1917. Vilfredo Pareto explique l'action d'Agobard


Pour faire triompher ses interprétations, le christianisme victorieux eut à lutter d'abord avec les anciennes pratiques paiennes puis avec la magie, qui continua une partie de ces pratiques et en imagina de nouvelles; car on avait grand besoin d’éviter les ouragans, et la croyance était tenace, qu’il y avait des procédés pour cela. Aussi, d’une façon ou d'une autre, on pourvoyait au besoin et l'on satisfaisait la croyance.
198. Au moyen âge, on appelait Tempestarii ceux qui avaient ce pouvoir. Les lois même s’occupent d’eux. Toutefois l’Eglise n’admit pas de plein gré ce pouvoir de provoquer les tempêtes. Le concile de Braga, en 563, anathématise quiconque enseigne que le diable peut provoquer le tonnerre, les éclairs, la tempête et la sécheresse. Un décret célèbre dénie toute réalité aux imaginations des sorcières.
Saint Agobard écrivit un livre entier Contre la sotte opinion du vulgaire sur la grêle et les tonnerres. Il dit 2 « Dans cette contrée, presque tout le monde, nobles et vilains, citadins et campagnards, jeunes et vieux, croient que les hommes peuvent provoquer la grêle et les tonnerres selon leur volonté. Aussi s’écrient-ils, sitôt qu’ils entendent le tonnerre et voient des éclairs: « C‘est une brise lévatice ». Interrogés sur ce qu’est la « brise lévatice », ils affirment, les uns avec réserve et comme s'ils en avaient du remords, d’autres avec l’assurance habituelle des ignorants, que la brise est levée par les sortilèges d'hommes appelés Tempestarii, et que c'est pour cela qu'ils disent la brise lévatice... Nous vimes et nous entendimes beaucoup de gens atteints d’une si grande folie, et mis hors de sens par une si grande sottise, qu’ils croient et disent qu’il est une certaine contrée qu‘ils nomment Magonie, dont viennent, par-dessus les nuages, des navires qui y rapportent les moissons que fauche la grêle et qu’abat la tempête; les Tempestarii sont payés par ces navigateurs aériens qui reçoivent le blé et les autres récoltes. Nous avons vu beaucoup d’hommes, aveuglés par une si grande sottise, qu’ils croyaient cela possible, et montraient dans une assemblée quatre personnes chargées de chaînes, soit trois hommes et une femme, soi-disant tombés de ces navires. Après les avoir gardés enchainés quelques jours, enfin, quand l’assemblée fut réunie, ainsi que je l'ai dit,on les exhiba en notre présence, comme s’ils devaient être lapidés. Toutefois, après de nombreuses explications, la vérité l’emporta, et les exhibiteurs mêmes restèrent, suivant l’expression du prophète, confondus comme le voleur pris sur le fait. » En citant l’Ecriture Sainte, Saint Agobard démontre l’erreur de la croyance d’après laquelle la grêle et le tonnerre sont soumis au caprice de l’homme. En citant aussi l’Ecriture Sainte, d’autres démontreront au contraire que cette croyance mérite l'attention. De tout temps, on a trouvé dans la Bible des preuves contradictoires.


198 2 S. AGOBARDI ...lib. de Grandine et Tronitruis, p. 147-148 (Migne). Baluzi note : Tempestuarios etiam vocat Herardus archiepiscopus Turonensis in capite 3 suorum Capitulorum : «De maleficîs, incantatoribus, divinis, sortilegîs, sommariis, tempestuariis, et brevibus pro frigoribus, et de mulieribus veneficis, et quae diversa fingunt portenta, ut prohibeantur, et publicae poenitentiae multentur. »


SOURCE: Vilfredo Pareto, traité de sociologie générales, édition française de Pierre Boven, 1917, p. 109-111.

Remarques:

Le livre d'Agobard est à peu près correctement expliqué, sauf que le texte est émaillé de petites erreurs, dues à ce qu'il a d'abord été traduit du latin en italien, puis de l'italien au français.

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