1625 Gabriel Naudé cite presque correctement Agobard

Naudé
Gabriel Naudé

Gabriel Naudé, né en 1600 à Paris (d'une mère illettrée) fit ses études dans plusieurs collèges et obtint le titre de maître ès arts. Il étudia ensuite la médecine, et sa réputation de bibliographe à la culture encyclopédique s'établit rapidement.

En 1622, il est appelé à s'occuper de la bibliothèque d'Henri de Mesmes, riche de 8000 volumes. En 1626, il part à Padoue, mais la mort de son père, en 1627, l’oblige à rentrer à Paris, reprendre ses fonctions de bibliothécaire auprès du président de Mesmes. En 1631, Naudé est engagé comme bibliothécaire par le cardinal Bagni, qui l’emmène à Rome. En 1642, le cardinal Bagni mort, Naudé rentre à Paris, au service de Mazarin : il passe alors son temps à acheter des ouvrages, et finit par créer une bibliothèque de 40 000 volumes. En 1652, il part s'occuper la bibliothèque de de la reine Christine de Suède, mais doit revenir en France, saisi par les fièvres, où il meurt, le 29 juillet 1653.

En 1625, il écrit une Apologie pour tous les grands personnages qui ont esté faussement soupçonnez de magie où il manifeste une vive méfiance à l'égard du surnaturel et y dénonce les superstitions et les préjugés populaires. On comprend que l'oeuvre d'Agobard, éditée depuis 20 ans, et mise à l'index, ne pouvait qu'intéresser ce grand bibliophile.


Ce que pour desduire & monstrer plus facilement il faut commencer par ce qui nous est récité dans un petit Traicté que S. Agobard Evesque de Lyon composa l'an 833. contre la resverie du peuple, qui croyoit que ceux-là pouvoient troubler l'air & exciter des tempestes qui sont appellez pour ce sujet dans le premier chapit. des Capitulaires des Roys Charlemagne & Louys le Debonnaire, Tempestarii sive immisores tempestatum, scavoir que c'estoit une opinion commune & tenuë par beaucoup pour véritable, qu'il y avoit de son temps certains Enchanteurs qui avoient cette puissance que de pouvoir exciter la gresle, la foudre & la tempeste toutes fois et quantes que bon leur sembloit pour gaster & destruire tous les biens de la terre, qu'ils vendoient par après à certains habitans du pays de Magodie qui amenoient tous les ans des navires par l'air pour se ravitailler de ces provisions: ce qui estoit tellement tenu pour constant et asseuré, que ce bon Evesque eut bien de la peine un iour pour délivrer trois hommes & une femme d'entre les mains de cette sotte populace qui les traisnoit au supplice comme estant tombez de ces navires: Et le mesme récite encor dans le dit livre que le claveau s'estant mis sur le bestail, & principalement sur les boeufs, desquels il mourut une telle quantité par toute l'Europe, que Belleforest l'a iugé digne d'estre remarqué en ses additions sur Nicole Gilles, les plus superstitieux s'imaginerent incontinent qu'un certain Grimoald Duc de Benevent & grand ennemy de Charlemagne, avoit envoyé beaucoup d'hommes garnis de poudres empoisonnees pour les espandre sur toutes les mares, fontaines & pasturages; de sorte que ce sainct & judicieux personnage voyant que beaucoup d'innocens estoient tous les iours pendus, noyez, ou grandement tourmentez pour cette sotte fable fut excité de mettre fin à son livre par cette belle sentence: Tanta iam stultitia oppressit miserum mundum, ut nunc sic absurdè res credantur a Christianis, quales nunquam antea ad credendum poterat quisquam suadere paganis.


SOURCE: Gabriel Naudé, Apologie pour tous les grands personnages qui ont été faussement soupçonnez de magie, 1625, p 117

Remarques:

Gabriel Naudé semble le premier à dater le livre d'Agobard de l'an 833. Cette datation est fausse puisque le livre date de peu d'années après l'épizootie bovine de 810 et d'avant la grêle de 823. C'est en fait l'année ou Agobard écrivit une Apologie pour les fils de Louis. Cependant cette fausse date sera reprise plus tard, notamment par Bourgeois et par Péricaud
Par contre le livre est à peu près correctement résumé, évidemment d'après l'édition de Papire Masson.
Mais le claveau, ou clavelée est une variole ovine, qui touche les moutons et non les boeufs, et d'ailleurs Agobard parle simplement d'une mortalité de boeufs, sans citer de maladie précise.
Notons aussi que Naudé semble être le premier à parler du "premier chapitre des capitulaires", ce qui n'a guère de sens, mais sera repris ensuite par Montfaucon de Villars, et de nombreux auteurs qui se sont inspirés de ce dernier.

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