1855 Charles Sainte-Foi traduit Görres


DÉVELOPPEMENT DE LA MYSTIQUE DIABOLIQUE
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  Au commencement du neuvième siècle , nous voyons saint Agobard, évêque de Lyon, attaquer, dans son livre de la Grêle et du Tonnerre, la foi aux sorciers, qui prétendent faire le temps à leur gré. « Dans ces contrées, dit-il, presque tous les hommes , nobles ou vilains, citadins et villageois , jeunes et vieux, croient qu'il y a des gens qui peuvent produire la grêle et le tonnerre. Dès qu'ils entendent un coup de tonnerre ou qu'ils voient briller un éclair, ils s‘écrient que c‘est un temps artificiel (aura levaticia). Si on leur demande ce que c‘est qu’un temps artificiel, les uns vous répondent avec embarras, et les autres avec cette assurance qui est le propre du ignorants que c‘est un temps produit par les évocations des sorciers , et que c‘est pour cela qu‘en entendant un coup de tonnerre on dit: Maudite la langue qui a prononcé la formule! qu'elle se dessèche et soit arrachée du palais. Quelques-uns ajoutent qu'ils connaissent des sorciers, lesquels peuvent diriger toute la grêle qui tombe dans un pays sur un champ stérile ou sur une cuve sous laquelle est assis celui qui a évoqné l’orage. Nous avons souvent entendu dire à certaines personnes qu‘elles savaient de science certaine que ces choses s‘étaient passées en tel ou tel lieu; mais nous n‘avons encore rencontré personne qui les ait vues de ses yeux. Une fois cependant on me parla d’un homme qui avait été témoin oculaire d'un cas de ce genre; je ne me donnai point de repos que je ne l'eusse trouvé. Je lui parlai de cette affaire, et comme il persévérait dans son dire, je le suppliai instamment, au nom de la conscience, de ne rien dire que la pure vérité. il continua, il est vrai, d‘affirmer que tout ce qu‘il avait dit était vrai, nomma la personne, le temps et le lieu; mais il avoua en même temps qu'il n‘avait pas été présent en ce moment. » Saint Agobard combat ensuite cette superstition par des raisons très oonvaincantes, disant qu‘elle ote à Dieu, pour l‘attribuer aux hommes, ce qui n‘appartient qu‘à lui. Dans un autre endroit du même ouvrage, il raconte que peu d‘années auparavant. une épidémie s'étant déclarée parmi les bestiaux, le bruit se répandit que Grimoald, duc lombard de Bénévent, avait envoyé , par haine contre Charlemagne, des hommes chargés de jeter une certaine poudre dans les champs, dans les prairies et dans les sources, afin d‘empoisonner ainsi le bétail; qu‘il avait vu lui-même un grand nombre d’hommes pris sur cette accusation, quelques-uns mis à mort, et plusieurs jetés dans les rivières, attachés sur des planches. Et ce qu'il y avait de plus extraordinaire, c‘est que les accusés portaient témoignage contre eux-mêmes, et déclaraient avoir eu réellement cette poudre en leur possession , et en avoir fait l‘usage criminel qu‘on leur reprochait. Il se prononce de la manière la plus formelle, et sur d‘excellentes raisons, contre ces bruits, qui étaient crus de presque tout le monde. Enfin il rapporte aussi le bruit d‘une barque merveilleuse qui était descendue de la Magonie à travers les nuages. Il avait été témoin lui-mème comment on avait mis en prison et amené devant la commune, pour les lapider, trois hommes et une femme que l‘on croyait être ainsi tombés du ciel; et ce n‘est qu'avec peine que la vérité parvint à se faire jour.

SOURCE: Görres, La mystique divine naturelle et diabolique, Paris, 1854, tome 3, p. 43.

Remarques:

  Le texte est remarquablement fidèle à ce qu'écrivait Agobard, eu égard au fait qu'il s'agit de la traduction française de la traduction allemande du texte latin.

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