1970 Jules Garinet réédité


La première édition de l'Histoire de la magie en France, de Jules Garinet, eu quelque descendance en ufologie, par l'intermédiaire d'Eliphas Levi. Une autre édition en 1970 va aussi générer quelques rejetons par l'intermédiaire de Francis Schaefer. C'est pourquoi, nous ne mentionnaons ici que ce qui en a été récupéré par Schaefer.

SECONDE RACE

RÈGNE de Pépin - Le cabaliste Zédéchias
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  Alors parut le fameux cabaliste Zédéchias. Il se mit dans l'esprit de convaincre le monde que les éléments étaient peuplés de substances spirituelles. L'expédient dont il s'avisa fut de conseiller aux sylphes de se montrer en l'air aux yeux de tous; ils le firent avec magnificence. On voyait dans les airs ces créatures admirables, en forme humaine, tantôt rangées en bataille, marchant en bon ordre, ou se tenant sous les armes, ou campées sous des pavillons superbes; tantôt sur des navires aériens d'une structure admirable, dont la flotte volante voguait au gré des zéphyrs.
  Le peuple crut d'abord que c'étaient des sorciers qui s'étaient emparés de l'air pour y exciter des orages, et pour faire grêler sur les moissons. Et comme ce spectacle se renouvela plusieurs fois, tant sous Pépin que sous Charlemagne et sous Louis le Débonnaire, les savants, les théologiens et les jurisconsultes furent bientôt de l'avis du peuple. Les empereurs le crurent aussi, et cette ridicule chimère alla si avant, que le sage Charlemagne, et, après lui, Louis le Débonnaire, imposèrent de lourdes peines à tous ces prétendus tyrans de l’air (1)
  Les sylphes, voyant le peuple, les pédagogues et même les têtes couronnées se gendarmer ainsi contre eux, résolurent, pour faire perdre cette mauvaise opinion qu'on avait de leur flotte innocente, d'enlever des hommes de toutes parts, de leur faire voir leurs belles femmes, leur république et leur gouvernement, puis de les remettre à terre en divers endroits du monde. Ils le firent comme ils l'avaient projeté. Le peuple, qui voyait descendre ces hommes, y accourait de toutes parts, prévenu que c'étaient des sorciers qui se détachaient de leurs compagnons pour venir jeter des venins sur les fruits et dans les fontaines. Suivant la fureur qu'inspirent de telles imaginations, dans un siècle grossier, ils entraînaient ces malheureux au supplice. On croirait à peine quel grand nombre ils en firent périr, par l'eau et par le feu, dans tout le royaume.
  Il arriva qu'un jour, entre autres, on vit à Lyon descendre de ces navires aériens trois hommes et une femme.
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  Mais les apparitions aériennes étaient devenues plus importantes que jamais, sous Louis le Débonnaire, comme nous l'avons remarqué en parlant de Zédéchias. On voyait clairement des sorciers à cheval sur des nuages, des bataillons de magiciens armés de lances, et des enchanteurs traînant à leur suite, au-dessus de la France, des magasins de poisons. Les théologiens discutaient gravement sur de pareils prodiges.
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  Les visions n'en continuèrent pas moins. En 842, le diable fit paraître, au mois de mars, dans les plaines du ciel, des armées de différentes couleurs. La lune, dans toute sa beauté, éclairait ce prodige.
  La même scène se renouvela plusieurs fois. En 848 particulièrement, des armées infernales défilèrent, au clair de lune, entre le ciel et la terre. Des apparitions semblables accompagnèrent le siège de Jérusalem;
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  Charles le Chauve eut aussi une vision, qu'il raconte lui-même dans une pièce latine qu'on lui attribue:
  Un soir que, revenant de l'église, ce prince se disposait à se coucher, une voix terrible vint frapper ses oreilles: « Charles, lui dit cette voix, ton esprit va me suivre; tu viendras et tu verras les jugements de Dieu, qui te, serviront de préservation ou de présage. Après quoi tu rentreras dans ton corps. » A l'instant il fut ravi en esprit,-"etcelui qui l'enleva était d’une blancheur éclatante. Il lui mit dans la main un peloton de fil, qui jetait une lumière extraordinaire, telle, à peu près, que celle d‘une comète. « Prenez ce fil, lui dit le fantôme, attachez-le fortement au pouce de votre main droite; et, par son moyen, je vous conduirai dans les labyrinthes infernaux, séjour de peines et de souffrances. ...
  Pendant qu'il considérait ces choses, le roi vit fondre sur lui de noirs et affreux démons, lesquels, avec des crochets de fer enflammé, voulaient se saisir de ce peloton de fil, et l'enlever des mains du prince; mais l'extrême lumière qu'il jetait les empêchait de le saisir.
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  Charles le Simple régna après Eudes, et eut pour successeur Raoul. Sous le règne de ce dernier (en 927), des armées de feu parurent à Reims, dans le ciel, au mois de mars, un dimanche matin.
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  Glaber Rodulphe rapporte que Hugues le Grand, père de Hugues Capet, et fameux capitaine français, était guetté par le diable à l'heure de la mort, et qu'une grande troupe d'hommes noirs se présentant à lui, le plus apparent lui dit: «Me connais-tu?» Non, répondit Hugues; qui peux-tu être?» «Je suis le puissant des puissants, le riche des riches; si tu veux croire en moi, je te ferai vivre.» Quoique ce capitaine eût été assez libertin, et même soupçonné d'hérésie, il fit le signe de la croix. Aussitôt cette bande de diables se dissipa en fumée.
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  Près de Lisieux, en Poitou, un prêtre de mauvaise vie, suivant les paroles du prophète, mangeait le lait du troupeau, et faisait des habits de sa toison, sans s'en embarrasser davantage.
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Le prieur du monastère, étant allé le visiter, couche chez lui. Tout à coup, au milieu de la nuit, le prêtre cria au secours: « Deux énormes lions, s'écriait-il, se jettent sur moi; ils ont la gueule ouverte pour me dévorer.» En disant ces paroles il tremblait de tout son corps. Le prieur chercha à le rassurer, et se mit en prières. «Bien, bien, dit le curé, les lions s'enfuient »; et il parla plus tranquillement.
  Mais, une heure après, les convulsions du curé recommencèrent. «Je vois descendre le feu du ciel, qui va me brûler comme un brin de paille, s'écriait-il; je vous en prie, suppliez Dieu pour moi. » Le prieur se mit de nouveau en prières. « C'est bien dit le curé, le feu est éteint; ne me quittez pas.»
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  Le même Pierre le Vénérable, pour fortifier la foi et épurer les mœurs, rapporte l'aventure épouvantable arrivée à un comte de Mâcon, qui opprimait les ecclésiastiques, pillait les provisions des couvents, jetait les chanoines à la porte des églises, et les moines à la porte des monastères. Comme ses crimes étaient publics, la réparation fut éclatante.
  Un beau jour, étant dans son palais, entouré de ses gardes, un cavalier inconnu entra; et, sans descendre de sa monture, il alla droit au comte, et lui ordonna de le suivre. Le comte, enchaîné par une puissance surnaturelle, obéit et monta sur un cheval qui l'attendait à la porte. Aussitôt il fut enlevé en l'air, et on entendit crier ce malheureux jusqu'à ce qu'il disparût entièrement. C'est ainsi qu'il devint compagnon du démon.
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  Les disciples de saint Bruno voyaient de leurs fenêtres le Palais de Vauvert, bâti par le roi Robert, abandonné par ses successeurs, et dont on pouvait faire un monastère commode et agréable par la proximité de Paris. Le hasard voulut que des esprits ou revenants s'avisèrent de s'emparer de ce vieux château. On y entendait des hurlements affreux, on y voyait des spectres traînant des chaînes, et, entre autres, un monstre vert, avec une grande barbe blanche, moitié homme et moitié serpent, armé d‘une grosse massue, et qui semblait toujours prêt à s'élancer la nuit sur les passants. Que faire d'un pareil château? Quels hommes seraient assez charitables pour le disputer aux démons? Les chartreux, disent certains, se dévouèrent, et saint Louis crut leur avoir beaucoup de reconnaissance de ce qu'ils avaient bien voulu accepter le château avec ses dépendances.
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  Dans ce temps, Jéchiel, rabbin et cabaliste, fut appelé à la cour. Les Juifs le regardaient comme un saint, et les Parisiens comme un sorcier. Il travaillait à la lueur d‘une lampe qu'on disait inextinguible.


(1) Collin de Plancy, dans son Dictionnaire infernal, à l'article Cabale, pense que ce conte cabalistique n'est autre chose qu'une aurore boréale. « Mais ce qu'il y a de singulier, ajoute-t-il, c'est que cette peine imposée à des nuages par deux de nos rois, et qu'on peut voir dans les capitulaires de Charlemagne et de Louis le Débonnaire. Nous n'avons plus le droit de reprocher à Xerxès l'ordre qu'il donna d'enchaîner la mer!»
SOURCE: Jules Garinet, La sorcellerie en France, François Beauval, 1970n p. 64-88

Remarques:

Nous verrons que Francis Schaefer a largement dénaturé ce texte, pour le rendre compatible avec le folklore ufologique.

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