1910: Bruno Hans Bürgel met les comètes en scène

Burgel
Bruno Hans Bürgel
livre
Aus fernen Welten
  Bruno Hans Bürgel, (Berlin 1875 - Postdam 1948), fut un écrivain et journaliste scientifique allemand , qui travailla beaucoup à la diffusion des connaissances astronomiques.
Un premier article dans un magazine russe, un autre dans Vorwärts, dont Liebknecht était rédacteur en chef, montra bientôt son talent littéraire.
En 1899, Bürgel devint écrivain indépendant.
En 1910, son premier livre, Aus fernen welten, connut un grand succès.
Sa popularité s'étendit quand Il élargit son domaine de travail de l'astronomie à d'autres sciences, à la philosophie, à l'histoire et à l'éducation. Son récit du docteur Ulebuhle, un vieux savant grincheux dont la maison est décorée d'objets mystérieux, connut un grand succès dans les années 1920.

Aus fernen welten, fut plusieurs fois réédité, et traduit en français à partir de 1944, sous le titre Les mondes lointains. Nous allons voir que le talent de conteur de Bürgel lui permet de nous évoquer une observation de comète, il a plusieurs siècles, comme si nous y étions.
L'auteur insère la gravure d'Ambroise Paré au milieu d'un chapitre sur les météorites, puis il embraye sur les observations de comètes autrefois.


Abb. 239. Darstellung einer Kometenerscheinung vom Jahre 1528
In der Krieg und Mord symbolisiert ist.


Jahrhunderte zurück! Ein Frühlingsabend vor den Toren der Stadt. Die schweren eisernen Gitter, sonst schon längst geschlossen, sind heut offen geblieben, wie seit Tagen schon; auf Befehl des weisen Rates der Stadt. Läuft doch alles hinaus vor die Tore, um des Kometsterns greuliche Angestalt zu sehen. Die Ratsherren mit mächtig gekräuselter Perücke, den langen Stock mit goldenem Knauf in der hand, begleitet von den martialisch dreinschauenden Offizieren der Stadtgarde, stehen auf der kleinen Anhöhe unter der Pappel. Nicht weit von ihnen die gelehrten Häupter mit wichtigen Gesichtern; der Chirurg und der Wundarzt der Stadt, einige Magister, der Apotheker und der Bibliothekarius. Handwerksmeister und Altgesellen mit Schurzfell und Mütze, Weiber und Kinder, Volk aller Art stehen in Gruppen, nnd die Wohlhabenderen und Angesehensten unter den Bürgern drängen, soweit es der geziemende Respekt zuläßt, den Ratsherren und den studierten herren nahe, um vielleicht ein Wort zu erschnappen, wessen man sich von dem Schweifstern, der nun schon seit Tagen mit nie gesehenem Glanz über die Stadt hinzieht, zu versehen habe. Die Dunkelheit ist ganz hereingebrochen, die Sterne leuchten auf, und nun, eine Bewegung geht durch die harrenden Gruppen, die inzwischen allerlei Vermutungen über des Sternes Bedeutung ausgetauseht haben, wird ties unten am Horizont ein heller Streif, gleich einem Nebelarm, sichtbar. Höher und höher zieht er heraus, länger und länger, immer glänzender wird der Strahl, und jetzt endlich, der Schweif hat bereits das halbe Firmament überzogem wird das Ende mit dem glänzenden Stern, der selbst die hellsten Lichter des Himmels überstrahlt und fast dem Monde an Leuchtkraft gleichkommt, sichtbar. Der Türmer hat ihn schon eher erspäht, er gibt einige Schläge an die große Glocke, klar und feierlich schallen die Töne herüber ans die Stadtaue. Aller Augen sind auf das wunderbare Gestirn gerichtet, das den ganzen Himmel allein einnehmen zu wollen scheint. Tini den ältesten Bürger der Stadt, ein eisgraucs Visinnchem hat sich eine Gruppe gebildet; der Alte hat noch die schlimme Pest vom Jahre 1618 mit erlebt, »die der damals sichtbare Niesenkometstern verschuldet hatte«, und er erzählt mit eindringlichen Worten, wie der "fchwarze Tod" gehaust, wie er ganze Familien hinweggerafft, wie niemand sich der nach vielen hunderten zählenden Leichen in dem kleinen Städtchen habe annehmen wollen, und wie man in den Sterbehiiufern einfach Fenster und Türen vernagelt oder vermauert habe, um das Schreckenshaus und feinen entsetzlichen Inhalt unschädlich zu machen. Den Zuhörern läuft es kalt über den Rücken, mit offenem und heimlichem Grauen sehen sie hinauf zu derleuchtenden "Zuchtrute Gottes", die drohend über die Lande zieht.
  In der Gruppe der gelahrten Herren berichtet der Chirurg, dasz im Jahre 1577 , als einer der größten Schweifsterne, den je die Erde gesehen, über das Reich hinwegzog, viel Meenschen und Vieh starben, da die giftigen Kometendünste das Wasser in den Brunnen und das Gras auf den Feldern verdorben hätten. - Der Apotheker weiß zu sagen, daß der Komet vom Jahre 1582, der über Dänemark hinzog, daselbst furchtbar viele und schrecklich anzuschauende Miszgeburten bewirkt habe; man habe sie Kometenkinder genannt, und der Pfarrer habe ihnen die heilige Taufe vorenthalten. Einer der Magister schüttelt zu alldem den Kopf. Er ist ein klar denkender, aufgeklärter Mann, der sieh mit der Wissenschaft von den Sternen etwas beschäftigt hat nnd an den Einslusz der Kometen ans des Viestschen Tun und Lassen nicht glanbtz er spricht etwas von der großen Ferne selbst der der Erde nahe kommenden Schweifgestirne, und dass ihre Nute nicht den Erdball treffen könne nnd keinerlei Dünste von ihnen herabsteigen könnten. Demgegenüber berichtet der Alte, der noch den schrecklichen Kometstern von 1618 gesehen, und der vorüberwandelnd etwas von dein Gespräch der Herren gehört, daß er mit eigenen Augen die dichten Dünste gesehen, die damals tagelang über der Erde lagen. Der Viagister spricht von starken Nebeln, die es gewesen sein könnten, aber die Ängstlichen trauen der Erfahrung des Alten mehr, wie der Gelehrsamkeit des andern.

Des siècles en arrière! Un soir de printemps aux portes de la ville. Les lourdes grilles de fer, fermées depuis longtemps, sont restées ouvertes comme elles le sont depuis des jours; sur ordre du sage conseil de la ville. Sortez hors des portes pour voir la forme horrible de l’étoile comète. Les conseillers, avec leurs larges perruques bouclées, le long bâton à pommeau doré à la main, accompagnés par les officiers de la garde de la ville à l’air martial, se tiennent sur la petite colline sous le peuplier. Non loin d'eux, les notables instruits aux visages sérieux; le médecin et le chirurgien de la ville, quelques maitres, le pharmacien et le bibliothécaire. maitres et compagnons artisans avec tablier et casquette, femmes et enfants, toutes sortes de gens en groupes, et les plus nantis et les plus estimés parmi les citoyens incitent, dans la mesure d'un respect raisonnable, à approcher les conseillers et les savantsn pour happer peut-être un mot de ce qui se dit sur l'étoile à queue, qui traîne depuis des jours au dessus de la ville avec une splendeur sans précédent. Les ténèbres ont complètement disparu, les étoiles brillent et maintenant un mouvement traverse les groupes qui attendent qui, entre-temps, ont donné libre cours à toutes les conjectures sur la signification de l’étoile, une bande claire, comme un nuage de brouillard, devient visible de-dessous l'horizon. Elle s'élève de plus en plus haut, de plus en plus longue, le faisceau devient de plus en plus lumineux, et maintenant, la queue a déjà couvert la moitié du ciel, l'extrémité devient visible avec l'étoile brillante, qui surpasse même les lumières les plus brillantes du ciel et presque égale à la luminosité de la lune. Le guetteur, sur le beffroi, l’a vu le premier; il a frappé la grosse cloche. Tous les yeux sont fixés sur l'astre merveilleux. Un rassemblement s'est formé autour d'un petit homme à tête grise celui ci se souvient de la mauvaise peste de 1618, "amenée par la comète géante qu'on vit alors". Il raconte, à mots convaincants, la façon dont passa "la mort noire", fauchant des familles entières. Les auditeurs en ont froid dans le dos, et, avec une épouvante visible et intime, ils regardent "la verge de la colère de dieu" qui passe au dessus du pays.
  Dans le groupe des savants, le chirurgien explique qu'en 1577, alors que planait au dessus de l’empire une des plus grandes étoiles à queue que l'on ait jamais vues, il mourut des quantités de gens et de bestiaux parce que les exhalaisons pernicieuses de la comète avaient empoisonné l'eau des puits et l’herbe des champs. Un des maitres secoue la tête; c'ést un homme éclairé, aux idées nettes; il s'est occupé de la science des étoiles et ne croit pas à l'influence des comètes sur les actions humaines; il insinue que les comètes, même les plus proches, volent à une grande distance, que leurs queues ne pourraient toucher la surface terrestre, et qu'elles n'émettent pas de vapeurs. Le sceptique est contredit par 1e vieux qui a vu la comète de 1618 et qui entend les discours de ses voisins. Il a vu de ses yeux les vapeurs lourdes qui stagnaient des jours entiers sur la terre. "Ce pouvait être d'épais brouillards", dit le maitre d'école. Mais les gens effrayés préfèrent l'expérience du vieux à la science du jeune."

(Bruno H. Bürgel, Aus fernen welten, Verlag Allstein, 1920, p.330-332, 1ère édition 1910)

La gravure n'est toujours pas celle d'Ambroise Paré, mais reprise de Guillemin qui avait copié celle de Pouchet. Le fameux récit d'Ambroise Paré, où des gens meurent de peur, n'est pas mentionné non plus.
Mais quel talent de conteur! Il n'y manque que la brise. Quel dommage que la comète soit presqu'aussi brillante que la lune. Il est probable que, quand il a écrit ce texte, Bürgel n'avait pas encore vu la comète de Halley.
Quel dommage aussi qu'il n'ait pas essayé de nous conter l'observation de 1527.

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Dernière mise à jour: 3/06/2011