715 avant JC Rome, éclipse et abduction céleste de Romulus En réalité: Invention Prétendu enlèvement au ciel de Romulus dans un tourbillon de nuages et d'éclairs, lors d'une éclipse de Soleil 54 av JC. Sept siècles après, Ciceron rapporte la légende.
... Sed profecto tanta fuit in eo vis ingenii atque virtutis, ut id de Romulo Proculo Iulio, homini agresti, crederetur, quod multis iam ante saeculis nullo alio de mortali homines credidissent; qui inpulsu patrum, quo illi a se invidiam interitus Romuli pellerent, in contione dixisse fertur a se visum esse in eo colle Romulum, qui nunc Quirinalis vocatur; eum sibi mandasse, ut populum rogaret, ut sibi eo in colle delubrum fieret; se deum esse et Quirinum vocari. X. Après avoir régné trente-sept ans et élevé ces deux solides colonnes de la république, les auspices et le sénat, Romulus disparut pendant une éclipse de soleil, et obtint cet insigne honneur qu'on le crut transporté au rang des Dieux: renommée merveilleuse pour un mortel, et qu'une vertu extraordinaire a pu seule mériter. ... Mais il avait montré tant de vertu et de génie, que le peuple n'hésita pas à se laisser persuader de lui ce que depuis bien des siècles on n'avait voulu croire d'aucun mortel, alors que Julius Proculus, un homme simple envoyé par les Pères, qui tenaient à écarter loin d'eux le soupçon de la mort de Romulus, vint déclarer dans l'assemblée publique que Romulus lui était apparu sur la colline que l'on appelle maintenant Quirinale, lui avait ordonné de demander au peuple qu'un temple lui fût élevé sur cette colline, ajoutant qu'il était dieu et s'appelait Quirinus. (Ciceron1, liv II, ch X) Note: Déja apparait la légende de l'éclipse, mais aussi le soupçon que les sénateurs aient assassiné Romulus. Le pseudo Corvinus préfère éclairs et tourbillon. Superfuit Romulus, qui demum victis Fidenatubus ac Vejentibus, ad Capreae paludem concione habita, subito turbine et imbre lumine solis adempto, inter fulgura obstrepentia coeli ereptus, nusquam apparuit, postquam triginta & septem regnaverat annis. Il resta Romulus, qui, venant de vaincre les Fidènes et les Véiens, tenant une assemblée au marais de la chèvre, par un tourbillon et un orage subit otant la lumière du soleil, fut enlevé au ciel parmi les éclairs crépitant, n'apparut plus nulle part, après qu'il ait régné trente sept ans (Corvinus, ch XXIV) Note: cette fois, Romulus est enlevé par un tourbillon, comme Elie, avec des éclairs, comme Hercule. 9 av JC. Tite Live donne tous les détails, mais s'étonne. 1. His inmortalibus editis operibus cum ad exercitum recensendum contionem in campo ad Caprae paludem haberet, subito coorta tempestas cum magno fragore tonitribusque tam denso regem operuit nimbo ut conspectum eius contioni abstulerit; nec deinde in terris Romulus fuit. 2. Romana pubes sedato tandem pauore, postquam ex tam turbido die serena et tranquilla lux rediit, ubi uacuam sedem regiam uidit, etsi satis credebat patribus, qui proximi steterant, sublimem raptum procella, tamen uelut orbitatis metu icta maestum aliquamdiu silentium obtinuit. 3. Deinde a paucis initio facto deum deo natum, regem parentemque urbis Romanae saluere uniuersi Romulum iubent; pacem precibus exposcunt, uti uolens propitius suam semper sospitet progeniem. 4. Fuisse credo tum quoque aliquos, qui discerptum regem patrum manibus taciti arguerent; manauit enim haec quoque, sed perobscura fama; illam alteram admiratio uiri et pauor praesens nobilitauit. 5. Et consilio etiam unius hominis addita rei dicitur fides. Namque Proculus Iulius, sollicita ciuitate desiderio regis et infensa patribus, grauis, ut traditur, quamuis magnae rei auctor, in contionem prodit. 6. "Romulus" inquit, "Quirites, parens urbis huius, prima hodierna luce caelo repente delapus se mihi obuium dedit. Cum perfusus horrore uenerabundus adstitissem, petens precibus, ut contra intueri fas esset, 7. "abi, nuntia" inquit "Romanis caelestes ita uelle ut mea Roma caput orbis terrarum sit; proinde rem militarem colant sciantque et ita posteris tradant nullas opes humanas armis Romanis resistere posse". "Haec" inquit "locutus sublimis abiit". 8. Mirum, quantum illi uiro nuntianti haec fidei fuerit quamque desiderium Romuli apud plebem exercitumque facta fide inmortalitatis lenitum sit. 1. Après ces immortels travaux, et un jour qu'il assistait à une assemblée, dans un lieu voisin du marais de la Chèvre, pour procéder au recensement de l'armée, survint tout à coup un orage, accompagné d'éclats de tonnerre, et le roi, enveloppé d'une vapeur épaisse, fut soustrait à tous les regards. Depuis, il ne reparut plus sur la terre. 2. Quand l'effroi fut calmé, quand à l'obscurité profonde eut succédé un jour tranquille et pur, le peuple romain, voyant la place de Romulus inoccupée, semblait peu éloigné de croire au témoignage des sénateurs, lesquels, demeurés près du roi, affirmaient que, pendant l'orage, il avait été enlevé au ciel. Cependant, comme si l'idée d'être à jamais privé de son roi l'eût frappé de terreur, il resta quelque temps dans un morne silence. 3. Enfin, entraînés par l'exemple de quelques-uns, tous, par acclamations unanimes, saluent Romulus, dieu, fils de dieu, roi et père de la ville romaine. Ils lui demandent; ils le conjurent de jeter toujours un regard propice sur sa postérité. 4. Je suppose qu'il ne manqua pas alors de gens qui accusèrent tout bas les sénateurs d'avoir déchiré Romulus de leurs propres mains; le bruit même s'en répandit, mais n'acquit jamais beaucoup de consistance. Cependant l'admiration qu'il inspirait, et la terreur du moment, ont consacré le merveilleux de la première tradition. 5. On ajoute que la révélation d'un citoyen vint fortifier encore cette croyance. Tandis que Rome inquiète déplorait la mort de son roi, et laissait percer sa haine contre les sénateurs, Proculus Julius, autorité grave, dit-on, même à propos d'un fait aussi extraordinaire, s'avança au milieu de l'assemblée, et dit : 6. "Romains, le père de cette ville, Romulus, descendu tout à coup des cieux, m'est apparu ce matin au lever du jour. Frappé de terreur et de respect, je restais immobile, tâchant d'obtenir de lui, par mes prières, qu'il me permît de contempler son visage : 7. "Va, dit-il, annoncer à tes concitoyens que cette ville que j'ai fondée, ma Rome, sera la reine du monde; telle est la volonté du ciel. Que les Romains se livrent donc tout entiers à la science de la guerre; qu'ils sachent, et après eux leurs descendants, que nulle puissance humaine ne pourra résister aux armes de Rome." À ces mots, continua Proculus, il s'éleva dans les airs. 8. Il est étonnant qu'on ait si facilement ajouté foi à un pareil discours, et aussi combien la certitude de l'immortalité de Romulus adoucit les regrets du peuple et de l'armée. (Livius, liv I, ch XVI) 8 av JC. Denys d'Halicarnasse expose toutes les versions. LVI. 1. Voilà les guerres mémorables que Romulus a faites. S’il ne soumit pas plus de nations voisines cela semble être dû à sa mort soudaine, qui se produisit alors qu'il était toujours dans la force de l’âge pour accomplir des exploits guerriers. Sur sa mort il y a beaucoup d’histoires différentes 2. Ceux qui présentent une histoire plutôt fabuleuse de sa vie disent que tandis qu'il haranguait ses hommes dans le camp, une obscurité soudaine s’abattit dans un ciel clair et qu’un violent d'orage éclata, et alors il disparut; et ces auteurs croient qu'il a été enlevé au ciel par son père Mars. 3. Mais ceux qui écrivent des histoires plus plausibles disent qu'il fut tué par ses propres concitoyens; et la raison qu'ils donnent pour son meurtre c’est qu'il libéra sans demander l’avis de personne, contrairement à la coutume, les otages pris aux Véïens, et qu'il ne se comportait plus de la même manière envers les citoyens originaux et envers ceux qui furent inscrits plus tard, mais il honorait plus ces premiers alors qu’il méprisait les nouveaux venus, et aussi en raison de sa grande cruauté dans le châtiment des délinquants (par exemple, il avait ordonné qu’un groupe de Romains accusés du brigandage contre les peuples voisins soit jeté du haut de la Roche après avoir rendu un jugement seul, bien qu'ils ne fussent pas de basse naissance et qu’ils fussent nombreux), mais surtout parce qu'il paraissait être devenu dur et arrogant et qu’il exerçait son pouvoir plus comme un tyran que comme un roi. 4. Pour ces raisons, ils disent que les patriciens ourdirent une conspiration contre lui et décidèrent de le massacrer; et après l’avoir exécuté le meurtre dans le Sénat, ils dépecèrent son corps en petits morceaux, pour qu'on ne puisse les voir, et puis ils sortirent, chacun cachant sa partie de corps sous sa longue robe, et l'enterrant ensuite en secret. 5. D'autres disent que, alors qu’il haranguait le peuple il fut massacré par les nouveaux citoyens de Rome, et qu'ils exécutèrent le meurtre au moment où il y avait de la pluie et de l'obscurité, alors que l'assemblée du peuple s’était dispersée et que leur chef était sans sa garde. Et pour cette raison, disent-ils, le jour où cet événement s'est produit tire son nom de la fuite du peuple et s'appelle encore maintenant Populifugia (la Fuite du Peuple). 6. Quoi qu’il en soit, les circonstances qui accompagnèrent, sous la direction du Ciel, la naissance et la mort de cet homme semblent donner beaucoup d’autorité à l’avis de ceux qui considèrent comme dieux des hommes mortels et qui placent les âmes des personnes illustres dans le ciel. Ils disent qu'au moment où sa mère a été violée, que ce soit par un homme ou par un dieu, il y eut une éclipse totale de soleil et une obscurité générale comme si la nuit recouvrait la terre, et qu'à sa mort la même chose s'est produite. (Denys, liv II, ch LVI) vers 3 à 8 de notre ère, Ovide veut du grand spectacle.
Il est un lieu que les anciens appelaient le marais de la Chèvre. Un jour que Romulus y dictait des lois à son peuple naissant, le soleil se voile tout à coup, des nuages rapides dérobent de tous côtés l'aspect du ciel, la pluie tombe par torrents, la foudre retentit, des éclairs sillonnent les airs, tout fuit; cependant Romulus montait aux cieux sur le char de son père. Le peuple, dans sa douleur, accusait les sénateurs d'un meurtre; et peut-être n'auraient-ils pu se laver de cet odieux soupçon sans Julius Proculus. Celui-ci revenait d'Albe-la-Longue; la clarté de la lune était le seul flambeau qui guidât ses pas; tout à coup il entend les nuages s'entrechoquer à sa gauche avec fracas; il recule effrayé, ses cheveux se dressent sur sa tête: Romulus lui apparaît, debout, au milieu du chemin; une beauté céleste est répandue sur ses traits; sa taille dépasse celle des mortels; il est revêtu de la trabée: "Que les Quirites, dit-il, cessent de me pleurer: je suis au rang des dieux, et ces larmes m'offensent; qu'on m'offre de l'encens, qu'une foule pieuse m'adore sous le nom de Quirinus; que les Romains excellent à la guerre, et qu'on reconnaisse toujours en eux les enfants de Romulus." Il dit, et l'apparition se dissipe dans le vide des airs. Proculus assemble le peuple et lui annonce les volontés de Romulus. Un temple s'élève pour le nouveau dieu; une colline reçoit son nom, et, chaque année, le même jour ramène la fête du père des Romains. Note: cette traduction, un peu libre, est une adaptation de celle de Désiré Nisard (Ovide1, chant II) vers 100 de notre ère. Plutarque déchaine l'ouragan. Il y avait trente-sept ans que Rome était bâtie et que Romulus régnait, lorsque, le 7 du mois de juillet, jour qu’on appelle maintenant les nones Capratines, Romulus alla faire, hors de la ville, un sacrifice public, près du marais de la Chèvre. Il était accompagné du sénat, et de presque tout le peuple. Tout à coup il se lit dans l’air un changement extraordinaire : une nuée épaisse et ténébreuse fondit sur la terre, et, avec elle, un vent impétueux, un ouragan terrible. La foule épouvantée prit la fuite et se dispersa. Romulus disparut au milieu de cette tempête, et l’on ne retrouva pas même son cadavre. On conçut contre les sénateurs de violents soupçons. Le bruit courut, parmi le peuple, que, las depuis longtemps d’obéir à un roi, ils s’étaient défaits de lui, dans le but de faire passer en leurs mains seules toute l’autorité. Romulus, à la vérité, commençait à les traiter d’une façon un peu dure et despotique. Mais ils assoupirent bientôt les murmures, en décernant à Romulus les honneurs divins, et en persuadant au peuple qu’il n’était pas mort, et qu’il jouissait d’une destinée meilleure. Proculus, homme des plus considérables, affirma, sous le serment, qu’il avait vu Romulus monter au ciel avec ses armes, et qu’il l’avait entendu ordonner qu’on l’appelât Quirinus (Plutarque1, vie de Romulus.) 2ème siècle. Florus consacre la légende. His ita ordinatis, repente, quum contionem haberet, ante urbem apud Caprae paludem, e conspectu ablatus est. Discerptum aliqui a senatu putant ob asperius ingenium : sed oborta tempestas solisque defectio consecrationis speciem praebuere. Cui mox Iulius Proculus fidem fecit, visum a se Romulum affirmans, augustiore forma quam fuisset; mandare praeterea, ut se pro numine acciperent; Quirinum in caelo vocari; placitum diis ita, gentium Roma poteretur. Cet ordre établi, un jour que Romulus tenait une assemblée hors de la ville, près du marais de Capréa, tout à coup il disparut à tous les regards. Quelques-uns pensent qu'il fut, à cause de 1'àpreté de son caractère, mis en pièces par le sénat, mais un orage qui s'éleva et une éclipse de soleil donnèrent à cet événement l'apparence d'une apothéose. Julius Proculus accrédita bientôt cette idée, en affirmant que Romulus s'était fait voir à lui sous une forme plus auguste que pendant sa vie; qu'il voulait qu'on l'honorât désormais comme une divinité; que, dans le ciel, il s'appelait Quirinus, les dieux l'ayant ainsi arrêté; qu'à ce prix., Rome deviendrait la maîtresse des nations. (Florus, de Romulus.) vers 420. Augustin d'Hippone distingue les éclipses de soleil naturelles et surnaturelles [XV] Ipsorum autem regum qui exitus fuerunt? De Romulo uiderit adulatio fabulosa, qua perhibetur receptus in caelum; uiderint quidam scriptores eorum, qui eum propter ferocitatem a senatu discerptum esse dixerunt subornatumque nescio quem Iulium Proculum, qui eum sibi apparuisse diceret eumque per se populo mandasse Romano, ut inter numina coleretur, eoque modo populum, qui contra senatum intumescere coeperat, repressum atque sedatum. Acciderat enim et solis defectio, quam certa ratione sui cursus effectam imperita nesciens multitudo meritis Romuli tribuebat. Quasi uero si luctus ile solis fuisset, non magis ideo credi deberet occisus ipsumque scelus auersione etiam diurni luminis indicatum; sicut re uera factum est, cum Dominus crucifixus est crudelitate atque impietate Iudaeorum. Quam solis obscrationem non ex canonico siderum cursu accidisse satis ostendit, quod tunc erat pascha Iudaeorum; namplena luna sollemniter agitur, regularis autem solis defectio non nisi lunae fine contingit. Satis et Cicero illam inter deos Romuli receptionem putatam magis significat esse quam factam, quando et laudans eum in libris de re publica Scipionisque sermone: "Tantum est, inquit, consecutus, ut, cum subito sole obscurato non comparuisset, deorum in numero conlocatus putaretur, quam opinionem nemo umquam mortalis assequi potuit sine eximia uirtutis gloria." (Quod autem dicit eum subito non comparuisse, profecto ibi intellegitur aut uiolentia tempestatis aut caedis facionorisque secretum; nam et alii scriptores eorum defectioni solis addunt etiam subitam tempestatem, quae profecto aut occasionem sceleri praebuit aut Romulum ipsa consumpsit.) De tullo quippe etiam Hostilio, qui tertius a Romulo rex fuit, qui et ipse fulmine absumptus est, dicit in eisdem libris idem Cicero, propterea et istum non creditum in deos receptum tali morte, quia fortasse quod erat in Romulo probatu, id est persuasum, Romani uulgare noluerunt, id est uile facere, si hoc et alteri facile tribueretur. Dicit etiam aperte in inuectiuis: "Illum, qui hanc urbem condidit, Romulum ad deos immortales beniuolentia famaque sustulimus", ut non uere factum, sed propter merita uirtutis eius beniuole iactatum diffamatumque monstraret. Et quelle fut la fin de ces rois eux-mêmes? Une fable adulatrice place Romulus dans le ciel, mais plusieurs historiens rapportent au contraire qu’il fut mis en pièces par le sénat à cause de sa cruauté, et que l’on suborna un certain Julius Proculus pour faire croire que Romulus lui était apparu et l’avait chargé d’ordonner de sa part au peuple romain de l’honorer comme un dieu, expédient qui apaisa le peuple sur le point de se soulever contre le sénat. Une éclipse de soleil survint alors fort à propos pour confirmer cette opinion; car le peuple, peu instruit des secrets de la nature, ne manqua pas de l’attribuer à la vertu de Romulus : comme si la défaillance de cet astre, à l’interpréter en signe de deuil, ne devait pas plutôt faire croire que Romulus avait été assassiné et que le soleil se cachait pour ne pas voir un si grand crime, ainsi qu’il arriva en effet lorsque la cruauté et l’impiété des Juifs attachèrent en croix Notre-Seigneur. Pour montrer que l’obscurcissement du soleil, lors de ce dernier événement, n’arriva pas suivant le cours ordinaire des astres, il suffit de considérer que les Juifs célébraient alors la pâque, ce qui n’a lieu que dans la pleine lune : or, les éclipses de soleil n’arrivent jamais naturellement qu’à la fin de la lunaison. Cicéron témoigne aussi que l’entrée de Romulus parmi les dieux est plutôt imaginaire que réelle, lorsque le faisant louer par Scipion dans ses livres De la République, il dit: « Romulus laissa de lui une telle idée, qu’étant disparu tout d’un coup pendant une éclipse de soleil , on crut qu’il avait été enlevé parmi les dieux: opinion qu’on n’a jamais eue d’un mortel sans qu’il n’ait déployé une vertu extraordinaire ». Et quant à ce que dit Cicéron que Romulus disparut tout d’un coup, ces paroles marquent ou la violence de la tempête qui le fit périr, ou le secret de l’assassinat: attendu que, suivant d’autres historiens, l’éclipse fut accompagnée de tonnerres qui, sans doute, favorisèrent le crime ou même consumèrent Romulus. En effet, Cicéron, dans l’ouvrage cité plus haut, dit, à propos de Tullus Hostilius, troisième roi de Rome, tué aussi d’un coup de foudre, qu’on ne crut pas pour cela qu’il eût été reçu parmi les dieux, comme on le croyait de Romulus, afin peut-être de ne pas avilir cet honneur en le rendant trop commun. li dit encore ouvertement dans ses harangues: « Le fondateur de cette cité, Romulus, nous l’avons, par notre bienveillance et l’autorité de la renommée, élevé au rang des dieux immortels ». Par où il veut faire entendre que la divinité de Romulus n’est point une chose réelle, mais une tradition répandue à la faveur de l’admiration et de la reconnaissance qu’inspiraient ses grands services (Augustin1, liv 3,15.) Note: Le père de l'église Augustin, ne peut évidemment admettre la réalité de l'enlèvement de Romulus au ciel, et doit donc la traiter comme une fable, et le témoignage de Proclus comme un artifice. Mais, faisant confiance à ses sources, il y ajoute le hasard de l'éclipse qui vint conforter la croyance du peuple. Il doit alors séparer cette éclipse naturelle validant la superstition, de l'éclipse qui eut prétendument lieu lors de la mort du Christ, affirmée comme surnaturelle. En réalité, elles n'eurent pas plus lieu l'une que l'autre. 4ème siècle. Le pseudo Aurelius Victor résume la légende. 13 Cum ad Caprae paludem exercitum lustraret, nusquam comparuit; unde inter patres et populum seditione orta Iulius Proculus, uir nobilis, in contionem processit et iureiurando firmauit Romulum a se in colle Quirinali uisum augustiore forma, cum ad deos abiret; eundemque praecipere, ut seditionibus abstinerent, uirtutem colerent; futurum, ut omnium gentium domini exsisterent. 14 Huius auctoritati creditum est. Aedes in colle Quirinali Romulo constituta, ipse pro deo cultus et Quirinus est appellatus. Lors d'une revue de ses troupes au marais de Caprée, Romulus disparut à jamais : une sédition éclatait déjà entre le sénat et le peuple, lorsque Julius Proculus, personnage illustre, s'avança au milieu de l'assemblée, et affirma par serment que, sur le mont Quirinal, Romulus lui avait apparu sous les traits plus augustes d'un mortel qui va prendre place parmi les dieux; le même prince, ajoutait-il, prescrivait à son peuple de s'abstenir des séditions, et de pratiquer la vertu ; l'avenir lui réservait l'empire de toutes les nations. On eut foi dans l'autorité de Proculus. Un temple en l'honneur de Romulus fut élevé sur le mont Quirinal; adoré lui-même comme un dieu, il reçut le nom de Quirinus. (Aurelius1, ch 2) 1545 Johann Funck abrège Denys. Olympiade 16 année 1, mundi 3248 Eclipsis solis facta totalis, tempore mortis Romuli, Dyonis. Halicar. Olympiade 16 année 1, an 3248 de la création Il se fit une éclipse totale de soleil au temps de la mort de Romulus, Denys d'Halicarnasse. (Funccius, fol 45) Note: on remarque qu'il n'y a plus rien que de naturel. 1552. Conrad Lycosthènes imagine ce qu'aurait écrit Julius Obsequens. en marge: XXXVIII. 713. Verum editis jam immortalibus operibus, quum ad Capream paludem concionem ad milites haberet, subita coorta tempestas cum magno fragore, tonitribusque, tam denso regem operuit nimbo, ut conspectum ejus concioni abstulerit, nec deinceps unquam in terris apparuerit. Romani autem milites a Julio Proculo edocti, ad deos regem raptum esse, divinos statim illi honores exhibuerunt. An 38 de Rome, 713 avant Jésus-Christ Un jour que ce roi, déjà couvert de gloire par une foule d'actions immortelles, haranguait ses troupes aux environs du marais de Caprée, il s'éleva tout à coup une bruyante tempête, mêlée de tonnerres, pendant laquelle il se trouva enveloppé d'un nuage si épais, que tous ceux qui étaient présents le perdirent de vue; et de ce moment il ne reparut plus sur la terre. Or, les soldats romains, ayant appris de Julius Proculus que leur roi avait été enlevé au séjour des dieux, s'empressèrent de lui décerner les honneurs divins. (Obsequens2, p 40) 1557. Conrad Lycosthènes admet les abductions chrétiennes, mais pas les païennes. Romulus Romanae conditor Urbis cum apud Capream paludem exercitum lustraret, nymbo et turbine in coelum sublatus est, et in deorum numerum, ut fabulosa credidit antiquitas, non sine suorum admiratione receptus, ut est apud Livium libro primo Dec.1. Plutarchum in Romulo et Numa. Florum libri primo. capite primo. Augustinum lib.tertio. capite decimo quinto Civitatis. Plinium capite secundo de viris illust. Messalam Corvin. de progenie Augusti. Marlianum Patriitüm lib.6 Topographiae cap.nono Sabellicum libro tertio Ennead.2 & libro 1. Ovid.lib 2 Fast. est locus antiqui. &c. & alios Romulus, fondateur de la ville de Rome, alors qu'il passait ses troupes en revue au marais de la chèvre, fut enlevé au ciel dans un tourbillon de nuages, et au nombre des dieux, comme ces fables que crut l'antiquité, non sans être reçues avec admiration, selon Tite Live, livre 1, decade 1. Plutarque dans la vie de Romulus et Numa. Florus livre 1, ch 1. Augustin livre 3, ch. 15 de La Cité de Dieu. Pline (le jeune) ch. 2 des hommes illustres. Messala Corvinus de la généalogie d'Auguste. Marianus Patritius livre 6 de la Topographie, ch. 9. Sabellicus livre 3, Ennéade 2 et livre 1. Ovide, livre 2 des Fastes, et d'autres. (Lycosthenes, p 56) Note: Lycosthènes joue au chrétien sceptique, acceptant l'enlèvement du prophète Elie, monté lui aussi au ciel dans un tourbillon, mais refusant celui du païen Romulus.
Alors que Romulus rendait la justice sur le mont Palatin, le tonnerre et les éclairs déchirèrent le ciel. Un nuage noir obscurcit le Soleil. Quand l'orage fut passé, le peuple découvrit que son roi avait disparu. Comme Hénoch, Élisée, Hercule et Asclépios, Romulus fut miraculeusement transporté dans les cieux. Peu après, Julius Proculus jura qu'il avait vu Romulus descendre soudain du ciel et lui apparaître radieusement transfiguré. Le héros déclara à Proculus que c'était la volonté des dieux qu'après avoir fondé une cité destinée à être la plus grande de la Terre, il résidât dans les cieux. Les Romains croyaient fermement à ce miracle et honoraient Romulus comme un dieu sous le nom de Quirinus. Né d'une vierge, engendré par un dieu, guidé par des présages divins, enlevé dans les cieux, ressuscité pour inspirer ses partisans, il fut vénéré comme un dieu pendant des siècles. (Drake2, p 114) 1977. Michel Bougard récupère Plutarque. C'est le même Plutarque qui relate les circonstances étranges de la mort de Romulus,le fondateur de la Ville Eternelle : « Romulus disparut tout à coup sans qu'aucune partie de son corps ni de ses vêtements restât exposée à la vue... Romulus se trouvait hors de la ville et tenait une assemblée dans un lieu appelé le marais de la Chèvre, lorsque tout à coup des troubles prodigieux, impossibles à décrire, éclatèrent dans l'air et le bouleversèrent d'une manière incroyable. La lumière du Soleil s'éclipsa et le ciel fut envahi par une nuit non pas douce et paisible, mais sillonnée de terribles éclairs et agitée par des vents qui souffiaient en tempête de tous les côtés...» 12. 12. Plutarque, Vie de Romulus, 27,6-7. (Bougard, p 42) Note: Bougard se garde bien de citer la suite: On soupçonna les sénateurs d'avoit fait disparaïtre Romulus. Une telle hypothèse ne nécessitant plus l'intervention d'un engin extraterrestre. Analyse: La royauté de Romulus n'est pas vraiment historique, mais plutôt conventionnelle. Il y eut des rois à Rome, mais les premiers ne nous sont connus, assez arbitrairement, que par la chronologie Varronienne. On peut soupçonner que c'est par eponymie qu'on a appelé Romulus le premier roi, et supposé fondateur de Rome. Qu'il ait été élevée par une louve, était déja expliqué par les historiens antiques, qui assuraient qu'il avait été, lui et son frère, recueilli par une femme surnommée "la louve". Qu'il ait été fils du dieu Mars est évidemment absurde, et qu'il ait tué son frère jumeau, Rémus, bien peu probable. C'est donc par convention qu'on l'appelle le premier roi Romulus. Les différents auteurs s'accordent à dire qu'il disparut subitement, et que Julius Proculus sut persuader le peuple qu'il était maintenant au nombre des dieux. Mais si Ovide, le poète, écrit que Romulus monta au ciel sur le char de son père (Mars), les historiens soupçonnent qu'il fut assassiné, et que Proculus fut suscité par le sénat pour le disculper. Etant donné que les assassinats ont toujours existé, et que le dieu Mars n'est qu'un mythe, le choix est vite fait: cet histoire d'enlèvement au ciel est une pure invention Elle s'inscrit d'ailleurs bien dans l'imaginaire, à coté de celle d'Hercule enlevé par une nuée d'éclairs ou celle d'Elie, enlevé dans un char de feu (un tourbillon d'après la Bible), en mettant à part les enlèvement en OVNI, dont le protagoniste revient pour raconter son aventure Quant à l'éclipse, elle n'a pas plus eu lieu que celle qui aurait accompagné la naissance de Romulus. La première éclipse totale visible à Rome même, eu lieu le 18 janvier 402 av JC, date où Romulus aurait eu l'age respectable de 368 ans. |
Dernière mise à jour: 29/03/2022
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