1557 Caspar Goltwurm croit à la fin du monde.
Caspar Goltwurm, né en 1524 à Sterzing, était un théologien Luthérien. Il étudia à Wittenberg auprès de Luther et de Melanchthon. On le considére comme le fondateur de l'église évangélique de Nassau-Weilburg.
Il publie en 1557 Wunderwerck und Wunderzeichen Buch, Le livre des merveilles et des prodiges, ou il considère comme des oeuvres divines, ou au contraire diaboliques, des évènements inexpliqués, bibliques, historiques ou contemporains.
Le Wunderwerck und Wunderzeichen Buch
Comme Job Fincel, Caspar Goltwurm était convaincu que les nombreux signes et merveilles qui se produisaient de son temps étaient un signe précurseur de l'Apocalypse. Il ne lui est pas venu à l'idée que c'était là une classique manifestation du biais de confirmation: On découvrait d'autant plus de prodiges qu'on s'y intéressait davantage, avec l'aide de l'imprimerie, apparue au siècle précédent.
Allant bien au-delà de l'attitude relativement prudente de Luther envers les signes et les prodiges, il insista sur le fait que ces événements étaient un langage alternatif que Dieu utilisait pour parler aux fidèles et pour convertir les cœurs durs. Ses intentions étaient de "décoder" les textes qu'il sentait contenus dans toutes ces merveilles, en s'appuyant sur les conventions de la rhétorique traditionnelle pour en fixer le sens.
On est bien loin de la rhétorique de Cicéron, et on retrouve celle des haruspices, mais cette fois dans un cadre chrétien.
La table des matières, située au début du livre comme cela se faisait à l'époque, nous donne une idée de ses intentions. (nous n'avons cité que les titres, car l'auteur détaille le contenu des chapitres)
Im ersten theil werden begriffen Göttliche wunderwerck und thaten.
Im andern theil werden begriffen die Geistliche wunderwerck.
Im dritten theil werden begriffen die wunderwerck und zeichen.
Im vierten theil werden begriffen die elementische wunderwerck.
Im fünfften theil werden begriffen die Irdischen wunderwerck und zeichen.
Im sechsten und leßten theil werden begriffen die Teuflische wunderwerck.
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Dans la première partie, seront mis les miracles et les actes divins.
Dans la seconde partie seront mises les merveilles spirituelles.
Dans la troisième partie seront mis les prodiges et les signes.
Dans la quatrième partie, seront mises les merveilles élémentaires.
Dans la cinquième partie, seront mis les prodiges et les signes terrestres.
Dans la sixième et dernière partie, seront mis les prodiges diaboliques.
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Nous voyons que l'auteur distingue soigneusement les prodiges d'origine divine, ceux d'origine terrestre, et ceux d'origine diabolique.
A la lecture l'ouvrage se révèle assez triste, avec ses épais caractères gothiques. Malgré l'identité des titres on est aux antipodes du Wunderzeichenbuch d'Augsburg. Voici un exemple de prodige biblique, avec le grand miracle solaire de Josué.
Es ließ ihn Gott noch wol ein ander wunderbarlichers / und allein Göttliches Zeichen seines Göttlichen benstands sehen und erfaren / Denn Josua redet in höchstem vertrawen unnd glauben mit Gott / und sprach vor allem Volck : Sonn stehe still / und Mond im Thal Ajalon. Auff solchen beuelch / durch dir krafft und allmechtigkeit Gottes / stunde die Sonne mitten am Himmel still / und verzog unter zu gehen ein ganzen tag / und war kein tag diesem gleich / weder vorhin oder darnach / da der HERR stim eines Manns gehorchet / denn der HERR streittet sichtbarlich für Israel.
Dieu lui a permis de voir et d'expérimenter un autre prodige / et seul signe divin de son existence divine / car Josué parle avec la plus grande confiance et foi avec Dieu / et a dit devant tout le peuple : Soleil arrête / et toi lune dans la vallée d'Ajalon. Sur un tel ordre / par la puissance et l'omnipotence de Dieu / le soleil s'est arrêté au milieu du ciel / et a retardé de se coucher d'un jour entier / et il n'y a pas eu un jour comme celui-ci / ni avant ni après / où l'Éternel a obéi à la voix d'un homme / car l'Éternel combat visiblement pour Israël.
A aucun moment l'auteur ne s'interroge sur la véracité ou seulement la possibilité d'un tel prodige, dont nous savons maintenant qu'il n'a jamais eu lieu. C'est un bel exemple de miracle divin, et l'auteur se contente de citer le texte biblique, qui, pour célébrer l'omnipotence divine n'a pas besoin de commentaires.
Finalement, il s'agit là d'un ouvrage d'apologétique, qui nous renseigne plus sur l'intensité de la foi de l'auteur que sur les prodiges.
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