650 avant JC Mont Albain, près de Rome, Pluie de pierres En réalité: Pluie de petites bombes volcaniques Première d'une série de pluies de pierres sur le mont Albain vers 9 avant notre ère, Tite Live décrit une pluie de pierres dense comme la grêle. Devictis Sabinis cum in magna gloria magnisque opibus regnum Tulli ac tota res Romana esset, nuntiatum regi patribusque est in monte Albano lapidibus pluvisse. Quod cum credi vix posset, missis ad id visendum prodigium, in conspectu haud aliter, quam cum grandinem venti glomeratam in terras agunt, crebri cecidere caelo lapides. Visi etiam audire uocem ingentem ex summi cacuminis luco ut patrio ritu sacra Albani facerent, - quae velut dis quoque simul cum patria relictis, oblivioni dederant, et aut Romana sacra susceperant aut fortunae, ut fit, obirati cultum reliquerant deum. Romanis quoque ab eodem prodigio novendiale sacrum publice susceptum est, seu voce caelesti ex Albano monte missa - nam id quoque traditur - seu haruspicum monitu; mansit certe sollemne ut, quandoque idem prodigium nuntiaretur, feriae per novem dies agerentur. Rome goûtait déjà les fruits de cette victoire si glorieuse pour le règne de Tullus, et pour elle si féconde, lorsqu'on annonça au roi et aux sénateurs qu'une pluie de pierres était tombée sur le mont Albain. Comme on avait peine à croire ce prodige, on envoya sur les lieux pour s'en assurer. Ceux qui furent chargés de ce soin virent en effet tomber du ciel une grande quantité de pierres, aussi pressées que la grêle, lorsque le vent la chasse sur la terre. Ils crurent même entendre sortir d'un bois sacré, au sommet de la montagne, une voix retentissante, qui ordonnait aux Albains de faire des sacrifices suivant le rite de leur pays : car ce devoir avait été négligé, comme si, en quittant leur patrie, les Albains eussent aussi abandonné leurs dieux, soit pour adopter ceux des Romains, soit par mépris de toute religion, ce qui est l'effet ordinaire du ressentiment contre la mauvaise fortune. Les Romains, de leur côté, en expiation de ce prodige, célébrèrent des sacrifices publics qui durèrent neuf jours; et, soit que la voix céleste du mont Albain eût, au rapport de la tradition, prescrit cet usage, soit que les aruspices l'eussent conseillé, il est certain qu'il fut maintenu, et que des fêtes se succédaient pendant neuf jours, toutes les fois que le même prodige se répétait. (Livius, liv I, ch XXXI) Note: une pluie de pierre eut encore lieu en 344 AC, sans que Tite Live ne mentionne de "neuvaine", puis le phénomène se reproduisit fréquemment à partir de l'an 217 AC, Tite Live ne mentionnant pas toujours de "neuvaine". Le pseudo Obsequens copie Tite Live, comme le vrai. III. Tullo Hostilio regnante. 3 en marge: CIX. 642. In monte Albano lapidibus pluit. Quod cum credi vix posset, missis ad id visendum prodigium, in conspectu haud aliter, quam cum grandinem venti glomeratam in terras agunt, crebri cecidere de coelo lapides. Vox ex summi cacuminis luco audita est, quae monebat, ut patrio ritu sacra Albani facerent. Novemdiale igitur sacrum publice susceptum est, et solemne mansit, ut quandocunque idem prodigium nuntiaretur, feriae per novem dies agerentur. Il plut des pierres sur le Mont Albain. Comme on avait peine à le croire, des hommes furent envoyés pour voir ce prodige, extraordinaire à la vue, des pierres tomber drues du ciel, comme une grêle agglomérée que les vents poussent vers la terre. On entendit une voix, sortant d'un bois sacré au sommet du mont, qui avertissait que les Albains aient à observer les rites sacrés de leurs ancêtres. alors on célébra publiquement une cérémonie de neuf jours, et qui demeura traditionnelle, afin que chaque fois que le même prodige s'annoncerait, on fit une trève pendant neuf jours. (Obsequens2, p 40) Note: Le texte d'Obsequens est perdu. Il s'agit ici de la reconstitution de Lycosthenes de 1552, probablement basée sur Tite Live. 1557 Conrad Lycosthenes se cite lui même.
In monte Albano lapidibus pluit. Quod cum credi vix posset, missis ad id visendum prodigium, in conspectu haud aliter, quam cum grandinem venti glomeratam in terras agunt, crebri cecidere de coelo lapides. Vox ex summi cacuminis luco audita est, quae monebat, ut patrio ritu sacra Albani facerent. Novemdiale igitur sacrum publice susceptum est, et solemne mansit, ut quandocunque idem prodigium nuntiaretur, feriae per novem dies agerentur. Livius & Julius Obsequens Lycosthenes, p 58 Note: te texte étant le même, voir la traduction plus haut. Lycosthènes cite Tite Live, mais aussi Obsequens, c'est à dire lui même. 1751 Les encyclopédistes ne croient pas aux pluies de pierres. Ce fut Tullus Hostilius, selon Tite-Live , qui institua ces sacrifices , après avoir reçu la nouvelle des ravages causés sur le mont Alban par une grêle terrible , dont la grosseur & la dureté firent dire qu'il était tombé une pluie de pierres. (Encycl, tome 23, article novemdiale) Note: Nos braves encyclopédistes, qui ignorent les météorites et les bombes volcaniques, n'imaginent que l'hypothèse de la grèle. Mais ils oublient qu'une averse de grèle de dure que quelques minutes, alors que celle du mont Albain dura plusieurs heures. 1839, M. Lebas, introduit l'explication par le volcanisme. Lapidibus pluit. Voyez liv. I, ch. XXXI, p. 782. Les naturalistes se sont occupés des pluies prodigieuses dont il est souvent fait mention dans Tite-Live et dans d'autres auteurs. Ils en ont recherché les causes physiques. L'opinion la plus commune est que ces pierres proviennent de quelques volcans, d'où elles sont lancées par la fermentation intérieure, avec assez de force pour être quelquefois portées à de fort grandes distances. Il suffit pour cela qu'il s'opère subitement un dégagement d'air très-violent, par les ouvertures étroites du cratère. L'air, en s'échappant avec impétuosité, lance dans les airs tout ce qui s'oppose à son passage. Ce qui semble confirmer cette explication, c'est que ces pluies de pierres semblent avoir eu lieu de préférence dans les contrées qui ont des volcans, dans leur voisinage. La première pluie de pierres dont il soit fait mention dans Tite-Live arriva sous le régne de Tullus Hostilius, dans les environs du mont Albain (liv. I, chap. xxxi ). Le fait est rapporté avec tant de détails par l'historien, et le même phénomène s'est répété tant de fois prés de la même montagne, qu'il ne semble pas possible d'en douter. Il n'est pas bien difficile d'en déterminer la cause physique. On peut supposer, avec beaucoup de vraisemblance, qu'il y a eu dans les premiers temps, sur le mont Albain, un volcan, remplacé depuis par un lac; et cette conjecture est assez fortement appuyée pour qu'elle puisse passer pour une certitude. On sait que c'est un effet ordinaire des volcans de lancer dans les airs des pierres et de la cendre qui, retombant ensuite sur la terre à des distances plus ou moins grandes, peuvent être prises, par le peuple ignorant, pour une pluie de pierres, et par conséquent pour un prodige. Quoique dans les temps postérieurs le mont Albain ne jetât plus ni flammes ni fumée, le foyer de ce volcan subsistait toujours; la fermentation des matières sulfureuses et métalliques qui y étaient contenues, devait être assez forte pour jeter en l'air une grande quantité de pierres à la fois. (notes de l'édition de Tite Live de Désiré Nisard-1839, tome I, p 916) 1842, Victor Verger, entérine Lycosthènes en traduisant Obsequens. III Sous le règne de Tullius Hostilius (2) Il plut des pierres sur le Mont Albain. Cet évènement parut si extraordinaire, qu'on envoya des hommes pour constater la réalité d'un tel prodige. Ceux ci virent, en effet, les pierres tomber du ciel en aussi grande quantité que la grèle agglomérée, lorsque les vents la pousse vers la terre. On entendit sortir, d'un bois sacré situé au dessus de la montagne, une voix qui avertissait les Albains d'offrir des sacrifices d'après les rites observés par leurs ancêtres. On célébra donc publiquement un sacrifice novemdial, qui, dès lors, demeura solennel, afin que, toutes les fois qu'il surviendrait un pareil prodige, on eût soin d'observer neuf jours de féries. (2) An de R. 111 (Obsequens3, p 7) 1880, Emmanuel Fernique confirme l'hypothèse du volcanisme. On a tenté de l'expliquer par l'impression qu'avaient produite sur l'imagination des anciens peuples du Latium les phénomènes volcaniques si fréquents dans cette région (1). Souvent, en effet, Tite-Live mentionne des pluies de pierres tombées à Véies , sur l'Aventin , sur le mont Albain , à Aricie, à Lanuvium , et dans beaucoup d'autres endroits qui sont aujourd'hui pleins de laves. L'histoire du roi d'Albe, Silvius, englouti avec son palais dans le cratère du mont Albain, a sans doute une origine de ce genre (2). (2) Denys d'Hal., 1. 71. (Emmanuel Fernique, ÉTUDE SUR PRÉNESTE, VILLE DU LATIUM. 1880) Note: en réalité, Denys (Liv.I, LXXII-3) dit: 3. Après Agrippa, Allodius, une créature tyrannique et odieuse aux dieux, régna dix-neuf ans. Méprisant les puissances divines, il avait conçu d’imiter la foudre et les bruits ressemblant aux coups de tonnerre, avec lesquels il se proposait de terrifier les gens comme s’il était un dieu. Mais la pluie et la foudre s’abattirent sur sa maison, et le lac près duquel il habitait s’éleva à une hauteur peu commune, de sorte qu'il fut été accablé et noyé avec toute sa famille. 2003, Dominique Briquel se replace dans la logique des Albains de l'époque. on annonce une pluie de pierres survenue sur le mont Albain. Il s'agit bien évidemment d'une manifestation de la colère des dieux, qui estiment que les hommes ont fauté à leur encontre [72], et il faudra, selon la procédure suivie en pareil cas, qui est ici évoquée pour la première fois dans le récit livien, mettre en œuvre un rituel d'expiation, en l'occurrence l'institution d'une neuvaine qu'on retrouvera dans d'autres cas analogues par la suite [73]. La localisation du prodige suggère qu'il n'est pas sans relation avec la question de la destruction d'Albe par Rome, et c'est ce que confirme le sens qui est attribué à l'événement. L'explication en est en effet bientôt donnée par une voix qui se fait entendre du haut de la montagne : elle révèle aux Romains que les dieux sont irrités parce que les Albains, venant s'installer à Rome, ont abandonné leurs rites ancestraux et ont négligé de continuer à honorer les dieux de leur ancienne cité. On constate donc qu'il existe un lien direct entre la fin de l'antique métropole latine, qui a été décrite au chapitre 29, et le prodige de la pluie de pierres sur le mont qui surplombe Albe (Dominique Briquel, Tullus Hostilius et le thème indo-européen des trois péchés du guerrier, 2003)
Analyse: On ne sait pas d'où Lycosthène tire les dates qu'il mentionne. Le pseudo texte d'obsequens qui est de lui, mentionne An de Rome CIX (645 av JC), et sa traduction française 111 (643 av JC), puis il donne 642 av JC. On sait seulement que l'évènement eut lieu peu après la guerre contre les Sabins, qui se serait terminé, selon Denys d'Halicarnasse, environ 15 ans après la destruction d'Albe, qui aurait eu lieu en 665 av JC, ce qui placerait notre évènement vers 650 av JC. Le phénomène est décrit avec une certaine précision par Tite Live: On sait qu'on vint prévenir les sénateurs à Rome, et qu'en retour on envoya des observateurs. Or il y a une vingtaine de km de Rome au Mont Albain. Entre le déclenchement du phénomène et l'arrivée des observateurs, il s'est donc passé plusieurs heures Quant à l'intensité, Tite Live compare la chute avec celle de la grèle. Il ne donne malheureusement aucune estimation de la taille des pierres, mais on peut penser qu'elles étaient petites, sans quoi il eut mentionné l'effroi des observateurs. Pour ce qui est des hypothèses, nous avons l'embarras du choix: - un présage des dieux d'Albe, mécontents de la destruction de la ville et de l'abandon de leur culte. Hypothèse admise à l'époque, car la destruction de la ville d'Albe, fondée par Enée, fils de Vénus, et lieu de naissance de Romulus, fils de Mars, n'était rien moins qu'un sacrilège. Mais qui croit encore aux dieux d'Albe, aujourd'hui? - une chute de grêle. Il est vrai que des chutes de gros grélons, dans une demi obscurité ont parfois été prises pour des chutes de pierre. Mais ici il devait faire plein jour, car on n'aurait pas envoyé des observateurs à la tombée de la nuit. De plus le phénomène a duré plusieurs heures, et dans une autre circonstance, il dura deux jours, ce qui invalide l'hypothèse.
Le Mont Albain est effectivement un ancien volcan, et toute la région avoisinante, jusqu'au Tibre, est géologiqment composée de roches pyroclastiques du Trias ( en rouge brique clair sur la carte ). Mais selon ce site, la dernière phase d'activité du mont Albain s'est terminée il y a 30 000 ans. Cependant 30000 ans, c'est encore court à l'échelle des temps géologiques, et la production du phénomène ne requiert qu'une faible énergie, par rapport à celles que peut produire un volcan. Reconnaissons que des traces épisodiques d'activités avec génération de gaz, voire de vapeur d'eau fusant dans des fissures ne mettraient en jeu qu'une faible énergie et pourraient rendre compte du phénomène et de sa récurrence - des pierres soulevées par le vent, et retombant toujours sur le Mont Albain Il est exact que les tourbillons de vent provoqués par le relief, ont tendance à laisser retomber des objets toujours aux mêmes endroits, mais ici il s'agit de pierres. N'en déplaise à Aristote qui croyait la météorite d'Aegos Potamos soulevée par le vent, il aurait fallu une tornade, qui dure plusieurs heures, et toujours au même endroit, sans faire d'autres dégats que de faire pleuvoir des pierres. Hypothèse météorologiquement absurde - une pluie de météorites Il faut être ignorant comme un journaliste de France-Dimanche pour imaginer une hypothèse pareille, qui ne tient compte ni de la densité, ni de la durée, ni de la récurrence, car d'autres pluies de pierres eurent lieu sur le mont Albain. - des extraterrestres farceurs C'est une explication pour enfants de cinq ans, vu qu'elle est à peu près aussi crédible que l'intervention du Père Noël. - des Albains lithoboles mécontents de la destruction de leurs ville, et dont l'un d'eux avait une grosse voix l'explication n'est pas si idiote, mais il eu fallu qu'ils attendent que des romains crédibles passent près du Mont Albain, et qu'ils recommencent leur stratagème avec une grande réserve de pierres à l'arrivée des observateurs. Et puis il n'y avait que des prêtres à y avoir intérèt. S'ils avaient eu à produire un prodige, n'auraient ils pas imaginé quelque chose de plus simple, comme de faire parler une statue? Par contre on peut imaginer un prêtre Albain, avec une grosse voix, profitant de l'évènement pour dicter un message des dieux En conclusion, ce phénomène, bien qu'attesté par le seul Tite Live, mais explicable par la géophysique, paraît possible, avec ou sans prêtre à grosse voix |
Dernière mise à jour: 16/05/2014
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