88 avant JC Italie, astre tombant du ciel, Isis lançant la foudre, trompette céleste En réalité: bolide, pareidolies, feu St Elme 4ème siècle, Obsequens copie un passage perdu de Tite Live. L. Sylla Q. Pompeio coss. LVI. Poppedius Silo in oppido Bovianum, quod ceperat, triumphans invectus omen victoriae hostibus ostendit, quia triumphus in urbem victricem non victam, induci solet. Proximo proelio amisso exercitu occisus. Mithridati adversus socios bellum paranti prodigia apparuerunt. Stratopedo, ubi senatus haberi solet, corvi vulturem tundendo rostris occiderunt. In eundem locum sidus ingens caelo demissum. Isidis species visa sambucam fulmine petere. Lucum Furiarum cum Mithridates succenderet, risus exauditus ingens sine auctore. Cum aruspicum iussu virginem Furiis immolaret, e iugulo puellae risus ortus turbavit sacrificium. Classis Mithridatis in Thessalia a Romanis in proelio amissa. Lucius Sylla et Quintus Pompeius étant consuls. Poppedius Silo arrivant à Bovianum, qu'il avait prise, en triomphant, fournit aux ennemis un présage de victoire, parce qu'un triomphe a coutume de se faire dans une ville victorieuse, et non vaincue. Il fut tué à la bataille suivante, son armée perdue. Mithridate se préparant à la guerre contre les alliés, des prodiges apparurent. Au lieu où le sénat se réunit habituellement, des corbeaux tuèrent un vautour à coups de bec. Au même endroit, un astre immense tomba du ciel. On vit l'image d'Isis lancer la foudre d'une machine. Au moment où Mithridate faisait brûler un bois consacré aux Furies, on entendit un éclat de rire dont il fut impossible de découvrir l'auteur ; et tandis que, d'après l'ordre des aruspices, ce prince immolait une jeune fille aux mêmes Furies, il s'échappa du gosier de la jeune fille un rire qui troubla le sacrifice. En Thessalie, l'armée de Mithridate fut anéantie dans un combat par les Romains. (Obsequens1) Note: Félix Gaffiot traduit Stratopedum par "camp", mais on imagine mal le Sénat tenir ses réunions dans un camp. "Classis" est souvent traduit par "flotte", mais une bataille navale n'a pu se dérouler dans la plaine de Thessalie. On ne trouve guère de trace de cette défaite de Mithidate. Cette année là est plutôt connue comme celle ou Mithidate fit massacrer les romains d'Asie mineure (les vêpres Ephésiennes). En fait, Il s'agit de la bataille de Chéronée en 86 av JC. Le texte d'Obsequens n'est donc pas chronologiquement cohérent vers 100, Plutarque nous renseigne sur la rouerie des devins. Les dieux l’annoncèrent par divers prodiges. Le feu prit spontanément au bois des piques qui soutenaient les enseignes, et l’on eut beaucoup de peine à l’éteindre. Trois corbeaux apportèrent dans la ville leurs petits ; et, après les avoir dévorés en présence de tout le monde, ils en remportèrent les restes dans leurs nids. Des souris ayant rongé de l’or consacré dans un temple, les gardiens de cet édifice sacré en prirent une dans une souricière, où elle fit cinq petits et en dévora trois. Mais le signe le plus frappant, c’est que, dans un ciel serein et sans nuages, on entendit une trompette qui rendait un son si aigu et si lugubre, que tous se sentirent éperdus et frissonnants à ce bruit terrible. Note: Les prodiges cités ici sont incompatibles avec ceux cités par Obsequens. Les corbeaux n'y ont pas le même role. Les prodiges d'Obsequens mentionnent trois fois des rats qui rongent de l'or. Ils ne mentionnent jamais de souris. Il n'y est pas question non plus de son de trompette, dont la seule occurrence connue est en 100 av JC. Les devins d’Étrurie, consultés sur ce prodige, répondirent qu’il annonçait un nouvel âge qui changerait la face du monde. « En effet, disaient-ils, huit races d’hommes doivent remplir la durée des siècles, différant entre elles par leurs mœurs et leurs genres de vie. Dieu a marqué à chacune de ces races un temps préfixé, limité par la période de la grande année ; et, lorsqu’une race finit et qu’il s’en élève une autre, le ciel ou la terre en donnent le signal par quelque mouvement extraordinaire ; de façon que les hommes versés profondément dans ces études connaissent à l’instant même qu’il est né une espèce d’hommes qui ont d’autres mœurs, d’autres manières de vivre, et dont les dieux prennent plus ou moins de soin que de ceux qui les ont précédés. Dans ces renouvellements de races, de grands changements se font sentir, ajoutaient-ils ; et l’un des plus sensibles, c’est l’accroissement d’estime et d’honneur qu’obtient, dans telle race, la science de la divination : toutes ses prédictions se vérifient ; les dieux font connaître, par des signes clairs et certains, tout ce qui doit arriver ; au lieu que dans telle autre race cette science est généralement méprisée : la plupart des prédictions se font précipitamment sur de simples conjectures, et la divination n’a, pour connaître l’avenir, que des moyens obscurs et des traces presque effacées.» Voilà ce que débitaient les plus habiles devins de l’Étrurie, ceux qui passaient pour les mieux instruits. Note: Ce passage nous renseigne sur la rouerie et le pouvoir exorbitant des devins. Une trompette qu'on croit entendre dans les airs? Des prodiges de ce calibre, il y en avait chaque année, et voila nos devins qui annoncent une nouvelle ère. Même en croyant aux présages et aux prodiges, on sent bien l'inadéquation de la prophétie. Pour une nouvelle ère, il eut fallu un prodige d'un autre calibre, comme le rassemblement de quatre planètes sur les cinq connues, phénomène qui fut effectivement observé en l'an 1 de notre ère, et qu'on était bien excusable de lui voir annoncer une nouvelle ère. Ici, manifestement nos devins pressentaient la guerre civile - ce qui n'était pas bien difficile - et sans en connaître le vainqueur, l'installait par avance sur le trone de fondateur d'une nouvelle ère. A les en croire, les ères se succédaient vite à cette époque, puisqu'après la guerre entre Marius et Sylla, il y eut celle entre César et Pompée, et enfin celle entre Octave et Antoine. La suite du texte nous donne un exemple de la stupidité de ce genre de prédictions Pendant que le Sénat était assemblé dans le temple de Bellone, conférant avec les devins sur ces prodiges, on vit tout à coup un passereau voler au milieu de l’assemblée, portant dans son bec une cigale, qu’il partagea en deux : il en laissa tomber une partie dans le temple, et s’envola avec l’autre. Les interprètes des présages dirent que ce prodige leur faisait craindre une sédition entre les possesseurs de terres et le peuple de la ville et du Forum ; car celui-ci crie toujours comme le passereau, et les paysans vivent aux champs, comme les cigales. Note: Et voila: un passereau emporte un insecte dans son bec: quel grand prodige! Et quel tirage de cheveux ne faut il pas pour en déduire une sédition entre citadins et paysans. Il parait évident que les devins connaissaient ce risque, comme tout un chacun, et qu'ils en auraient tout aussi bien trouvé le présage, si une souris avait traversé le sénat en abandonnant un brin de paille. En transposant, c'est comme si, aujourd'hui, les conseillers du président prévoyaient un retour du royalisme, parce qu'un pigeon avait laissé tombé une fiente blanche dans la cour de l'Elysée. (Plutarque1, Vie de Sylla) vers 207, Dion Cassius puise dans Plutarque. La guerre civile, au moment où elle allait éclater à Rome, fut annoncée par divers prodiges, comme le rapportent Tite Live et Diodore. Le ciel était sans nuages, lorsque, au moment d'une grande sérénité, retentirent les sons aigus et lamentables d'une trompette: tous ceux qui les entendirent furent frappés d'épouvante et d'effroi. Les devins étrusques déclarèrent que c'était le présage d'un changement dans l'espèce humaine et d'un nouvel age du monde; car il y a huit générations d'hommes, qui diffèrent les uns des autres par leurs moeurs. Dieu a fixé à chacune une durée renfermée dans la révolution de la grande année: lorsqu'un âge est fini et qu'un autre commence, un signe merveilleux apparaît sur la terre ou dans le ciel. Dion, fragment CCXCIII Note: Il s'agit de la guerre entre Marius et Sylla. Les livres de Tite Live sont perdus pour cette époque, et ils ne nous en reste que le résumé (les périochae), qui ne mentionne pas de prodiges. Les livres de Diodore de Sicile sont également perdus, et ce qu'on cite, pour ce passage n'est qu'une reconstitution basée sur le texte de Dion Cassius. On remarque cependant que Dion Cassius rapporte les mêmes prodiges que Plutarque, et qui ne se trouvent pas chez Obsequens, qui pourtant recopiait Tite Live. La base est donc bien Plutarque, et non Tite Live.. 1557, Conrad Lycosthènes copie Obsequens.
Stratopedo, ubi senatus haberi solet, corvi vulturem tundendo rostris occiderint. In eundem locum sidus ingens coelo demissum. Isidis species visa, fulmine petere. An 3877 de la création. 88 avant Jésus-Christ Au Stratopedon, où le sénat se réunit habituellement, des corbeaux tuèrent un vautour à coups de bec. Au même endroit, un astre immense tomba du ciel. On vit l'image d'Isis lancer la foudre. (Lycosthenes, p 206) 1557, Conrad Lycosthènes copie Plutarque.
Imminente Romanis primo civili bello, ignis ex hastis subito emicuit, quix potuit extingui. Tres corvi pullos suos in viam obductos laniarunt, quod ex laniatu supfuit, retulerunt in nidum. Tubarum clangor in aere concrepuit. An 3879 de la création. 84 avant Jésus-Christ La première guerre civile étant imminente aux romains, du feu jaillit subitement des lances, qu'on éteignit avec peine. Trois corbeaux déchirèrent leurs petits apportés dans la rue, que de ce qui restait des morceaux, ils remportèrent au nid. Le son des trompettes retentit dans les airs. (Lycosthenes, p 208) Note: Lycosthènes reprend manifestement les prodiges de Plutarque, mais en les datant de 84 av JC, alors qu'ils se sont produits juste avant la guerre civile. 1783, Pingré prend un bolide pour un chiasma. 87. L. Sylla, Q. Pompeius étant Consuls, un grand Astre tomba du Ciel: ce n'étoit encore qu'un Chasma. Obsequ. (Pingré, p 274) Note: apparemment, Pingré a du mal a s'y retrouver avec tous ces prodiges mal datés. Ici c'est bien plus probablement un bolide qu'un chiasma 1842, Victor Verger fait se livrer une bataille navale en plaine. CXVI. (55.) Consulat de L. Sylla et de Q. Pompeius. (2) Pompeius Sylo étant entré sur un char de triomphe dans la ville de Bovianum, qu'il avait prise, fournit par là aux ennemis un présage de victoire, parce qu'une entrée triomphale a coutume de se faire dans une ville victorieuse, et non dans une ville vaincue. A la première bataille, son armée fut anéantie, et lui-même tué. Note: le traducteur, Victor Verger, semble confondre Quintus Poppaedius Silo, avec le consul Quintus Pompeius Rufus. Pendant que Mithridate se préparait à la guerre contre les alliés, des prodiges apparurent. Au Stratopédon, lieu où le sénat tient ordinairement ses assemblées, des corbeaux tuèrent un vautour à coups de bec. Au même endroit, un grand astre étant tombé du ciel, on vit l'image de la déesse Isis lui lancer la foudre. Note: le texte d'Obsequens ne dit absolument pas que l'image d'Isis lanca la foudre sur l'astre. Les deux passages sont indépendants. Au moment où Mithridate faisait brûler un bois consacré aux Furies, on entendit un éclat de rire dont il fut impossible de découvrir l'auteur ; et tandis que, d'après l'ordre des aruspices, ce prince immolait une jeune fille aux mêmes Furies, il s'échappa du gosier de la jeune fille un rire qui troubla le sacrifice. La flotte de Mithridate fut détruite par les Romains dans un combat livré en Thessalie. Note: Le traducteur ne s'étonne pas qu'une bataille navale ait lieu dans une plaine. De plus, le fait date de 86 av JC, et non 88, et pour arranger le tout, Victor Verger fait une traduction de l'édition de Lycosthène qui mélange les prodiges de 88, 87 et 86 av JC, en en ajoutant encore de son crû. C'est malheureusement sur ce genre de traduction que beaucoup d'ufologues se sont basés, quand ils ne recopiaient pas un autre ufologue. (2) An de R. 666 (Obsequens3, p 125) Analyse: Nous avons donc pour cette année 88, deux séries de prodiges différents, selon qu'ils viennent d'Obsequens ou de Plutarque. Chez Obsequens, repris par Lycosthenes, Un astre immense tombe du ciel, et l'image d'Isis lance la foudre avec une machine de guerre. Chez Plutarque, repris par Dion Cassius, puis par Lycosthenes, du feu difficile à éteindre apparait sur des lances, et un son de trompette retentit dans les airs. Voyons d'abord l'astre immense. Si on interprète trop vite le texte, il serait tombé sur le sénat. Mais alors le batiment aurait été détruit, les sénateurs tués, et l'histoire romaine en eut été changée. Il faut plutôt comprendre que du lieu où le sénat se réunissait, on vit un astre immense tomber du ciel. Et alors l'explication est toute simple: c'était tout simplement un brillant bolide. Pour l'image d'Isis, ce pourrait être une statue d'Isis, quoique ce fut une divinité égyptienne, mais on voit mal une statue lancer la foudre avec une machine de guerre. C'était donc bien plutôt une apparence céleste. L'apparence de la déesse Isis, donnant l'apparence de lancer la foudre au moyen de l'apparence d'une machine de guerre. La foudre mise à part, on est ici en pleine pareidolie. Le feu jaillissant spontanément, et difficile à éteindre, sur des lances, c'est un phénomène déja observé, quoique jusqu'ici on signalait plutôt que le feu n'avait rien consumé. En effet, si la traduction citée plus haut dit "Le feu prit spontanément au bois des piques", une autre traduction (de la même année) dit "le feu jaillit de lui même des piques". Il n'est plus question de bois en flammes, et alors, Il s'agit d'un classique feu St Elme, ou effet corona. Enfin, n'en déplaise aux devins étrusques, le son de trompette, déja entendu en l'an 100 av JC, n'est encore qu'une pareidolie, mais auditive, cette fois. |
Dernière mise à jour: 10/10/2014
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