1972 "Passport to Magonia" mal traduit en français


  Dans les écrits d’Agobard, archevêque de Lyon, en France, on trouve aussi des propos relatifs aux êtres qui traversent le ciel et atterrissent. Agobard, né en Espagne en 779, arriva en France à l’âge de trois ans, et devint archevêque à trente-sept. Quand il mourut, en 840, « un des prélats les plus célèbres et les plus savants du IXe siècle », il laissa un récit intéressant d’un incident particulièrement significatif.

  Nous avons cependant vu et entendu beaucoup d’hommes plongés dans une si grande stupidité, noyés dans de telles profondeurs de folie, qu’ils croient qu’il existe une certaine région, qu’ils appellent Magonia, où des bateaux voguent dans les nuages pour emporter dans ce lieu les fruits de la terre qu’ont détruits la grêle et les tempêtes ; les marins payant des gratifications aux sorciers de l’orage et recevant eux-mêmes du blé et d’autres produits. Parmi ces gens dont la folie aveugle était assez profonde pour leur permettre de croire ces choses possibles, j’en ai vu quelques-uns extirpant d’une assemblée quatre personnes garrotées - trois hommes et une femme qui, prétendaient-ils, étaient tombés de ces bateaux ; après les avoir gardés en captivité ils les avaient amenés devant cette multitude comme nous l’avons dit, en notre présence, afin qu’ils soient lapidés. Mais la vérité a prévalu11.

  Selon les bibliographes, la hiérarchie céleste comprend des êtres de forme humaine appelés chérubins, un nom qui, en hébreu, signifie « plein de savoir ».

  Ces mystérieuses créatures qui traversent le ciel et la terre dans leurs « bateaux à nuages » nonobstant l’autorité d’Agobard - sont-elles de la même race que celle des anges, demandent les anciens philosophes? Non, parce qu’ils sont mortels.

  Il n’est pas surprenant alors de constater que les « philosophes » ne sont pas d‘accord avec Agobard sur la nature des trois hommes et de la femme qui furent capturés par la foule à Lyon.

  Le fameux cabaliste Zedechias, au règne de votre Pépin, se mit en tête de convaincre le monde que les Eléments sont habités par ces gens dont je viens de vous décrire la nature. L’expédient dont il s’avisa fut de conseiller aux Sylphes de se montrer à tout le monde, dans l’air. Ce qu’ils firent d’une manière somptueuse. Ces êtres furent vus dans l’air sous forme humaine, parfois en tenue de combat, marchant au pas, faisant halte sur des branches, ou campant sous des tentes magnifiques ; parfois sur des bateaux aériens merveilleusement construits, dont les escadrons volants se laissaient voguer au gré des Zéphyrs.
  Qu'arriva-t-il ? Supposez-vous que cet âge ignorant voulait même réfléchir sur la nature de ces merveilleux spectacles? Les gens crurent immédiatement que des sorciers avaient pris possession de l’air dans le but de soulever des tempêtes et de faire tomber la grêle sur leurs récoltes. Les savants théologiens et juristes furent bientôt du même avis que la masse. L’Empereur le crut tout aussi bien; et cette chimêre ridicule alla si loin que le sage Charlemagne, et après lui Louis le Débonnaire, imposêrent de lourdes amendes à tous ces supposés tyrans de l’air. Vous pouvez lire un récit sur ce sujet dans le premier chapitre des Capitulaires de ces deux empereurs.
  Les Sylphes voyant la populace, les pédants et même les têtes couronnées s’alarmer ainsi à leur sujet, décidèrent de dissiper la mauvaise opinion que les gens avaient de leur flotte innocente, en s’emparant d’hommes de chaque localité pour leur montrer leurs belles femmes, leur République, leur genre de gouvernement, et puis de les ramener sur terre dans les diverses parties du monde. Ils mirent leur plan à exécution. Les gens qui virent ces hommes descendre, arrivèrent en courant de tous les côtés, convaincus à l’avance que ceux-ci étaient des sorciers qui avaient quitté leurs compagnons pour venir répandre des poisons sur le fruit et les pousses. Emportés par cette frénésie suscitée par de telles fantasmagories, ils s'empressèrent de torturer ces innocents. Le grand nombre de ceux qui subirent la mort du feu et de l’eau dans tout le royaume est incroyable.
  Un jour - entre autres, par exemple - il arriva qu’à Lyon on vit descendre de ces nacelles aériennes trois hommes et une femme. La cité tout entière se rassembla autour d’eux, criant qu'ils étaient des magiciens envoyés par Grimaldus, duc de Berreventum, l’ennemi de Charlemagne, pour détruire les moissons françaises. En vain, les quatre innocents se défendirent en disant qu'ils étaient des leurs et avaient été emportés peu de temps auparavant par des hommes extraordinaires qui leur avaient montré des merveilles dont on n’a jamais entendu parler, et ils avaient désiré leur faire eux-mêmes le récit de ce qu'ils avaient vu.
  La populace déchaînée ne tint aucun compte de leur défense et était sur le point de les jeter dans le feu quand le valeureux Agobard, évêque de Lyon, qui ayant été moine dans cette ville, avait acquis une autorité considérable, alerté par le bruit, arriva en courant, et après avoir entendu les accusations des gens et la défense des accusés, déclara gravement que les uns et les autres étaient dans l’erreur, qu’il n’était pas vrai que ces hommes étaient tombés du ciel, et que ce qu'ils disaient avoir vu était impossible. Les gens crurent en la parole de leur bon père Agobard plus qu’en leurs propres yeux, ils s’apaisêrent, remirent en liberté les quatre ambassadeurs des Sylphes, et reçurent, émerveillés, le livre qu'Agobard écrivit pour confirmer le jugement qu’il avait prononcé. Ainsi le témoignage de ces quatre témoins fut-il rendu inutile.

  De telles histoires avaient si bien pris corps pendant le Moyen Age que le problème de la communication avec les élémentaux fut une préoccupation majeure des hermétistes et une part importante de leur philosophie.

11. Agobard, Liber de Grandine et Toinitrius, chap. XI.

SOURCE: Jacques Vallée, Chroniques des apparitions extra-terrestres, Denoël, 1972, p. 30-34

Remarques:

Malgré la traduction "commerciale" du titre, qui a transformé Passport to Magonia, en Chroniques des apparitions extra-terrestres, ce qui laisse attendre une litanie d'observations de pilotes en scaphandre descendant de soucoupes en toles et boulons, la traduction de ce passage est correcte. Et bien sûr, elle encourt les mêmes remarques que l'édition en anglais.

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