La nébuleuse d'Andromède redécouverte

Il faut attendre Le 15 décembre 1612, pour que la nébuleuse d'Andromède soit officiellement redécouverte.
Ce soir la, Simon Marius, Malheureux rival de Galilée pour la découverte des satellites de Jupiter, pointe sa lunette vers la "ceinture d'Andromède" et observe la nébuleuse. Il décrira son observation dans la préface de son Mundus Jovialis, en 1614.

Simon Marius
Simon Marius
"Inter illa primum est, quod mediante perspicillo a die 15. Decemb. Anni 1612. invenerim & viderim fixam vel stellam quandam admirandae figurae, qualem in toto coelo deprehendere non possum. Ea autem est prope tertiam & borealiorem in cingulo Andromedae. Absque instrumento cernitur ibidem quaedam quasi nubecula : at cum instrumento nullae videntur stellae distinctae, ut in nebulosa cancri & aliis stellis nebulosis, sed saltem radii albicantes, qui quo propriores sunt centro eo clariores evadunt, in centro est lumen obtusum & pallidum, in diametro quartam fere gradus partem occupat. Similis fere splendor apparet, si a longinquo candela ardens per cornu pellucidum de nocte cernatur; non absimilis esse videtur Cometae illi, quem Tycho Brahe Anno 1586. observavit. Mense Septembri Anni Superioris, quando mecum erat doctissimus vir M. Lucas Brunnius Illustrissimi Electoris Saxonici Mathematicus, inter alia tunc Mathematica colloquia, quia se offerebat grata serenitas, etiam hanc ipsi stellam monstrosam commonstravi, quam summa cum admiratione vidit. An autem nova sit nec ne, certo asseverare nequeo, dispiciant & judicent id alii. De oculatissimo Domino Tychone miror, qui borealiori fixae in cingulo Andromedae, instrumentis suis locum secundum longum & latum praefinivit, hanc tamen nebulosam intactam reliquit, quae tamen proxima est illi."
"Parmi elles d'abord, Parce qu'à l'aide d'une lunette, le 15 décembre 1612, j'ai découvert et j'ai vu une étoile fixe ou étoile d'une figure tellement admirable, que je n'en puis découvrir de pareille dans tout le ciel; elle est proche de la troisième ou de la plus boréale de celles de la ceinture d'Andromède. A la vue simple, on la voit comme une nébulosité, mais avec la lunette on n`y remarque aucune étoile , bien différente en cela de la nébuleuse du Cancer & des autres nébuleuses, mais du moins des rayons blanchâtres, qui sont plus clairs, plus on approche de son centre, au centre est une lumière pâle & trouble, occupant environ la quatrième partie d'un degré en diamètre. Son éclat apparait semblable à une lointaine chandelle allumée observée la nuit à travers de la corne transparente, elle ne semble pas différente de cette comète que Tycho Brahé a observé en 1586. Au mois de Septembre de l'année suivante, alors qu'était avec moi le savantissime Lucas Brunnius, mathématicien de l'illistrissime électeur de Saxe, lors d'un colloque d'astrologues, à la faveur d'un beau ciel clair, je lui ai montré encore cette étoile prodigieuse, qu'il a vu avec le plus d'admiration. Maintenant, qu'elle soit nouvelle ou non, je ne peux pas l'affirmer avec certitude, que d'autres l'examinent et jugent. Je m'étonne à propos de l'éminent maitre observateur Tycho, qui determina avec ses instruments la longitude et la latitude de l'étoile la plus boréale de la ceinture d'Andromède, qu'il ait négligé cette nébuleuse, qui en est pourtant proche."
(Simon MARIUS, Mundus Jovialis, Nuremberg, 1614, 5ème page de la préface)

Qu'on ne croit pas que cette observation de simon Marius fit immédiatement connaitre la nébuleuse au monde savant. A cette époque, le savoir scientifique s'échangeait surtout par lettres entre savants, et il faut attendre 1665 pour voir enfin paraitre Le Journal des Scavans, première revue scientifique française. Quant aux société savantes, la Royal Society fut fondée en 1660, et son équivalent français, l'Académie des Sciences, en 1666, succédant à la non officielle Académie Montmorienne, fondée en 1657.

Ainsi la découverte de Marius était assez méconnue, quand en 1664, Ismael Bouillaud la redécouvrit en pistant une nouvelle comète. D'autres observateurs avaient pris la nébuleuse pour la comète, mais Bouillaud se rappela que cette nébuleuse avait déjà été décrite par Marius dans son Mundus Jovialis. Il publia en 1667 deux "monita" aux astronomes dont le second rappelait la découverte de Marius, une autre observation par Hévélius, et la mention de la nébuleuse sur un manuscrit de 1428. Il mentionne aussi un dessin datant de 1500 dont il ne donne pas la référence.
(ISMAELIS BULLIALDI AD ASTRONOMOS MONITA DUO, Paris, 1667)

Cet ouvrage fut à son tour méconnu, puisqu'en 1714, Halley croyait encore que la nébuleuse d'Andromède fut découverte par Bouillaud.
Quant aux cartes célestes, nous avons vu que du temps de Bouillaud, elles ignoraient encore la nébuleuse.

Puisque la nébuleuse aurait été observée par Hévélius, cherchons sur son Uranographia, publiée en 1690:
(La carte est inversée comme sur un globe céleste. Passer la souris sur l'image pour voir les noms des étoiles)

(JOHANNIS HEVELII FIRMAMENTUM SOBIESCANUM SIVE URANOGRAPHIA, GEDANI, 1690)

Cette fois un astre assez brillant apparait au dessus de μ Andromède. Est ce ν Andromède? Non, car non seulement elle est figurée trop grande par rapport à son éclat, mais il y a sa droite, une étoile dont la figuration correspond à l'éclat de ν Andromède, et qui autrement n'existe pas. Cette étoile est donc bien ν Andromède, à ce détail près qu'elle n'est pas bien à sa place.
L'aspect de l'astre brillant, avec une sorte d'auréole, évoque d'ailleurs un objet différent d'une étoile. Et par la position qu'elle a par rapport à ν Andromède, c'est donc bien la nébuleuse.

En fait, ni μ Andromède, ni ν Andromède, ne sont à leur vraies places. Corrigeons donc la figure d'Hévélius, et pendant que nous y sommes, remettons la carte à l'endroit ( Passer la souris sur l'image pour voir les noms):

La nébuleuse d'Andromède va maintenant figurer systématiquement sur les cartes célestes, mais parfois comme une simple étoile.

Dernière mise à jour: 17/09/2018

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