum initum, fusoque ingenti exercitu, qui se ingredientibus fines consulibus ferociter obtulerat, omne Auruncum bellum Pometiam compulsum est. on créa consuls Publius Valérius pour la quatrième fois, et Titus Lucrétius pour la seconde... Cependant les consuls envahirent, à la tête de leur armée, le territoire sabin, qu'ils ravagèrent, et après avoir fait essuyer aux ennemis une si terrible défaite que de longtemps on n'eut pas à craindre de voir ce peuple reprendre les armes, ils rentrèrent à Rome en triomphe. Publius Valerius, qui de l'aveu de tous tenait le premier rang, soit comme capitaine, soit comme homme d'état, mourut l'année suivante, sous le consulat d'Agrippa Ménénius et de Publius Postumius, riche de gloire, sans doute, mais laissant une fortune si modique qu'elle ne put suffire aux frais de ses funérailles, Elles furent faites aux dépens de l'État... Cette même année, deux colonies latines, Pométia et Cora, se réunirent aux Aurunces, ce qui donna lieu à une guerre avec ce peuple. Une armée nombreuse, qui vint fièrement s'opposer aux consuls, sur la frontière, fut mise en déroute, et le fort de la guerre se concentra sur Pométia. (Livius, liv II, ch XVI) Note: Donc, selon Tite live, l'an 504 av JC, sous les consuls P. Valerius et T.Lucretius, les Sabins sont vaincus. L'an 503, sous les consuls A. Menenius et P. Postumius, ce sont les Aurunces qui sont vaincus. Il n'est question, ni de prodiges, ni d'une défaite du consul Postumius. vers 8 avant notre ère, Denys d'Halicarnasse expose clairement le prodige: Toutes les troupes étant rassemblées, les deux armées campèrent à quelque distance l'une de l'autre, non loin d'Eretum, ville de la nation Sabine. Quand on eut reconnu de part et d'autre les forces de l'ennemi, tant par le terrain qu'occupaient les lignes, que par le rapport des prisonniers, les Sabins concevant de grandes espérances, commencèrent à mépriser le petit nombre des ennemis. Les Romains au contraire furent d'abord épouvantés de la multitude des troupes Sabines. Mais leur courage se ranima, et ils conçurent quelque espérance de la victoire par plusieurs signes qui leur furent envoyés de la part des dieux, surtout par le dernier prodige qui parut dans le temps qu'on était sur le point de livrer bataille. De la pointe de leurs javelots fichés en terre auprès de leurs tentes ; on vit sortir une espèce de flamme qui éclaira tout le camp pendant une bonne partie de la nuit comme s'il avait été plein de torches allumées. Ces javelots sont une manière de dard que les Romains ont coutume de lancer au commencement du combat : leur hampe est longue et assez grosse pour remplir la main, par les deux bouts elle est armée d'une pointe de fer toute droite et longue aux moins de trois pieds ces javelots avec leur hampe et leur fer sont égaux à un dard de moyenne grandeur, (Denys, liv V, ch VIII-5) Note: Le récit de ces guerres par Denys est beaucoup plus détaillé, et pour lui, les Sabins attaquent encore une fois l'an 503, infligent une défaite à Postumius, avant d'être enfins vaincus dans la bataille dont Denys nous décrit la préparation ici. A coté du récit de Denys, qui raconte deux consulats en plusieurs pages, celui de Tite-Live, qui les raconte en un paragraphe n'est qu'un résumé. Il ne faut donc pas s'étonner que Denys soit si précis quand Tite-Live ne dit rien. Julius Obsequens aurait aussi raconté ce prodige: IX. P. Posthumio Tuberto II, Agrippa Menenio Lanato, coss. Hastae militares ad multam noctem in coelo ardentes visae. Sequuta est tertia Sabinorum in Romanorum agros irruptio, qua Posthumius consul magnam accepit ex sua indiligentia cladem; IX. sous le second consulat de Publius Posthumius Tubertus et celui d'Agrippa Menenius Lanatus. On vit en pleine nuit des lances militaires ardentes dans le ciel. Il s'en suivit la troisième invasion des Sabins dans les terres romaines, où le consul Posthumius éprouva une grande défaite par sa négligence. (Obsequens2, p 44) Note: Le texte d'Obsequens est perdu. Il s'agit ici de la reconstitution de Lycosthenes, qui n'indique pas sa source. 1544 Polydore Virgile semble mélanger ses sources Agrippa Menenio, P. Posthumio Coss. bellum in Sabinos gerentibus, fama est hastas militares ad multam noctem in coelo ardentes visas, & flamma nihil consumptas, ac eo prodigio animos Rom. confirmatos, facta maiore impressione, vicisse. Agrippa Menenius, Publius Posthumius étant consuls, la guerre étant arrivée avec les Sabins, le bruit courut qu'on avait vu en pleine nuit des lances militaires ardentes dans le ciel et que la flamme ne consumait rien, et ce prodige ayant ranimé le courage des romains, faisant une grande attaque, ils vainquirent. (Polydore, p 593) Note: Polydore Virgile dit comme le pseudo-Obsequens que les lances étaient dans le ciel, et ajoute que les lances ne se consumaient pas, ce qui est exact mais que personne ne dit. Dommage qu'il ne cite pas ses sources. 1557, Conrad Lycosthènes, se cite lui même sans le dire:
Hastae militares ad multam noctem in coelo ardentes visae. Sequuta est tertia Sabinorum in Romanorum agros irruptio, qua Posthumius consul magnam accepit ex sua indiligentia cladem; (livius & Julius Obsequens) L'an 3463 de la création, 500 avant Jésus-Christ. On vit en pleine nuit des lances militaires ardentes dans le ciel. Il s'en suivit la troisième invasion des Sabins dans les terres romaines, où le consul Posthumius éprouva une grande défaite par sa négligence. Tite Live et Julius Obsequens. Lycosthenes, p 70 Note: Lycosthenes a tout faux: - le prodige n'eut pas lieu avant l'invasion des Sabins, mais après la défaite de Posthumius - Ce n'était pas des lances ardentes dans le ciel, mais des pointes de javelots lumineuses dans le camp romain - Tite Live ne dit rien de ce prodige, et Obsequens, c'est en réalité Lycosthènes, qui se cite donc lui même. Quant à la gravure, qu'on ne s'étonne pas d'y voir une hallebarde. La même gravure sert à Lycosthènes pour représenter toutes les visions d'armes célestes, de l'antiquité au seizième siècle. 1783, Pingré essaye de sauver le phénomène céleste. Sous le second consulat de P. Posthumius Tudertus, et le premier d'Agrippa Ménénius Lanatus, on vit paroître bien avant dans la nuit comme des piques militaires en feu. Struick croit qu'une de ces piques pourroit être la Comète d'Halley ou de 1759. Tout ce phénomène, selon nous, a plus d'analogie avec une aurore boréale qu'avec une comète obseq. suppl. Pingré, p 255 Note: Pingré s'est fait piéger en faisant confiance à la reconstitution d'Obsequens par Lycosthenes: les lances ardentes n'étaient pas dans le ciel, donc il n'y a pas à chercher un phénomène céleste. Si cela avait été le cas, l'aurore boréale correspondrait effectivement. 1842, Victor Verger entérine, dans sa traduction, les erreurs de Lycosthènes. IX sous les consuls P.Posthumius Tubertus II, et Agrippa Menenius Lanatus (1) Au plus épais de la nuit, on vit dans le ciel des lances ardentes. Immédiatement après les Sabins firent sur le territoire de Rome une troisième irruption, pendant laquelle le consul Posthumius éprouva une grande défaite par sa négligence. (1) An de Rome 251 (Obsequens3, p 17) 21ème siècle. un site ufologique récupère les erreurs du pseudo-Obsequens. Au plus épais de la nuit, on vit dans le ciel des lances ardentes [1]. [1] Julius Obsequens, Prodiges - Verger 9 site RR0 Note: ce site mentionne désormais notre explication. Analyse: Ce qui est remarquable ici, c'est que la source la plus ancienne, Denys d'Halicarnasse, qui écrivait il y a plus de vingt siècles, décrive le phénomène ne façon si précise qu'elle ne laisse aucun doute. Malheureusement, ce prolixe prodigiographe qu'était Lycosthène est venu tout embrouiller, en nous présentant une reconstitution fausse, que, sans citer sa vrai source, il a attribué à Obsequens dont le texte est perdu. Il faut dire qu'au seizième siècle, il était à la mode de remplacer les textes manquants par des "suppléments", comme ceux que Freinshémius a fabriqué pour combler une lacune chez Tite-Live. Après quoi, Julius Obsequens et Conrad Lycosthènes étant des références en matière de prodiges, ce sont eux qui vont être recopiés. Pingré s'est fait piéger, mais la palme de la bétise revient à Nicolas Struyck, qui réussit à y voir une apparition de la comète de Halley! Le site RR0, s'est fait pièger aussi, mais heureusement, il se tient au courant.
La description de Denys d'Halicarnasse est pourtant limpide: il s'agit du phénomène du feu St Elme, appelées dans l'antiquité feu des Dioscures, et qui est la manifestation dans la nature de "l'effet corona" qu'on obtient en laboratoire, en plaçant un objet très pointu dans un champ électrique. Ainsi, 25 siècles après les faits, et sur la base d'un récit écrit 5 siècles après, on arrive à retrouver l'explication sans le moindre doute. Encore faut il trouver la bonne source. |
Dernière mise à jour: 26/09/2014
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