Amédée Guillemin, né le 5 juillet 1826 à Pierre-de-Bresse, fut un grand vulgarisateur scientifique. Il commença comme journaliste, et fut en 1860 secrétaire de rédaction du journal La Savoie. puis il revint à Paris pour tenir la chronique scientifique de l'Avenir national et commenca d'écrire des livres de vulgarisation encore recherchés aujourd'hui.
Le Ciel, publié d'abord en 1864, eut de splendides éditions, dont certaines illustrations en lithographie sont encore reproduites.
On trouve parfois chez les bouquinistes des volumes de sa petite encyclopédie populaire, qui sont encore intéressants à feuilleter.
Son oeuvre majeure est le monde physique, en 5 gros volumes, parus de 1881 à 1885.
Le texte ou il parle de Paré n'est en fait qu'une note de bas de page, paru dans Les comètes, un livre qui servit longtemps de référence aux autres vulgarisateurs.
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LES COMETES AU MOYEN AGE
Ce dessin est relativement moderne, je veux dire qu'il est de beaucoup postérieur à l'époque où eurent lieu les apparitions qu'il illustre; mais celui que nous donnons plus loin (fig. 2) de la comète de 1528, est tiré d'un ouvrage d'Ambroise Paré, contemporain de l'apparition: les têtes coupées, les sabres, les armes qui accompagnent le dessin de l'étoile chevelue ne sont que la traduction des objets épouvantables que les imaginations populaires surexcitées croyaient voir dans les comètes ou les autres météores, signes du ciel (1).
Fig.2. - Comète de 1528. Fac-similé d'un dessin des Monstres célestes d'Ambroise Paré
1. Notre savant et regretté naturaliste F.-A.Pouchet dit, avec grande raison, dans une note de son beau livre L'Univers: « On peut voir, dans Ambroise Paré. jusqu'à quel point les esprits les plus sérieux des derniers siècles se sont laissé egarer au sujet des Comètes. L'illustre cbirurgien, qui certes n'etait pas superstitieux, donne, dans son important ouvrage, les plus fantastiques figures de quelques-uns de ces astres. Dans son chapitre intitule des Monstres célestes, Ambroise Paré parle de Cometes chevelues, barbues, en bouclier, en lance, en dragon ou en batailles de nuées. Et il y décrit surtout, et y represente, dans tous ses détails, une Comète sanglante qui apparut en 1528. « Cette Comète estoit si horrible, dit-il, si espouuantable qu'elle engendroit si grand terreur au vulgaire, qu'il en mourut aucuns de peur; les autres tomberent malades. Elle apparoissoit estre de longueur excessiue, et estoit de couleur de sang; a la sommité d'icelle, on voyoit la figure d'vn bras courbé tenant vne grande espée en la main, comme s'il eut voulu frapper. Au bout de la pointe, il y auoit trois estoilles. Aux deux costes des rayons de cette Comete, il se voyoit grand nombre de haches, cousteaux, espées colorees de sang parmy lesquels il y auoit grand nombre de faces humaines hideuses, auec les barbes et les cheueux herissez. »
Amédée Guillemin, Les comètes, Hachette 1875, p 19-20
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On est bien décu de constater qu'un si grand vulgarisateur, n'ait pas mieux su remonter la piste de sa source.
Tout comme Pouchet se contentait de citer le texte de Paré, Guillemin se contente de citer celui de Pouchet, avec comme conséquence qu'il consacre les mêmes erreurs
Et c'est ainsi que tous les auteurs qui le suivront colporteront la légende de la "comète d'Ambroise Paré" de 1528, pour avoir fait confiance à cet excellent vulgarisateur, qui avait fait confiance à un excellent naturaliste, qui avait fait confiance à un excellent chirurgien, qui avait fait confiance à un excellent écrivain qui avait fait confiance à une feuille de chou
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