La nébuleuse d'Andromède dessinée

La position de la nébuleuse d'Andromède est déja dessinée sur une carte du XIe siècle, mais la nébuleuse elle même, qui à l'oeil nu n'est qu'une étoile floue, n'a pu être dessinée qu'après l'invention des lunettes. Cependant les premiers observateurs ne nous ont guère laissé que des descriptions, parfois fantaisistes, et ne sont guère d'accord entre eux.

Les descriptions

En 1614, Simon Marius nous donne une description remarquable, eu égard à la puissance de son instrument:
mais du moins des rayons blanchâtres, qui sont plus clairs, plus on approche de son centre, au centre est une lumière pâle & trouble, occupant environ la quatrième partie d'un degré en diamètre. Son éclat apparait semblable à une lointaine chandelle allumée observée la nuit à travers de la corne transparente.
En 1654, Hodierna ne dit rien de sa forme et fait simplement remarquer qu'on y distingue aucune étoile.
En 1667, Bouillaud nous dit seulement qu'en 1665, on la confondit avec une comète. Il pense que les périodes où elle n'a pas été observée montre que son éclat est variable.
En 1704, Halley attribue sa découverte à Bouillaud en 1661, et écrit: it has no sign of a Star in it, but appears like a pale Cloud, and seems to emit a radiant Beam into the North East. Il n'y a aucun signe d'étoiles en elle, mais elle apparait comme un pâle nuage, et semble émettre un rayon de lumière au Nord-Est.
En 1733 Derham dit simplement qu'elle a une étendue condidérable.
En 1740, Jacques Cassini (Cassini II) écrit: Sa figure est à peu près triangulaire. (sic!)
En 1755, Le Gentil écrit: Le 29 d'Octobre dernier, j'observai la nébuleuse d'Andromède avec une excellente lunette de 18 pieds; elle me parut jeter de petts rayons de lumière de tous côtés: je la regardai un temps suffisant pour m'assurer qu'elle étoit assez exactement ronde, quoique mal terminée;
En 1771, Messier rapporte son observation du 3 aout 1764: le milieu de cette nébuleufe paroissoit assez clair avec cet instrument, sans aucune apparence d'étoiles; la lumière alloit en diminuant jufqu'à s’éteindre; elle ressembloit à deux cônes ou pyramides de lumière opposés par leur base, dont l’axe étoit dans la direction du Nord-Ouest au Sud-Est;
En 1780, William Herschel décrit: A large nucleus with very extensive nebulous branches, but the nucleus is very gradually joined to them. Un grand noyau avec des branches nébuleuses très étendues, mais le noyau leur est attaché très graduellement.

Tous ceux qui ont déjà vu la nébuleuse d'Andromède à l'oculaire d'un télescope, trouveront la description d'Herchel tout à fait correcte, mais s'étonneront qu'on puisse voir la nébuleuse émettre des rayons de tous cotés, alors qu'on ne voir qu'un flou dégradé, ou pire, la décrire triangulaire.

Les dessins

Le Gentil
M 32 et M 31
Le premier vrai dessin qui nous soit parvenu, semble être celui que L'astronome Le Gentil de la Galaissière a fait en 1758 et publié sous le nom de Fig.4, dans ses remarques sur les étoiles nébuleuses, parues dans les Mémoires de l'académie royale des sciences pour 1759.

Mais on s'interroge tout de suite sur les compétences de l'observateur en remarquant que la galaxie satellite que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de M 32, et qui fut d'ailleurs découverte par Le Gentil lui même en 1749, n'est pas à sa place, et figure sous une forme allongée, alors qu'elle est globulaire.
De plus, sur ce dessin figure une étoile qui n'existe pas.

Un dessin plus sérieux a été fait par Charles Messier, et publié en 1807 (sous l'empire, oui) dans les Mémoires de la classe des sciences mathématiques et physiques

(C.Messier, OBSERVATION ET DESSIN de la belle et grande nébuleuse de la ceinture d'Andromède, Mémoires de la classe des sciences mathématiques et physiques de l'institut national de France, juillet 1807, p 212-213)

Ce dessin a été fait en 1795, avec une lunette grossisant 18 fois. Cette fois tout y est: M 31, ses deux satellites à leur vraie place, la grille des coordonnées, et même le champ de la lunette.
On s'étonne un peu que les deux prolongements du noyau soient si minces. Quant au second satellite, en haut à droite, Messiet l'a représenté globulaire, mais c'est normal: avec sa lunette, il ne pouvait guère en voir que le noyau central, globulaire.

Il a donc fallu attendre 1847, pour qu'un bon observateur, disposant d'une bonne lunette et d'un bon ciel, dessine enfin des détails de la nébuleuse. Cet observateur, c'est George Phillips Bond, fils de William Cranch Bond, alors directeur de l'observatoire de Harvard. On venait d'installer à l'observatoire une lunette de 15 pouces de diamètre, la plus puissante alors en service sur le continent américain. George Bond décida de la tester sur la nébuleuse d'Andromède.


La lunette de 15 " d'Harvard

La nébuleuse dessinée par George Bond

Il faut reconnaitre que ce dessin est étonnant de précision par rapport aux dessins précédents. Les galaxies satellites Messier 32 et NGC 205 y sont figurées. Mais surtout, Bond a figuré deux canaux obscurs dont nous savons maintenant qu'ils séparent les différents bras de la nébuleuse. Bond a aussi donné une description détaillée de la procédure pour saisir les détails fins de la «nébuleuse» qui semblait «quinze à vingt fois» plus grande que le champ de vision du réfracteur.

ce dessin sera confirmé en 1874, par celui de Trouvelot, utilisant, semble-t-il, la même lunette:

On voit qu'il ne faudrait pas grand chose pour deviner la structure en spirale.

Curieusement, alors que Lord Rosse disposait d'un télescope de 72 pouces, et qu'il découvrit la structure spiralée de M 51, on ne connait pas de dessin qu'il ait fait de la nébuleuse d'Andromède. Il est bien probable qu'un tel dessin nous serait connu s'il avait montré sa structure en spirale.

Dernière mise à jour: 19/09/2018

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