La galaxie d'Andromède entre rève et réalité

La découverte progressive de la nébuleuse.

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La nébuleuse d'Andromède, dont on sait aujourd'hui qu'elle est une galaxie, est visible à l'oeil nu, pourvu qu'on sache la trouver. Elle ne parait qu'une faible étoile diffuse, certes, mais elle est visible. Comme elle est composée de milliards d'étoiles, son éclat doit rester constant à l'échelle des millénaires, et par conséquent, elle était aussi bien visible dans l'antiquité qu'aujourd'hui. Mais curieusement, à l'exception d'Aviénus, elle n'est pas signalée comme telle par les auteurs de l'antiquité, tant poètes que savants.

La première mention bien attestée qu'on en connaisse, se trouve en l'an 964, dans la Description des étoiles fixes, de l'astronome persan Al Sufi, qui l'appelle "le petit nuage".

L'oubli.

L'oubli
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Mentionnée par Aviénus au IVe siècle, décrite par Al Sufi au Xe siècle, figurant sur des représentations de la constellation d'Andromède, illustrant des copies du manuscrit d'Al Sufi, jusqu'au XVe siècle, on pourrait croire que la nébuleuse d'Andromède serait définitivement admise, et figure sur tous les bons atlas célestes.
Hé bien non! Aucun atlas céleste imprimé avant la fin du XVIIe siècle ne mentionne la nébuleuse d'Andromède. Ni le planisphère céleste d'Albert Dürer, ni l'Astronomicum Caesareum d'Apianus, ni L'Uranométria de Bayer, ni l'Harmonia Macrocosmica d'Andreas Cellarius ne la mentionne.
Il faudra attendre 1690, pour la voir apparaitre sur L'Uranographia d'Hévélius.

La redécouverte.

La redécouverte
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Des siècles plus tard, la nébuleuse d'Andromède est redécouverte par les premiers utilisateurs de lunette.
Le 15 décembre 1612, Simon Marius, Malheureux rival de Galilée, l'observe, et la décrit en 1614, sans savoir si elle est nouvelle ou non, ce qui laisserait penser qu'il ne la connaissait pas encore.
Hévélius l'observe à son tour, et l'inscrira plus tard dans son Uranographia.
Ismaël Boulliau, qui l'observe en 1664, la mentionne dans un opuscule publié en 1667,où il écrit qu'elle figure déja sur un dessin de la constellation d'Andromède datant de l'an 1500 (sans donner la référence exacte).

La nébuleuse cataloguée.

les catalogues
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En 1654, Hodierna dresse un petit catalogue d'objet nébuleux, où apparait la nébuleuse d'Andromède qu'il classe comme "occulte".
En 1774, Charles Messier, le "furet des comètes", dans son catalogue, donne le numéro 31 à la nébuleuse. Aujourd'hui, tous les astronomes amateurs la connaisse sous l'appellation M 31.
William Herschel, entreprit d'observer tous les objets de Messier, et finit par dresser un catalogue de 2500 "nouvelles" nébuleuses, ou la nébuleuse d'Andromède ne figure donc pas.
Son fils, John Herschel, dressa un catalogue de 2306 objets, contenant environ 500 objets non observés par son père. La nébuleuse d'Andromède y porte le n° 50.
Au siècle suivant, John Dreyer, dans son New General Catalog, contenant 7840 objets du ciel profond, lui attribue le numéro 224. Cette appellation NGC 224 lui est restée, concurremment avec M 31.

Les dessins de la nébuleuse.

les dessins
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Pendant des siècles, la galaxie d'Andromède ne fut connue que comme une nébulosité, sans qu'on en devine la structure en spirale, bien que sa dimension apparente fasse 7 fois celle de la lune (du moins, sur les clichés à très longue pose). C'est que l'oeil, même à l'oculaire d'un téléscope, n'en voit guère que le halo central, flanqué de deux appendices plus faibles, et avec une bonne vue, un bon ciel, un puissant télescope et de l'expérience, la zone sombre qui sépare ce noyau du premier bras.
Encore faut il avoir, non seulement une bonne vue et un bon ciel, mais encore essayer de représenter "photographiquement" ce qu'on voit, sans quoi, on arrive à des descriptions fantaisistes, comme celle de Jacques Cassini (Cassini II), qui décrit la nébuleuse comme triangulaire!

La photographie révèle la structure en spirale

les photos
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La structure en spirale n'avait pas été devinée par Bond, ni par Trouvelot, ni même par Lord Rosse, bien qu'il ait disposé d'un télescope de 36 pouces, puis d'un autre, son fameux "leviathan", de 72 pouces! Apparemment, la faible luminance des bras de la nébuleuse, ne permettait pas de les distinguer clairement à l'oeil, même à l'oculaire d'un puissant instrument.
Tout va changer avec l'apparition de la photographie à longue pose.
En 1886, Isaac Roberts lance la photographie à longue pose des objets du ciel profond. Cette initiative va envoyer le fabuleux télescope de 72 pouces de Lord Rosse aux oubliettes: Il est incapable de suivre un astre sur de longues poses.

Où est elle?

Toutes ces photos que nous venons de voir sont spectaculaires, mais rappelons nous que, argentique ou électronique, c'est de la photographie à longue pose, et que le résultat n'a rien à voir avec ce que peut voir l'oeil, quelque soit l'instrument utilisé.
Car si on vous demande où se trouve cette merveille céleste dans le ciel, vous serez peut-être embarrassé.

Si vous choisissez de vous adresser à ceux qui sont censés savoir, un club d'astronomie, ou un site internet vous apprendra que pour observer les nébuleuses, et autres galaxies, il faut un instrument, muni d'un grossissement équipupillaire, c'est à dire que le "cercle oculaire" (image de l'objectif dans l'oculaire, par où passe toute la lumière), soit du même diamètre que la pupille de l'oeil. Plus grand, il y a de la lumière perdue, plus petit, l'image est plus sombre, et le champ plus réduit. En pratique, il suffit de diviser le diamètre de l'objectif, en mm, par 7, pour avoir le grossisement équipupillaire. Pour un télescope 115/900, il vous faudra un grossissement voisin de 16, et donc un oculaire de 50 mm. Pour des jumelles, il vous faudra des 7x50 ou des 12x80.

Les 7x50 étant plus faciles à manipuler (et moins coûteuses), reconstituons donc ce que vous devriez voir, avec ces jumelles, en observant la nébuleuse d'Andromède:
(passez la souris sur l'image pour avoir la lune à la même échelle)

A gauche, ce que vous attendez à voir d'après les bons manuels.A droite, tout ce que vous verrez, si le ciel est bien pur... et que vous avez une bonne vue

A l'oeil nu, bien sûr, c'est encore bien pire, et il faut se répérer d'étoile en étoile, pour la trouver.
En partant d'Alphératz, qui est l'étoile gauche du carré de Pégase, et en se dirigeant vers la gauche, vers Persée, on trouve une autre étoile de deuxième magnitude, à peu près au tiers de la distance Pégase-Persée. C'est Mirach.
On remonte alors perpendiculairement pour trouver µ Andromède, et en continuant d'un même saut dans la même direction, on arrive à une étoile flou: C'est Messier 31, la nébuleuse d'Andromède.
(passez la souris sur l'image pour voir les noms des étoiles)

C'est toujours si le ciel est pur, et que vous avez une bonne vue...

On voit quil y a un monde entre les images dont nous abreuvent les médias, et ce qu'on peut voir à l'oeil nu.

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Dernière mise à jour: 19/09/2018