L'atterrissage du bolide d'Isbergues

Dans la soirée du 18 octobre 1954, un bolide est visible de la région du Nord et de la Belgique. En pleine vague de soucoupes volantes, on devine qu'il va alimenter la rumeur publique. Effectivement l'une de ses observations, pourtant présentée dans la source initiale, comme celle d'un bolide, va être présentée dans le livre d'Aimé Michel, comme un atterrissage jalonnant un alignement d'observations de soucoupes volantes.

Le journal local décrit l'observation

UN BOLIDE SERAIT TOMBÉ
LUNDI SOIR ENTRE
LA ROUPIE ET LA LAQUE.

Lundi, vers 21 h. 15, M. Robert Boon, demeurant rue du Doyen à Aire-sur-la-Lys, revenait des Aciéries d'Isbergues et roulait seul à bicyclette lorsque, entre La Roupie et La Lacque, il eut le regard attiré par une boule lumineuse qu'il situa entre le hameau de Hourleron et le village de Thiennes. Ce bolide, en forme de ballon, paraissait, de cette distance (4 kilomètres) avoir un diamètre d'un mètre.
M. Boon fut aveuglé par un éclair fulgurant, jaillissant vraisemblablement à l'instant où le météore touchait terre et se volatilisait.
...
  Ajoutons qu'à ce même moment, tous les chiens du voisinage, apeurés sans doute eux aussi par l'éclair, avaient aboyé.
...
  Mentionnons pourtant que plusieurs habitants d'Aire, ont remarqué à cette même heure une vive lueur semblable à un éclair de chaleur, mais sans y préter autrement attention.

(La Voix du Nord, édition St Omer, 20 octobre 1954, page 6)

lieuxLe témoin découvre l'objet au nord-est

On remarque que le titre est trompeur. C'était effectivement un bolide, mais c'est le témoin qui se trouvait entre La Roupie et La Laque, et non l'emplacement de la chute du bolide. De plus, l'article laisserait croire que l'objet est tombé au nord-est, à 4 km du témoin, mais tous les autres témoins disent que l'objet à continué sa course vers le sud-ouest. Il faut donc comprendre que l'objet a été découvert au nord-est, à une hauteur angulaire non mentionnée, mais qu'il ne se dirigeait pas vers le sol. Enfin, le mètre que le témoin attribue au diamètre de l'objet ne concerne pas son diamètre réel, car à cette distance, il aurait été vu sous un angle de moins d'une minute d'arc, c'est à dire comme une étoile brillante. Il s'agit d'une estimation du diamètre apparent dans la même convention qui donne à la lune un diamètre de l'ordre de 25 cm. Le diamètre angulaire serait alors de 2°, mais peut-être moins, car le bolide était plus lumineux que la lune.

Les journaux régionaux confirment

UN ENGIN LUMINEUX ET ROND
ATTERRIT PRÈS D'AIRE-SUR-LA-LYS

  Enfin près d'AIRE-SUR-LA-LYS, un ouvrier des Aciéries d'Isbergues a vu « un engin lumineux de forme ronde descendre lentement ».« Quand il toucha le sol, a poursuivi le témoin, à près de 3 kilomètres de moi, un éclair illumina le ciel ». De nombreux habitants ont confirmé avoir vu non le bolide, mais le ciel illuminé. Quant à l'engin qui serait tombé, on n'en trouva nulle trace.
(Le Nouveau Nord Maritime, 21-10-1954, p 5)

A AIRE-SUR-LA-LYS

  Près d'Aire-sur-la-Lys, un ouvrier des aciéries d'Isbergues a vu un engin mystérieux de forme ronde, descendre lentement. Quand il toucha le sol, a poursuivi le témoin, à près de trois kilomètres de moi, un éclair illumina le ciel.
  De nombreux habitants ont confirmé avoir vu non le bolide, mais le ciel illuminé. Quant à l'engin qui serait tombé, on n'en a trouva nulle trace.
(A suivre)

(Nord Éclair, 21-10-1954, p 2)

Engin lumineux et éclair
près d'Aire-sur-la-Lys.

  Enfin près d'Aire-sur-la-Lys, un ouvrier des aciéries d'Isbergues a vu « un engin lumineux de forme ronde descendre lentement. Quand il toucha le sol, a poursuivi le témoin, à près de 3 km. de moi, un éclair illumina le ciel » De nombreux habitants ont confirmé avoir vu non le bolide, mais le ciel illuminé. Quant à l'engin qui serait tombé, on n'en trouva nulle trace.
(Nord Matin, 21-10-1954, p 10)

Déjà, le bolide est devenu un engin. Mais on ne risquait pas de le retrouver puisque, si le témoin l'avait situé à 4 km, sa distance réelle devait être de plusieurs centaines de km, et son lieu de chute dans une autre direction.

Les journaux nationaux résument

Un ouvrier métallurgiste observa une sphère lumineuse qui atterrit dans la campagne avoisinante, elle émit des lumières de différentes couleurs.
(France soir, 21 octobre 1954,selon la citation de Jacques Vallée)

1958. Aimé Michel décrit un engin à grand spectacle.

Le vendredi 15, on note seulement sept ou huit observations,
...
  La nuit tombe. Prés d’Aire-sur-la-Lys, dans le département du Pas-de-Calais, un ouvrier des aciéries d’Isbergues voit un engin lumineux de forme circulaire descendre lentement du ciel et se poser dans la campagne. Au moment de son atterrissage, l’objet se livre à de puissants jeux de lumières qui illuminent le ciel et sont aperçus par de nombreux témoins des villages voisins.
...
  Sur un globe terrestre, tendons un fil de Southend à Po di Gnocca : il passe à Calais, puis à Isbergues, et franchit le Rhin entre Niffer et Kembs. Ces observations du 15 octobre s'alignent le long d‘une géodésique de plus de 1 100 kilomètres à travers les frontières de cinq pays.

(Aimé Michel, Mystérieux Objets Célestes, Arthaud 1958, p 243)

Hé oui, avec un bolide observé de toute une région le 18 octobre, Aimé Michel réussit à faire un atterrissage localisé, jalonnant un alignement d'observations de soucoupes du 15 octobre. Cet alignement est totalement faux.
Mais il va tromper Raymond Veillith, qui écrit: "il faut tenir compte des cas d'atterrissages alignés (ce qui exclut évidemment ipso facto le cas d'un météore!)"

carte SOUPOL'alignement d'observations de soucoupes volantes du 15 octobre selon Aimé Michel

1969. Jacques Vallée récupère Aimé Michel.

268
Oct. 15,1954
night
Isbergues (France). A steelworker observed a luminous sphere land in the countryside; it then emitted lights of various colors. (54, 68; M 181)
(Jacques Vallée, Pasport to Magonia, Henry Regnery, 1969)

1975. Charles Garreau prend l'atterrissage au sérieux.

En 1954, Charles Garreau n'avait guère pris la vague d'observations de soucoupes au sérieux, ne s'intéressant qu'à quelques cas, garantis par des traces mystérieuses, ou l'intérêt de l'armée.
Mais en 1971, Raymond Lavier découvre sur des observations bourguignonnes (comme Aimé Michel) que les atterrissages de soucoupes semblent se disposer sur une grille régulière. En reportant sur carte toutes les observations tirées de ses dossiers, Charles Garreau va (comme Aimé Michel) trouver une crédibilité à ces observations qui se reportent sur sa grille. (précisons que les ufologues ont vite remarqué que ça ne marchait pas pour les autres régions).

  Isbergues (Pas-de-Calais), le 15 octobre 1954, vers 19 h 30. References : coupure de presse, dossiers personnels.
  Un ouvrier métallurgiste voit un engin lumineux surgir à grande vitesse en perdant de l’altitude. Cet engin ralentit progressivement, et se pose doucement dans la campagne, à 200 ou 300 metres du témoin. Au moment où il atterrit, il se livre à de nombreux jeux de lumiére. Des faisceaux extrêmement puissants qui illuminent violemment les alentours et sont aperçus des villages voisins. Le témoin s’éloigne au plus vite.

(Charles Garreau, Raymond Lavier, Face aux extraterrestres, Jean Pierre Delarge 1975, p 190)

A l'origine, le témoin n'avait parlé que d'un éclair, et voyait l'objet à quatre kilomètres de lui (alors que le bolide était probablement à plus de 100 kilomètres). D'autre part, les nombreux témoins situent le phénomène vers 21 H et non 19 H 30.

1979. Michel Figuet entérine l'atterrissage.

o 15 101954 vers 19 h 30 Aire-sur-la-Lys, 62330 B4, prés d’Isbergues.

TEMOINS. Un ouvrier des aciéries d’Isbergues (XX). De nombreux témoins habitant les villages voisins.

OBSERVATION. Un engin lumineux de forme circulaire.

DEROULEMENT. Le témoin aperçoit à la nuit tombée un engin lumineux et circulaire qui descend lentement et se pose dans un champ. Au moment de l’atterrissage, il émet des lumiéres de couleurs variées, qui sont aperçues par de nombreux témoins des villages voisins.

SOURCES. Catalogue Vallée, cas n° 268. - Aimé Michel : A propos des S. V., p. 221. - Quincy. - C. Garreau et R. Lavier: Face aux E. T. , p. 190-191. - France-Soir et Paris-Presse du 21/10/1954.

(Michel Figuet,OVNI: Le premier dossier complet des rencontres rapprochées en France., Alain Lefeuvre 1979, p 170)

D'autres auteurs ont repris ce cas, en se recopiant les uns les autres, comme on peu le constater sur le site de Patrick Gross.

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Dernière mise à jour: 25/08/2021