1949. Mrg Bressolles resume l'oeuvre d'Agobard


  Les deux autres traités contre les superstitions visent non plus des erreurs ofiicielles, incorporées aux coutumes et aux Lois, mais diverses imaginations populaires.
  Le premier « de Grandine et Tonitruis », est consacré à des fables « sur la grêle et le tonnerre », le second à diverses manifestations diaboliques, « de quorumdam illusione signoram ». Il est adressé à Barthélemy, évêque de Narbonne, qui avait consulté l’évêque de Lyon sur des phénomènes singuliers.
  Une brève analyse jettera une curieuse lumière sur la mentalité des ouailles d’Agobard.
  Dans la région lyonnaise « presque tout le monde » dit-il, jeunes et vieux, à la ville et à la campagne et jusque dans la noblesse, est persuadé que la grêle et le tonnerre peuvent être provoqués par les incantations de certains hommes que l’on appelle « Tempestarii » 1.
  Certains prétendent qu’il existe une région appelée « Magonia » d’où viennent, sur les nuages, des vaisseaux qui servent à emporter les fruits que la grêle et l’orage font tomber. Ceux qui les montent payent les Tempestarii.
  Dans une assemblée, dit Agobard, nous avons vu amener enchainés trois hommes et une femme accusés d’être tombés de ces vaisseaux et qu’on voulait lapider. A force de discours, ceux qui les dénonçaient furent confondus.
  On prétend que les tempestarii rassemblent la grêle en un seul lieu, mais personne ne l’a jamais vu. Un homme qui s’était dit témoin du fait, pressé de questions, a fini par avouer qu’il n’avait pas vu les choses de ses propres yeux.
  L’erreur est si répandue que, en beaucoup d’endroits, des malhonnêtes savent en profiter : ils se déclarent capables, non pas d’envoyer la tempête, mais d’en préserver. On leur donne une part des récoltes, qu’on appelle « canonicum », dont ils s’abstiennent eux-mêmes de verser la dime. On leur attribue même le pouvoir de conserver la vie de leurs clients.
  Il y a quelques années, une épidémie s’étant abattue sur les bœufs, une folie s’accrédita : Grimaldi, duc de Bénévent, par inimitié pour l’Empereur Charles, avait envoyé des hommes qui répandaient dans les champs et les sources, une poudre empoisonnée. On arrêta et on mit à mort plusieurs hommes pour ce fait. Et ce qui est admirable, dit Agobard, c’est que plusieurs avouèrent. Le diable ayant eu pouvoir sur eux, par un juste et secret jugement de Dieu, leur faisait dire un faux témoignage contre eux-mêmes et la torture même ne les en faisait pas démordre.
  Nous avons rapporté cette affaire, conclut Agobard, parce qu’elle est analogue à celle dont nous parlons (celle des Tempestarii) et qu’elle est un exemple de la séduction des absurdités et de la diminution du bon sens “. » Excellente conclusion.

1. De Grand. et Tonitr. C. 1, P.L., CIV, col. 147.


SOURCE: Mgr. Bressolles, SAINT AGOBARD, ÉVÊQUE DE LYON, Vrin, 1949, tome 1, p. 96.

Remarques:

L'auteur commet une erreur courante sur le titre du libre d'Agobard, qui s'appelle en réalité Contra insulsam vulgi opinionem de grandine et tonitruis. En effet, Agobard ne parle absolument pas de la grêle, elle même, de sa formation et de ses méfaits, mais des sottes croyances à son sujet.
Ce détail mis à part, cette analyse du livre d'Agobard est une des meilleures.

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